Terre et Peuple Magazine n°17 – Automne 2003
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Le numéro 17 de Terre et Peuple débute par la recommandation que nous fait Pierre Vial de “penser à notre âme”, notre âme collective, celle qui nous méritera, non pas l’éternité, mais la pérennité en tant que peuple. Celle qui nous préservera, entre autres maux, de l’enfer du Golem américain, colosse d’argile irresponsable et fou.
Ensuite, Bernard Marillier, inépuisable sur le sujet de la symbolique, relève à propos de la chouette, entre autres, que l’aigle et elle représentent les deux formes fondamentales de la connaissance: la chouette, la connaissance rationnelle, par la perception de la lumière lunaire qui n’est que reflet, et l’aigle, la connaissance intuitive, par la perception directe de la lumière du soleil, que l’aigle reçoit les yeux ouverts.
Thomas Stahler décline l’origine, le rôle, l’importance, le sexe du dieu Soleil chez les indo-européens. Fils du dieu du ciel, il est presque partout de sexe mâle et possède rarement une épouse. Son rôle est d’abord limité: de son char céleste, il voit tout ce qui se passe sur terre. Mais il deviendra primordial sous les dernier Romains et, dans l’image du Sol invictus (le soleil invaincu), la figure emblématique des silhouettes européennes les plus rayonnantes, tels l’Empereur Julien, Frédéric II de Hohenstaufen et Louis XIV. Apollon reviendra, et pour toujours. Mais était-il vraiment parti ?
Pierre Bérard a cuisiné pour nous une copieuse et savoureuse recension du pamphlet de David Martin-Castelnau, “Les francophobes”, lequel fait l’inventaire de ce “grumeau de forces hétérogènes”. Cela débute par les Nazificateurs, acteurs éminents de l’oligarchie. Se trouve classé comme tel Bernard-Henry Lévy, qui prétend voir dans la France la patrie du national-socialisme. A ce bobard, répond l’imposture de la France raciste, répandue par la deuxième catégorie, les Xénophiles, qui confèrent aux immigrés un “statut victimaire”. La série se complète avec les Américanouillards, franchouillards repentis et reconvertis, avec les Darwiniens ou libéraux, surhommes du marché total, et avec les haineusement corrects, clients fidèles des sacrifices humains.
Mais le dossier central de ce numéro de T&P, dossier crucial, évoqué en couverture par un portrait de Recep Tayyip Erdogan, est consacré au refus résolu de l’entrée de la Turquie dans l’Europe. Encore faut-il savoir de quelle Europe il s’agit: de l’Europe-marché, marche-pied de l’hégémonie turque, ou de l’Europe-puissance que nous voulons, “bloc civilisationnel enraciné dans une histoire plurimillénaire et dans une géographie bien comprise, fondé sur un héritage très charnel à la fois helléno-germanique et pagano-chrétien,” qu’a ainsi défini Christopher Gérard. Ce que la Turquie ne pourra jamais être...
Pierre Vial rappelle la succession séculaire des affrontements de la Turquie avec l’Europe. Chaque fois, un choc frontal de deux civilisations, de deux visions du monde inconciliables. Le mot turc apparaît treize siècles avant JC dans des annales chinoises, avant d’être repris par les Arabes, pour qui il signifie brutal. C’est eux qui fonderont le royaume de Mongolie et c’est contre eux que sera été élevée la Grande Muraille de Chine. Les peuples turco-altaïques domineront la haute Asie, de la Mandchourie au Turkestan. C’est eux encore qui, emmenés par Attila, secoueront l’empire romain affaibli, qui sera sauvé, aux Champs Catalauniques, grâce à la coalition des Européens. C’est une autre vague turque, les Avars, que Charlemagne aura beaucoup de peine à endiguer. Les Bougres ou Bulgares et les Khazars menaceront ensuite les Byzantins et seront heureusement inquiétés eux-mêmes par la poussée arabe et musulmane. Islamisés, ils auront tôt fait de s’émanciper et puis de supplanter et de remplacer les sultans arabes. Les croisades sont, en fait, la contre-attaque européenne à la poussée asiatique. Après une période victorieuse, elles connaîtront revers sur revers et, non seulement la Terre Sainte, mais l’Empire romain d’orient et les Balkans seront conquis par les Turcs, qui ne seront arrêtés qu’à Vienne, il y a moins de trois siècles. Si la plupart des Européens l’ignorent, tous les Turcs le savent et en nourrissent fierté et ambition.
Bernard Marillier met en lumière la spécificité de l’islam turc et Thomas Stahler évalue la réalité, considérable, du paganisme turc: Tanri, le dieu du ciel, voit son nom utilisé aussi bien que celui d’Allah pour désigner Dieu et le croisant de lune comme l’étoile ne sont ni musulmans ni arabes.
Jean Mabire trace le portrait d’Enver Pacha, Albanais ou Bosniaque qui s’est voulu l’éveilleur de peuples turcs asiatiques. Il est le pendant inversé de Moustapha Kémal, Turc de Salonique, qui a entrepris de convertir l’empire ottoman en une nation moderne, aussi européenne que possible.
Jean-Gilles Malliarakis démontre par la géopolitique, notamment celle de l’eau et celle du pétrole, que “le rêve d’un monde turc de l’Adriatique à la muraille de Chine”, élément de l’identité turque, est irréductible à l’identité européenne.
Stéphane Bourhis, enfin, développe cinq bonnes raisons de dire non à l’entrée de la Turquie dans l’Europe.
Le numéro se clôture sur un bel hommage de François Fresnay à Leni Riefenstahl et sur une présentation, par Gilles de Fleury, de la BD de fiction spatiale Sillage.
In Renaissance Européenne n°58
ill : couverture de la revue Terre & Peuple n° 17
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IL FAUT PENSER À NOTRE ÂME
Ce titre va peut-être choquer certains, qui considèrent que seuls ont le droit de prétendre avoir une âme ceux qui s'inscrivent dans la tradition biblique. Mais l'âme dont je parle est l'âme collective car le sort de l'âme individuelle est affaire des choix de chacun et ne relève que d'options personnelles.
Quand nous parlons d'âme collective, il s'agit de cette dimension spirituelle spécifique que nous portons en nous et qui contribue, en bonne part, à nous faire ce que nous sommes. Cette dimension fonde notre identité, expression d'une conception du monde qui est le fruit d'un héritage bioculturel, résultat d'une complexe alchimie où s'unissent nature et culture. C'est dire que notre âme est signe d'appartenance à un groupe déterminé d'êtres humains que l'on appelle une ethnie.
Parce qu'il y a une ethnie européenne, il y a une âme européenne, forgée par les millénaires. Elle vit en nous comme elle vivait en Cro-Magnon. A ceci près que le Progrès, cette utopie mortifère, nous a fait oublier, abandonner, trahir des réflexes vitaux qui ont permis à Cro-Magnon de survivre. Si bien que notre âme n'est aujourd'hui vivante qu'au plus intime d'un nombre limité de personnes. Et ce sont ces personnes, et elles seules, qui nous importent. Ce qui élimine de notre horizon beaucoup de gens, qui sont nos contemporains, vivent sur le même sol que nous et ont même, éventuellement, en poche la même carte d'identité "nationale" que nous mais qui sont pour nous des étrangers puisque nous n'avons rien d'essentiel, rien de fondamental en commun avec eux. Leur sort nous indiffère.
Les signes envoyés de divers côtés par le Système en place nous confortent dans ce choix. Ainsi lorsque Chirac, à l'occasion d'un recensement en Nouvelle-Calédonie, s'insurge contre la mention "Kanak" destinée à identifier... les Kanaks. Chirac ne veut connaître, en effet, que des "citoyens français", c'est-à-dire des êtres virtuels, standardisés, interchangeables et donc purs produits des Droits de l'Homme. Sans chair et sans âme. Le plus triste, pour les intéressés, est que les Kanaks eux-mêmes tombent dans le panneau en refusant que soit affirmée la spécificité de l'âme kanak, qui est pourtant leur bien le plus précieux, comme pour tout peuple digne de ce nom. L'affaire devient farce quand José Bové plastronne devant les caméras de télévision, sur le Larzac, avec un tee-shirt où "kanak" s'étale en grosses lettres. Bové, kanak d'honneur... Il est dans la cohérence de son rôle de tricheur et de manipulateur, lui qui prétend lutter contre le mondialisme au nom d'un "altermondialisme" - c'est à dire un mondialisme à sa sauce à lui, mitonnée dans les cuisines de ses copains trotskistes, où il a appris les recettes de son métier d'agitateur.
Autre élément tout aussi révélateur : un sondage réalisé par l'IFOP pour le Journal du Dimanche sur les personnages préférés des Français âgés de 18 à 24 ans donne, dans l'ordre, Zinédine Zidane, Jamel Debbouze, Jean-Jacques Goldman. Que voilà un beau triplé, fidèle illustration d'une douce France multiculturelle voulue, imposée par tous les pouvoirs en place. Les "sondés" sont certes des zombies façonnés par le martèlement médiatique. Mais on a les héros que l'on mérite. Et cela enlève toute envie de se battre pour ces gens-là. Ils baignent - et ils en sont ravis - dans un univers où règnent l'individualisme, l'arrivisme, le culte du profit.
Un univers qui est aussi celui de l'uniformisation, de la massification, de l'anonymat. On feint de s'étonner, de se scandaliser parce que des milliers de vieillards sont morts cet été dans l'indifférence de leurs proches, au point que des centaines d'entre eux ont été laissés en dépôt dans des entrepôts frigorifiques, morgues improvisées en catastrophe, comme de vieilles valises oubliées à la consigne. Mais il serait hypocrite de s'étonner. C'est cela la logique du monde dans lequel nous sommes. Chacun pour soi. Et après moi le déluge. Merci le libéralisme.
Un motif d'espérance, cependant : ce Système est éminemment fragile. Son expression la plus accomplie, le pays le plus puissant du monde, qui commence à découvrir en Irak les joies d'une armée d'occupation, a vu une partie de son territoire plongé dans une panne d'électricité qui a totalement paralysé pendant 29 heures la vie de 50 millions de personnes, dans la zone la plus vitale, le nord-est des Etats-Unis. Le colosse a bel et bien des pieds d'argile. Ce colosse irresponsable et fou, qui contribue tant à détruire sans vergogne les ressources naturelles de la planète. Massacre des forêts, pollution intensive, raréfaction de l'eau potable (le grand enjeu du XXIe siècle), réchauffement du climat (on n'en est qu'au début...). Décidément nous avons bien besoin de préserver notre âme. Car l'enfer est devant nous.
P. VIAL
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N°17 Non à la Turquie en Europe.
p.3, Pierre VIAL, Il faut penser à notre âme.
p.4, Journées du Soleil 2003.
p.4, Assemblée communautaire à Brocéliande.
p.5, Pierre VIAL, Gauloiseries.
p.5, Mémoire (Jordi Magraner).
p.5, Le dragon rouge est parmi nous (Hélène Angel, Rencontre avec le dragon).
p.5, Coup de chapeau, Bornéo.
p.5, Coup de chapeau, L’OLCA.
p.5, Coup de chapeau, Hans Blix.
p.5, Bonnêt d’âne, L’Australie puritaine.
p.5, Bonnêt d’âne, Lénine.
p.6, Notre revue contre la pensée unique.
p.7, VIIIe Table Ronde de Terre et Peuple, La Farternité franco-allemande.
pp.8-9, Bernard MARILLIER, La chouette, l’oiseau de sagesse.
pp.10-11,Thomas STAHLER, Le Dieu du Soleil des indo-européens.
pp.12 à 16, Pierre BERARD, David Martin-Castelnau, Un nationisme républicain porté à l’incandescence.
p.17, LA REDACTION, Non au nom de l’Europe (entrée de la Turquie en Europe).
pp.18 à 25, Pierre VIAL, La Turquie et l’Europe, Histoire d’un affrontement.
p.23, Pierre VIAL, Les Kurdes.
p.24, Pierre VIAL, Héroïque Arménie.
p.25, Pierre VIAL, L’enjeu chypriote.
pp.26 à 30, Bernard MARILLIER, L’islam turc, Les spécificités d’une religion « ethnique ».
p. 27, Thomas STAHLER, Le paganisme turc.
p.31 à 33, Jean MABIRE, Enver Pacha, sous le signe du croissant et du cimeterre, le rêve d’un empire turc des peuples touraniens.
pp. 34 à 36, Jean-Gilles MALLIARAKIS, Les Européens gagneraient à mieux connaître les orientations géopolitiques de la Turquie…
p.36, Le « monde turc » de l’Adriatique à la Chine.
pp.37-38, Stéphane BOURHIS, 5 bonnes raisons de dire non à l’entrée de la Turquie en Europe.
pp.39-40, François FRESNAY, Pour saluer Leni Riefenstahl.
p.41, Gilles de FLEURY, Sillage, le convoi spatial.
p.42, Le Temps des Loups, Un roman d’anticipation (Jean-Pascal Serbera).
p.42, Le bestiaire celtique, Bernard Rio et Jean-Claude Meslé.
p.42, Pierre VIAL, Faits et Documents.
pp.43-44, Stéphane BOURHIS, Léo Schnug, l’Alsace au bout du crayon.