Cherchant à enrayer un « processus de destruction du peuple corse », le FLNC vient de communiquer sur sa volonté de s’opposer à la « colonisation de peuplement disproportionnée » qu’il déplore sur l’île de Beauté. En revendiquant au passage 16 attentats.
Le FLNC veut enrayer un « processus de destruction du peuple corse »
Après s’être manifesté le 21 mars dernier en signant un communiqué le jour de la date anniversaire de la mort d’Yvan Colonna dans lequel il revendiquait 17 attentats, le FLNC (Front de libération nationale corse) refait parler de lui. Le 1er août, le quotidien Corse-Matin a indiqué avoir reçu un communiqué de quatre pages envoyé par l’organisation armée. Une date qui ne fut pas choisie au hasard elle non plus car à quelques jours seulement des « Ghjurnate internaziunale » (Journées internationales) de Corte se tenant du 4 au 6 août.
Dans ces lignes, le FLNC fait le constat de la situation actuelle sur l’île de Beauté et fait part de sa volonté d’enrayer un « processus de destruction du peuple corse », phénomène que l’organisation considère comme « pas encore irréversible ».
Quant à la méthode préconisée, le Front de libération nationale corse exhorte à la cohésion et à « l’urgence de la réaction » dans un contexte où, comme le rappelle Corse-Matin, « majorité et oppositions nationalistes de l’Assemblée de Corse ont rendu leur copie sur l’autonomie au président de la République et que le retour se fait attendre ».
Le FLNC dénonce la pression touristique et « l’extrême droite »
Sur ces négociations entre la Corse et Paris, le FLNC annonce la couleur dans son communiqué : « Aucun accord entre la Corse et la France ne pourra être qualifié d’historique tant qu’il n’entérinera pas la reconnaissance des droits du peuple corse sur sa terre comme seule communauté de droit. »
Aussi, l’organisation armée ne semble avoir que peu d’espoirs quant à la marge de manœuvre des élus de l’Assemblée de Corse face au gouvernement français, le FLNC redoutant que le processus actuel n’aboutisse « au mieux, qu’à une décentralisation plus poussée ».
Dans son communiqué, le FLNC dénonce également la pression touristique sur la Corse avec une saison 2023 « considérée en demi-teinte mais tout autant insupportable, irrespirable, parfois dénoncée publiquement par les ”nôtres”, mais encouragée discrètement par les mêmes ».
Autre sujet délicat à aborder dans le texte, la destruction de symboles religieux sur l’île au cours des derniers mois qui n’aurait pour l’instant donné lieu à aucune interpellation des coupables. Conséquence de ce laxisme, « l’Extrême droite en profite pour s’engouffrer dans la brèche facile du racisme, détournant les regards des vrais colons », estime le FLNC.
« Une colonisation de peuplement disproportionnée » en Corse
D’autre part, l’organisation nationaliste corse ayant choisi la lutte clandestine appelle « encore et encore à la résistance » les Corses « à l’heure où le peuple corse se dilue dans une colonisation de peuplement disproportionnée, pour ne plus s’affirmer, pour ne plus être respecté, et trop souvent pour ne plus se respecter lui-même ».
Face à cette menace de disparition, le FLNC refuse toutefois le fatalisme et déclare à l’attention du peuple corse que « chacun peut aider la lutte, en être l’acteur du quotidien, en résistant de manière active ou passive. Car bientôt il sera trop tard ».
Si le rôle néfaste de l’État français est une fois de plus pointé du doigt dans le communiqué, le groupe armé n’en est pas moins lucide sur l’implication de certains Corses dans ce processus, dénonçant « notamment les spéculateurs et tous ceux qui s’enrichissent sur le dos de notre extinction ».
Le FLNC fait même recours à un terme employé par les Américains pour « éteindre » le peuple premier des Indiens lorsqu’il déclare que ces individus sont « complices de la ”Terminaison” du Peuple corse » et devront ainsi « rendre des comptes (…) pour avoir vendu leur terre, et donc leur âme, aux plus offrants », visant notamment par ces mots les « nouveaux promoteurs ».
16 attentats revendiqués par le FLNC
À ces « artisans ou gérants de sociétés de BTP », entre autres, le FLNC leur demande de choisir entre « la sauvegarde de la Corse » et « la collaboration avec celles et ceux qui se comportent comme des colons. »
Sur la question sensible du logement et de la « colonisation de peuplement » qui en découle, l’organisation clandestine en appelle au sursaut patriotique de l’agent mobilier qui « mettra le dossier d’un patriote sur le dessus de la pile », au Corse qui « préférera vendre sa terre à un jeune couple de son village plutôt qu’à un promoteur » ou à ceux qui « s’emploieront à trouver une autre source de revenus plutôt que de louer leur bien via Airbnb de manière frénétique et exagérée ». Un FLNC qui encourage par ailleurs « les employeurs qui privilégieront un candidat corse », « les enseignants qui (…) continueront de parler corse aux enfants au-delà du ”quota permis” » ou encore les agriculteurs qui, « par leur action quotidienne, historique, saine, freinent la prédation de notre terre ».
Sur le plan politique, l’organisation armée a fait part dans un communiqué de son vœu de voir créer une « plateforme de résistance patriotique » capable de « transcender les partis politiques, les associations, les syndicats et tous les patriotes qui s’y retrouveront » avec pour ambition « la sauvegarde du peuple corse ».
Enfin, le FLNC a aussi revendiqué 16 attentats dans son communiqué du 1er août.
Source : Breizh-info.com - 3 août 2023