Cacher un livre dans une bibliothèque… il fallait y penser.
Si l’on vous dit Camelot, le Graal, la forêt de Brocéliande et Morgane, vous pensez tout de suite à la légende du roi Arthur et à Merlin, le magicien (ou l’enchanteur) de la Cour. Et bien, un manuscrit récemment retrouvé dans la bibliothèque de l’Université de Cambridge en Angleterre, sobrement déguisé en couverture pour un autre livre, traite de la légende arthurienne et plus précisément de ce qu’il s’est passé après qu’Arthur soit monté sur le trône. Une histoire particulièrement rare écrite en Vieux Français.
Un coup de chance
Parfois, il suffit d’être là au bon moment et le tour est joué. C’est ce qui est arrivé, en 2019, à Sian Collins, une ex-archiviste de la bibliothèque universitaire de Cambridge. En effet, alors qu’elle était occupée à recataloguer des documents de succession d’une famille anglaise, elle a fait découverte du manuscrit présentant un sequel de l’histoire du roi Arthur.
Il faut dire que la cachette était parfaite, un livre au milieu de milliers d’autres, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Servant de couverture à un document d’archives, il n’était pas forcément facile à distinguer non plus puisque le manuscrit daté entre la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle était plié sur lui-même.
Depuis, il a été analysé sous toutes les coutures, mais sans le déplier pour autant. En effet, un tel manuscrit aussi rare, aussi vieux et donc aussi fragile pourrait subir des dommages s’il était manipulé. De fait, les chercheurs qui se sont intéressés à son histoire ont usé d’un scan du document pour pouvoir le déplier informatiquement.
En déchiffrant le Vieux Français du manuscrit, les chercheurs ont pu déterminer que le texte présentait deux scènes : une bataille entre les vassaux d’Arthur et les rois saxons, une scène à la cour du roi.
Pourquoi ce manuscrit du Roi Arthur a-t-il été utilisé comme couverture de livre ?
C’est vrai que l’on a l’habitude de retrouver de vieux manuscrits sous formes de page directement ou bien de rouleaux, mais peu en tant que couverture d’un autre livre.
D’autant plus que, « chaque copie médiévale est unique, elle présente beaucoup de variations parce que le langage écrit était beaucoup plus fluide et moins codifié qu’aujourd’hui. » a expliqué à CNN la Dr. Irène Fabry-Tehranchi, une spécialiste française des collections et de la liaison universitaire à la bibliothèque universitaire de Cambridge.
Ainsi, pourquoi un tel manuscrit, si rare qui plus est, s’est retrouvé là ? Pour cela, il faut s’intéresser à une invention qui n’allait pas tarder à changer le monde : l’imprimerie. En effet, le procédé inventé par Johannes Gutenberg en 1450 s’est démocratisé et au XVIe siècle, il était assez commun d’utiliser un vieux manuscrit médiéval pour protéger les écritures imprimées. Et la légende du Roi Arthur n'a pas échappé à la règle.
Nous avons eu de la chance puisque s’il n’était pas utilisé dans ce but-là, il aurait sûrement fini jeté ou brûlé.
Antoine Ducarre - 12 Mai 2025
Source : CNN