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Nombreux sont ceux qui se posent la question : « pourquoi diable, les wokistes reprennent-ils des classiques pour en changer le sens au lieu d’inventer leurs propres œuvres ? »

«  C’est pathétique de voir les choses de cette façon-là (…) Disney ne devrait pas s’emparer d’un classique pour le réécrire. Prenez autre chose. Inventez de nouveaux personnages. Si vous souhaitez le faire, ok, mais ne détruisez pas un classique ou une œuvre d’art ! » exclamait David Hand, fils du réalisateur original du dessin animé Blanche-Neige de 1937 à propos de la nouvelle production, où, entre autres, le prince est effacé au profit d’une Blanche-Neige militante féministe et les nains sont renvoyés pour ne pas heurter la sensibilité des personnes de petite taille. 

Dans un élan un peu superficiel, on pourrait arguer qu’ils ne produisent pas leurs propres monuments…. car ils en sont incapables. C’est une possibilité, que les fiascos des dernière sorties trop radicales viennent confirmer. Ce à quoi les marxistes culturel que sont les woke répondent que c’est le public, ou peuple à n’avoir pas compris, qu’il faut donc changer… non la doctrine mais le peuple. Ils nous l’ont déjà fait.

Mais il y a plus : rien ne doit plus rester du passé européen ou occidental sans avoir préalablement été revisité par cette nouvelle politique de la pensée. L’anachronisme, l’ignorance et le mensonge sont érigés en valeur, puisque pour ces fanatiques la fin justifie les moyens. Ils ne s’en cachent plus, fidèles au syllogisme déconstructiviste propagé par l’école de Francfort : l’homme européen est responsable des horreurs de deux guerres mondiales, l’homme européen est par essence mauvais, il faut donc en finir avec l’homme européen… et donc s’en prendre à tout ce qui fait de lui un être spécifique. Dont son histoire et son imaginaire. Il faut endoctriner les enfants et leur inculquer le politiquement correct dès le plus jeune âge. On a déjà vu ça aussi.

Mais si l’attaque aux classiques Disney est la plus manifeste – car il faut bien avouer que nous sommes américano-centrés et que tout notre imaginaire collectif est peuplé de représentations yankees – elle est aussi la plus infondée. Car il n’y a pas un bon vieux Disney contre un nouveau.

 

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Si la propagande idéologique du géant de l’entertainment est montée en grade, le bon vieux Disney n’était pas exempt de toute critique. Les contes européens y avaient déjà été massacrés. L’esthétique était certes, somptueuse, mais les histoires en avaient déjà pris un coup. Un coup qui dépasse de seul divertissement puisque ces récits, qui parlent à l’inconscient des bambins, ont une fonction immense sur leur formation. S’ils les transportent dans un monde fantaisiste empreint de magie, ils sont en réalité des transpositions de mythes provenant du fond des âges

Leur valeur psychanalytique et pédagogique n’a pas été décidée par quelque auteur en particulier tels Perrault ou les frères Grimm – que nous ne remercierons jamais assez pour le grandiose travail de récolte qu’ils ont réalisé – mais ont été transmis oralement pendant des centaines, voire des milliers d’années. Plongeant dans les parties les plus primitives de la psyché, leur valeur a été octroyée par le temps et le passage de générations en générations. Ainsi, un conte qui « fonctionne » sera parvenu jusqu’à nous tel quel parce que leur fonction avait été reconnue par la Tradition. La Belle et la Bête, a survécu à bien cinq mille ans de passation ! (1) 

Or, chez l’Américain, les récits de Raiponse, à La belle et la bête, en passant par La petite sirène ont été simplifiés, ce qui induit un appauvrissement intellectuel. Une lecture des originaux tels que nous les ont transmis les frères Grimm et Perrault rend compte des dégâts en la matière. Le recours systématique au happy ending, n’est absolument pas un détail puisque les contes, à travers l’imaginaire et le merveilleux, interprètent la réalité et surtout préparent à la vie. La vraie, faite de joie et de bonheur mais aussi de peines et de malheur.

Un petit exemple concret dans La Petite Sirène. Dans l’adaptation cinématographique de Disney, radicalement différente du récit d’Andersen où ô combien plus riche, tragique et poétique, la sirène veut le prince, elle l’a. Belle, aimable, elle atteint obligatoirement l’objet de son désir. Pas de place pour le refus, le rejet, le déplaisir. On ne forme pas les enfants à la frustration, une condition pourtant nécessaire au développement.

L’épisode du choix qu’elle doit accomplir entre tuer le prince pour se sauver ou se sacrifier pour l’épargner est effacé. La palette des sentiments est réduite à l’extrême, l’enfant n’affronte plus ses peurs, n’est plus amené à établir de choix ni de discrimination – tabou suprême pour une génération d’adultes qui n’en comprend pas la signification – il n’approche plus l’injustice et la cruauté du monde.

Une surprotection qui n’a rien de bénéfique, parce que le monde n’est ni juste, ni pacifique. Même quand on est bon. 

Audrey D’Aguanno

(1) Bruno Bettelheim Psychanalyse des contes de fées (1976).

Source : Breizh-info.com - 31 août 2023

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