Le G20, une grosse farce !

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Le jeudi 2 avril 2009 s’est tenue à Londres la réunion des vingt plus grandes puissances économiques de la planète : le G20. Le but de cette réunion était de décider des moyens à mettre en place pour lutter contre la crise économique mondiale.

 

Les journées de travail qui ont précédé cette réunion, jours bien plus importants que la réunion elle-même, ont permis de penser qu’un bouleversement était possible: régulation des marchés et de leurs acteurs (hedges funds, agences de notation, …), réforme des institutions financières mondiales (FMI, Banque mondiale, …), lutte contre les paradis fiscaux et réforme monétaire internationale (remplacement du dollar comme devise de référence internationale, …). Mais c’était sans compter sur les coups foireux de ceux-là mêmes qui, pour préserver leurs prébendes et autres Rolex, voulaient sauver un système au lieu de le remplacer.

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Disons-le franchement : ce sommet du G20 est une grosse farce, une énorme escroquerie dont le seul but était de restaurer la « confiance » ou, devrait-on dire, la « crédulité » ! Les « mesures » adoptées en témoignent…

 

La régulation des marchés et de leurs acteurs se limite à « s’engager à superviser les grands fonds spéculatifs » et à « d’avantage de régulation via un nouvel organisme… ». Ces belles phrases ne signifient rien. La spéculation étant inhérente au système capitaliste, elle s’adaptera tout simplement à de nouvelles règles trop peu contraignantes. D’ailleurs, un grand nombre de ces fonds spéculatifs ont disparu dans la grande lessive boursière de ces derniers mois. Quant au nouvel organisme de régulation, un nouveau « machin » comme disait De Gaule, on attendra de voir comment, avec qui et avec quels moyens de fonctionnement, il sera mis en place. Gageons que les Américains et leurs affidés trusteront les bonnes places… Pour les fines bouches, nos « grands dirigeants » ont tout de même promis de limiter les revenus et autres bonus des grands patrons de la finance (1). Tout étant relatif, ne vous attendez pas à un plafond de 50.000 euros par an ou même de 100.000 euros.

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La réforme des institutions financières est, elle, une bouffonnerie ! Elle concerne principalement le FMI et, plus accessoirement, la Banque mondiale. Ces deux institutions ne seront désormais plus dirigées par un Européen (pour le FMI) et un Américain (la Banque mondiale), comme le voulait un accord tacite. Dorénavant, les postes seront attribués « au mérite » ! Tout un programme ! Peut-être juste de quoi donner un os à ronger à un dignitaire quelconque de Pékin, en échange de la bienveillance chinoise à l’égard des USA!  Mais les mesures les plus spectaculaires – et de loin les plus nocives – sont l’affectation de 500 milliards de dollars aux réserves de liquidités du FMI et la permission qui lui est accordée d’émettre 250 milliards de dollars de DTS (droits de tirage spécial, c’est-à-dire la propre monnaie du FMI). D’où proviennent ces fonds ? D’Etats déjà sur-endettés ? Non, ils proviendront d’une planche à billets, celle du FMI, qui a l’avantage de ne plus faire tourner celle des USA… Ainsi le FMI, institution au-dessus de tout soupçon, va pouvoir prêter de l’argent (avec obligations scandaleuses pour les débiteurs) qui n’est nullement garanti et qui lui tombe du ciel… Joli coup de passe-passe des Américains! Evidemment, l’octroi de ces nouveaux moyens ne s’accompagne pas d’une réforme du FMI, institution au service des seuls Etats-Unis. Cette institution est pourtant responsable, selon le prix Nobel Joseph Stiglitz, de dérégulations massives sur le marché des capitaux (en Argentine, les recommandations du FMI ont été un fiasco complet), de déstabilisations d’économies nationales (au Sénégal, le FMI a imposé la privatisation des chemins de fer, aboutissant à la fermeture de ceux-ci, et la suppression de l’Office vétérinaire, entraînant épidémies et destructions des cheptels) ou, encore, de régressions arbitraires sur le plan social (le FMI exige toujours plus de « flexibilité », s’oppose aux revalorisations des allocations sociales, provoque la pauvreté pour inciter l’immigration vers les pays du Nord, …). Bref, c’est une machine à détruire les peuples que les bandits du G20 ont renforcée !

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La lutte contre les paradis fiscaux est, aussi, une vaste escroquerie. L’OCDE est désormais chargée d’établir (c’était chose faite à la sortie du sommet) une liste des pays qui maintiennent le secret bancaire et/ou persistent à ne pas respecter certains critères de transparence. Mais la liste prévoit trois statuts (noir, gris et « en ordre ») et la plupart des pays se trouve dans la liste grise, pour… ne pas froisser les susceptibilités !!!! Voilà comment les rigolos du G20 se montrent fermes ! Ils veulent éviter les « susceptibilités » !!! En outre, la Chine a obtenu que Macao et Hong-Kong ne soient pas repris sur la dite liste. Ce qui est bon pour les uns ne l’est pas pour les autres. De même, l’Etat américain du Delaware, les îles anglo-normandes, Jersey, Guernesey et l’île de Man sont, comme par hasard, absents de la liste… Ce sommet du G20, partie de poker-menteurs entre professionnels ou simple réunion d’escrocs ?

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La réforme du système monétaire mondial, véritable enjeu des débats, est tout simplement un échec. Les Russes et les Chinois, légitimement inquiets du déficit et de la dette américains, désiraient remplacer, comme devise de référence mondiale, le dollar US par un panier de devises. Cela aurait permis de coter les matières premières en une autre devise que le dollar, mais aurait aussi, de facto, mis à mal la suprématie américaine sur l’économie mondiale. Au terme de ce « sommet », les pauvres bougres de Russie et de Chine devront se contenter d’une promesse de reparler de cela… plus tard. Aux calendes grecques ?

 

Doit-on vraiment s’étonner des résultats de cette réunion ultra-médiatisée ? Pouvait-on légitimement s’attendre à une « révolution » financière de la part des amis des banquiers ? Désormais, c’est la solvabilité des Etats-Unis et du Royaume-Uni qui décidera du sort du monde.

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Parmi les participants de ce « sommet historique », un certain Nicolas Sarkozy s’est vanté qu’une page ait été tournée dans l’histoire du capitalisme. Il restera, pour nous, un de ceux qui n’ont pas été capables de tourner la page du capitalisme tout court.

 

Lionel FRANC

T&P Wallonie

 

(1) aux dernières nouvelles, le salaire annuel net de « l’Européen » Strauss-Kahn, directeur du FMI, ne devrait pas être plafonné et restera bien à 496.000 dollars…sans compter les avantages en nature de l’une ou l’autre collaboratrice.

 

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