Sucellus MAN St Germain 1

 

Sucellos, le dieu au maillet, au bol et au chaudron, est une divinité gauloise associée à Cernunnos. Sucellos est le dieu au maillet, de même que Shiva est le dieu au trident et Vishnou le dieu à la massue. Ces armes détruisent les idées néfastes, les sortilèges ou l'illusion. Avec Nantosuelta, ils composent un couple divin similaire à celui de Cernunnos-Cernunna.

Sucellos est accompagné d'un chien, animal sacré des civilisations indo-européennes, comme en témoigne le grand respect que les Perses avaient à son égard. Alors qu'il met à mort le taureau de vie, Mithra est accompagné d'un chien qui jappe de joie à ses côtés. Yama, le seigneur de la mort védique est accompagné d'un chien, qu'il lance sur terre afin qu'il lui ramène ceux dont l’heure de la mort a sonné. Quant à l'Hadès grec, il est gardé par Cerbère, un chien tricéphale.

« On a proposé de traduire Sucellos par « bon frappeur », ce qui n'est qu'une hypothèse, plausible après tout ; mais aucune interprétation satisfaisante n'a été fournie de Nantosuelta. Le dieu au maillet est généralement représenté seul [...] mais il est parfois accompagné d'un chien, comme à Montceau (Saône-et-Loire.), d'un chien et d'un barillet comme à Mâlain (Côte-d'Or), porteur d'un vase comme à Lyon ou à Vienne. Les uns reconnaissent en lui Taranis ou Dis-pater et penchent pour Sylvain, sans raison décisive. Dans le couple Sucellos-Nantosuelta [...] Sucellos, portant le maillet du bon tonnelier, serait un dieu de la bière ; Nantosuelta, tenant entre les mains une sorte de cabane, serait la déesse à la ruche. Tout cela reste conjectural.

En l'occurrence il semblerait possible de proposer une autre interprétation du dieu au maillet, en se référant à des faits d'archéo-civilisation. En Bretagne, au siècle dernier, persistait la tradition du « marteau de la bonne mort ». C'était un lourd maillet qui ne servait que pour abréger les agonies douloureuses. Le plus vieux ou la plus vieille du village, après avoir prévenu le moribond, soulevait le marteau au-dessus de sa tête et faisait le simulacre de lui fracasser le crâne : le mourant rendait le dernier soupir. On sait que le décès d'un pape est constaté en lui frappant le front d'un maillet, après quoi seulement est prononcée la formule : « Le Pape est mort ». Récemment encore, dans certaines paroisses du nord de la France avaient lieu, à la Saint-Éloi, des processions de chevaux. Pour protéger chaque bête de maladie, le curé lui frappait le front avec un marteau consacré à cet usage : or on sait que, dans les croyances archaïques, à tout mal physique est attribué la présence d'un esprit malin dans le corps souffrant ; il s'agissait donc encore de chasser un esprit. Que l'on songe enfin à l'expression familière : « être marteau et au geste de frapper le front pour désigner quelqu'un que l'on prétend avoir perdu l'esprit. » A. Varagnac, Les Celtes.

Un parallèle entre Sucellos, le dieu au marteau celte et Thor, son homologue germano-scandinave, ne peut manquer d'être fait :

« Donar-Thor était à ce point un symbole de force physique que Tacite l'identifia à l'Hercule romain. Comme ce dernier, il combattait contre géants et monstres. Mais il avait aussi des traits communs avec Jupiter : l'arme qu'il brandit contre ses ennemis, le marteau, rappelle singulièrement le bidental, l'arme redoutable de Jupiter Tonans. La racine de l'épithète de ce dernier se retrouve d'ailleurs dans le nom du dieu germanique Thunaraz, qui signifie « celui qui tonne ». […] L'arme du dieu pose un problème quand nous essayons de trouver ses ancêtres dans la période préhistorique. Non seulement les gravures rupestres montrent que la hache était un symbole religieux encore plus commun que le javelot, mais des excavations ont mis à jour de nombreuses haches qui n'ont pu servir à aucun usage pratique, mais seulement à des offrandes ; elles sont ou trop grandes ou trop petites, ou bien elles consistent en un noyau d'argile couvert d'une mince couche de bronze. En fait, des offrandes de haches étaient déjà pratiquées à l'âge de la pierre. Le marteau représente-t-il un stade archaïque, ou est-il le résultat d'une réinterprétation de la hache à double tranchant que nous connaissons du monde méditerranéen ? Si nous ne trouvons pas en territoire germanique des armes correspondant au labrus mycénien et au bidental de Jupiter, nous trouvons dans une gravure rupestre un personnage brandissant deux marteaux ; et ce personnage semble avoir une tête d'animal à cornes : des traits qui rappellent nettement le Thor des temps historiques. » R. Derolez, Les Germains.

Rédigé par A. Varagnac et R. Derolez - 23 Décembre 2021

Via : Le site ARYA-DHARMA.COM

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