Aurait-on inventé l’islamo-Palestine ? par Michel Festivi
Depuis quand existerait la Palestine ? Existe-t-il un peuple palestinien ? Pour appréhender la question israélo-palestinienne, ces questions sont primordiales et fondamentales. Y avait-il sur ce territoire du Proche-Orient, avant l’arrivée des juifs, un peuple dit « palestinien » avec une conscience nationale, des frontières fixes et reconnues ? Vouloir faire l’impasse sur ces considérations essentielles, reviendrait à fausser complètement les données du problème. Or c’est bien ce que font, ceux qui n’ont que les yeux de Chimène pour les Palestiniens, et qui ne perçoivent le différend palestino-israélien que sous le prisme de l’antisionisme.
C’est à toutes ces interrogations et à bien d’autres, que tente de répondre le politologue bien connu et auteur de dizaines d’ouvrages, Pierre-André Taguieff, dans son dernier livre, L’invention de l’islamo-palestinisme, aux éditions Odile Jacob. Il vient de donner un entretien passionnant à Judith Waintraub pour le Figaro Magazine.
Taguieff est catégorique, avant l’arrivée du sionisme moderne sur cette terre, il n’y avait que des Arabes majoritairement musulmans sous domination coloniale, celle des Ottomans en dernier lieu. L’historien nous explique que c’est en quelque sorte en réaction à l’apparition du nationalisme juif, que « le nationalisme palestinien » a pris la forme d’un « national-islamisme ». Cette construction idéologique s’est faite sur le fondement d’une instrumentalisation de la cause antijuive, avec comme théoricien essentiel, Haj Amin al-Husseini, Grand Mufti de Jérusalem. Il considérait les juifs comme de simples « dhimmis », sur une terre musulmane. On se souvient que ce Grand Mufti, fut un aficionado d’Adolf Hitler et qu’il parraina de nombreuses divisions SS musulmanes, notamment dans les pays Balkaniques entre 1943 et 1944. Il prononça de célèbres diatribes anti-juives qui n’avaient rien en envier aux discours de Goebbels ou d’Alfred Rosenberg.
Ce n’est donc qu’après la déclaration Balfour du 2 novembre 1917, sur la création « d’un foyer national juif », que va se forger cette idéologie islamique « à dominante djihadiste », selon les termes de Taguieff, dans les années 1920/1930, à base d’islamisme radical, antisioniste, car il était insupportable pour des musulmans, que des juifs, présents sur cette terre depuis des millénaires, s’y réinstallent pour tenter de créer une nation. C’est ainsi qu’est née la « cause palestinienne ». C’est donc bien une conséquence et non un fondement primaire. D’ailleurs, l’article 13 de la charte du Hamas stipule « il n’y aura de solution à la cause palestinienne que par le djihad. ». Pour les musulmans, la terre musulmane doit être exempt de tout non-musulman, les seuls acceptables sont les dhimmis, ceux que se sont soumis, des citoyens de seconde zone, qui ne sont que tolérés, et encore provisoirement, et qui n’ont pas les mêmes droits que les musulmans.
Pierre-André Taguieff en tire les conséquences logiques, tous les mouvements ou États qui soutiennent les islamo-terroristes du Hamas et les célèbrent comme « résistants » sont d’accord avec cette djihadisation, comme l’ont prouvé les fêtes jubilatoires qui ont accompagné les massacres génocidaires du 7 octobre 2023. LFI et ses suppôts, dont Rima Hassan, s’inscrivent en droite ligne dans cette mouvance et cette logique. Car comme le stipule pertinemment Pierre-André Taguieff « L’objectif final des djihadistes est l’islamisation du monde ».
Son analyse est sans pitié vis-à-vis des islamogauchistes français « Tous les militants politiques d’extrême gauche qui, en reprenant à leur compte des thèmes anti-israéliens de la propagande islamiste (celle du Hamas comme celle de l’Iran et de ses alliés), se sont comportés comme des démagogues pour séduire l’électorat français de culture musulmane ». C’est exactement ce que font les Jean-Luc Mélenchon, les Manuel Bompart, les Manon Aubry, les Louis Boyard et toute la clique de ceux que se sont soumis aux dictats des islamistes, pour obtenir des voix et des sièges. Mais cela concerne aussi désormais les socialistes, les communistes, les écologistes qui tous, ont agrippé cette cause pour exister politiquement. Cela concerne aussi beaucoup de macronistes ou de centristes, comme Gabriel Attal, Elisabeth Borne, comme François Hollande, comme Edouard Philippe, comme Xavier Bertrand, qui ont appelé expressément à faire élire des Lfistes ou des communistes, pour faire battre des candidats RN. En faisant cela, ils ont implicitement mais nécessairement validé les pires extrêmes, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils s’en défendent ou pas.
Les institutions juives de France, comme le CRIF ont également une grande part de responsabilité dans cette affaire de soutien aux djihadistes, en appelant à faire barrage au RN dans le cadre du slogan fallacieux « ni RN, ni LFI », ce qui était d’une hypocrisie sans nom, qui ne pouvait que favoriser les Lfistes antisionistes. Seule la famille Klarsfeld a eu le courage de dénoncer cette manipulation, ce qui leur a valu des injures et des invectives, en appelant expressément à voter « sans hésitation » pour un RN, s’il était opposé à un LFI au deuxième tour des élections législatives de juin et juillet 2024. Arnaud Klarsfeld a également soutenu son père Serge dans ce choix, indiquant qu’il ferait de même.
Car, ne nous y trompons pas, le combat est le même en Israël comme en France. Comme l’avait écrit Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans : « Israël s’élèvera et restera en place jusqu’à ce que l’islam l’élimine, comme il a éliminé ses prédécesseurs ». Une fois Israël éliminé, c’est la France et les nations européennes, qui le seraient, immanquablement, inexorablement.
Michel Festivi - 20 février 2025 - Synthèse Nationale
Oui, le peuple palestinien existe bel et bien par Éric Delcroix
J’ai lu avec étonnement le texte de Michel Festivi, que je trouve le plus souvent pertinent, mis en ligne sur Synthèse nationale le 20 février, et intitulé « Aurait-on inventé l’islamo-Palestine ? ». Le discours est une justification du propos d’Israël Zangwill soutenant les vues sionistes sur la Palestine, supposée mensongèrement être « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Ce n’est pas sans une certaine irritation que je vois référencé Taguieff et rejaillir l’increvable point Godwin avec le Grand mufti de Jérusalem reçu par Hitler, et patati et patata.
Rien n’est plus faux que le propos de Zangwill : le peuple palestinien existait bel et bien avant la création de l’État d’Israël (1948), même s’il n’avait pas de structures politiques propres, étant passé de la colonisation ottomane à la colonisation britannique. Les peuples sans structures politiques indépendantes n’en existent pas moins pour autant et les décolonisations en donnent bien des exemples...
Terrorisme et nettoyage ethnique
Non seulement le peuple palestinien existait depuis beau temps en 1948, mais de plus les analyses de l’ADN montrent que ce peuple est largement composé de descendants des juifs locaux du temps du Christ, de langue araméenne et convertis au fil des siècles au christianisme puis à l’islam. Ces mêmes marqueurs génétiques se retrouvent dans la diaspora juive, mais plus mélangés, métissés (ce qui met fin à la légende de la treizième tribu khazare).
En effet, contrairement à la légende reçue communément, les Juifs n’ont pas quitté en masse la Palestine après la destruction du Second Temple par Titus (il n’y avait ni paquebots ni trains ni avions, et aucun signe d’un nouvel exode) en l’an 70 de notre ère. Certainement des responsables juifs ont-ils dû fuir la répression romaine après que leur révolte ait été écrasée dans le sang, pour rejoindre une diaspora qui préexistait comme le montre l’histoire de Rome.
Quand au menu peuple, aux Juifs périphériques pour utiliser un terme d’actualité, il est tout bonnement resté sur place...
Terrorisme, nettoyage ethnique et islamisme
Les sionistes ont eu historiquement recours au terrorisme et au nettoyage ethnique, nettoyage ethnique toujours en cours, singulièrement en Cisjordanie. Dans la guerre asymétrique le terrorisme est toujours présent. Au demeurant, préférez-vous vraiment mourir d’une bombe d’avion plutôt que de celle qui est dans le coffre d’une voiture banalisée ? Voilà une sinistre variante de la peste ou du choléra.
Dans un premier temps et jusqu’à la deuxième guerre d’Irak, le mouvement de la résistance palestinienne a été profane, regroupant chrétiens et musulmans, notamment sous la direction de Yasser Arafat.
Avec les guerres d’Irak, de Libye et de Syrie, les Occidentaux, Américains et vassaux de ceux-ci, ont détruit les régimes modernistes et profanes arabes (Égypte exceptée), car ils gênaient la quiétude expansionniste de l’Israël. Et sur leurs ruines a poussé l’alternative islamistes, faite de bric et de broc.
Clairement, et pour faire court, si l’on avait laissé Saddam Hussein en place, nous ne connaîtrions pas ce terrorisme islamiste sunnite qui frappe jusqu’au cœur de Paris. CQFD.
« Aurait-on inventé l’islamo-Palestine ? ». Oui ! En tout cas, les Occidentaux n’ont pas inventé la Palestine et son peuple millénaire, mais ils ont bien inventé, par sottise, pusillanimité et suivisme belliqueux, le nouvel islamisme fou.
Éric Delcroix - Synthèse Nationale - 24 février 2025