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Ivanne Trippenbach, passée de L’Opinion au Monde, a fait de « l’extrême-droite » son cheval de bataille. Pour diaboliser son adversaire idéologique, la journaliste n’est pas à un détail près ; comme lorsqu’elle s’attaque à la question du Grand Remplacement dans une enquête de L’Opinion à coups d’approximations, voire de fausses informations.

 

Formation

La jeune journaliste reste discrète sur sa vie privée, une partie de sa famille serait d’origine indochinoise. Elle clôt ses études secondaires au lycée Albert Camus de Bois-Colombes, commune dont elle est originaire. En terminale, elle passe quatre mois au sein de l’ONG Transparency International en tant que stagiaire.

Après l’obtention avec mention « Très Bien » d’un Baccalauréat Scientifique en section européenne spécialité anglais, Ivanne Trippenbach commence ses études par une année à l’université pontificale catholique du Chili où elle étude les sciences politiques, les relations internationales et la communication.

Elle entre ensuite à Sciences Po, dont elle sort diplômée d’un master en affaires publiques en 2015. À l’école, elle est un des membres fondateurs du Comité de Réflexion pour la qualité de la loi. Le Comité organise un colloque à l’Assemblée Nationale en 2013 sur le thème « Agir pour la qualité de la loi en France » et rassemble des intervenants réputés, aussi bien des parlementaires que des professeurs de droit. Cette activité associative lui ouvre des portes et constitue un point de contact avec les sphères du pouvoir. Un an plus tard, son nom est cité parmi les rédacteurs du discours d’introduction de Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d’État, à un cycle de conférences intitulé « Où va l’État ? ».

Elle réussit brillamment ces études puisqu’elle obtient une mention Cum Laude et se trouve admissible aux concours de l’ENA et de l’Assemblée. Elle poursuit ses études au CFJ, le Centre de formation des journalistes, dont elle sort diplômée deux ans plus tard, en 2018.

Les activités associatives de la jeune femme durant ses études témoignent déjà de son intérêt pour le journalisme : alors qu’elle est à l’université pontificale catholique du Chili, elle couvre pour un journal local les émeutes étudiantes qui surviennent à ce moment dans le pays. Elle tient ensuite une chronique sur Radio Sciences Po au cours de son passage dans l’école.

Elle rejoint l’équipe de L’Opinion en tant que journaliste dès 2016, à la sortie de Sciences Po. Elle mène donc ses études de journaliste au CFJ en parallèle de ce premier emploi. Elle se spécialise pour le journal dans le suivi de l’extrême droite et les questions régaliennes. Elle s’attelle à traquer l’islamisation d’une part, et surtout l’extrême-droite anti-immigration. Ses titres accrocheurs au parfum de complot visent généralement à faire peur en soulignant les soi-disant liens des personnalités politiques dites d’extrême-droite avec les groupes militants anti-immigration.

En 2016, elle publie dans Le Monde une tribune intitulée « Voir l’ENA comme école du pouvoir est passéiste » qui critique les méthodes de recrutement de l’école.

Elle participe à l’enquête Inch’Allah publiée en 2018 chez Fayard sous la direction de Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Elle continue par ailleurs à travailler sur la question de l’islamisme, avec de nombreux articles sur le sujet dans L’Opinion.

La même année, le 24 avril, elle signe un article qui dénonce les liens supposés du Front National avec le groupe militant Génération Identitaire sous forme de révélations choc au parfum de scandale. La journaliste fonde son affirmation sur les réactions des deux vice-présidents du FN au moment des faits, Louis Aliot et Nicolas Bay au blocage mené par le groupe militant dans les Hautes-Alpes contre l’immigration de masse. Les hommes politiques auraient salué de la part du groupe militant « une action efficace ».

Elle est occasionnellement invitée en tant que journaliste politique dans plusieurs émissions télévisuelles, comme « le Live BFM ».

Le spectre de l’extrême-droite semble inquiéter la journaliste au-delà de la sphère politique puisqu’elle traque ses membres jusque dans leurs activités privées. Elle signe en juin 2019 une enquête dans L’Opinion sur les « dérives extrémistes » du club Saint-Hubert, plus vieux club de chasse de France. En cause ? Les liens de l’association avec la Russie et la Serbie. Des membres du club auraient dormi sur la route de retour d’un voyage en Serbie à Berchtesgaden, ville de villégiature d’Hitler qui avait eu le malheur de se trouver sur leur chemin. Une autre accusation est portée par la journaliste, plus terrible que la première ; invité à une soirée du club durant laquelle il aurait accusé ses membre d’entre soi, le conseiller chasse et ruralité Thierry Coste aurait entendu des chants royalistes et des chants en allemand.

En 2020, ce sont les liens de l’écrivain Gabriel Matzneff, connu pour ses tendances pédophiles, avec l’extrême droite qu’elle dénonce dans un article du 3 janvier sur le site de la Ligue de Défense Juive.

En septembre 2021, elle rejoint la rédaction du Monde où elle suit la droite et l’extrême droite, en tandem avec un autre journaliste.

 

Parcours militant

La journaliste ne milite officiellement dans aucun parti. Ses articles à charge contre l’extrême-droite témoignent toutefois d’un engagement évident.

Elle est l’auteur d’un article du 11 février 2019 sur L’Opinion, « Emmanuelle Gave, la nouvelle droite dure de Nicolas Dupont-Aignan » qui fit scandale. Reçue par la candidate dans son bureau pour faire son portrait, la journaliste y aperçoit une caricature soviétique anti-capitaliste d’avant-guerre considérée à tort de caractère antisémite. Elle exhume ensuite quelques posts Facebook jugés racistes et se scandalise de l’opposition de la candidate aux lois mémorielles. Le couperet tombe : Emmanuelle Gave serait réac, révisionniste et antisémite. Suite au scandale lancé par Ivanne Trippenbach, ni Emmanuelle Gave ni son père Charles Gave, ne seront finalement investis sur les listes pour les élections européennes. Qu’importe le fond, les Gave sont diabolisés puis évincés. Le commentaire de Charles Gave sur le site Groupe Gaulliste Sceaux, « Réflexions sur un assassinat médiatique » publié le 25 février 2019 résume les tenants et aboutissants de l’affaire en quelques traits de plume.

En septembre 2019, elle se voit avec Camille Vigogne Le Coat et Tristan Berteloot refuser l’accréditation de journaliste pour couvrir la Convention de la droite, qui argue de sa mauvaise foi et de sa volonté de nuire. Suite à l’appel au boycott de la Convention par Camille Vigogne Le Coat, les organisateurs finissent par céder.

 

Publications

Elle publie avec Philippe Brun aux éditions Thémis une Présentation de la problématique de la qualité de la loi suite au colloque qu’elle organise avec lui sur le même thème dans le cadre de ses études à Sciences Po. La courte brochure est un compte-rendu du colloque. Les auteurs déplorent l’inflation législative et normative qui prévaut en France : « La loi échappe aux citoyens alors qu’ils en sont les principaux destinataires, le risque étant de voir émerger des “laissés‑pour-compte de l’État de droit”. La complexité des normes est quant à elle présentée comme une maladie de la démocratie : elle s’incarne en France dans plus de 10 000 lois et pas moins de 120 000 décrets et arrêtés. »

Elle participe lors de son passage au CFJ avec quatre autres étudiants, Célia Mebroukine, Romain Gaspar, Hugo Wintrebert et Charles Delouche, à l’écriture de l’enquête Inch’Allah, publiée en 2018 chez Fayard. L’ouvrage propose une enquête menée par les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme sur l’islamisation dans le 93, et notamment à Saint-Denis.
L’ouvrage fait rapidement polémique, jugé par certains « islamophobe » et inutilement alarmiste. Le Journal de Saint-Denis dénonce à son égard des confusions et des imprécisions. Mediapart et le Bondy Blog se fendent quant à eux d’un article commun pour critiquer l’ouvrage comme n’étant qu’une collection d’anecdotes dénuée d’analyse : « Les lecteurs reçoivent cette collection d’anecdotes sans jamais pouvoir en tirer du sens. Aucun sociologue ou historien n’intervient jamais pour injecter un peu de perspective à ce chapelet d’histoires à la temporalité floue ». La diffusion de passages de l’enquête sur les réseaux sociaux par des sympathisants d’extrême-droite pour attirer l’attention sur l’islamisation de la France dessert fortement l’ouvrage, accusé de nourrir les fantasmes anti-immigration et anti-islam de la droite.

Le travail d’enquête des étudiants en journalisme fait l’objet d’un documentaire diffusé sur LCP, « La Plume dans la plaie ».

 

Ce qu’elle gagne

Non renseigné.

 

Sa nébuleuse

Gérard Davet : journaliste d’investigation au Monde, il est connu pour son travail d’enquête dans les affaires Clearstream, Karachi et Bygmalion avec son confrère Fabrice Lhomme. Les deux journalistes publient en 2016 une série d’entretiens avec François Hollande, Un Président ne devrait pas dire ça… Deux ans plus tard, ils mènent une enquête sur l’islamisation, publiée chez Fayard sous le titre Inch’Allah. C’est au cours de ce travail qu’il fait la connaissance d’Ivanne Trippenbach, qui y participe en tant qu’étudiante en journalisme.

Fabrice Lhomme : journaliste d’investigation au Monde, il est connu pour les mêmes affaires que Gérard Davet, avec lequel il travaille en étroite collaboration. Il publie avec lui Un Président ne devrait pas dire ça… en 2016, et Inch’Allah en 2018, auquel Ivanne Trippenbach a contribué en tant qu’étudiante. Il est avec Gérard Davet l’auteur d’ouvrages remarqués sur la droite française.

Rayan Nezzar : énarque d’origine algérienne, il contribue à la rédaction du programme d’Emmanuel Macron sous la houlette de Marc Ferracci. Il connaît son quart d’heure warholien lorsque, novice en politique, il est nommé porte-parole du gouvernement début 2018. Des tweets très incisifs, écrits alors qu’il n’était qu’étudiant, à l’endroit de personnalités politiques de droite sont exhumés par le défunt site d’actualités Buzzfeed et le contraignent à rendre sa démission cinq jours après sa nomination. Il ne se laisse toutefois pas démonter et se présente deux ans plus tard aux élections municipales dans le 20ème arrondissement de Paris, sur la liste de Cédric Villani « Vivons Paris », où il est éliminé au premier tour.

 

Vie privée

Par sa famille paternelle, la jeune femme descendrait d’une famille de Français d’Indochine.

 

Elle l’a dit

Sur l’enquête qu’elle a mené avec d’autres étudiants en journalisme pour Fabrice Lhomme et Gérard Davet, sur le plateau de « Quotidien » de Yann Barthès sur TMC du 19 octobre 2018 : « Le sujet nous a excité dès le début […] et ensuite sur le terrain […], là quand même on a un peu flippé ».

Sur le concours de l’ENA, dans un article du Monde publié le 23 mars 2016  : « Au “formatage” des candidats répond celui du jury. Celui-ci se manifeste dans des attentes, non dites, en décalage avec la société. Pour ces serviteurs de l’État d’hier, recruteurs aujourd’hui, le haut fonctionnaire – au masculin, de préférence – est celui qui “incarne l’autorité” et qui “modère son enthousiasme”. »

Dans le même article, elle reproche le manque de parité dans les admissions : « Depuis quelques années, on note l’absence de parité dans les cohortes d’énarques : au concours externe de 2015, seules 11 femmes étaient admises sur 42 reçus, soit 25,6 % des admis. »

Pour la journaliste, la pédophilie semble plus grave lorsqu’elle est perpétrée à l’extrême droite qu’à gauche, où elle paraît n’être sous sa plume qu’un gentil quiproquo. Elle écrit ainsi dans un article du 3 janvier 2020 sur les liens de Gabriel Matzneff avec l’extrême droite publié sur le site de la Ligue de Défense Juive : « Certes, la gauche soixante-huitarde a porté aux nues l’écrivain quand la droite le dénonçait au nom de la morale. « Mais il est faux de réduire la pédophilie militante à un mouvement gauchiste ; elle se caractérise par une transversalité politique allant jusqu’aux anti-68 les plus durs », souligne le sociologue Pierre Verdrager. L’extrême gauche pro-pédophilie gommait l’écart d’âge au nom du libre arbitre et de la maturité sexuelle des enfants ; l’extrême droite pédophile, au contraire, exalte leur inégalité, la relation d’autorité et de domination, sur fond de références culturelles grecques ou celtes. »

Comme la majorité de ses confrères, elle semble se gargariser sur Twitter de l’État de droit, sorte de paravent de la dictature des juges : « Dire à l’antenne que les musulmans sont la source d’un “énorme problème” contribuant à un “grand remplacement” et à “l’invasion de l’Europe” relève de l’incitation à la haine ou à la violence, confirme le @Conseil_Etat … deux ans après #Zemmour ».

 

On a dit sur elle

Gérard Davet sur le plateau de « Quotidien » de Yann Barthès sur TMC du 19 octobre 2018  : « Ivanne, c’est la cérébrale hyper efficace ».

Charles Gave dans un droit de réponse, reproduit dans L’Opinionà un portrait incendiaire de la journaliste : « Votre journaliste laisse entendre que nous serions antisémites, ce qui est une monstruosité qui ne repose sur rien. […] Les caricatures qui sont dans nos bureaux trouvent leur origine dans des journaux de la grande époque communiste et montrent le combat du travailleur contre le capitaliste. Seul un esprit peu averti a pu voir dans le capitaliste représenté sur ces affiches une image de juif ! ».

Photo : capture d’écran vidéo France 5 (“C’est dans l’air”, 20 juillet 2019)

Souce : © Observatoire du journalisme (Ojim) 2012-2021

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