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Víðarr semble être un dieu mineur dans la mythologie, car il apparaît uniquement lors du Ragnarök. Pourtant, il s'avère que son rôle est l'un des plus importants dans le renouveau du monde. En effet, lors du Ragnarök, l'ordre du monde se trouve complètement brisé. Le soleil et la lune se font dévorer, Yggdrasillr tremble et un grand incendie ravage la terre. La majeure partie des dieux périssent, Þórr est tué par Jörmunganðr, Freyr par Surt et Óðinn se fait dévorer par Fenrir. L'univers bascule dans le désordre absolu et la mort d'Óðinn est le point culminant. C'est là, qu'intervient Víðarr en tuant Fenrir et en vengeant ainsi la mort d'Óðinn.

Víðarr est l'Ase silencieux. En tuant Fenrir, il n'incarne pas le cri de la colère ni même la gloire au combat, non, son mutisme est l'expression d'une nécessité impersonnelle. C'est une loi cosmique qui agît sans bruit. Georges Dumézil soulève un fait important dans son analyse sur Víðarr[1] : Ce dernier, pour vaincre Fenrir, utilise sa chaussure, faite avec toutes les rognures de cuir que les hommes enlevaient de leur chaussure.

« Le loup engloutira Odin, et telle sera sa mort. Mais aussitôt, Vidar s'avancera et posera un pied sur la mâchoire inférieure du loup. À ce pied, il porte la chaussure dont la matière a été assemblée de toute éternité : ce sont les morceaux de cuir que les hommes rognent à la pointe et au talon de leurs chaussures, et c'est la raison pour laquelle tout homme qui veut venir en aide aux Ases doit jeter ces rognures. D'une main, il saisira la mâchoire supérieure du loup et lui déchirera la gueule : telle sera la mort du loup. »[2]

Sa chaussure en cuir est accumulée des restes de toute l'humanité. Elle symbolise un processus collectif, patient et discret. Lorsque Víðarr tue Fenrir, il rétablie l'ordre cosmique. Si Heimdallr représente l'ordre temporel, Víðarr, lui, en écartant la mâchoire de Fenrir, du bas de son pied et du haut de sa main levée, représente l'ordre spatial. Il empêche que l'univers sombre définitivement dans le chaos. Mais, il ne le fait pas seul. Nous ne sommes pas là devant un héros isolé qui agit par vengeance personnelle. Víðarr agit avec l'aide de tous les humains qui ont jeté les rognures de cuir de leurs chaussures. C'est un acte collectif. Le rétablissement de l'ordre se fait par une force souterraine, préparée par le temps et par les hommes, de génération en génération. C'est la communauté entière qui agit, non pas pour venger uniquement la mort d'Óðinn, mais pour rétablir l'ordre.

Nous retrouvons là, tout le cœur de la culture germano-scandinave, où l'intérêt personnel n'existe qu'à travers l'intérêt de la communauté. C'est pourquoi, Víðarr ne représente pas la vengeance personnelle, mais celle établit par une communauté entière, et pour un rétablissement de l'ordre.

Víðarr survit au Ragnarök. Il est celui qui portera le monde vers la reconstruction. Il fait partie des dieux qui fonderont le nouvel ordre cosmique. En ce sens, il est le pont entre l'ancien monde et le nouveau. Sans lui, Fenrir aurait engloutît l'univers entier et le chaos régnerait définitivement. Il est, comme le dit Dumézil, le garant de la réparation. Cela explique peut-être l'étymologie de son nom, qui signifierait « celui qui règne au loin ».[3]

Notes :

[1] Georges Dumézil. Mythes et dieux de la Scandinavie ancienne, Gallimard, 2000, p.241-253

[2] Snorri Sturluson. L'Edda, récits de mythologie nordique. Trad. F.X Dillmann. Gallimard, 1991, p.97

[3] Jan de Vries. Altnordisches etymologisches Wörterbuch, 1962, p.659

 

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