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Le 15 mai 1636, Pierre Cornullier, évêque de Rennes, prend une décision insolite : il ordonne l’éradication systématique des ifs qui traditionnellement accompagnent les morts dans les cimetières.

Prêchant par l’exemple, il envoie ses propres domestiques déraciner de nuit les arbres funéraires de l’église de Saint-Martin-des-Vignes, à quelques pas de son manoir des Trois Croix, dans la campagne de Rennes (au niveau de l’actuelle rue Saint Martin).

4 siècles plus tard, ce coup de sang de Cornullier reste une énigme, même si une découverte récente (septembre 2021) dans un ouvrage paru en 1636 permet d’en savoir un peu plus.

 

Les traditions celto-bretonnes mises à l’index

Sur le moment, l’exemple de l’évêque n’est pas suivi, ses ordres restent lettre morte, d’autant qu’il ne donne pas de raison claire à sa vindicte. Les paroissiens rechignent, les marguilliers (responsables laïcs des finances des églises locales) font bloc avec leurs curés pour refuser d’appliquer ce qu’ils prennent pour une lubie.

C’est alors que le 73 ème successeur de Saint Melaine brandit son arme ultime : les cimetières qui auront conservé leurs ifs centenaires seront frappés « d’interdit ». On ne pourra y célébrer aucun enterrement chrétien.

A Cintré, les marguilliers obtempèrent et mettent à bas les 4 ifs du cimetière entourant l’église. La vente de leur bois rapportera 12 livres à la « fabrique » (l’instance de gestion de la paroisse), soit 10 grammes d’or, 300 euros au cours actuel. L’if était en effet un arbre semi-précieux, utilisé notamment en ébénisterie.

A Retiers au contraire, le seigneur, Pierre du Hallay, soutient le conseil paroissial et protège les 2 ifs du cimetière. Les habitants sont alors contraints d’enterrer leurs morts dans l’église, qui déborde bientôt de cadavres !

L’affaire remonte au Parlement de Bretagne, tribunal suprême de la Province. Le 29 août 1636, le procureur général Gilles Huchet de la Bédoyère soumet l’affaire à ses collègues, dans le cadre d’une procédure de « remontrance » :

« Le Révérend Evêque, par une entreprise de juridiction et attentat à la juridiction séculière (= laïque), en faisant ces visites, a ordonné que tous les ifs soient ostés et déracinés des cimetières, lesquels y avaient été par ordonnance des ducs de cette province de longtemps plantéz pour bonnes considérations… » (Archives du Parlement de Bretagne, citées par Bourde de la Rogerie, « Le Parlement de Bretagne, l’évêque de Rennes et les ifs », 1930).

Le réquisitoire est suivi par les juges, qui cassent l’ordonnance de l’évêque pour « cas d’abus ».

Pas de quoi arrêter l’évêque bulldozer. Il fait aussitôt appel devant le roi Louis XIII, auprès de qui il sait être en faveur. Le Conseil du Roi retoque l’arrêt du Parlement de Rennes et confirme la légalité de l’éradication des Ifs bretons.

L’arbre de la Toussaint sera sauvé in extremis par la mort subite de Pierre Cornulier en 1639. Son successeur Henry de la Mothe Houdencourt revient sur le mandement abusif. Un soupir de soulagement parcourt le diocèse, que le défunt évêque mettait sous tension depuis maintenant deux décennies…

 

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Agent très zélé de Rome et de Paris

Né en 1575 à Nantes, cadet d’une famille de la noblesse de robe, Pierre Cornulier est programmé dès son enfance pour le service de l’Eglise, au plus haut niveau. C’est dès l’âge de 17 ans qu’il commence à accumuler les titres :

« successivement abbé commendataire de Sainte-Croix de Guingamp, en 1592 ; licencié en droit civil et droit canondoyen de la cathédrale de Nantes (1593), prieur de Saint Jacques de Pirmil ; conseiller-clerc au parlement de Bretagne, le 17 septembre 1597; abbé de Saint Méen de Gaël, en 1604 et de Blanche Couronne, en 1612 (…) assista aux Etats généraux de 1611 (…) commissaire des Etats près la Chambre des Comptes en 1613 ; reçu conseiller du roi en ses Conseils d’Etat et privé, en 1617; il fut nommé la même année à l’évêché de Tréguier et assista à l’Assemblée des notables tenue à Rouen. Il fut transféré à l’évêché de Rennes en 1619  » (Prosper Levot, Biographie bretonne, 1857, complété par René Kerviler, Répertoire de bio-bibliographie bretonne, 1901).

Le cumul de ces fonctions et son héritage familial lui procurent 30 000 livres de rente – soit l’équivalent de 250 kg d’or chaque année !

Pierre Cornulier se révèle un agent zélé de la Contre-Réforme catholique mise en vigueur par le Concile de Trente, en même temps qu’un militant convaincu de l’intégration de la Bretagne à la monarchie française.

Il rend ainsi obligatoire le bréviaire romain, rétablit le culte de Saint-Louis abrogé par son prédécesseur. Il refuse son imprimatur « aux Vies des Saints de la Bretagne armorique du Père Albert le Grand, de Morlaix, qui parurent en ces temps et jouirent alors d’une grande faveur », car elles faisaient la part trop belle au légendaire celte. En poste au couvent des Dominicains de Rennes, doit faire imprimer son livre à Nantes (1636) et dédicace ses histoires de « saints patriotes » (= saints du pays)… aux juges du parlement de Bretagne.

Autre cible de l’évêque : les protestants, au nombre d’une centaine à Rennes, où l’édit de Nantes leur a permis d’ouvrir un temple. Pour les convertir, Cornulier fonde le monastère des Minimes,  « en l’An de Grâce 1622, Louis XIII régnant et combattant les hérétiques rebelles à son empire », comme le proclame l’inscription commémorative.

En 1624, dans le même esprit, il confie à des architectes jésuites la construction de l’église Toussaints, un des rares exemples du style baroque en France, un petit morceau de Rome en Bretagne.

 

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Accusé de ne pas apporter la paix, mais la division…

Ayant comme mot d’ordre « Charitatem in patriam », l’action de ce prélat controversé a aussi une discrète mais réelle empreinte évangélique. 9 ans après sa mort, Germain Morel, moine bénédictin, révèle que

« sa charité était sans borne ; à Rennes son aumônier distribuait aux pauvres 6000 livres par an, en outre de qu’il donnait de ses propres mains et des secours qu’il faisait tenir secrètement à des gentilhommes déchus de la fortune et qui souffraient sans oser de le faire paraitre. » (Dom Germain Morel, histoire de la sécularisation de l’abbaye de Saint Méen, 1648).

Résident sur place, effectuant les visites sur le terrain recommandées par les décrets du Concile de Trente, il affronte les cadres religieux locaux, qui, sous prétexte de libertés gallicanes, tapent dans la caisse.

A Guingamp, il remplace les moines paillards par de nouveaux prêtres et obtient du roi la confirmation du statut de paradis fiscal pour les habitants du quartier de Sainte Croix, qu’ils conserveront jusqu’à la Révolution.

A Saint Méen, il restaure l’antique monastère celtique et son hôpital pour les galleux. Il convoque individuellement les moines pour leur faire accepter les changements conciliaires. Devant leur réticence, il leur interdit de recruter des novices et attend leur extinction pour repartir à zéro.

A Rennes, il fait le ménage parmi les chanoines de la cathédrale, qui émargent à 6 à 700 livres par an. En 1629,

« le chapitre de la cathédrale résista scandaleusement à la visite que l’évêque voulait y faire; s’étant barricadé dans sa cathédrale, il ne fallut pas moins qu’un arrêt du conseil pour le contraindre à la subir (…) Non seulement le chapitre n’entretenait rien, mais quantité de choses avaient disparu. Les reliquaires d’argent et les pierreries qui les décoraient avaient été vendus et les reliques jetées pêle-mêle dans un vieux coffre. Les fondations anciennes n’étaient plus desservies. Les recettes de la fabrique étaient appliquées à l’entretien des maisons prébendiales (= les villas des chanoines de la cathédrale) ; une partie du temporel de l’église avait même été aliénée sans autorisation épiscopale. La belle et bonne bibliothèque du chapitre avait été divertie. Enfin la régularité de ses membres prétait à la critique.  » (Ernest de Cornulier-Lucinière, Généalogie de la Maison de Cornulier, 1863)

 

L’if maléfique et la peste de 1624

La détermination et la brutalité de l’évêque vont crescendo au fil des années.

C’est qu’il est aux responsabilités au moment de la résurgence de la peste à Rennes : une catastrophe sanitaire sans cause identifiée ni remède connu, comprise comme une manifestation de la colère divine. En 1636, elle est à son plus haut, avec une centaine de pestiférés dans l’hôpital de Rennes et des milliers de morts dans les communes d’Ille-et-Vilaine.

Dès 1624, Pierre Cornulier engage le fer contre la maladie avec son énergie habituelle, « visitant assidument les malades et administrant lui-même la sainte communion aux pestiférés ». Pendant ce temps-là, les magistrats du Parlement fuient dans leurs demeures de campagne, disséminant le mal encore un peu plus …

L’action de l’évêque ne porte d’abord aucun fruit, jusqu’à ce qu’un moine dominicain ne vienne en 1632 lui souffler le remède miracle : un Vœu, public et solennel, de toute la ville de Rennes de se confier à la Vierge Marie, engagement qui sera matérialisé par un ex-voto représentant

« la ville de Rennes, avec ses murs, tours, porteaux, églises et édifices notables ; une image de Nostre-Dame, s’élevoit par-dessus, estendant la main sur le convent de Bonne-Nouvelle, son petit Jésus donnant la bénédiction à la ville, le tout du poids de 119 marcs (d’argent, soit 29 kg) provenus d’une cueillette générale qu’on fit par la ville à cette intention » (« Vies des Saints de la Bretagne armorique », Albert Le Grand, 1636).

Croyez-le ou non, aussitôt le vœu émis que l’épidémie cesse. Le succès sera si spectaculaire que Pierre Cornulier sera imité par le conseil municipal de Lyon, où le Vœu à la Vierge de 1643 est à l’origine de la fête des Lumières – la fête religieuse traditionnelle proprement dite ayant été « cancelée » l’année dernière par le nouveau maire écolo.

En 1634, c’est l’apothéose. Une procession de 50 000 fidèles, prêtres et échevins vient apporter en sa cathédrale le Vœu à l’évêque triomphant, la Vierge et son Fils étant accompagnés par les bannières des saints de l’Eglise universelle, plus efficaces en l’occurrence que les saints du pays.

 

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Reconstitution du Vœu rennais. L’original a été fondu lors de la Révolution française

 

Un mauvais présage sur le toit de la cathédrale

En 1636, le triomphe cède la place à l’abattement : Rennes connait une deuxième vague de peste, particulièrement virulente, peut-être réactivée par l’afflux de population le temps de la procession.

Or un témoin exceptionnel, Dubuisson-Aubenay, a côtoyé à cette époque Pierre Cornulier et assisté à sa dinguerie naissante.

Cet érudit normand parcourt alors la Bretagne à la recherche d’inscriptions romaines et racontera son voyage dans le premier guide touristique connu de la péninsule : « L’Itinéraire de Bretagne », paru en 1636.

Lors de son passage à Rennes, il profite de l’hospitalité de Cornulier, qui lui fait les honneurs de son magnifique manoir Renaissance des Trois Croix et de sa « belle et abondante librairie ». Il l’emmène aussi au cœur de Rennes dans le palais épiscopal, « un bâtiment fort modeste et néanmoins raccomodé et rendu fort logeable par cet évêque cy. » Dans le jardin donnant sur la croisée nord de la cathédrale, l’hôte fait remarquer au voyageur un phénomène insolite :

«  en haut de la muraille de cette croisée, tout proche du toit, a poussé un yf grand comme un savinier ou genévrier, planté et enraciné dans ladite muraille et poussant à travers les pierres. On croit que quelque chouette avait porté de la graine d’yf en quelque trou de cette muraille, qui a produit cet arbre. »

Pierre Cornulier y aura vu un avertissement sur les dangers que courait son église.

Car en plein âge baroque, la chouette reste un animal de mauvais augure. De même, l’if a une réputation néfaste, en tout cas dans les livres latins qui peuplent sa bibliothèque.

Galilée vient à peine d’être condamné (1633) et Descartes se terre en Hollande, où il s’apprête à publier son Discours de la Méthode (1637).

A Rennes, en attendant Descartes, on continue de croire aux présages. Et ce présage de l’if a dû se trouver sa confirmation à l’occasion d’une visite pastorale dans quelque village reculé, peut-être sous le sceau du secret de la confession :

 «  à cause que les personnes des champs s’en servaient à mauvais usage »

Voici comment est justifiée la campagne d’éradication des Ifs bretons. On trouve cette unique mention imprécise dans un rapport du parlement de Bretagne. Pierre Cornulier en savait certainement plus, mais il n’a pas voulu que passe à la postérité le détail d’une pratique tellement coupable qu’elle encourait la colère divine.

 

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Caudullo, G., Welk, E., San-Miguel-Ayanz, J., 2017. Vert = répartition actuelle de l’if sauvage ; orange : zones où il était endémique mais dont il a disparu.

 

Un arbre protégé en pays celte

Si on regarde la carte actuelle de répartition des Ifs sauvages élaborée par le botaniste Giovanni Caudullo, de l’université de Padoue, trois données sautent aux yeux :

– ils ont été totalement éradiqués des plaines par des générations d’éleveurs, qui leur reprochaient à juste titre d’empoisonner les troupeaux

– ils survivent principalement dans les montagnes et autres lieux reculés

– parmi les rares basses terres où ils se trouvent encore endémiques, figurent les derniers bastions celtes (Bretagne, Pays-De-Galles, Irlande, Ecosse).

En Bretagne, dans la forêt de Beffou par exemple, on peut encore voir des ifs sauvages faire leur vie à l’ombre des grands hêtres – un spectacle devenu rarissime. De toute évidence, cet arbre a été volontairement épargné par des générations de Celtes.

Il a aussi été replanté anciennement par les mêmes dans des lieux sacrés : les cimetières à proximité des églises – à haute époque, les morts sont systématiquement enterrés autour des églises. Cet usage funéraire des ifs remonte à loin en Bretagne : à Yvignac-la-Tour (22), « l’If millénaire » jouxte l’église de village, de style roman – vue son tour de taille et son écorce frippée, il a vraisemblablement été planté en même temps que l’édifice était construit (11ème ou 12ème siècle). Celui de Pommerit-le-Vicomte aurait été planté encore plus tôt, entre 200 et 500 après JC, et aurait assisté à toutes les péripéties humaines depuis la fin de l’Empire romain.

Mais la vraie patrie de l’If se trouve en Grande-Bretagne : le plus vieil arbre d’Europe serait l’if de Llangernyw, Pays-de-Galles, âgé de 1500 à 5000 ans selon les estimations. Alors qu’il était encore jeune et mince, cet arbre a certainement vu passer sous ses branches des cortèges de druides, qui auront rendu taboue sa destruction.

 

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Le dieu If, gravé sur un monolithe trouvé à Macquenoise, Belgique

 

Les 5 propriétés d’un arbre hors-norme en milieu tempéré

Si les druides ont distingué cet arbre, c’est certainement en raison de ses vertus hors-norme.

– la plus grande longévité parmi les êtres vivants du milieu tempéré. Propriété connue des druides irlandais, pour qui l’univers durera autant que 3 ifs, c’est-à-dire selon leurs calculs 60 000 ans.

Dans la vision « cosmothéiste » des druides, à l’origine et à la base de l’univers tout entier se trouve un arbre primordial, l’Arbre du Monde. L’If, avec sa longévité, pouvait passer pour une figure de ce Grand Ancêtre. Les auteurs romains confirment qu’il y avait des bosquets sacrés d’ifs, où se déroulaient en plein air des cérémonies parfois macabres (Patrice Lajoye, « La cosmologie celte, l’Arbre du Monde », 2016).

– strictement hétérosexuel : c’est l’un des seuls arbres dioïques, c’est-à-dire avec des individus 100 % mâles (petites boules jaunes) et d’autres 100 % femelles (petites boules rouges), ce qui pose parfois des problèmes de reproduction, les mâles étant rares. Les druides le savaient peut-être : des inscriptions gallo-romaines font mention d’un dieu If (Ivorix, le Roi If) et d’une déesse Ive (Ivilia).

– imputrescible, résistant et élastique, c’est le bois par excellence des arcs. Si l’on y ajoute l’ébénisterie de luxe, cette essence a une conation guerrière et aristocratique, qui a favorisé sa protection.

Jusqu’à la fin du Moyen Age, les arcs en if des soldats-paysans du Pays-de-Galles étaient redoutés. Les rois d’Angleterre avaient mis l’arbre celte sous leur protection, notamment comme dispositif anti-tempêtes pour les églises.

Comme la Normandie, la Bretagne médiévale était sous influence culturelle de la Grande-Bretagne. Pas étonnant qu’on y trouve de (faibles) traces documentaires de l’usage militaire de l’If : le testament du duc Jean II (1239-1305) mentionne le versement d’une somme de…

« 10 sous à la fabrique de Plémy en payement d’une branche d’if prise dans le cimetière pour appareiller les arbalètes de la garnison de Jugon » (La Borderie, « Nouveau recueil d’actes inédits des ducs de Bretagne », 1902).

Le plus frappant est la popularité énorme, dès l’époque ducale, du prénom Yves. Selon une version, il est apparenté au gaulois ivos (if), au breton ivin (même sens) et au franc ivo (issu lui-même d’une racine empruntée au celte). Deux miracles de Saint-Yves, rapportés dans son enquête de canonisation (1347), le montrent d’ailleurs en train de commander à la pousse des arbres.

L’if donnait déjà à l’époque gauloise des noms à consonnance guerrière et aristocratique. Les Eburovices, peuple de la région d’Evreux, signifieraient  » les Victorieux par l’if » (c’est-à-dire les archers). Un certain Ivomagus (« Desservant de l’If ») est attesté par une inscription. Yffiniac (22) pourrait signifier « le domaine d’Ivinios », l’homme de l’If. Cet arbre a donné quantité de toponymes gallo-romains : d’Evran à Ivry en passant par Evreux…bien davantage que le chêne.

– toxique à 99.99 %, à l’exception de l’enveloppe rouge qui entoure la graine.

Le monolithe de Macquenoise en Belgique (époque gauloise) contient peut-être une allusion aux décoctions venimeuses que les druides fabriquaient à partir de l’if : le dieu Ivorix y est représenté tenant un récipient, dans lequel il introduit la tête d’un serpent. A moins plus probablement que ce serpent ne soit une évocation de la puissance sexuelle du dieu.… (Claude Steckx, « Iverix, un dieu belge méconnu ? « , 1994).

Un épisode héroïque de la Guerre des Gaules est rapporté ainsi par César :

 « Catuvolcos, roi de la moitié des Éburons, qui s’était associé au dessein d’Ambiorix, affaibli par l’âge et ne pouvant supporter les fatigues de la guerre ou de la fuite, après avoir chargé d’imprécations Ambiorix, auteur de l’entreprise, s’empoisonna avec de l’if, arbre très commun en Gaule et en Germanie. »

Florus raconte aussi la fin des Cantabres, peuple celte du nord de l’Espagne, dans une scène préfigurant Massada :

« Assiégés sur le mont Edule que les Romains avaient entouré d’une tranchée de quinze milles de circuit, et dont ils pressaient l’attaque de tous côtés, les Barbares, se voyant réduits aux dernières extrémités, avancent leur mort, au milieu d’un repas, par le feu, par le fer et par un poison qu’ils extraient communément de l’if. »

Ce sont probablement ces usages mortifères que visera des siècles plus tard Pierre Cornulier. Il aura peut-être eu vent de quelque sorcière de village, ayant concocté une « soupe à l’if », dont elle avait trouvé l’ingrédient principal dans le cimetière de l’église : de quoi se débarrasser d’un voisin gênant ou d’une belle-mère agaçante…

– Anticancéreux. Depuis les années 90, des molécules extraites de l’if du Pacifique et de l’If européen sont commercialisées sous les noms de Taxol et Taxotère. Ces médicaments bloquent la prolifération des cellules cancéreuses et sont indiqués notamment dans le cancer du sein.

Des applications non prévues par l’évêque et qui l’auraient peut-être réconcilié avec l’arbre fétiche des druides…

Enora

 

18 ifs remarquables de Bretagne :

– If de Pommerit-le-Vicomte (22) : 1500 à 1800 ans

– if d’Yvignac-la-Tour (22) : 1000 ans

– If de Saint-Maudez (22) : 1000 ans

– If de Saint-Lormel (22) : 1000 ans

– If de Saint Jean d’Epileur, Sainte-Marie (35) : 800 ans

– If de Masserac (44) : 800 ans

– If de Plourin-lès-Morlaix (29) : 7 à 800 ans

– If de Saint Solen (22) : 7 à 800 ans

– If de La Chapelle-Caro (56) : 650 ans

– If de l’ancienne église Saint Pierre, Pont-de-Buis-lès-Quimerch (29) : 500 ans

– Ifs de Kergrist Moëlou (29) : 500 ans

– If de Treillères (44) : 500 ans

– If de la chapelle Saint-Idunet, Plounévézel (29) : 500 ans

– If de la chapelle Saint Yves, Cruguel (56) : 4 à 500 ans

– If de Roudouallec (56): 400 ans

– If de Landaul (56) : 400 ans

– If de la chapelle Saint-Jacques, Ruffiac (56) : « pluricentenaire »

– If de Saint-Brieuc-des-Iffs (35) : « if séculaire »

Source :  Breizh-info.com - 08/11/2021

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