{xtypo_dropcap}E{/xtypo_dropcap}n refusant massivement de s’unir aux Turcs qui occupent une partie de leur île, les Chypriotes grecs ont montré qu’ils ont de la mémoire. Ils se souviennent de ces trois siècles où ils ont dû subir le joug des Ottomans. Les Crétois, qui ont connu la même situation pendant plus de deux siècles, de 1669 à 1898, appellent cette période « le temps de l’esclavage »... Tout commentaire est inutile. Nikos Kazantzakis a résumé le calvaire de ses compatriotes dans le titre même de son roman La liberté ou la mort, paru en 1950. L’alternative entre la liberté et la mort n’est pas une clause de style, comme les Crétois l’ont souvent montré au cours de leur histoire. Par exemple, lors des luttes de libération contre les Turcs, en 1866, un millier de femmes et d’enfants réfugiés dans le monastère d’Arkadi (les hommes avaient pris le maquis dans la montagne) ont préféré, plutôt que de tomber aux mains des 12 000 Turcs qui assiégeaient le monastère, mettre le feu à la poudrière pour s’ensevelir sous les décombres du bâtiment – en entraînant dans la mort les agresseurs qui avaient forcé les portes... C’est ainsi qu’un peuple montre qu’il mérite le droit de rester lui-même.

Aujourd’hui les technocrates de Bruxelles et les intellectuels parisiens qui se scandalisent du choix des Chypriotes grecs sont au mieux des ignares, au pire des traîtres : soit ils ne savent pas ce qu’est l’identité européenne, soit – et c‘est l’hypothèse la plus probable – ils veulent la détruire à tout prix.

 

On comprend, du coup, que les élections européennes ont en arrière-plan des enjeux déterminants : que sera la future constitution de l’Europe, qui doit être une étape importante dans la construction d’une Europe libre et puissante ? Quelles perspectives implique le débat sur la candidature turque ? En tout état de cause ces deux questions sont tellement déterminantes pour l’avenir des peuples européens que ceux-ci doivent être impérativement consultés. Il faut exiger que soit respecté par les divers gouvernants ce principe de l’appel au peuple qui s’appelle le référendum. Nous nous battons et nous nous battrons pour cela. En apportant notre touche spécifique, à savoir que la clé de l’avenir des peuples européens est la prise de conscience de leur identité. Ce qui est la raison d’être fondamentale de notre action.

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