Un « syndrome du JDD » est-il en train de naître au sein de la presse mainstream et bien-pensante ne supportant pas que son entre-soi idéologique soit un tant soit peu dérangé ? Il s’agirait là d’une maladie contagieuse se manifestant par des crises de raidissement «moral » accompagnées d’un prurit de dénonciation citoyenne et d’appel à l’épuration politique… Cette affection pourrait cependant être soignée par l’application de (très) confortables indemnités de départ pour « clause de conscience ».
Historia, changement de propriétaire et de direction
S’il est encore trop tôt pour évoquer une épidémie, un tel mal semble bien avoir frappé une partie de la rédaction du vénérable magazine Historia à l’annonce de la nomination de l’écrivain Franck Ferrand au poste de directeur éditorial.
Cette nomination fait suite au rachat du titre, fondé en 1909, par LVMH (propriétaire notamment du groupe Les Échos-Le Parisien et de Radio Classique), le nouveau propriétaire ayant décidé de « débarquer » le précédent directeur, Guillaume Malaurie, ancien de Libération et du Nouvel Observateur.
Un spécialiste de Marat et un youtubeur sur le départ
Ce changement de direction a immédiatement suscité l’ire et l’incompréhension d’une partie de l’équipe rédactionnelle dont certains membres ont démissionné comme l’historien Olivier Coquard, enseignant à Henri IV et spécialiste de Marat, ou le youtubeur Benjamin Brillaud, alias Nota Bene.
Nota Bene
Si les « frondeurs » remettent en cause la légitimité en tant qu’historien de l’écrivain et animateur de télévision, soulignant son absence de titres universitaires (à l’exception d’un DEA en histoire moderne), c’est surtout son positionnement idéologique « non conforme » qui les fait s’étrangler de colère et d’effroi. Ceux-ci mettent ainsi en avant les collaborations de Franck Ferrand avec l’hebdomadaire « réactionnaire » Valeurs Actuelles ainsi que les chroniques qu’il donne depuis 2021 à « la chaîne d’extrême-droite » (sic) Cnews.
Reductio ad Zemmourum
Dans un communiqué, les mécontents en appellent donc à la traditionnelle « vigilance » quant à la ligne éditoriale d’Historia et, sans rire, à une « neutralité absolue d’un point de vue politique et idéologique ». Dans le quotidien Libération, bien connu pour sa « neutralité politique absolue », Olivier Coquard n’hésite pas à prêter de sombres arrières-pensées à Franck Ferrand en affirmant (sur quelle base?) que :
« Franck Ferrand souhaite retrouver l’Historia de son enfance, ce magazine conservateur et un peu rance dans lequel rares étaient les vrais chercheurs, précisément parce que la complexité de l’approche historienne n’y avait pas sa place ».
Quand on juge – et condamne – non sur des faits ou des écrits mais sur des intentions supposées, on n’est plus très loin du procès en sorcellerie. Mais si c’est pour la bonne cause…
La vasectomie oui, le roman national non
Tout ce petit monde s’imagine, bien évidemment, comme étant de fiers et courageux résistants face à une « véritable offensive conservatrice» (sic) visant à « servir un discours politique, servir le roman national et monter les gens les uns contre les autres » (re-sic).
Ainsi, Benjamin Brillaud, entre deux éloges de sa vasectomie, précise :
« Les médias ont leur responsabilité, en donnant trop la parole à des gens qui n’avaient aucune légitimité. En mettant Zemmour sur le même niveau que la parole d’un historien, on contribue à le légitimer. »
Mais quel rapport entre Zemmour et Franck Ferrand ? Le vidéaste (dont le rôle de « vulgarisateur historique » n’est pour le coup pas remis en cause le moins du monde par son absence de « bagage universitaire ») ne le précise pas.
Franck Ferrand n’a pourtant pas vraiment le profil d’un dangereux et sulfureux extrémiste, mais il est vrai qu’il en faut aujourd’hui bien peu pour froisser les sensibilités des vigilants défenseurs de l’uniformité de pensée et d’expression, rebaptisée non sans humour « pluralisme de la presse et des médias ».
Source : Observatoire du journalisme (Ojim)
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