« En d'autres termes, dans un État, qu'il soit démocratique ou totalitaire, les dirigeants doivent s'appuyer sur le consensus. Ils doivent s'assurer que les gouvernés ne comprennent pas qu'ils sont réellement au pouvoir. C'est le principe fondamental du gouvernement », Noam Chomsky.
La stratégie de distraction.
L’élément primordial du contrôle social est la stratégie de distraction.
Celle-ci consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des changements décisifs par les élites politiques et économiques. En particulier par la technique du déluge ou des inondations de distractions continues et d’informations insignifiantes.
La stratégie de distraction est aussi indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles. Par exemple dans le domaine de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie et de la cybernétique. Maintenir l’attention du public déviée des vrais problèmes sociaux, emprisonnée par des thèmes sans réelle importance.
Garder le public occupé, occupé, occupé … Sans aucun temps pour penser, de retour à la ferme comme les autres animaux (cité dans le texte Armes silencieuses pour guerres tranquilles de Lyle Hartford Van Dyke, Jr.).
Créer des problèmes puis apporter des solutions.
Cette méthode est aussi appelée problème-réaction-solution.
Il y a un problème, une situation prévue pour provoquer une certaine réaction du public, avec pour objectif que ce soit le mandant des mesures que l’on souhaite faire accepter. Par exemple : laisser la violence urbaine se propager ou intensifier. Ou encore laisser, voire organiser des attentats sanglants, dans le but que le public soit celui qui exige des lois sur la sécurité et les politiques au détriment de la liberté. Ou aussi : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire la rétrocession des droits sociaux et le démantèlement des services publics. Voire des libertés fondamentales.
La stratégie de la progression.
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, au compte-gouttes, pendant des années consécutives. C’est ainsi que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées pendant les décennies des années 80 et 90. En particulier : État minimum, privatisations, précarité, flexibilité, chômage massif, salaires qui ne garantissent plus de revenus décents …
Tant de changements qui auraient provoqué une révolution si elles avaient été appliquées en une seule fois.
La stratégie du différé.
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme douloureuse et nécessaire, en obtenant l’acceptation publique, à l’heure actuelle, pour une application future. Il est plus facile d’accepter un sacrifice futur que de sacrifier immédiatement. D’abord, parce que l’effort n’est pas celui qui a été utilisé immédiatement. Ensuite, parce que le public, la masse, a toujours tendance à espérer naïvement que tout ira mieux demain et que le sacrifice demandé pourrait être évité. Cela donne plus de temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter résigné lorsque le moment arrive.
S’adresser au public comme à des enfants.
La plupart des publicités directes au grand public utilisent des discours, des arguments, des personnages et une intonation particulièrement infantile, plusieurs fois proche de la faiblesse. Un peu comme si le spectateur était une créature de quelques années ou un déficient mental. En fait, plus on essaie de tromper le spectateur et plus on a tendance à utiliser un ton infantile.
Pourquoi ça ?
« Si quelqu’un s’adresse à quelqu’un comme s’il avait douze ans ou moins, alors, selon la suggestion, elle tendra certainement à une réponse ou réaction même sans sens critique comme celle d’une personne de 12 années ou pas » (voir Armes silencieuses pour guerres tranquilles ).
Utiliser l’aspect émotionnel bien plus que la réflexion.
Utilisez l’émotion est une technique classique pour provoquer un court-circuit sur une analyse rationnelle et enfin le sens critique de l’individu. En outre, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour implanter ou injecter des idées, des désirs, des peurs et des craintes, des compulsions ou des comportements.
Maintenir le public dans l’ignorance et la médiocrité.
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage.
« La qualité de l’éducation donnée aux classes sociales inférieures doit être la plus pauvre et la plus médiocre possible. De sorte que la distance de l’ignorance qui planifie entre les classes inférieures et les classes supérieures soit et demeure impossible à combler par les classes inférieures ».
Stimuler le public à être complaisant avec la médiocrité.
Pousser le public à penser que c’est tendance d’être stupide, vulgaire et ignorant… N’est-il pas « tendance » de se passionner pour certaines émissions dites de télé-réalité sur le petit écran ?
Renforcer l’auto-culpabilité.
Faire croire à l’individu qu’il est seul coupable de son malheur. En particulier en raison de son intelligence insuffisante, de ses capacités ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se rebeller contre le système économique, l’individu s’auto dévalorise et se blâme. Ce qui crée à son tour un état dépressif, dont l’effet est l’inhibition de son action.
Et sans action, il n’y a pas de révolution !
Connaître les individus mieux qu’eux-mêmes ne se connaissent.
Selon Noam Chomsky, au cours des cinquante dernières années, les progrès rapides de la science ont engendré un fossé croissant entre les connaissances du public et celles possédées et utilisées par les élites dominantes.
Grâce à la biologie, la neurobiologie et la psychologie appliquée, la Machine a bénéficié d’une connaissance avancée de l’être humain. Tant dans sa forme physique que psychique. Le système a réussi à mieux connaître l’individu commun qu’il ne le connaît lui-même.
Cela signifie que, dans la plupart des cas, la Machine exerce un contrôle plus élevé et un grand pouvoir sur les individus, plus que ce qu’il exerce sur lui-même.