Mythologie Celte
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Des centaures, des sirènes, des dragons, des griffons, des lions, des oiseaux… Un cavalier pourchasse un cerf, un héros affronte un lion, un acrobate fait une roue de son corps, un visage barbu surgit des feuillages… D’où viennent ces personnages chimériques et ces scènes inattendues, qui peuplent les murs de nos églises anciennes ? Ce décor carnavalesque n’est à l’évidence pas tiré de la Bible. De nombreuses pistes indiquent que cette mythologie est d’origine celtique.
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Analyse: Markus OSTERRIEDER, Sonnenkreuz und Lebensbaum. Irland, der Schwarzmeer-Raum und die Christianisierung der europäischer Mitte, Urachhaus, Stuttgart, 1995, 368 p., DM 68, ISBN 3-8251-7031-4.
Au IXème siècle, les missions irlando-écossaises, porteuses d’une vision panthéiste, et les missions inspirées par les héritages helléno-persans et byzantins de Cyrille et de Méthode se rencontrent au centre de l’Europe. Peu dogmatiques, ces courants qui n’ont finalement de « chrétien » que le nom, auraient parfaitement pu fusionner et donner à l’Europe une spiritualité plus conforme à ses aspirations profondes.
Le moyen-âge post-mérovingien avait en effet été marqué par une imprégnation religieuse d’origine irlandaise, où, sans heurts, le passé druidique et panthéiste avait accepté en surface un christianisme non autoritaire, mêlant sans acrimonie deux traditions aux origines très différentes. Avec une politique systématique d’immixtion dans les affaires religieuses des peuples européens, avec la théologie augustinienne et les armées des Carolingiens, la Papauté, autoritaire et césarienne, éradiquera tant les acquis de la chrétienté irlando-écossaise que les paganismes résiduaires de Frise et de Saxe et que les fondations de Cyrille et de Méthode en dehors de la sphère byzantine (en Pannonie et en Moravie).
Lire la suite : Mystères pontiques et panthéisme celtique à la source de la spiritualité européenne
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Des centaures, des sirènes, des dragons, des griffons, des lions, des oiseaux…
Un cavalier pourchasse un cerf, un héros affronte un lion, un acrobate fait une roue de son corps, un visage barbu surgit des feuillages…
D’où viennent ces personnages chimériques et ces scènes inattendues, qui peuplent les murs de nos églises anciennes ? Ce décor carnavalesque n’est à l’évidence pas tiré de la Bible.
De nombreuses pistes indiquent que cette mythologie est d’origine celtique.
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Paimpont-Brocéliande est une source de légendes.
Tout au long de ce documentaire, nous allons suivre le druide Jean-Claude Cappelli et Elisabeth Cappelli à travers cette forêt de symboles. Nous parlerons de la localisation de Brocéliande, de l'histoire de la forêt de Paimpont, et des mythes qui l'animent. Nous voyagerons à travers ses lieux-clés : la Fontaine de Barenton, le Val Sans Retour, l'Église du Graal, le Miroir aux Fées et l'Arbre d'Or. Nous contemplerons ses arbres remarquables, comme le Chêne à Guillotin, le Hêtre de Ponthus, le Hêtre du Voyageur. Nous visiterons ses mégalithes, comme le Tombeau de Merlin, le Hotié de Viviane, le Tombeau des Géants.
Nous verrons que les mythes chrétiens du Graal sont l'arbre qui cache la forêt, car ils nous renvoient à nos racines celtiques. Nous aborderons sous cet angle quelques personnages célèbres, comme Merlin, Arthur, Yvain, ou encore Viviane, Morgane, et Guenièvre.
Nous verrons que Paimpont-Brocéliande nous renvoie elle-même à nos ancêtres préhistoriques, notamment à travers ses sites mégalithiques, comme le fameux Jardin aux Moines. Ainsi la forêt de Paimpont-Brocéliande apparaît comme le réservoir de notre mémoire occidentale, un lieu de reconnexion à la culture de nos lointains ancêtres, et un moyen de puiser dans cette source de légendes millénaires.
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Brocéliande, appelée aussi par tautologie forêt de Brocéliande, est une forêt mythique et enchantée citée dans plusieurs textes, liés pour la plupart à la légende arthurienne.
Ces textes, datés du Moyen Âge pour les plus anciens, y mettent en scène Merlin, les fées Morgane et Viviane, ainsi que certains chevaliers de la table ronde. D'après ces récits, la forêt de Brocéliande héberge le Val sans retour, où Morgane piège les hommes infidèles jusqu'à être déjouée par Lancelot du lac ; et la fontaine de Barenton, réputée pour faire pleuvoir.
Brocéliande serait aussi le lieu de la retraite, de l'emprisonnement ou de la mort de Merlin.
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Cette divinité gauloise présente pour la Suisse un intérêt particulier. En effet, elle fut vénérée dans ce pays, l'ancienne ville de Tarnaia (aujourd'hui Massongex, en Valais) lui était consacrée.
Le rapprochement Taranis-Sucellus a déjà été fait à la fin du siècle dernier, mais sans rencontrer beaucoup d'échos. Les études de Cerquand ne sont plus d'actualité et les remarques de Gaidoz, par exemple à propos des marteaux votifs d'Uriage, sont aujourd'hui vieillies [1]. Le rapprochement entre Taranis, Thor et Jupiter semble avoir déjà été fait en 1678 par Scheffer [2].
P. Lambrechts a repris cette étude et, utilisant à fond sa thèse universaliste, assimile Taranis au dieu à la roue, au dieu du soleil, du tonnerre, de la guerre, à Sucellus, Dispater, Hercule et Jupiter. C'est trop; la critique de cette méthode a déjà été faite par G. Dumézil et nous n'y reviendrons pas [3]. Plusieurs de ces assimilations sont toutefois séduisantes, et doivent être examinées.
Par les scholies de Berne à la Pharsale de Lucain [4], nous savons que Taranis, aussi cruel que la Diane des Scythes, était l'équivalent de Dispater et qu'on lui sacrifiait en brûlant des hommes enfermés dans un arbre creux. Taranis est aussi assimilé à Jupiter, maître des guerriers et des dieux; on lui aurait consacré des têtes, coutume gauloise qui paraît bien attestée. Le rapprochement Taranis Jupiter est confirmé par deux inscriptions, provenant l'une de Chester (Angleterre), l'autre de Scardona (Dalmatie) [5].
Si l'on admet l'équation Taranis = Jupiter [6], il faudrait écarter l'identification de Taranis à Sucellus/Silvain. En effet, l'autel de Nîmes est dédié à Jupiter et à Silvain [7], l'équivalent de Sucellus en Narbonnaise. Le devant de ce monument comporte un foudre, commun aux deux divinités, un maillet pour Silvain-Sucellus et une roue pour Jupiter. Les faces latérales explicitent encore cette différence. A droite on a sculpté un foudre et une roue ; à gauche, un maillet, un pot et une serpe [8]. De même à Vernègues [9] sur deux faces d'un autel on voit un arbre stylisé; sur la troisième, une roue à six rais; et sur la quatrième, un maillet. Nous pensons que ces deux monuments sont bien consacrés au dieu de la foudre, ou plutôt au dieu de la foudre diurne et au dieu de la foudre nocturne. Il s'agirait alors de l'équivalent du Volcanus diurne et du Summanus nocturne. Nous savons qu'à Rome la roue était consacrée à Summanus nocturne et à Dius Fidius, de même qu'au Jupiter Sancius ombrien. Mais du fait qu'à Rome la roue était associée à la foudre nocturne, peut-on déduire qu'il en était de même en Gaule et que le dieu à la roue n'est autre que Taranis ? Nous débouchons ici sur un problème ardu, celui de la signification du cercle. Pour J. de Vries, qui assimile le dieu à la roue à Jupiter, la roue est avant tout un symbole solaire [10]. En revanche, Riemschneider, avec des arguments valables, fait de la roue et de l'anneau un symbole du monde infernal [11]. M. Eliade admet la signification chthonienne des monuments circulaires mais reste sur la réserve, ce qui nous paraît, en l'état actuel de la question, la seule attitude possible [12]. Pour Rome, la question est claire. Le cercle correspond à la foudre nocturne et peut-être, par extension, au sexe féminin (yoni) [13]. Il est significatif que le flamen dialis qui, plus que tout autre flamine, soulignait ses rapports avec l'élément igné, portait un anneau creux et interrompu en un endroit, comme les torques gaulois [14].
S'il est clair que Taranis est un dieu du tonnerre (bénéfique ou redoutable, nous l'ignorons), nous ne pouvons l'identifier au dieu à la roue. Ce point est d'ailleurs secondaire dans le cadre de notre étude. En revanche, son assimilation à Dispater est importante [15]. En effet, César affirme que les Gaulois prétendent descendre de cette divinité [16]. Linckenheld conclut son article sur Sucellus et Nantosvelta en affirmant que Sucellus est Dispater, le dieu de la vie et de la mort, le père de la race celtique [17]. Nous nous rallions à la plupart des constatations de cet auteur et notamment à celle-ci. Nous regrettons toutefois qu'il n'ait pas pris position au sujet de Taranis.
Si nous nous reportons à Rome, nous constatons que la notion d’indiges s'applique à plusieurs divinités ou héros: Jupiter, Sol, Enée et Anchise [18]. Or Dispater, ce maître du monde infernal, que Grenier a déjà rapproché de Sucellus et de Silvain [19] est en Gaule ce d’indiges est à Rome. Pourquoi l'épithète de Dispater ne serait-elle pas appliquée en Gaule à plusieurs divinités ? Ne pourrait-on pas aussi concevoir Taranis comme un aspect de Sucellus ? Il serait le dieu de la foudre (diurne ?) et Dispater, alors que Sucellus remplirait des fonctions plus étendues. Les similitudes partielles que présentent en Grèce plusieurs divinités, Zeus et Poséidon, Apollon et Hermès, signifient uniquement que des fonctions identiques ont été attribuées dès la période historique à des entités bien distinctes, mais qui ont pu antérieurement se confondre ou coexister en divers dieux. Les récits mythologiques irlandais illustrent encore mieux ce phénomène. Pour en revenir à Taranis, dont nous ne possédons pas de représentation certaine, et au Sucellus suisse, au sujet duquel les textes sont muets, point n'est besoin de les identifier, même en admettant que l'un et l'autre ont pu être considérés par les Gaulois comme le père de la race. En effet, un des caractères de Taranis ne s'applique pas à Sucellus : son aspect militaire. Taranis ferait penser plutôt à Mars pater qu'à Volcanus.
En conclusion, il faut pour Taranis mettre en évidence sa « fusion » avec Jupiter car tous deux sont des dieux du tonnerre et des « pères de la race ». Quant au caractère cruel de Taranis, aux sacrifices qui lui étaient offerts, à son rôle de dieu des guerriers, rien de cela ne s'applique à ce que nous savons de Sucellus. Pour expliquer Sucellus, Taranis nous est de peu de secours dans l'état actuel du problème.
Raymond Christinger
Notes :
[1] C. F. CERQUAND, Mémoires de l'Académie de Vaucluse 1880 et Taranis et Thor, Revue celtique, t. VI, pp. 417 à 456. H. GAIDOZ, Taranis, Revue celtique, t. VI, pp. 457 à 459.
[2] SCHEFFER, op. cit., pp. 67-68, écrit que le dieu lapon Tiermes est identique au dieu suédois Thor, ou le Tonnerre, au latin Jupiter et à « Tarami ou Tarani ». Ce dieu Tiermes s'appelle aussi Aijke, ce qui signifie « l'aïeul » ou « l'ancêtre ». Citant Samuel Rheen, Scheffer précise que Tarani est scythe et que le dieu Tiermes-Thor des Lapons chasse les démons grâce à des flèches tirées au moyen de l'arc-en-ciel nommé Aijekedauge, c'est-à-dire « l'arc de l'aïeul ». Le dieu possède aussi un marteau, pour fracasser les têtes des démons ; cette arme se nomme Aijekevetchera, « le marteau de l'ancêtre ». Vetchera est le vajra sanscrit, qui a donné en finnois vasara et en mordve vizir. C'est l'arme d'Indra et du Mithra avestique. Cf. G. DUMEZIL, Mitra-Varuna, Paris 1948, p. 138. Aijeke devrait peut-être être rapproché du dieu estonien de Forage, Aike ou Pikker, qui produit le tonnerre en traversant des ponts de fer sur un char aux roues de bronze; KREUTZWALD, chez A. H. KRAPPE, La genèse des mythes, Paris 1938, p. 168. L'appellation « Aijeke » était encore connue, à la fin du Moyen Age, par les Lapons qui désignaient un grand père par agja, et le petit père par adschiegads.
[3] P. LAMBRECHTS, op. cit. ; G. DUMEZIL, Naissance de Rome, op. cit., pp. 28 sq.
[4] Luc., Pharsale I, 446.
[5] CIL. VII, 168 et CIL. III, 2804. On peut éventuellement citer, comme dérivant de Taranis, le dieu dit Tarnaiae, aujourd'hui Massongex, en Valais.
[6] Cf. par exemple P. M. DUVAL, Observations sur les dieux de la Gaule, op. cit., t. CXLV, pp. 11-12.
[7] ESPER. 6849, Iovi et Silvano.
[8] ESPER. 6849.
[9] ESPER. 1691.
[10] J. DE VRIES, op. cit., pp. 34 sq., 63 sq.
[11] M. RIEMSCHNEIDER, op. cit., pp. 46 sq.
[12] M. ELIADE, Traité, op. cit., p. 320. '
[13] A l'apex qui surmontait la coiffe du flamme correspondait la couronne, l'arculum ou le surculus, de la flaminique, fait d'un rameau de grenadier portant du fruit. Le voile de la flaminique rappelait la foudre selon FESTUS s. v. Flammeum.
[14] AUL. GELL. X, 15.
[15] Cf. USENER, M. Annaei Lucani Commenta Bernensia, Leipzig 1869, p. 32.
[16] CES., De bello Gall. VI, 18, 1: « Galli se omnes ab Dite patre prognatos praedicant idque at druidibus proditum dicunt. »
[17] E. LINCKENHELD, op. cit., p. 92.
[18] Références chez C. KOCH, Gestirnverehrung im alten Italien, op. cit., p. 77.
[19] VARRON L. L. V, 66. A. GRENIER, op. cit., pp. 66 et 176. Le culte de Dispater et de Prosperine se célébrait la nuit, sur un autel souterrain, dans un lieu nommé Tarentum ou Terentum.
Sources : Mythologie de la suisse ancienne – Raymond Christinger - Librairie de l’université Georg, Genève, 1965.
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C’est pendant la nuit de Samhain que disparut celui qui fut sans doute le plus prestigieux des héros que le légendaire irlandais porte. Sa vie fut courte et remplie d'une immense gloire que tous les bardes chantèrent pendant des siècles, comme l'avait prédit Scathach, la fameuse guerrière qui initia le héros aux arts du combat.
De tous les mortels celtes, c'est celui qui dut affronter le plus les charmes et les maléfices des dieux et des déesses, dans des combats où le surnaturel et la magie l'emportaient sur les conditions guerrières de la vie ordinaire. Il faut reconnaître que, dès sa plus tendre enfance, si ce n'est par sa conception même, il fut plongé sans ménagement dans le chaudron des dieux et des magiciens et que, toute sa vie durant, il se retrouva aux prises avec leurs envoûtements et leurs manigances.
Il est connu sous le nom de Cuchulainn, ce qui signifie « le chien de Culann », et fut souvent surnommé l'Achille Irlandais, mais son nom originel est Setanta. Tout commença en fait avant sa naissance, quand sa mère Dechtire, fille du druide Cathbad et petite-fille du dieu de l'amour Aonghus Og, fut enlevée par les dieux au lendemain de son mariage avec Sulthaim Mac Roth. Elle disparut pour « l'autre monde » avec cinquante de ses servantes changées en oiseaux. Quand elle fut rendue au monde des mortels, elle portait un fils appelé Setanta que lui avait donné Lugh Lamhfada, l'un des plus importants dieux de l'occident celte.
Durant sa jeunesse, Setanta se rendit dans la forteresse du célèbre forgeron Culann qui forgeait les armes du roi Conchobhar et qui donnait une grande fête en l'honneur de ce celui-ci. Il arriva de nuit alors que Culann avait verrouillé les portes et placé son meilleur chien de garde. Le chien attaqua Setanta qui le tua. Pour calmer la colère du forgeron, Setanta proposa de tenir la fonction du molosse jusqu'à ce qu'un nouveau chien soit dressé à assurer la défense de la forteresse. C'est à cette occasion qu'il fut surnommé Cuchulainn, ce qui signifie « le chien de Culann ».
Puis Cuchulainn connut une jeunesse surtout marquée par des conquêtes féminines nombreuses qui l'entraînèrent, avec l'intervention des dieux et des déesses, dans des conflits et des combats incessants où il mit en pratique ses talents incomparables de combattant. Il était en effet allé parfaire son éducation de guerrier chez Scathach qui dirigeait sur une île, aujourd'hui identifiée comme étant Skye, une véritable académie militaire. Cette femme, considérée comme la plus fameuse femme de guerre, fit don au héros du Gae-Bolg, d'une sorte de harpon dentelé qui déchirait les chairs et provoquait ainsi de terribles blessures.
Le héros inscrivit ses plus belles lettres de noblesse en s'illustrant lors des combats de la fameuse « Tain Bo Cuailgne », une des plus importantes chansons de geste celte, puisqu'elle fut même comparée à la célèbre Iliade grecque. Cette guerre, qui avait pour enjeu la possession du symbolique Taureau Brun de l'Ulster, mit aux prises dieux et déesses, demi-dieux et héros de l'Irlande, dans un cadre où les pouvoirs magiques des uns et des autres purent s'exprimer pleinement.
Pourtant, conformément à la prophétie druidique, la destinée du héros arrivait à son terme. Celui qui était considéré comme invincible allait rapidement connaitre sa fin. Les épreuves arrivèrent les unes après les autres.
La première fut sans doute celle qui marqua le plus le Champion de l'Irlande. Non loin de Dun Dealgan, la forteresse de Cuchulainn, débarqua d'un vaisseau une troupe de guerriers commandés par un jeune homme. Le jeune homme, refusant de décliner son nom et son origine, fit savoir qu'il défiait Cuchulainn en combat singulier. Le héros irlandais était marié à Emer, dont on disait qu'elle possédait, en plus des canons de la féminité celte (beauté, beau-parler et art de la couture), le don de prophétie. Elle tenta de retenir son mari, l'exhortant à ne pas répondre à l'appel de ce jeune étranger. Il prit son Gae-Bolg et rejoignit la plage où devait se tenir le combat. Un combat qui n'en finit plus...
Cuchulainn, malgré sa force et son expérience, n'arrivait pas à maîtriser l'agilité de son adversaire. Il fut à plusieurs reprises en difficulté. Au dernier moment, le jeune guerrier le laissait échapper à une mort quasi-assurée. Alors qu'il venait d'être volontairement épargné, Cuchulainn lança son terrible harpon. Le jeune homme s'écroula, mortellement touché. Le Champion de l'Irlande se pencha sur lui pour l'achever. Le jeune homme interposa dans un dernier effort sa main qui portait un anneau d'or caractéristique. Celui qu'avait autrefois donné Cuchulainn à Aoise, la sœur de celle qui l'avait initié aux arts de la guerre. Aoise dont il était tombé amoureux après l'avoir longtemps combattue. Le jeune homme était en réalité Conlai, leur fils, qu'il avait abandonné pour venir retrouver Emer et qu'il venait de tuer de ses propres mains.
Le dernier présage vint encore d'Emer. Cuchulainn qui parcourait la lande, combat après combat, eut une vision : il vit Emain Macha la forteresse du roi Conchobhar en flammes et Emer prisonnière du feu en haut des remparts. Il chevaucha à toute allure jusqu'à son château où il trouva Emer saine et sauve. Sa femme tenta de l'empêcher de rejoindre ses guerriers à Pilar Stone, lui annonçant qu'il courait à sa mort. Il ne l'écouta pas et tomba dans le piège que lui avaient tendu tous ses nombreux ennemis, tous ceux qu'il avait vaincus, ne rêvant que de vengeance. Il fut acculé, désarmé par les maléfices de magiciens et de sorcières, désignés par les dieux pour que s'accomplisse la prédiction : une vie glorieuse mais courte. Mortellement blessé, le corps ouvert de toutes parts, il eut encore la force de marcher jusqu'à Tune de ces pierres levées qui justifiaient le nom du lieu sinistre : Pilar Stones, les piliers de pierre. Puis, s'attachant avec les courroies de son bouclier, il attendit la mort debout.
Ainsi disparut le plus grand Champion de l'Irlande, le guerrier Cuchulainn pendant une nuit de Samhain.
Maurice Dessemond
Sources : Irlande, mythes et légendes celtes – Editions AGEP, 1996.