Seule région française dirigée par des nationalistes, la politique corse possède des spécificités historiques et locales qui rendent sa compréhension parfois difficile. Les révoltes à la suite du meurtre d’Ivan Colonna par un islamiste ou de l’agression d’un jeune Corse à Calvi ont braqué les feux médiatiques sur l’île de Beauté. Entretien avec Nicolas Battini pour décrypter les fondements et le fonctionnement de la politique corse.
Doctorant en langue et culture corse, Nicolas Battini est président de l’association Palatinu, qui a vocation à défendre l’identité et l’histoire corse. Propos recueillis par Jean-Baptiste Noé.
Les termes employés pour désigner les différents mouvements en Corse prêtent parfois à confusion. Nationalistes, régionalistes ou encore autonomistes, quelles différences faites-vous entre ces trois notions, comment se distinguent-elles par rapport à leur vision de la Corse, de son histoire et de sa population ?
Le terme de nationalisme est un terme englobant qui globalement en Corse rassemble tous ceux qui estiment qu’il existe un peuple corse et que le peuple corse doit être reconnu au sein de la République française en tout cas par la République française.
Et parmi ces nationalistes il y a deux grandes options historiques qui se sont dessinées, qui parfois se sont combattues, qui parfois se sont alliées de façon ponctuelle notamment aux élections.
Premièrement, les indépendantistes, qui considèrent que la cohabitation avec l’État central est totalement impossible et l’appartenance même de la Corse à la France mène nécessairement à la disparition du peuple corse.
Deuxièmement, les autonomistes qui eux considèrent que l’autonomie est, je dirais, la forme la plus aboutie de liberté et de reconnaissance à laquelle peuvent prétendre les Corses et que l’indépendance n’étant ni viable ni souhaitable, ils souhaitent simplement aménager la place des Corses au sein de la république et leur permettre d’obtenir en tant que peuple une reconnaissance institutionnelle.
Voilà globalement ce que recoupe le terme de nationaliste à travers ces deux options, qui peuvent sembler différentes simplement par le degré, mais qui en vérité sont même différentes par la nature en ce que la plupart des autonomistes considèrent que l’autonomie n’est pas une étape vers l’indépendance, mais une fin en soi.
Pour ce qui concerne le régionalisme, cela concerne aujourd’hui la grande majorité des formations politiques en Corse qui ne sont pas nationalistes, mais qui peuvent être apparentées à ce qu’on appellerait le régionalisme. C’est-à-dire simplement la volonté de mettre en avant, de valoriser des caractéristiques locales régionales d’un point de vue culturel et d’un point de vue identitaire, tout en essayant d’obtenir le maximum de libertés locales. Mais c’est finalement, je pense, une différence de discours. C’est-à-dire que les nationalistes considèrent que les Corses sont Corses avant tout alors que les autonomistes reconnaissent bien évidemment l’appartenance de la Corse à l’ensemble français, mais, je dirais, situé en termes de priorités identitaires. Pour les régionalistes, l’appartenance corse est avant toute autre forme d’appartenance culturelle.
Évidemment, les indépendantistes qui eux vont jusqu’à nier la légitimité de la présence française en Corse sont sur un autre plan. Les régionalistes eux sont tout à fait capables de dire qu’ils sont Français avant tout, mais tout en étant Français avant tout souhaitent cultiver ce qui pour eux représente et caractérise leur identité corse.
C’est une première définition de ces concepts, qui pourraient largement être précisés et approfondis notamment pour ce qui concerne les termes d’autonomisme et d’indépendantisme.
En effet, il y a aujourd’hui une part significative de l’indépendantisme et de l’autonomisme qui rejette de plus en plus le terme de nationalisme. Ce sont là des franges les plus à gauche d’un point de vue de la vision sociétale et globale. Leur positionnement est tout à fait pertinent de leur part en ce que le nationalisme est essentiellement, quel que soit le pays, une volonté d’assurer un continuum historique et de défendre une identité.
Le nationalisme est un terme, finalement, qui est profondément identitaire avant tout et il y a des portions aujourd’hui de l’indépendantisme et de l’autonomisme qui ne sont pas négligeables, notamment au niveau des élites et des représentants élus, qui ne souhaitent absolument pas aborder la question de l’autonomie ou de l’indépendance à travers le prisme identitaire.
Il y a en effet plusieurs décisions des nationalistes qui sont aujourd’hui à la tête de la collectivité de Corse qui ont pu surprendre, notamment la réception des bateaux de migrants qui dérivent en Méditerranée. On peut se dire qu’a priori c’est un peu contradictoire par rapport au fait de défendre l’identité corse.
Oui, absolument. Il faut bien comprendre que ceci est rendu possible par un prisme idéologique qui domine le nationalisme corse depuis 50 ans, qui est le tiers-mondisme, c’est-à-dire l’alliage apparemment antagoniste entre une revendication identitaire, c’est-à-dire l’existence d’un peuple, en l’occurrence le peuple corse héritier et résultat de siècles d’histoire sur cette île, et en même temps d’un narratif anticolonial qui nécessairement procède d’une vision de l’histoire et du monde de gauche voire d’extrême-gauche, ce qui pousse le nationalisme tiers-mondiste à être profondément opposé à l’égard des populations européennes, en particulier de la population continentale, le conduisant à soutenir des discours qui pourraient être, dans un échiquier politique traditionnel, apparenté à de la xénophobie ou sinon à une forme de xénosepticisme, si j’ose dire, tout en ayant des positions extrêmement progressistes voire altermondialistes parfois concernant les populations venant du sud de la Méditerranée.
C’est d’ailleurs un phénomène que l’on voit dans d’autres mouvements nationalistes ou indépendantistes en Europe. Les indépendantistes écossais par exemple, dont le représentant est un Pakistanais, mais aussi en Catalogne, où l’extrême gauche catalane est très fortement opposée aux Espagnols de Madrid, tout en étant favorable à l’immigration maghrébine. Ce mouvement de tiers-mondisation que vous analysez est présent dans de nombreux indépendantismes régionaux européens.
Absolument. Ceci doit être abordé à travers une perspective historique qui explique beaucoup de choses. La Seconde Guerre mondiale a notamment joué un rôle important.
Les nationalismes régionaux en France, que ce soient les Bretons, les Alsaciens ou les Corses ont leur première phase de leurs revendications respectives qui s’est exprimée à travers un champ d’expression largement de droite, sinon parfois d’extrême droite. Une grande partie des nationalistes bretons ont ainsi rallié Hitler. C’est le cas notamment d’Olivier Mordrelle, dirigeant du Parti national breton. Ils ont voulu profiter de l’occupation de la France par le IIIe Reich pour négocier leur indépendance.
Pour ce qui concerne les Corses, un certain nombre de figures de premier plan du nationalisme corse des années 1920 se sont ralliées au fascisme italien.
Évidemment, tout ceci a été rendu possible par des convergences idéologiques d’une vision du monde qui pouvait être pour les uns réactionnaire et pour les autres fascisante et pour d’autres un mélange des deux. Il est évident que depuis la Seconde Guerre mondiale les nationalismes régionaux se sont largement recyclés à travers une expression qui elle s’est exprimée sur des champs sémantiques et intellectuels largement acquis à la gauche.
Dans les années 1960-1980, on a parfois eu des groupes qui ont fait cohabiter des propos, des visions, des notions politiques qui étaient très à droite avec des idées issues de la gauche anticoloniale. Les revendications des nationalistes régionaux d’aujourd’hui sont majoritairement les héritières de cette période et de ce cycle qui est en train de se refermer. Ce cycle de gauchisation, qui a accompagné la vie des soixante-huitards, est en train de se refermer en Corse, et ailleurs en Europe. Il est en train d’émerger, en Europe également, un nationalisme régional qui lui revendique un ancrage d’identité civilisationnelle, sur le modèle flamand, qui lui, pour le coup, a subsisté et a résisté à la gauchisation connut par les autres mouvements régionalistes.
Manier les concepts et les idées politiques est une chose, faire des propositions qui répondent aux besoins des populations en est une autre. Souvent, les mouvements politiques sont capables d’élaborer de grandes théories, mais ont beaucoup plus de mal à régler les problèmes quotidiens.
Si on prend le cas de la Corse, sa géographie particulière, marquée à la fois par l’insularité et la montagne, rend l’aménagement de son territoire compliqué. Les communications routières entre les villes sont longues et difficiles. Les hôpitaux et les services de santé ne fonctionnent pas bien, contraignant les Corses à se rendre à Paris ou à Nice pour les opérations délicates. Avec une population de 340 000 habitants (soit autant que la ville de Nice), pensez-vous que la Corse puisse générer les moyens financiers dont elle a besoin pour l’entretien et le développement de ses infrastructures ?
En effet, les questions de revendications, notamment liées à plus de libertés locales, à plus d’autonomie, peuvent nécessairement impacter d’un point de vue budgétaire les capacités de manœuvre de la collectivité de Corse, que ce soit au niveau des transports, au niveau de la santé, etc.
Donc vous avez raison de soulever la question et c’est précisément pour cela que le peuple corse, les électeurs nationalistes et même au-delà, lorsqu’ils se positionnent en faveur des revendications nationalistes le font essentiellement pour des questions identitaires bien plus que pour des questions institutionnelles ou pour l’émergence d’un nouveau statut qui permettrait à la Corse d’obtenir plus de responsabilités, ce qui pourrait en effet occasionner des coupes budgétaires.
Je pense qu’il faut séparer la lecture, que je qualifierais d’élitaire, avec la lecture populaire. Le peuple se positionne essentiellement en faveur de revendications nationalistes en Corse non pas pour une évolution institutionnelle, encore moins se séparer de la France, mais simplement pour affirmer son existence et pour affirmer sa volonté de défendre un patrimoine identitaire et culturel.
Pour ce qui est de l’offre évidemment des représentants nationalistes et de la déclinaison de leurs discours à ce sujet, la question que vous venez de poser est également posée par les électeurs, par le peuple, mais aussi par beaucoup de nationalistes à leurs représentants.
Encore une fois, je pense que la meilleure réponse à apporter à cette question-là est précisément de rappeler que les revendications en Corse sont bien moins de nature institutionnelle que de nature identitaire.
Justement en termes d’autonomie, quel serait pour vous l’idéal ? Est-ce que c’est une autonomie fiscale, pour créer une Jersey en Méditerranée ? Est-ce que c’est une autonomie sur les questions éducatives, par exemple comme ça se fait en Italie où les régions ont des libertés en matière éducative scolaire ?
Eh bien précisément, je pense que le statut d’autonomie qui conviendrait le mieux aux aspirations profondes des Corses serait un statut qui permettrait de mettre en place et en application des politiques qui correspondent aux aspirations identitaires. Évidemment l’éducation, notamment l’histoire, la langue, la défense de ce qui finalement caractérise les Corses en tant que peuple. Et aussi un certain nombre de leviers, il est vrai concernant les questions foncières et évidemment qui sont liées à la fiscalité entre autres.
Mais je pense que le statut dont nous parlons depuis 50 ans est historiquement motivé par une volonté de sauvegarde identitaire. Et je pense que le grand péché du nationalisme corse de ces 50 dernières années a été finalement, par un effet de subversion qui a pris une ampleur incroyable depuis une demi-décennie, d’avoir fait du moyen qu’est la question institutionnelle une fin en soi et par là même d’avoir évacué les questions culturelles et identitaires qui en étaient finalement le moteur historique.
La vie politique corse est aussi marquée par des logiques claniques et familiales qui font que les électeurs votent souvent pour des considérations de famille et d’histoire locale et pas forcément pour des considérations politiques élevées.
Tout à fait. C’est d’ailleurs un enjeu majeur à prendre en compte. À ce sujet, il est intéressant de constater que les élections présidentielles représentent, en ce qui concerne l’échiquier et le paysage politique corse, une photo idéologique qui est aujourd’hui la plus fidèle d’entre toutes, c’est-à-dire que c’est une élection qui n’est pas soumise précisément à ce genre d’influence clanique et familiale. Les emplois locaux, entre autres, et des questions d’attribution de subventions, ne dépendent absolument pas du positionnement des uns et des autres aux présidentielles et encore moins des résultats.
Mais vous avez raison de souligner ce fait parce que c’est quelque chose d’incontournable. C’est une donnée tout à fait essentielle pour comprendre le jeu politique local en Corse encore que de façon tout à fait paradoxale le délitement de la cellule familiale et l’affaissement des appartenances claniques et organiques a largement favorisé l’émergence d’un électorat qui se positionne de plus en plus librement, y compris parfois il est vrai sur des options et des positionnements qui souhaitent défendre précisément la famille traditionnelle, le lien organique, la solidarité familiale, etc.
La question du logement agite beaucoup la classe politique corse. La pression foncière est forte, dans les grandes villes, sur le littoral, mais aussi dans certains villages de la montagne. Certains
politiques défendent la création d’un statut de résident pour réduire l’accès au logement par des non-Corses, d’autres défendent l’idée d’une taxe sur les résidences secondaires. La possibilité de cette taxe a d’ailleurs été adoptée par la collectivité de Corse, mais elle est encore peu appliquée par les maires qui se sont rendu compte que de nombreuses résidences secondaires sont possédées par les Corses eux-mêmes1. Quelle est votre analyse de ce dossier ?
Il y a plusieurs contradictions dans ces propositions. La première est qu’imposer les résidences secondaires obligerait certains Corses à vendre les biens de leur famille situés dans les villages. Une autre contradiction dans cette proposition du statut de résident c’est qu’elle pénaliserait des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de Corses qui vivent en diaspora, y compris des Corses de diaspora de première génération, c’est-à-dire des Corses qui ont grandi en Corse et qui ont dû partir pour des questions professionnelles et qui seraient pénalisées dès lors qu’ils voudraient rentrer en Corse si le statut de résident était mis en place. Il est évident que cela parait comme une fausse bonne réponse à la question du foncier.
Comme les autres régions françaises, la Corse est touchée par une croissance du trafic de drogue. Il y a eu une saisie record dans un ferry venant du continent ainsi que des manifestations à Ajaccio contre les dealers. Cela correspond à une croissance de la consommation locale, mais aussi à la présence de réseaux criminels qui s’enrichissent par la vente de ces produits.
Vous l’avez souligné, le trafic de drogue n’a absolument rien d’inédit en Corse. Raison pour laquelle, et je tiens à le souligner, l’émotion populaire n’a absolument pas été suscitée ces jours derniers par le trafic de drogue. Ce trafic n’a été qu’un cache-sexe à la situation qui se développe en Corse, qui est une situation de précommunautarisation, au même titre que d’autres territoires en Europe occidentale .Et ce sont précisément ces phénomènes qui sont nouveaux dans leur visibilité.
Dans la cité des cannes, à Ajaccio, l’origine de ces manifestations populaires réside dans le fait que deux dealers issus de la communauté maghrébine, en tout cas c’est ainsi que cela a été rapporté par les personnes qui se sont plaintes, auraient voulu interdire l’entrée au quartier à deux fonctionnaires de la commune d’Ajaccio. C’est quelque chose de tout à fait inadmissible et tout à fait intolérable dans l’imaginaire du corps social en Corse qui ne supporte pas ce genre de mainmise communautaire et qui s’inquiète suffisamment d’en voir sur le continent à travers la télévision. C’est en réaction à cela que les manifestations ont eu lieu.
Quant au trafic de drogue, je pense que les réponses à y apporter finalement n’ont rien d’original. Ce sont évidemment des réponses judiciaires de fermeté, mais ce sont aussi des propositions sociétales, c’est-à-dire que le trafic de drogue n’est peut-être que le symptôme d’une perte de sens généralisée dans la société. À la question de la réponse judiciaire, il s’agit aussi d’y adjoindre des pistes familiales, la valorisation de la famille, du travail, la valorisation aussi d’un certain civisme.
Votre association, Palatinu, est une association culturelle. Comment évaluez-vous l’état de la culture corse aujourd’hui ? On voit renaitre les confréries, qui avaient disparu dans les années 1960-1970. À Bastia, il y a eu la restauration en 2022 de la procession sur la mer de la Saint-Jean-Baptiste qui avait été supprimée dans les années 1970. On a l’impression qu’il y a une renaissance de la culture corse, qui est portée par une nouvelle génération.
Votre question est tout à fait pertinente en ce que vous évoquez la culture à travers le prisme chrétien, ce qui paradoxalement est très rare en Corse même.
C’est-à-dire que lorsque l’on parle de culture corse, on évoque essentiellement la dimension linguistique. Je suis mois même corsophone et doctorant en langue et culture corse, donc c’est un combat qui est le nôtre et que nous n’abandonnerons jamais. C’est un sujet qui est structurant et qui fait partie de notre identité politique et de nos perspectives intellectuelles. Mais l’originalité de notre discours dépend précisément du fait que nous étendons la définition de la culture y compris à la dimension civilisationnelle et cultuelle.
Alors oui, il y a une forme de dynamisme de la culture corse, mais qui je crois est caractéristique de toutes les identités assiégées qui ont bien compris leur mortalité, qui ont bien compris la nécessité vitale pour elles de manifester une volonté permanente de vivre, une nécessité d’initiative, de renouvellement à partir de la tradition. Et, en effet, la Corse de façon tout à fait palpable vit ce genre de situation encore que cela s’accompagne toujours d’un délitement généralisé, mais qui n’est pas propre à la Corse. C’est la norme dans le reste du monde occidental, mais il y a bien, oui, des perspectives d’espoir.
Beaucoup ont voulu réduire la défense de la culture corse à la langue corse, en cantonnant le sujet culturel à la simple question linguistique .Ce qui évidemment ne peut absolument pas refléter la réalité. C’est pourquoi je défends une vision globale de la culture corse, qui n’est pas seulement la langue, mais aussi la famille traditionnelle, les traditions chrétiennes et tout ce qui se rapporte à l’histoire et aux modes de vie des Corses.
Dans beaucoup de régions françaises, comme en Midi-Pyrénées et en Bretagne, la langue régionale d’aujourd’hui procède d’une construction universitaire qui a créé une langue régionale et supprimé les variantes locales. On voit ainsi, à Rennes, des noms de rue écrit en breton, alors que c’est le gallo qui était parlé dans cette ville, ou bien « l’occitan » utilisé au journal de France 3 Toulouse ne pas être compris par les locuteurs de « l’occitan » en Aveyron ou dans le Tarn. Qu’en est-il de l’établissement de la langue corse et des rapports entre le corse enseigné dans les écoles et ses variantes parlées dans les villages ?
Il y a deux visions qui s’affrontent dans le milieu militant et dans le milieu de l’enseignement. Une vision minoritaire tend à promouvoir une langue unifiée et académique. Les nationalistes, dans les années 1920, prônaient cette volonté d’unification de la langue corse comme cela se fit pour le toscan, en faisaient la différence entre la langue corse des lettrés et les dialectes, c’est-à-dire les traditions orales qui étaient parlés en Corse et qu’il s’agissait de soutenir à travers des productions poétiques ou littéraires, mais qui selon eux ne pouvaient absolument pas être considérées comme étant égales à la langue des élites. Cette idée a échoué.
Aujourd’hui, il n’y a plus de volonté d’unification, ne serait-ce que parce que le milieu de l’enseignement secondaire et universitaire inclut différentes normes possibles, ce qui précisément définit ce qu’on appelle la « polynommie », c’est-à-dire le fait de définir les contours d’une langue à travers différentes normes possibles qui sont acceptées.
L’enseignement des langues régionales dans l’éducation nationale ne produit quasiment pas de locuteurs. Et pour cause : il faudrait un véritable système immersif pour le permettre, ce qui n’est plus possible étant donné que le corse n’est plus parlé dans les familles.
- L’étude de l’INSEE sur les résidences secondaires en Corse montre que 37% d’entre elles sont détenues par des insulaires, c’est-à-dire des Corses habitant en Corse. Ce sont souvent des logements de famille situés dans les villages, la résidence principale étant dans les grandes villes, comme Ajaccio ou Bastia. Seuls 12% des résidences secondaires sont détenues par des Parisiens, dont une grande partie d’entre eux sont par ailleurs des Corses habitants à Paris.
Source : REVUE CONFLITS - 14 SEPTEMBRE 2023