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En février 2021, la ministresse de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, heurte le microcosme politico-médiatique en dénonçant l’influence de l’islamo-gauchisme dans les universités hexagonales. Elle demande au CNRS, pourtant contaminé par cette infection mentale, d’enquêter sur ce phénomène. En un temps record, soit quelques jours, l’organisme saisi rend ses conclusions. À l’instar de la théorie du genre, l’islamo-gauchisme n’existe pas ! En revanche, les féminicides et le réchauffement climatique sont des faits in-con-tes-tables…

Bastien Brestap, un jeune militant royaliste maurrassien qui participa en mars 2021 à l’invasion pacifique du conseil régional d’Occitanie, déclare dans le mensuel Le Bien commun de mai 2021 que « l’islamo-gauchisme, tout simplement, c’est la collaboration de la gauche républicaine en France et de l’Islam ». On pourrait lui rétorquer : « C’est un peu court, jeune homme ! » En effet, l’islamo-gauchisme est une réalité déjà ancienne. Substituons-nous par conséquent à quelques chercheurs professionnels qui ne trouvent rien, à des doctorants et autres thésards en sciences mollassonnes pour revenir sur la généalogie de cette idée bien sûr fantôme.

Il existe à l’origine de réelles divergences entre, d’une part, la gauche, le marxisme et les gauchismes et, d’autre part, la religion musulmane. Les marxistes considèrent en effet les croyances comme l’opium du peuple. Ils professent souvent un athéisme virulent, ce qui ne peut que déplaire aux masses mahométanes. Toutefois, pendant la révolution bolchevique, les communistes russes comprennent tout l’intérêt tactique de se servir de l’islam dans leur lutte contre les puissances occidentales nanties. Ils veulent investir un milieu récalcitrant à leurs idéaux révolutionnaires prolétariens. En septembre 1920 se tient à leur initiative le congrès de Bakou (ou « Congrès des peuples d’Orient »). Le bolchevik tatar russe Sultan-Galiev appelle à la  « guerre sainte » et voit dans le message égalitaire de l’islam une préfiguration de la société sans classe rêvé par le communisme. Les intentions bolcheviques percutent cependant les ambitions pantouraniennes d’Enver Pacha qui trouve la mort en 1922 face à l’Armée rouge. Des militants communistes montent de nombreuses cellules clandestines dans tout le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. C’est la préhistoire de l’islamo-gauchisme. La germination va durer trois décennies...

Le premier âge se déroule dans les années 1950 - 1960, en particulier en Algérie où s’agite un parti communiste groupusculaire différent du PCF. Les indépendantistes du FLN ne cachent pas leur idéologie tiers-mondiste, socialiste et développementaliste qui se concrétise sous Houari Boumediene entre 1965 et 1978. Toutefois, les terroristes algériens s’inspirent aussi pour l’occasion de leur grand ennemi interne, Messali Hadj, qui n’hésite pas à lier des thèses révolutionnaires à un vocabulaire musulman à travers des mouvements tels l’Étoile nord-africaine, le Parti du peuple algérien ou le Mouvement national algérien. Avec l’appui de certaines chapelles trotskystes françaises, il veut se faire comprendre des populations indigènes. Malgré ce cas, l’islam demeure cependant un prétexte pour favoriser et attiser la révolution internationaliste à venir.

Le deuxième âge islamo-gauchiste se passe dans la décennie 1970 sur trois théâtres géographiques différents. Avec le détournement spectaculaire d’avions de ligne et des prises d’otages parfois sanglantes, la cause palestinienne prend une audience planétaire. Soutenue par les États arabes (et musulmans) du « Front du refus » proches de l’URSS (Syrie, Irak, Yémen du Sud), la résistance palestinienne s’inscrit avec le Fatah de Yasser Arafat et le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) de Georges Habache dans une démarche révolutionnaire. L’interaction entre la cause palestinienne et l’islam politique est alors presque inexistante. Or éclate en 1975 la guerre au Liban. Les raids palestiniens contre Israël lancés à partir de l’État du Cèdre et les violentes ripostes militaires de l’État hébreu indisposent les responsables chrétiens libanais qui s’inquiètent de la croissance démographique élevée dans les camps de réfugiés palestiniens. Les forces armées chrétiennes affrontent les unités armées des partis de gauche, des Palestiniens et des communautés sunnite et druze. De cet amalgame surgit un « islamo-progressisme » dont la figure symbolique reste Carlos alias Ilich Ramírez Sánchez, l’activiste révolutionnaire vénézuélien converti à l’islam. En 1975 commence la parution en Libye du Livre vert de Mouammar Kadhafi. Il imagine la « troisième théorie universelle » au-delà du capitalisme et du marxisme. Le guide libyen cherche une synthèse inspirée de la sociologie profonde des tribus et des clans en Libye entre l’anarcho-syndicalisme, le socialisme sorélien et l’islam, d’où son étonnant régime politique de démocratie directe charismatique.

L’islamo-gauchisme entame son troisième âge dans les années 1980 – 1990 avec le succès en 1979 de la Révolution islamique iranienne. Persécutés et opprimés, les chiites ont élaboré toute une martyrologie qui sous-tend, le cas échéant, une volonté de subversion radicale. Au cours de la révolution iranienne s’allient contre le Shah d’Iran le clergé chiite, les étudiants, les vieux partisans de Mossadegh et les militants du Tudeh, le puissant parti communiste iranien. Fin stratège, Rouhollah Khomeyni se débarrasse aussi vite des communistes, des libéraux et des nationalistes. Il canalise les puissantes aspirations révolutionnaires populaires en autorisant une forme d’autogestion dans les entreprises et en les tournants vers l’étranger.

L’entente paradoxale entre les islamistes et les gauchistes en Iran revient à Ali Shariati (1933 – 1977). Cet ami de Jean-Paul Sartre correspond avec Frantz Fanon et traduit le Che. Ali Shariati devient le principal théoricien local d’un  « islamo-gauchisme » iranien. Aurait-il approuvé le régime du jurisconsulte ou bien aurait-il été un ardent opposant aux mollahs ? L’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien a contribué à la chute du régime impérial. Influencée par les écrits de Shariati, elle a très tôt refusé le projet théocratique. Elle a perpétré de nombreux attentats et rallié l’Irak baassiste de Saddam Hussein pendant la Première Guerre du Golfe (1980 – 1988). Leur doctrine concilie marxisme et islamisme. On parle à leur sujet d’« islamo-marxisme ».

Dans les années 1990 – 2000, au Soudan, le principal penseur du régime islamique, le Frère musulman Hassan al-Tourabi, ancien étudiant à Londres et à la Sorbonne, propose à son tour une combinaison entre l’islam sunnite, des revendications panarabes et un esprit révolutionnaire para-marxiste pour mieux lutter contre le « Nouvel Ordre mondial » occidental américanomorphe. Mais il ne s’agit pas d’islamo-gauchisme à proprement parler.

Vers la fin de la décennie 1990, l’islamo-gauchisme subit la concurrence redoutable des talibans en Afghanistan et au Pakistan ainsi que d’Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. Tous se défient de l’idéologie révolutionnaire. N’oublions jamais que Ben Laden a d’abord servi les Étatsuniens en Afghanistan contre les Soviétiques au nom du djihad. L’islamo-gauchisme pâtit de l’effondrement du bloc soviétique et de l’échec militaire des États laïques arabes face à Israël. Le « Printemps arabe » de 2010 – 2011 se fait au nom d’un islam de marché, d’une démocratie aux normes occidentales ou, à la rigueur, d’une hypothétique « démocratie musulmane ». Quand il occupe maintes contrées irakiennes et syriennes, l’État islamique s’affilie d’autant mieux à la tradition politique musulmane qu’il combat, d’une côté, l’armée syrienne et les milices populaires chiites irakiennes, et, de l’autre, des Kurdes féministes, écologistes, indépendantistes, anti-capitalistes et hyper-inclusifs.

C’est paradoxalement hors de l’Oumma, en Occident, que l’islamo-gauchisme atteint son quatrième âge sous l’impulsion décisive des gender studies, du féminisme radical et de l’intersectionnalité. En France, porté par une série de lois mémorielles hémiplégiques et des mesures légales liberticides, le très mal-nommé Parti des indigènes de la République (PIR) conçoit un discours victimaire revendicatif qui entend associer les catégories « racisées » aux classes prolétariennes. Ce n’est pas un hasard si Houria Bouteldja, la Pasionaria du PIR, soutient la troisième candidature de Jean-Luc Mélenchon en 2022. Pour les islamo-gauchistes, fort nombreux parmi les étudiants qui ont obtenu un bac au rabais, les nouveaux « damnés de la terre » ne peuvent être que des minorités extra-européennes. Ce nouvel âge islamo-gauchiste prolifère grâce à la lâcheté du corps enseignant et à la généralisation du civiquement correct. Cette nouvelle idéologie gangrène déjà les savoirs et ravage bien des cerveaux malléables après treize années consécutives d’embrigadement dans le système scolaire républicain. Il s’agit de la dénaturation occidentale de la gauche islamique initiale. Cet islamo-gauchisme charrie des miasmes idéologiques sortis directement des facultés anglo-saxonnes et françaises. Soucieux d’une respectabilité auprès des « Bo-bo » hyperurbanisés et « sur-Netflixés », il se veut coulant. Il en est donc plus que pernicieux.

L’actuel islamo-gauchisme présent en Europe et aussi ailleurs en Occident contribue ainsi à la guerre culturelle contre les Albo-Européens. On ne doit donc pas le ménager, mais au contraire s’y confronter ici et maintenant !   

Salutations flibustières !

GF-T

« Vigie d’un monde en ébullition », n° 16, mise en ligne le 19 janvier 2022 sur Radio Méridien Zéro.

Le lien audio est : https://radiomz.org/vigie-dun-monde-en-ebullition-16-les-quatre-ages-de-lislamo-gauchisme/

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