Un séminaire international qui s’est déroulé du 15 au 17 décembre 2017, avait pour thème « Les alternatives possibles au capitalisme financier ou spéculatif ». Cette seconde réunion de Chisinau (Moldavie) s’est voulue offensive contre le capitalisme. Son manifeste est présenté plus bas (1). Pendant plusieurs jours se sont réuni un aréopage d’intellectuels, de spécialistes ou de personnes intéressées, de toutes tendances (2). Terre et Peuple y était.
Le Colloque international de Chisinau a été organisé par l’université populaire de Moldavie (Iurie Rosca), le mouvement Eurasiatique International (Daria Dugina), et le comité Jean Parvulesco (Emmanuel Leroy) mais surtout avec l’appui et le soutien du Président de la République de Moldavie, Igor Dodon. Merci à tous ceux qui ont rendu cet évènement possible. Nous rendrons compte de la quasi-totalité du discours du Président Dodon tellement l’engagement de ce président est fort. Pour certains autres participants, nous nous limiterons à des résumés. TV Liberté était présent aussi pour filmer les échanges que vous retrouverez en fin de texte (6).
Nous avons choisi de rester, dans ce résumé, plus orientés autour du thème principal « les alternatives possibles au capitalisme… ». Un autre article, très complémentaire, traitera d’aspects plus politiques, voire géopolitiques, c’est celui de Pierre-Antoine Plaquevent (2).
Discours de Son Excellence, Monsieur Igor DODON, Président de la République de Moldova
Lors de la Conférence Internationale − Le 15 décembre 2017
Chers amis
Bienvenue à ce prestigieux forum international,
Je suis heureux de voir que, grâce à un groupe d’intellectuels de premier plan venus de plusieurs pays, de telles réunions deviennent une bonne tradition pour la République de Moldova. Au mois de mai de cette année, j’ai eu l’honneur de rencontrer les organisateurs de ce forum, d’échanger des points de vue et de découvrir que nous avons des visions communes sur certaines des questions majeures du moment historique que nous vivons.
Je voudrais d’emblée préciser que je suis particulièrement reconnaissant aux initiateurs de cette plate-forme de dialogue international, car de tels événements augmentent le prestige intellectuel de notre pays sur le plan international. Je pense que les initiateurs de ce projet, d’envergure continentale, ont parfaitement raison de dire que la Moldavie est le meilleur endroit pour un tel dialogue. La Moldavie est un pays neutre, situé dans une zone de sensibilité géopolitique maximale ou, comme certains le disent, dans un espace de fracture, de tension entre l’Est et l’Ouest. Dans cet ordre d’idées, nous souhaitons que notre État devienne un facteur d’équilibre géopolitique, de convergence, de confluence entre les deux parties de notre continent, qui reste encore divisé à cause de raisons artificielles. La Moldavie peut et doit affirmer pleinement sa vocation de pont en or entre l’Occident et l’Orient.
Notre peuple a une identité collective bivalente : orientale et occidentale. Du point de vue de l’appartenance religieuse nous sommes orthodoxes – donc des Orientaux, tandis que, du point de vue de l’identité linguistique et culturelle, nous sommes latins – donc occidentaux. Et toute tentative de nous remodeler artificiellement, d’amputer l’une des deux composantes de notre essence collective et d’imposer des modèles étrangers est contre-productive, voire nocive. En d’autres termes, compte tenu de notre identité et de notre position géographique, la Moldavie ne peut se permettre de s’allier avec la Russie contre l’Europe ou avec l’Europe contre la Russie. Au contraire, la Moldavie peut et doit contribuer au rapprochement entre la Russie et l’Europe. Autrement dit, la Moldavie doit assumer sa mission historique de facteur actif et positif dans la réalisation du grand projet d’unité continentale que Charles de Gaulle définissait comme « l’axe Paris–Berlin–Moscou ».
Le thème choisi pour cette conférence est d’une grande importance pour tous les peuples du monde. Du capitalisme classique, basé sur l’éthique du travail, sur la responsabilité sociale et sur le principe de proximité, que nous avons connu par le passé, nous sommes passés à un modèle diamétralement opposé, imposé au cours des dernières décennies. La mondialisation a permis une concentration du capital sans précédent dans l’histoire, produisant des déséquilibres économiques catastrophiques entre les pays et les régions, mais aussi entre les couches sociales de « l’Ouest riche » d’autrefois.
L’un des effets les plus graves de ce modèle de globalisation est la migration massive de millions de personnes déracinées de leurs foyers et devenant des travailleurs non qualifiés sur les marchés du travail de pays étrangers. À cet égard, la Moldavie est l’un des pays les plus touchés du continent, car environ un million de Moldaves, représentant un tiers de la population du pays, doivent gagner leur vie à l’étranger.
En ma qualité d’ancien ministre de l’Économie et d’ancien vice-Premier ministre responsable du bloc économique et financier du Gouvernement, mais aussi en tant que docteur en économie, je sais bien que les graves problèmes socio-économiques de notre pays ne s’expliquent pas par le refus des gouvernements moldaves successifs de suivre les recettes et les directives suggérées de l’extérieur depuis vingt-cinq ans, mais précisément par leur poursuite trop docile. C’est pourquoi, après un quart de siècle de transition, la Moldavie doit repenser son paradigme de développement économique. Ce nouveau concept de relance économique ne repose pas sur un « isolationnisme économique » ni sur le mépris des règles des échanges internationaux. Mais, sans certains éléments de protectionnisme économique ou de « patriotisme économique » la Moldavie n’a aucune chance de surmonter son état actuel de sous-développement.
Le fait que la société moldave soit divisée selon des critères géopolitiques, historiques et ethnolinguistiques est bien connu. Néanmoins, si nos préférences idéologiques ou culturelles nous divisent, le nationalisme économique est le facteur fondamental de l’unité nationale, une vaste plate-forme commune dans laquelle tous les patriotes de notre pays doivent se retrouver. Et en ce sens, l’expertise que nous pouvons collecter auprès d’illustres personnalités, comme celles présentes aujourd’hui à notre forum, est indispensable. Chercher des solutions alternatives au « capitalisme financier » cela consiste, au-delà des réflexions strictement académiques, à générer des concepts viables qui englobent les dimensions géopolitique, politico-juridique, financière et économique. La Moldavie ne peut pas accepter un statut de périphérie ou de semi-périphérie dans un système mondial de type impérial. Les pratiques du colonialisme économique doivent être reléguées dans le passé.
De ce fait, pour rappeler qu’il ne s’agit pas d’un phénomène qui ne toucherait que de petits pays comme la République de Moldova, je voudrais citer deux exemples :
- Les problèmes qu’une superpuissance mondiale comme la Russie rencontre dans son dialogue difficile avec l’Occident sont liés dans une large mesure au fait que ce pays ne veut pas abandonner sa souveraineté économique en faveur de la corporatocratie mondialiste. Autrement dit, Vladimir Poutine est un souverainiste qui, dans son dialogue avec le monde, part du principe de l’intérêt national de son pays.
- Les dernières élections présidentielles aux États-Unis ont placé à la tête de cette hyperpuissance mondiale un représentant du même courant souverainiste, Donald Trump, qui a fait du principe « l’Amérique d’abord » un élément clé de son programme politique.
En ma qualité de Président de la République de Moldova, je tiens également à déclarer à cette occasion, fermement et sans ambages, que je suis également un adepte de la pensée et de l’action des mouvements souverainistes actuels.
Le moment est venu de se débarrasser des mythes néolibéraux, selon lesquels le succès économique d’une société est garanti par le soi-disant « petit gouvernement » c’est-à-dire par le retrait de l’État laissant fonctionner de façon autonome un marché auto-régulé suivant le principe magique de la « main invisible ». Nous avons besoin d’un État fort capable d’établir des règles de libre concurrence équitables, de créer et d’assurer le respect de prescriptions légales, fiscales et de prêt optimales, de mettre en œuvre des instruments douaniers au profit des producteurs nationaux et du marché intérieur. La thèse de la primauté de l’économique sur le politique doit être abandonnée, car c’est le facteur politique qui doit prendre en charge le destin du peuple, en tenant compte des intérêts de toute la communauté, en partant du principe d’équité et de solidarité sociale, et pas seulement de l’intérêt des superprofits, comme dans le cas des acteurs économiques privés dans le cadre des mégastructures multinationales.
Bien sûr, la Moldavie est aujourd’hui un pays fortement « dé-souverainisé » affecté par des influences extérieures qui ne sont pas toujours bénéfiques. Mais telle est la situation de la plupart des États du monde. C’est l’un des effets les plus dramatiques de la mondialisation unipolaire, qui développe un nouveau type d’impérialisme, de nature extraterritoriale, avec toutes ses conséquences négatives.
La construction d’une nouvelle architecture globale, dans laquelle chaque pays puisse s’affirmer pleinement, présuppose le développement de processus d’intégration impliquant un nombre de pays suffisant pour leur permettre d’avoir un poids stratégique, géopolitique et économique leur permettant de faire face à une concurrence mondiale féroce. Et dans le contexte de l’apparition de plusieurs pôles stratégiques, la Moldavie ne peut éviter de s’associer avec l’un des groupes de pays auxquels elle est liée par une multitude de facteurs – la seule option réaliste pour la Moldavie, conditionnée par toute son histoire, est donc eurasienne. Car, entre Lisbonne et Vladivostok, la voie de l’unité continentale passe par la République de Moldova.
…
Je souhaite conclure ce discours par une expression que nous employons depuis des générations : que Dieu nous aide ! Je vous remercie !
Igor DODON
Hervé Juvin
A émis le vœu que ce forum de Chisinau, appelé à durer, soit le forum des hommes libres ET des nations libres. H Juvin appelle à gérer autrement nos échanges avec l’extérieur, tout en redéfinissant nos frontières. Car le capitalisme tel que nous l’avons connu arrive à son terme : son modèle n’est pas viable sur une planète avec des ressources limitées. Ce système organise durablement une répartition des richesses des plus injustes, avec de moins en moins de bénéficiaires des bienfaits de la nature.
L’union Européenne est un modèle de développement de ce capitalisme libéral qui détruit les identités, les cultures, les traditions, et qui tente de faire des Européens des personnes hors sols, sans identités, sans racines.
Le projet économique Chinois porte une vision écologique de l’économie, qui signifie que l’homme ne peut subir durablement une réalité mortifère qui empoisonne, l’eau, l’air, les champs… Qu’un tel acteur prenne conscience de cela est de bon augure.
Le temps du « Nous », du collectif, du patriotisme économique doit/va revenir, et reprendre sa place.
Ce temps qui vient sera celui du renouveau des peuples libres, le temps de sauver les diversités dans le respect de l’autre.
Alexandre Douguine,
Signale en réponse à Chris Poll qui tenta de défendre le Capitalisme, que « le capitalisme est la catastrophe ». Certains Globalistes reconnaissent ouvertement que quelque chose va mal, et qu’il est donc pleinement justifié de travailler à des alternatives. Il faut donc comprendre les raisons de la catastrophe pour en sortir.
Selon lui ce qui va mal, c’est que le capitalisme a aliéné les moyens de production, au détriment d’un monde organique, ou d’une société intégrale, qui unit production et consommation. Le capitalisme a brisé, détruit, la figure du travailleur intégral qui était représenté dans la communauté des consommateurs et des producteurs. Le travailleur intégral est celui qui unit les deux : qui consomme ce qu’il produit, et qui est engagé dans la conduite d’un monde concret. Ce faisant il construit quelque chose de sacré, qui assure la souveraineté, la pérennité de la vie de la communauté (organique). De nos jours le capitalisme a de plus séparé l’individu de la personne communautaire, en faisant naitre des besoins factices, et non essentiels.
Nous devons repenser la société, l’économie, l’homme, et rendre la possibilité à l’homme « intégral » de reprendre en main son destin, un destin cheminant aux cotés de la communauté qu’il préserve.
Dougine insistera aussi sur l‘importance du livre d’Hervé Juvin, « Le Mur de L'Ouest n'est pas tombé » (3). Un livre qui rappelle comment la chute du Mur de l‘Est a laissé l‘Europe sans défense contre des systèmes, des principes et des intérêts venus d’ailleurs... Ceux de l’US Empire. Le but de la manœuvre étant de séparer durablement l’Union européenne de la Russie et de ruiner tout projet d’alliance eurasiatique qui, s’il se réalisait, reléguerait la puissance américaine aux marges du monde...
Hervin Juvin a été conseiller de la Chine, et a donc un regard indépendant sur l’économie, qui n’est pas une science naturelle, mais humanitaire et sociale : rien n’est naturel dans le capitalisme qui n’est qu’une construction. Tout dépend donc des décisions prises par l’homme. Subir cette construction, ou la rejeter et en construire une autre, plus préservatrice des intérêts de nos communautés est donc à portée de volonté.
(NDLR) Au sujet de la « construction » libérale, nous ne devons pas prendre pour argent comptant la citation de Margareth Thatcher lorsqu’elle lança son fameux TINA (There Is No Alternative, Il n’y aurait pas d’Alternative au Capitalisme). La « science économique est un mensonge intégral » (dénonçait Maurice Allais, 1° prix nobel d’économie). Il existe un mouvement concerté depuis 1973 pour « rationnaliser » la vision du libéralisme à travers toutes les économies du monde. TINA est un leurre véhiculé par les libéraux, afin de transformer des fables en idéologie, qui ne doivent plus être remises en question…
Alexandre Douguine rappelle que l‘économie n’est pas le destin intangible ni la loi naturelle, on peut choisir à chaque instant, décider, dire oui ou non à chaque élément de l’économie.
Juvin nous invite à revoir la conception de l’économie, dans la rationalité de la critique de cette hégémonie libérale qui se présente comme l’inéluctable destin. Il nous invite à dire non à cet état de choses, en proposant une alternative viable, réalisée par exemple dans le sillon de la vision chinoise cheminant vers plus d’écologie et de bien-être.
Le monde est fait de plusieurs civilisations, et on peut donc avoir plusieurs économies. Sortir du globalisme c’est affirmer sa souveraineté économique. C’est le choix de la souveraineté qui rend possible l’alternative. Alternative ne veut pas forcément dire socialisme ; il existe dans le système mercantiliste, le protectionnisme positif, avec un rôle pour l’Etat afin de définir un cadre sur les relations avec le marché (même si le marché peut être ouvert vers l’étranger).
Un capitalisme qui évolue dans les limites d’un état national, contient ainsi les volontés d’hégémonies portées et induites par les systèmes ouverts vers l’étranger (par des accords bi latéraux (donc fermés) plutôt que dans le « système totalement ouvert » de l’OMC (NDLR). On renforce ainsi la souveraineté et protège les intérêts nationaux, comme le souhaite le Président Dodon.
On reste ainsi dans la vision réaliste des choses et de la politique, comme le mettent en œuvre les USA avec leur repli réaliste vers une économie plus protectionniste et moins ouverte. Cependant, Ils font une chose et invitent les autres à en faire une autre…
L’économie est faite pour aider la communauté des hommes, et non pas le contraire, l’homme se soumettant à l’économie. Encore faut-il faire le choix de la volonté pour contrecarrer sa toute-puissance.
Valérie Bugault
Juriste de son état, elle regardera le capitalisme du point de vue de son cadre juridique, monétaire et financier. Un livre traite particulièrement du traitement juridique qui pourrait être appliqué à la finance « Du Nouvel Esprit des Lois et de la Monnaie ». (4)
Le droit Anglo-Saxon s’impose quasiment partout, permettant à l’anonymat des capitaux qui circulent librement d’accaparer toujours plus de biens réels avec de l’argent qui l’est de moins en moins. Le droit protecteur de l’individu (continental français et romain) disparait ; on assite ainsi à une subversion du droit civil qui est remplacé par le droit commercial qui protège peu l’humain mais prioritairement le droit des Affaires.
Les flux de capitaux sont organisés par l’OMC y compris via les paradis fiscaux (grâce à des cabinets d’audits des capitaux). Le droit des paradis fiscaux n’autorise pas les structures juridiques de ces pays à donner des informations aux Etats qui les demandent. Ainsi la globalisation sans droit les protège.
« Un problème qui ne trouve pas de solution est un problème mal posé », répète Valérie Bugault, ce qui semble correspondre au problème économique actuel. En pratiquant l’approche institutionnelle, politique et géopolitique elle a découvert un chemin qui pourrait nous conduire vers une issue à ces problèmes. Les juristes mettent « en musique » le capitalisme sans jamais trop en critiquer la législation. Les forces à l’œuvre à travers les siècles ont organisé une domination totale du pouvoir économique sur le pouvoir politique, qui se terminera logiquement par un gouvernement Mondial pensé comme le « Nouvel Ordre Mondial ». Ce gouvernement ne sera que la suite logique de la constante élévation sociale des banquiers commerçants, qui a aujourd’hui rang de puissance politique mondiale. Son pouvoir est aujourd’hui monopolistique, et à force d’accaparement des richesses, ils imposent des institutions internationales à leur mesure (et surtout à leur botte (NDLR)).
Aucune instance politique n’est en mesure de rivaliser avec cet ordre marchand et financier, qui règne avec une puissance absolue, sans commune mesure, et sans partage. Cela a été rendu possible suite à des luttes, des contre luttes, et de nombreuses abdications. Ils ont entrepris dans un mouvement de double révolution, d’abord un travail de dissolution, pays par pays, du pouvoir politique, puis en gérant l’outil centralisé d’émission monétaire (les banques centrales).
D’abord en mettant en place la séparation des pouvoirs, qui s’est imposée partout. Cela a permis l’uniformisation des modes de gouvernements de tous les pays du monde. Ce qui est vu comme une limitation du pouvoir est en fait une dissolution du pouvoir, mettant ainsi un frein à l’œuvre politique. Car la politique doit permettre d’organiser la vie de la cité, et donc réguler les comportements individuels, afin de les rendre compatibles avec un comportement de groupe, donc avec un objectif social.
La Politique c’est le pouvoir de maitriser les lois, de rendre la justice, mais c’est aussi le pouvoir de contraindre qui permets d’assurer l’intégrité du groupe. Si en plus on enlève le pouvoir monétaire, qui permets d’assurer la paix sociale, on est dans la situation actuelle, dans laquelle les Etats ne sont plus des entités politiques, mais des entités au service du pouvoir économique caché.
La centralisation monétaire est la seconde arme pour enlever le pouvoir aux états. Les banques centrales ont mis la main sur ce qu’était avant le service public de l’argent (alors dévolu aux Etats). Demain en limitant la monnaie « papier », et en instaurant le tout numérique, ce droit de vie sociale sera entre les mains des banques, qui pourront alors faire disparaitre ou « neutraliser » qui ils veulent en les privant d’accès à son argent.
Les crises sont déterminées par ceux qui détiennent le contrôle de la masse monétaire en circulation (NDLR : qui permettent ensuite un accaparement des biens liés car mis en gages des prêts, ou par enrichissement via le taux d’intérêt). Le contrôle des masses monétaires induit le recul économique et dont sociétal (moins d’investissements=chômage). L’accaparement économique augmente alors, induisant un contrôle politique encore plus serré et on avance avec certitude vers une dictature/soumission intégrale.
En se généralisant, les banques centrales (60 parmi les plus importantes) sont gérées et régulées par la BRI Banque des Règlements Internationaux, qui se trouve à Bâle. La BRI a été conçue comme une entité de droit public, soit comme un Etat, mais sans la volonté de régulation sociale.
Ainsi est né l’ordre financier international, mais qui dirige la BRI, qui la contrôle effectivement ?
L’UE est la première marche vers la dictature universelle ; on teste in vivo les modalités de mise en place du prochain gouvernement mondial.
Le retour vers une réelle indépendance politique devra obligatoirement s’accompagner de l’indépendance monétaire et économique. Actuellement les institutions politiques sont tenues par les financiers, la corruption (active ou passive = conditionnement du genre TINA, le Titytainment, la guerre cognitive telle que le rappelle très justement Lucien Cerise (voir plus loin dans cet article) NDLR).
L’article 10 (bien plus que le 13) de la constitution Russe propose la séparation des pouvoirs et ce genre d’articles a rendu la gestion du pouvoir insoluble à tous ceux qui l’ont expérimenté.
Le droit est le moyen qui permettra d’aller toujours plus loin vers la dictature mondiale, ou permettra d’y mettre fin, notamment grâce à une réelle détermination politique, qui seule permettra de mettre ces techniques en œuvre. On ne doit pas chercher cette volonté dans l’Occident actuel, mais plutôt au sein des BRICS.
L’écrivain Slobodan Despot
Les peuples sont expropriés des structures du pouvoir : une commission d’inconnus vient de se réunir, pour décider de mettre fin à la neutralité d’internet. Cela discrédite et rend risible tout le système de représentation démocratique (et ceux qui continuent d’y croire NDLR) quand 5 hommes non élus décident ce genre de choses à notre insu.
Une dérive vers un monde de spécialistes, qui nous (et nos enfants surtout) affuble d’objets pour occuper nos esprits ; cela n’est pas neuf, « du pain et des jeux » devient le TITYTAINMENT.
Le Capitalisme oriente nos vies vers des « finalités de gestion » alors que nous devrions envisager l’avenir comme des « finalités de destins ». Le Capitalisme incontrôlé nous conduit vers un monde où même la place de l’humain risque d’être remise en cause, si on ne l’arrête pas. Une histoire post humaine se profile, sans espoirs, ni désespoirs, où l’homme sera dépassé par la technologie : l’abolition de l’homme. Une époque où l’homme devra s’hybrider avec des composants électroniques, pour résister (peut-être) aux Intelligences Artificielles.
De son expérience d’écrivain il a essayé d’éveiller les hommes par des articles. Rien n’y a fait. Il a ensuite décidé d’écrire un Roman, et le succès a été au rendez-vous. Ses conclusions sont claires entre la vie vécue et la vie théorisée : il ne faut plus parler de manière abstraite, mais dire les choses avec émotion. Il s’est alors imposé des règles de vie et d’action. Lire de la littérature qui porte des vérités infalsifiables. Ne pas exprimer de convictions qui ne correspondent pas aux modes de vies des gens, ni à leurs convictions mais qui en plus incitent ceux qui y croient à la paresse intellectuelle.
Exprimer des sentiments qui sont des versants infalsifiables de soi-même. Ecrire sur du papier qui ne sera pas filtré par les moteurs de recherche numérique. Occupe-toi de ce que tu peux changer, et ne t’occupe pas de ce que tu ne peux pas changer. Dépense ton argent dans ton voisinage. Etudie les langues ou croyances des autres. Ne cultive pas les ennemis. Ecris et parle concrètement. Fais-toi des amis plus jeunes que toi. Fie toi au TAO, et fais des enfants.
Il n’est plus temps de développer des concepts, dans une époque où l’attention de nos enfants (et pas seulement) est accaparée à 120 % par des appareils.
Emmanuel Leroy
Co organisateur de l’événement, émet le vœu que si Davos est la grande messe des mondialistes, alors Chisinau doit devenir la capitale de la multipolarité. Le Président Dodon s’est montré favorable aux alternatives au capitalisme financier. Il a rendu possible cette réunion, qu’il en soit remercié.
La Moldavie et les pays non slaves ou non orthodoxes qui l’environnent, représente selon Samuel Huttington la ligne de fracture entre le monde catholico-protestant et le monde orthodoxe. Cette vision du monde est totalitaire, antagoniste et guerrière. Via la fabrication du consentement, l’occident essaye de vous monter contre le monde slave, contre la Russie. Il faut refuser l’antagonisation des civilisations, et il faut que le peuple moldave se conçoive comme un pont de fraternisation, de liberté et d’avenir.
- E. Leroy commencera son discours avec cette citation du Deutéronome chapitre 23 verset 19 : à « Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour argent, ni pour vivres, ni pour rien de ce qui se prête à intérêt. ».
Nous serions tentés (NDLR) de lui répondre par le verset suivant, le 20 « Tu pourras tirer un intérêt de l'étranger, …, afin que l'Eternel, …, te bénisse dans tout ce que tu entreprendras au pays dont tu vas entrer en possession“. Si le verset 19 invite à ne pas utiliser l’intérêt envers son frère, le verset 20 est un appel à l’usure est au pillage du bien des autres ! Certains peuples ne semblent pas disposés à nous regarder comme des frères, et cela semble légitimer leur œuvre de prédation pour obtenir ce qui ne leur appartient pas, et qu’ils peuvent donc s’approprier librement puisque leur Dieu et la doctrine capitaliste le leur promet !
Il rappellera ensuite que l’immense majorité des dirigeants du camp occidental sont élus pour diriger les intérêts des marchands dans ce monde où les valeurs sont inversées, afin de maintenir les peuples en esclavage. Depuis la disparition de l’URSS aucune réponse n’est apparue pour s’opposer au système capitalisme dominant. Mais celle-ci était basée sur une vision « économiste », et était une erreur aussi fondamentale que de laisser diriger l’économie via le communisme.
Il faut donc rendre au politique son pouvoir de diriger l’économie, et aller au-delà de la vision matérialiste, pour lui substituer une vision organique, c’est-à-dire libérale ou contraignante, en fonction des circonstances, mais toujours au service du bien commun, de la collectivité. L’économie n’est qu’un outil qu’on ne peut pas laisser aux mains des banquiers.
Il faut donc garder l’esprit lucide et critique, surtout ici en Moldavie car l’Occident a tous les moyens du monde pour attirer dans un monde factice fait d’apparences. Il va vanter la société de consommation, le miroir aux alouettes, qui n’est pas la finalité de l’homme.
Nous sommes là pour rêver, aimer et vivre.
Lucien Cerise
La Moldavie a engagé un partenariat de rapprochement avec L’UE, et cela n’est pas de bon augure pour la Moldavie. En France nous avons depuis trop longtemps une mauvaise expérience de cette UE, et que c’est l’ensemble de l’existence qui est pervertie, pas seulement la monnaie, et qu’il y a de plus en plus de résistances, et de rejets de cette UE.
C’est pour cela que la France subit l’expérience de la fabrique du consentement, autrement appelée « ingénierie sociale » pour contraindre les peuples à leur détriment. L’Ukraine en a été une autre victime récemment (voir son livre Retour sur Maïdan (5)) ou toutes ces techniques spécifiques ont été utilisées. La Moldavie devrait s’y intéresser de près, afin d’observer les méthodes utilisées en Ukraine pour fabriquer le consentement … à cette décomposition/pillage… L’UE est un Cheval de Troie du Mondialisme, en soutenant ces révolutions colorées … Des méthodes d’infiltration, de piratage… dans l’idée d’hameçonner, de retourner l’esprit des gens, et d’orienter leur vision des évènements vers ce que veut le système. Nos esprits sont donc victimes d’une guerre culturelle, comme disait Gramsci, d’une guerre hybride, le champ de bataille étant aussi notre esprit !
Il s’agit d’entrer dans l’intimité intellectuelle et psychologique, en obtenant à notre insu notre confiance, puis notre consentemment.
L’oligarchie est capable de porter au pouvoir n’importe quel candidat, y compris de changer ceux qui les gênent (remplacer Trump par Clinton). Clinton qui selon lui, serait porteuse d’un conflit voulu et donc entretenu entre l’UE et la Russie. Il faut donc, proposer une alternative à l’axe Washington/Bruxelles/Tel Aviv.
Sans perdre de vue que l’économie est une construction, qui n’est pas naturelle, nous sommes donc libres de choisir le modèle de développement qui nous convient le mieux pour cette construction. Les scénarios de développement de l’oligarchie sont soutenus par la forme militaire et des formes d’ingénierie sociale. Voilà donc à quoi nous pourrons être confrontés, comme en Ukraine… avec un travail d’artificialisation permanent du réel : le recouvrement par la propagande, notamment, et toutes les techniques d’ingénierie sociale, de technologie politique qui ont pour but de subvertir le développement naturel des sociétés.
L’ancien conseiller de Syriza Dimitris Konstantakopoulos (Grèce),
Il invite les peuples à la lucidité démocratique, et à faire la différence entre les déclarations des grands leaders élus, et leurs actes réels, rappelant la célèbre phrase de François Hollande « la finance est mon ennemie », alors qu’il allait se prosterner à la City de Londres, et qu’il nommait Emmanuel Macron de la Banque Rothschild comme ministre de l’économie. Dans la même continuité verbale, un Trump qui dit beaucoup de choses mais qu’a-t-il réellement mis en œuvre. Ou encore dans son pays en Grèce, Aléxis Tsípras, qui a été élu pour combattre le système libéral et qui met en œuvre une politique libérale des plus agressives au service de ce système.
Le Capitalisme évolue sans cesse, et les menaces de guerres rappellent que lorsqu’il risque de perdre le contrôle, le Capitalisme sait se préserver en déclenchant des conflits, y compris mondiaux si nécessaire. Les menaces nucléaires contre l’Iran ou la Corée montrent que certains acteurs font un lobbying important et invite les Européens à s’interroger sur ceux qui tirent les ficelles derrière les attentats, car ce sont les mêmes qui poussent à la guerre…
Alessandro Sansoni (Italy)
Rappellera que la finance s’est autorisée à ses débuts une création monétaire d’un rapport de 1 à 9 (NDLR : 1 euro réellement détenu en réserve en caisse pour 9 fabriqués et prêtés, et qu’avec cela ils parasitent toute l’économie. Lors de la disparition de la banque Lehmann Brothers, nous avons découvert que ces ratios étaient plus proche des 1 pour 30 y compris pour nos Banques nationales (BNP, CL, Soc Gen…).
C’est avant tout la classe moyenne qui est la plus impactée. Avec l’érosion de la classe moyenne on voit aussi se développer la destruction des identités ethniques et culturelles. (NDLR : Hayek, pape de l’ultralibéralisme rappelle qu’il faut laminer la classe moyenne, car c’est elle qui contrôle le processus démocratique, et que c’est donc elle qui peut se montrer arbitre de la répartition des richesses, ce qui dérange le plus ceux qui ne veulent pas partager !)
Alessandro voit dans les mouvements Catalans, Ecossais ou Italiens un retour de la dialectique du local contre le global. Un besoin de retour à ce qui est limité, et par conséquent contrôlable et qui porte une réelle alternative pour libérer les peuples de la main mise mondialiste. Avoir aussi la certitude que l’histoire ne s’arrête jamais, et que rien n’est inéluctable. L’union Européenne s’est construite uniment sur l’économique, et a laissé de coté sa construction politique ou militaire, ce qui en fait une « puissance » à part. Une Europe qui voudrait dévorer ses enfants du Sud, seulement car il y a un déséquilibre du point de vue de la monnaie ! Mais Alessandro rappelle que la mort de l’UE ne se fera pas sans œufs cassés… guerre et destructions pourraient être à la clé de sa mort progressive.
La construction d’une nouvelle classe dirigeante, ancrée dans les mêmes racines ethniques, culturelles et spirituelles, qui devra être profondément convaincue de construire un monde multipolaire, ayant pour souci de maintenir l’équilibre, et basé sur la négociation, sera fondamentale pour la réalisation de ces objectifs. Avec un objectif empirique et non pas théorique. Un objectif qui avec le dépassement du turbo capitalisme financier, vise à construire avec les enseignements géopolitiques, l’ordre et la paix.
Conclusion
Dans ce compte rendu de quelques interventions, nous avons rendu compte de ce qui a résonné en nous sur place. Que les autres veuillent bien nous en excuser.
Le colloque de Chisinau ce ne furent pas que des réunions de travail (plénières ou en groupe). Ce furent aussi des moments de camaraderie et c’est aussi cela qui doit grandir et s’amplifier afin de tisser ces réseaux alternatifs européens qui feront naitre une autre solidarité. Des groupes de travail peuvent naître pour élargir l’audience de cet « Appel de Chisinau ». Le capitalisme vacille, et les peuples ont l’oreille attentive à tous ces malheurs que véhicule cette idéologie mortifère car déséquilibrée…
La meilleure façon de le combattre ce capitalisme est de grandir ce projet. D’augmenter son audience. Nous sommes nombreux à ne pas vouloir laisser le capitalisme dominer en tout. Nous n’en voulons pas pour législateur mondial, nous n’en voulons pas comme étalon perpétuel de nos vies. Cela a été dit et bien dit lors de ce colloque.
Les idées sont une chose, les faire vivre c’est encore autre chose !
Lors de ce séjour en Moldavie, nous avons vu une autre Europe. Une Europe qui n’a pas trop subi le métissage mais les flux migratoires inquiètent en Moldavie, comme dans toute l’Europe de l’Est. Tous voient ce que nous sommes devenus et qu’ils ne veulent surtout pas devenir.
Nous avons vu trop de policiers dans les rues ; le capitalisme étalonnera vite les ratios de ces dépenses inutiles au sens de la répartition capitaliste et de la charge Etatique. Et tant pis pour tout ce qui viendra avec…
Nous avons vu des églises orthodoxes, pleines de gens vivants et jeunes, et des « prêtres » jeunes, comme jamais nous n’en avons vu en Europe catholique ! Une Eglise qui prêche la solidarité et le refus de l’individualisme : quel allié de taille !
Nous avons mangé des légumes variés et bons, des plats simples mais tellement naturels… dans ce pays si étrangement latin et slave… L’agriculture capitaliste n’aime pas les petites exploitations qui ne produisent pas autant de rendement que la concurrence (déloyale) ailleurs à travers le monde.
Monsieur le Président Dodon qui avez eu le courage et l’intelligence d’accueillir ce colloque, sachez que l’agriculture Moldave, peut apporter des aliments sains à l’Occident malade de son alimentation productiviste.
Une agriculture saine, pour une alimentation saine ! Voilà ce que vous pouvez exporter chez nous, à travers des filières « bio » : des aliments qui ne nous tuent plus à petit feu tellement ils sont devenus nocifs afin d’être rentables.
Car la quête effrénée du toujours plus de profit, nous apporte des maladies au lieu de nous apporter la santé. Nous sommes ce que nous mangeons. Le capitalisme nous fait développer une agriculture «productiviste », qui ne s’inquiète plus de la nocivité de ce qu’elle produit, pourvu que les profits soient au rendez-vous.
Ou plutôt qui s’inquiète de façon différenciée de ce qu’elle donne et à qui… Pour terminer nous citerons une dernière référence biblique qui montre bien la nocivité de certains textes religieux, et qui ils servent réellement à travers la doctrine capitaliste. Deutéronome 14.21 : « « Vous » ne mangerez d’aucune bête morte ; tu la donneras à l’étranger qui sera dans tes portes, afin qu’il la mange, ou tu la vendras à un étranger ».
RF
- http://lesakerfrancophone.fr/quelles-alternatives-au-capitalisme-financier-pour-le-21eme-siecle
- Pierre-Antoine Plaquevent, Source Les Non-Alignés
- « Le Mur De L'ouest N'est Pas Tombé » Hervé Juvin, Ed Pierre-Guillaume De Roux
- « Du Nouvel Esprit des Lois et de la Monnaie » Valérie Bugault et Jean Rémy, Ed SIGEST
- « Retour sur Maïdan », Lucien Cerise , Ed Kontre Kulture
- « Quelle alternative au capitalisme au XXIe siècle ? » https://www.youtube.com/watch?v=WSn9noQyi7k