Anno Domini 1900 : quand les États-Unis sont devenus un empire
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Les États-Unis peuvent-ils être considérés comme un empire? Cette question déchire le monde des sciences politiques depuis l'époque de la guerre froide et la réalité politique depuis l'époque de l'expansionnisme vers l'ouest et le sud au nom de la « Destinée manifeste » et de la Doctrine Monroe.
Les politologues et les politiciens continuent d'être divisés sur la meilleure définition à donner aux États-Unis, mais ils s'accordent sur un point: la nation ne peut pas admettre qu'elle est un empire, en raison de la valeur intrinsèquement négative du terme, car cela reviendrait à avouer que les idéaux de la génération de George Washington ont été trahis et que la nouvelle terre promise a intériorisé cette forma mentis impérialiste contre laquelle elle s'est battue.
En réalité, le fait que le débat soit toujours en cours et loin d'être terminé n'est pas pertinent, car les chiffres de la politique étrangère des États-Unis sont plus éloquents et explicatifs que les livres, les opinions et les théories: 800 bases militaires présentes dans 80 pays, 200.000 soldats déployés dans le monde - dont un tiers au Moyen-Orient -, 64.000 milliards de dollars dépensés en interventions militaires et en guerres au Moyen-Orient et en Asie depuis le 11 septembre 2001, au moins 81 opérations d'ingérence électorale certifiées de 1946 à 2000, 72 changements de régime ratés pendant la guerre froide (et autant de réussites) et 208 années sur 223 consacrées à l'envoi ou à la présence de troupes à l'étranger dans le cadre de guerres, de missions multinationales, du renversement de gouvernements hostiles et/ou de la répression de révolutions.
Chiffres et faits à l'appui, on peut légitimement faire entrer les États-Unis dans la catégorie des empires dits informels, c'est-à-dire des entités impériales qui préfèrent les protectorats aux colonies et qui maintiennent le contrôle de leurs domaines au moyen d'un interventionnisme ouvert et secret, d'une interdépendance économique (et politique) entre le centre et les périphéries et d'instrumenta regni tels que le divertissement (Hollywood) et la religion (le protestantisme évangélique).
L'éternel dilemme de l'empire a cependant besoin d'un élément supplémentaire pour être définitivement résolu: une date. En bref, quand la transformation des États-Unis en empire a-t-elle eu lieu? La réponse peut surprendre: lors de l'élection présidentielle de 1900.
La naissance de l'empire
Les États-Unis ne deviendront pas un empire en tentant de mettre en pratique les préceptes de la doctrine Monroe, ni même dans le cadre de la traduction de la « Destinée Manifeste » dans le Pacifique occidental ou suite à la Seconde Guerre mondiale, mais suite à leur intervention dans la guerre d'indépendance cubaine et la révolution philippine.
Nous sommes en 1900, deux ans se sont écoulés depuis la guerre entre Washington et Madrid pour le contrôle de La Havane, et l'électorat doit choisir entre le démocrate William Jennings Bryan et le républicain sortant William McKinley. Non la situation économique intérieure mais la politique étrangère sera au cœur des programmes électoraux des deux hommes politiques et polarisera l'opinion publique américaine.
McKinley était un partisan de l'interventionnisme à l'étranger, n'importe quand et n'importe où, et un partisan du colonialisme - l'appel aux urnes avait pour toile de fond les tentatives américaines d'annexer les Philippines après les avoir arrachées à l'empire espagnol décadent - tandis que Bryan était un belliciste repenti, converti à la cause de l'anti-impérialisme. Cette année-là, en bref, le peuple américain ne choisirait pas simplement entre les démocrates et les républicains, mais entre l'Amérique comme expérience ou comme destin ou, pour paraphraser Bryan, entre l'Amérique comme démocratie ou comme ploutocratie.
Le discours de Bryan
Bryan tentera l'impossible: ouvrir les yeux d'une opinion publique enivrée par l'effet Cuba et euphorique à l'idée que les États-Unis sont sur le point de devenir une puissance bicontinentale, en expliquant que le citoyen ordinaire ne gagnera pas un dollar de ces réalisations mais que d'autres souffriront grandement de ce militarisme.
La pensée de Bryan sera admirablement emblématisée dans un discours prononcé à Indianapolis le 8 août 1900, qui est entré dans l'histoire sous le titre Imperialism: Flag of an Empire. Transcrit de manière à permettre sa transmission à la postérité, Imperialism représente un jalon dans l'histoire politico-culturelle des États-Unis du début du XXe siècle et le pilier du mouvement anti-impérialiste nord-américain.
Le discours s'ouvre sur un long j'accuse contre le parti républicain, accusé par Bryan d'être la longa manus des cercles ploutocratiques sous le contrôle des « adorateurs de Mammon » purement intéressés par l'argent et indifférents aux besoins de l'homme du peuple. Selon Bryan, les républicains ont fait de la politique un moyen et de la richesse une fin, ce qui a donné lieu à une législation qui a transformé « l'argent en maître et les hommes en serfs ».
Les guerres soutenues par McKinley ne contribuent pas à la cause du bien-être du peuple américain, car elles servent à l'enrichissement de quelques-uns, pas plus que la colonisation des Philippines ne sert l'intérêt national. Selon Bryan, les Philippins ont besoin d'être libérés, et non assujettis, et les Républicains n'ont pas le droit de remplir frauduleusement la guerre de connotations religieuses pour gagner la faveur des croyants les plus naïfs.
Car « les guerres de conquête laissent en héritage une haine perpétuelle », un sentiment contraire au plan divin pour les Hommes, dont le cœur a été rempli « d'un amour de la liberté par Dieu lui-même » et qui n'ont pas été créés pour être asservis « à un maître étranger ». L'électorat chrétien, à la lumière du faux messianisme brandi par McKinley, aurait dû se voir rappeler que « l'amour, et non la force, était l'arme du Nazaréen; qu'il avait atteint le cœur humain en se sacrifiant pour son prochain, et non en l'exploitant ».
Mais les guerres d'agression (et de conquête), selon Bryan, seraient délétères pour une autre raison également: la corruption des personnes qui les soutiennent et de la nation dans son ensemble. En bref, les États-Unis, autrefois habitués à s'ingérer dans les affaires étrangères des autres, sous prétexte de combattre l'impérialisme pour perpétuer l'impérialisme à leur tour, risquaient de développer une dépendance pernicieuse à la belligérance et de créer un « établissement militaire ».
Se référant abondamment à la pensée d'Abraham Lincoln, cité à plusieurs reprises, le candidat démocrate a tenté d'expliquer à la foule que « la sécurité de cette nation ne réside pas dans sa marine, son armée ou ses forteresses, mais dans cet esprit qui valorise la liberté comme l'héritage des hommes partout, dans tous les pays » et que cet esprit serait tué « en plantant les graines du despotisme aux portes [des États-Unis] ».
Bryan ne rejette toutefois pas la pensée jeffersonienne sur le devoir des États-Unis de répandre la liberté dans le monde, car il est profondément convaincu de l'unicité de la « nation indispensable », mais il ne commet pas l'erreur des républicains de confondre « expansion et impérialisme », c'est-à-dire la propagation des valeurs avec l'annexion de territoires entiers.
Enfin, les Américains n'auraient pas dû se laisser séduire par la fascination de la grandeur, car « l'impérialisme sera rentable pour les fabricants d'armes, il sera rentable pour les propriétaires de navires qui transporteront des soldats vivants aux Philippines et les ramèneront morts au pays, il sera rentable pour les grands hommes d'affaires, et il sera rentable pour les officiers dont les salaires seront fixés ici et payés là-bas, mais pour le fermier, l'ouvrier et la grande majorité des personnes employées dans d'autres domaines, il impliquera des dépenses sans retour économique et des risques sans récompense ».
Les suites du débat
Les appels de Bryan au bon sens des Américains tomberont dans l'oreille d'un sourd. Sa (deuxième) course à la présidence se solde par un échec retentissant: 6.370.932 voix (45,52%), l'équivalent de 155 grands électeurs et de 17 États fédérés, un résultat bien inférieur à celui de 1896, où Bryan avait recueilli 6.510.807 voix (47,7%) et un total de 176 grands électeurs et de 22 États fédérés.
McKinley, grâce à l'accent qu'il met sur les avantages de l'impérialisme, parvient à augmenter le nombre de votes en sa faveur (de 7.112.138 à 7.228.864), le nombre de grands électeurs (de 271 à 292) et le contrôle des différents États (de 23 à 28) par rapport à l'élection qui avait eu lieu quatre ans plus tôt. Vivre pleinement son second mandat s'avère toutefois impossible: le 6 septembre 1901, il tombe sous le feu d'un terroriste anarchiste, un certain Léon Czolgosz, et meurt après huit jours d'hospitalisation.
Le sceptre de McKinley est repris par le vice-président de l'époque, Theodore Roosevelt, un représentant de l'aile la plus interventionniste du parti républicain, dont la politique étrangère musclée sera rebaptisée la « diplomatie du gros bâton ». Comme McKinley, il sera lui aussi acclamé par l'opinion publique et est toujours considéré comme l'un des présidents les plus populaires de l'histoire des États-Unis.
Le destin de Bryan fut très différent: oublié par les électeurs, privé de visibilité par la grande presse et s'éloignant de la politique après avoir rompu avec le parti démocrate suite à la décision de Woodrow Wilson d'entrer dans la Première Guerre mondiale, il passera les dernières années de sa vie à parler de la foi dans les églises et les universités, développant une sorte d'obsession pour le débat entre darwinisme et créationnisme.
Aujourd'hui, cent vingt et un ans après ces élections âprement disputées, nous pouvons admettre franchement que l'histoire a donné tort à ceux qui voulaient donner raison à McKinley: dans l'Anno Domini 1900, le vote n'a pas opposé démocrates et républicains, mais démocratie et ploutocratie, paix et guerre, liberté et impérialisme. Cette année-là, en décrétant la défaite de Bryan, les urnes allaient donner naissance à l'Empire avec enthousiasme.
Emanuel Pietrobon
Sources : https://it.insideover.com/ - Euro Synergies.
Les juifs du parti de Le Pen constituent une liste noire des candidats qui auraient des affiliations dites "néo-nazies"
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Les juifs du parti de Le Pen constituent une liste noire des candidats qui auraient des affiliations dites "néo-nazies".
Des officiels JUIFS et des "manipulateurs" du parti ostensiblement anti-invasion Rassemblement national de Marine Le Pen préparent une liste de responsables du parti d'extrême droite français ayant des affiliations dites "néo-nazies", en prévision des élections régionales prévues en France en juin. Le parti a déjà été critiqué par l'Alliance nationale basée aux États-Unis, entre autres, pour avoir abandonné le nationalisme racial, approuvé le mélange racial et, sous la direction des Juifs, être devenu un autre faux espoir et une impasse pour les Blancs qui souhaitent survivre en tant que race.
Le professeur Jean-Richard Sulzer, juif et conseiller régional dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, dirige le volet public de la campagne de mise sur liste noire. Sulzer est à la tête du "Cercle juif national", un groupe informel créé en 2018 pour les responsables juifs, dont quatre membres du conseil national, du Rassemblement national, le supposé parti politique français "d'extrême droite" précédemment connu sous le nom de Front national, afin de "combattre l'antisémitisme" dans les rangs du parti.
"Nous demandons à [Le Pen] de retirer les néo-nazis des listes de candidats", a déclaré Sulzer au Jerusalem Post cette semaine. "S'ils sont autorisés à se présenter, ce n'est pas bon pour la réputation de notre parti..... Nous ne voulons pas que ces hommes ou ces femmes sur la liste se présentent, parce qu'ils ont appartenu à des groupes néo-nazis dans le passé ou en raison de leur comportement antisémite."
En d'autres termes, dès qu'un Français aura pris conscience de qui se cache derrière la campagne d'extermination du peuple français, et de tous les peuples européens, il ne pourra plus être candidat (ni même membre, vous pouvez être sûrs qu'on en arrivera là).
Selon Sulzer, Marine Le Pen "sait officieusement" que son groupe "travaille sur une liste", et il a exprimé l'espoir qu'elle prendra l'initiative de "retirer certains des candidats problématiques" avant que les listes officielles des partis ne soient soumises. (Marine Le Pen, qui a partagé son lit avec un juif algérien pendant une décennie, était si désireuse de "moderniser" son parti et de le purger du "racisme" qu'elle a expulsé son propre père, fondateur du parti, de ses rangs).
Sulzer et ses "associés" sont toujours en train de dresser leur liste noire, qu'ils prévoient de publier dans le courant du mois, quelques semaines avant la date limite à laquelle les partis doivent soumettre leurs listes pour les élections régionales du 17 mai. Les élections régionales sont prévues dans toute la France les 13 et 20 juin, après avoir été reportées en raison des restrictions COVID-19, mais la possibilité qu'elles soient à nouveau repoussées demeure.
M. Sulzer a également accusé le parti de disqualifier "un nombre suspect" de candidats potentiels juifs de se présenter sur les listes du Rassemblement national. Le Cercle national juif a déjà eu des démêlés avec le Rassemblement national. Dans un document obtenu par le Post, l'avocat du parti a envoyé une lettre menaçant de poursuivre le groupe en 2019, lorsqu'il s'appelait le Rassemblement national juif, s'il ne changeait pas de nom.
"Il est clair que [Le Pen] ne veut pas que le Rassemblement national soit associé aux Juifs", a déclaré Sulzer dans un incroyable élan de paranoïa juive. "Nous voulons lui rappeler que les juifs existent, que les sympathisants juifs existent, et que les élus juifs du parti Rassemblement national existent, et qu'elle ne peut pas nier notre existence." Rien n'est jamais assez pour Sulzer et ses semblables. Il dit essentiellement : "Si vous ne nous donnez pas tout ce que nous voulons maintenant, vous êtes comme un "nazi" qui veut tuer six millions de Juifs."
Un candidat que les membres juifs du parti tentent de faire retirer est Gilles Pennelle, la tête de liste du Rassemblement national en Bretagne et membre du bureau national du Rassemblement national, une institution supérieure du parti.
Ils accusent Gilles Pennelle d'être membre de l'association païenne et nationaliste "Terre et Peuple", dont le site internet affiche le slogan "Résistance identitaire européenne". Le nom du groupe fait écho au slogan "sang et terre" du mouvement allemand Völkisch. Pennelle a écrit un article sur Le Seigneur des Anneaux pour le magazine du mouvement en 2003.
En 2002, un article du Monde contrôlé par les médias décrivait le rôle prépondérant de Pennelle dans un "événement d'extrême droite" à l'occasion de "l'anniversaire de la Nuit de cristal", au cours duquel des T-shirts portant des slogans que les Juifs n'aimaient pas ont été vendus. Existe-t-il un autre groupe sur Terre qui surveille les slogans des t-shirts vus lors des événements politiques les plus obscurs et qui conserve la liste des slogans et des participants pour une utilisation ultérieure ?
Pennelle a été cité comme appelant à la défense des "idées identitaires", pour empêcher la "Turquie musulmane" d'entrer dans l'UE, car "si nous ne faisons rien, ils s'installeront dans nos cathédrales et coucheront avec vos filles".
Un autre candidat susceptible de figurer sur la liste est Jordan Bardella, vice-président du Rassemblement national et chef de sa faction au Parlement européen. Bardella est un ancien assistant de Jean-François Jalkh, une figure de proue du parti, qui a admis avoir lu des historiens révisionnistes de l'Holocauste, a fait l'éloge de certains d'entre eux et a remis en question l'utilisation du Zyklon B pour tuer des masses de Juifs. Jalkh a également participé à des événements en l'honneur des militaires.
Jalkh a également participé à des événements en l'honneur du héros militaire et leader de la France de Vichy, le général Philippe Pétain. Imaginez cela : Être l'assistant d'un homme qui lit un livre que les Juifs n'aiment pas est suffisant pour vous mettre sur une liste noire à vie. Les Juifs n'ont apparemment aucune idée de ce que cela représente pour les personnes libres de penser.
Le Rassemblement national a été fondé sous le nom de Front national par le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, en 1972. Le père et la fille sont tous deux arrivés en deuxième position lors d'une élection présidentielle française, respectivement en 2002 et en 2017.
Marine Le Pen a tenté d'éloigner le parti du nationalisme racial sur lequel il a été fondé, allant jusqu'à courtiser les électeurs juifs en disant qu'elle est un "partenaire dans la lutte contre l'islam radical".
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Eugène Krampon a lu « SUR ET AUTOUR DE CARL SCHMITT » de Robert Steuckers
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Lire l’œuvre abondante – ou les études universitaires voire les nombreuses publications sur les écrits et la pensée du plus grand juriste allemand du XXe siècle que fut Carl Schmitt - n’est pas toujours un exercice aisé. Si vous ne possédez pas de formation en droit et/ou en sciences politiques (comme l’auteur de ces lignes d’ailleurs), cet ouvrage de Robert Steuckers constitue, et de loin, la meilleure entrée en la matière, tant nul mieux que lui, dans notre mouvance, ne dispose d’un lumineux esprit de synthèse, de précision, du sens de l’anecdote et surtout, de la faculté de vous ouvrir à de nouvelles et vastes perspectives idéologiques. En clair, avant de vous lancer dans de sérieuses et nécessaires « aventures schmittiennes », mieux vaut commencer par cette riche et complète initiation – je dirai même plongée juridico-philosophique – que nous propose notre érudit et délicieux camarade belge dans ce recueil d’une grande densité.
QUELQUES POINTS SAILLANTS
Au-delà des éternelles critiques que lui adressent en continu les cloportes et les minus qui n’ont jamais rien lu de l’œuvre de Schmitt et qui ne retiennent de lui que ses quelques années de sympathie pour le IIIème Reich voire sa supposée postérité dans la praxis des néocons et autres faucons américains, il est nécessaire de le lire pour découvrir en fait une pensée verticale extrêmement riche et très actuelle, et dont les leçons nous éviteraient bien des naufrages sur les récifs de la mondialisation libérale qui nous prive de notre destin.
Cet ouvrage fourmille de concepts. Néanmoins, en tant que nationaliste révolutionnaire européen, j’ai choisi quelques points de la pensée de Carl Schmitt qui peuvent trouver écho dans notre combat contre la pieuvre :
Le décisionnisme en politique : en cas de normalité de la situation, les dirigeants politiques libéraux s’en tiennent généralement à une norme juridique, des mécaniques, des rigidités, des procédures routinières qui peuvent vite devenir « une cage d’acier » empêchant toute résolution de problèmes urgents pouvant même conduire une nation à sa perte. Les vieilles nations européennes s’en rendent bien compte aujourd’hui tant elles sont démunies juridiquement face au terrorisme islamique mais aussi face à l’invasion migratoire qu’elles ne peuvent juguler au motif qu’il existerait une norme supérieure à leurs droits fondamentaux : les droits de l’homme. Hors selon Carl Schmitt, l’exceptionnalité d’une situation appelle la décision, ce qui signifie, agir, sévir, légiférer. Et en conséquence, restaurer la dimension personnelle du pouvoir, la décision d’un homme dans le cadre d’une situation « hors norme et urgente » étant toujours préférable que la lenteur des procédures et du verbiage parlementaire. Un véritable vitalisme politique ! Ce qui suppose ponctuellement d’avoir recours à la dictature, de suspendre le droit avant que la normalité ne reprenne ses droits, ou que le droit évolue de manière « re-territorialisé », c’est-à-dire convenant à un Etat et à son peuple (aucun droit international ne peut se substituer au droit national). Et qu’on ne vienne pas nous faire là la sempiternelle leçon sur le totalitarisme qui serait congénitalement au fond de notre ADN puisque la sacro-sainte république de Weimar a usé de cette pratique politico-juridique des dizaines de fois avant 1933, ainsi que le général de Gaulle durant la guerre d’Algérie ( l’article 16 de la Constitution de notre Vème république permet de suspendre la démocratie sous couvert de l’état d’urgence…)
Le Grand Espace – grossraum – européen : les peuples européens partageant une identité, une culture, des intérêts et un espace de civilisation communs, Carl Schmitt estimait urgent de penser l’organisation de cette espace qui est « nôtre » et que constitue le bloc continental « Europe », afin de nous organiser militairement, économiquement et de partager intelligemment nos ressources ( matières premières et agricoles) visant de facto et avec le temps, à une véritable autarcie des grands espaces. Voyant aussi la montée en puissance d’Empires et de nations prédatrices, il estimait que les Européens devaient au plus vite se doter d’une véritable « doctrine Monroe », c’est-à-dire littéralement interdire notre sol à toute puissance étrangère (notamment aux USA.) Repenser une autre Europe intégrée, hors UE voire même contre l’UE qui n’est non pas les Etats-Unis d’Europe mais les Etats-Unis en Europe, voilà à quoi nous devons nous atteler urgemment. De même qu’il avait bien analysé, pour prolonger sur ce sujet, notamment dans Le nomos de la terre, la lutte éternelle entre les puissances de la Terre par définition enracinées ( l’Europe) et les puissances de la mer (les thalassocraties Anglo-saxonnes) nomades, fluides, impérialistes, agressives, prédatrices.
La désignation de l’ennemi : telle est la base du combat politique qui ne l’oublions jamais, est aussi une forme de guerre. Malheur à celui qui par mollesse n’ose pas le montrer du doigt! A contrario, si vous ne désignez-pas un ennemi, c’est aussi lui qui peut vous désigner comme tel (regardez aujourd’hui comment les mondialistes nous désignent avec mépris ou avec une haine viscérale : populistes, extrémistes, fascistes…) Cet ennemi peut être extérieur mais aussi intérieur. Schmitt écrivait : « Aussi longtemps qu’un peuple existe dans la sphère politique, il devra opérer lui-même la distinction entre amis et ennemis, tout en la réservant pour les conjonctures extrêmes dont il sera juge lui-même…Dès l’instant que la capacité ou la volonté d’opérer cette distinction fait défaut au peuple, ce dernier cesse d’exister politiquement. S’il accepte qu’un étranger lui dicte le choix de son ennemi et lui dire contre qui il a le droit ou non de se battre, il cesse d’être un peuple politiquement libre et il est incorporé ou subordonné à un autre système politique. » Citation d’une clairvoyance rare qu’illustre notre vassalisation, que ce soit dans les domaines du militaire, du politique, de l’économique à des organismes qui nous ont littéralement mis sous tutelle, pensons à l’UE, l’OTAN, l’OMC, la CEDH…
La primauté du Politique : l’Etat n’est qu’un moyen, pas le but (contrairement au fascisme.) S’appuyant sur l’Histoire, son territoire et son peuple, un Etat a le devoir de concevoir des institutions et des règles s’inscrivant dans la durée, susceptibles non pas d’assurer le bonheur à ses citoyens mais un destin. Mais aussi de briser impitoyablement toutes les féodalités, notamment financières susceptibles de mettre le peuple en coupe réglée. Imposer le pouvoir du Politique contre le pouvoir de l’économique qui ne peut profiter qu’a une minorité. Ce qu’avait bien compris Maurras : « De l’autorité des princes de notre race, nous avons passé sous les verges des marchands d’or qui sont d’une autre race que nous, c’est-à-dire d’une autre langue et d’un autre passé. »
L’ernstfall : l’ernstfall est l’antonyme absolu du bien-être, du confort, du farniente, de la dolce vita, du consumérisme qui tuent tout vitalisme chez les peuples qui ne sont plus aptes à lutter contre la dureté de l’existence ou contre toute difficulté, même temporaire (la crise du COVID 19 en est un exemple frappant puisqu’avec un taux de mortalité de 0,05% en France, il s’avère qu’1/5 em des Français souffriraient de troubles psychologiques !) Cette notion qui nous rappelle aussi le tragique de l’existence oblige les peuples, s’ils ne veulent pas mourir, à se hisser à la pointe d’eux-mêmes. Dominer une situation ou se laisser emporter. Pour Schmitt, l’ernstfall c’est la guerre sous toutes ses formes, ce qui justifie l’existence d’un Etat fort, des citoyens disciplinés, des militants mobilisés en permanence, une sorte de « Sparte » au quotidien dynamisant toutes les forces potentielles de son peuple.
Vous trouverez bien d’autres choses passionnantes dans cet ouvrage de l’ami Steuckers (citons la théorie du partisan), notamment sur les influences philosophiques qui ont influencé Carl Schmitt (Hobbes, Machiavel, Donoso Cortes, Clausewitz…) ainsi que sur sa postérité à travers des auteurs trop méconnus tels qu’Othmar Spann, Otto Koellreuter…Ce sont sur les fondations solides qu’a jetées le grand juriste de Plettenberg que nous relèverons l’Europe de ses ruines.
Eugène Krampon
Diffusion du Lore, pour commander c’est ici : Sur et autour de Carl Schmitt : un monument revisité
Pour information à nos amis du Grand Est, Robert Steuckers échangera avec vous et pourra
vous dédicacer ses ouvrages, le samedi 24 avril, à partir de 14 h, à la librairie LES DEUX
CITES, 6 Grande rue 54000 NANCY.
Venez nombreux !
Guérilla culturelle: retrouver les idéaux de la civilisation européenne
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- Catégorie : LES EVEILLEURS DE PEUPLES
« Que le spartiate en nous réponde donc à l’heure du péril, et même qu’il veille toujours en chacun de nous (…), mais qu’il sache qu’il n’est là que pour protéger le Sudiste en nous, pour lui permettre d’être. »
Le texte qui suit est une fiche de lecture du livre « Sparte et les Sudistes », un essai de philosophie politique de Maurice Bardèche.
Écrit en 1969, au cœur du tournant civilisationnel occidental, Sparte et les Sudistes est plus qu’un essai de philosophie, c’est un manuel de guerre.
Guerre contre soi d’abord, puisqu’il nous enjoint à demeurer à notre place : de la même manière qu’Otto Weininger (1) analyse les rapports humains par le prisme H / F « purs », avec tout ce que le réel compose de nuances, Maurice Bardèche dépeint deux types d’hommes que l’on trouvera en chacun de nous à divers degrés, en précisant qu’au « moment du péril », le Spartiate devra se sacrifier pour que les Sudistes puissent durer, continuer à vivre, et « féconder l’Histoire ».
Le Spartiate est le guerrier déterminé et protecteur, le sacrifié, tandis que le Sudiste est celui à qui incombe le devoir d’assurer la pérennité de la Cité, en maintenant le feu de la civilisation allumé. Chacun sait que « tous ne peuvent pas être des héros ».
C’est aussi un manuel de guérilla culturelle. Faut-il que nous ayons sombré complètement pour ne pas nous apercevoir que nous en sommes au stade où le simple rappel des évidences est devenu périlleux, et que nous sentions chacun, de manière plus ou moins prégnante dans nos vies, se resserrer l’étau d’un monde que nous n’avons pas choisi, et contre lequel nous peinons à lutter, dans un combat interne permanent.
« Je n’ai pas sorti mes drapeaux pour la victoire des démocraties. Je me sentais en quarantaine : il me semblait que toute une partie de moi avait été vaincue. »
Maurice Bardèche, né en 1907 et mort en 1998, qui fut l’ami et le beau-frère de Robert Brasillach (2), est issu de la tradition républicaine la plus classique. C’est en classe d’hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand qu’il se lie d’amitié avec Robert Brasillach (fusillé le 6 février 1945) et l’écrivain Paul Gadenne (3), puis à l’École Normale Supérieure, qu’il fait la connaissance de Simone Weil (4), entre autres. Après avoir été reçu à l’agrégation des lettres en 1932, il consacrera sa vie à l’enseignement, à l’écriture, et de façon plus ponctuelle à la politique. En 1948, après l’assassinat de son beau-frère, il publie Nuremberg ou la Terre Promise (5), livre pour lequel il sera condamné à un an de prison ferme et 50 000 francs d’amende pour « apologie de crimes de guerre ». Bien qu’étant un écrivain de grande qualité (il écrit à propos de Stendhal, Louis Ferdinand Céline, Flaubert également), son engagement intellectuel et moral fera de lui un maudit parmi les lettrés, de telle sorte qu’il est aujourd’hui très peu lu, et connu moins encore, y compris parmi les intellectuelles, les gens de lettres.
Êtes-vous un Spartiate ou un Sudiste ?
L’essai qui nous intéresse ici ne fait finalement que nous rappeler, à travers ces deux archétypes que sont le Spartiate et le Sudiste, ce que des centaines d’années d’histoire européenne ont forgé d’hommes.
Il en décrit les qualités indispensables, et prend le soin de préciser qu’elles doivent être « au-dessus de tous les avantages donnés par la naissance, la fortune, les alliances », enfin que « c’est cette hiérarchie (…) qui choisit l’élite en considération de ces seules qualités » : « le sentiment de l’honneur, le courage, l’énergie, la loyauté, le respect de la parole donnée, le civisme ».
Le prologue de son livre se termine néanmoins par un constat froid, que l’on pourrait reprendre à notre compte encore en 2021, à propos de l’état d’esprit général de nos contemporains :
« Et si tant de gens se laissent faire sans protester l’opération qu’on fait aux matous pour les transformer en chats paisibles, c’est en grande partie parce qu’ils ne voient pas très bien à quoi peut leur servir ce qu’on leur enlève, ils pensent même confusément que cela ne peut servir qu’à de vilaines choses. »
A nous, donc, la charge de rappeler aux châtrés de notre époque que la virilité c’est vir, virtus, à savoir l’ensemble des qualités qui font la valeur de l’homme, moralement et physiquement.
Car si Sparte et les Sudistes est un manuel de guerre, il l’est aussi précisément parce qu’il désigne et décrit notre ennemi, son mode d’action, et comment le combattre : l’ennemi, c’est d’abord soi-même et c’est donc aussi l’ensemble des promoteurs de confort, toute la société du spectacle, toute la société de consommation, la novlangue que nous connaissons aujourd’hui, puisque le danger ne paraît pas urgent. Or le danger est là mais il est invisible ce sont les esprits vidés de toute substance.
Enfin, le livre Sparte et les Sudistes est aussi, une vision de l’homme et du monde profondément chrétienne, nous remettant chacun à notre place et nous rappelant comme en un dernier avertissement la juste charge que chacun de nous doit accepter de porter si l’on veut durer encore un peu dans l’histoire au niveau collectif.
Sur la route du progrès
Pour mieux comprendre la tournure d’esprit de Maurice Bardèche, commençons par nous pencher sur le premier chapitre intitulé Sur la route du progrès : ce qu’il nomme progrès, c’est l’effet sans cesse renouvelé, mis en action, de la révolution industrielle, menée par une caste d’hommes qui en tire profit, au détriment de l’humain.
Selon lui, l’uniformisation des existences paraît être un effet inéluctable de la civilisation industrielle, l’alignement conformiste, un effet transitoire de la propagande.
Pour l’auteur au contraire, « ces résultats proviennent de l’application d’un même mécanisme de l’abrutissement, il s’agit dans les deux cas d’une rationalisation de l’être humain, qui porte sur la vie extérieure d’une part et sur la vie intérieure d’autre part, et qui a pour objectif le descellement, l’extirpation et la destruction de toute personnalité. ».
Il souligne ici ce que collectivement nous devrions tous voir, que le prétendu progrès, qui a viré au progressisme aujourd’hui, a une conséquence en grande partie néfaste pour l’essentiel des hommes.
Un point essentiel de ce premier chapitre est de nous montrer que le rejet de notre part animale, loin de nous propulser sur la voie de notre plus grande humanité, nous retire précisément ce qui faisait le fondement de notre vocation d’homme. La part animale des hommes leur a permis pendant des millénaires de se projeter vers le Ciel : cette animalité « lui rappelle sa vocation paysanne, sa vocation familiale, sa vocation de défenseur et de petit souverain de sa maison et de son champ, elle le remet à tout moment à l’échelle humaine ». C’est par ce rapport et ce retour qu’elle le protège contre les passions destructrices des hommes, contre le déchaînement planétaire de la cupidité ou des idéologies. »
Ce qui menace, donc, ce n’est pas simplement une décrépitude de l’homme, c’est purement et simplement la disparition de l’homme, par son besoin devenu existentiel de la machine, qui le dépossède de lui-même : Bardèche dit que « la conscience qui était un cri dans nos poitrines est devenue un instrument de travail. ».
Mais l’auteur ne se contente pas de décrire l’effondrement de l’âme humaine ainsi que de son corps, il présente aussi l’arme et celui qui la tient.
L’arme, c’est, dit-il, quelque chose d’infiniment plus raffiné, pervers et dérivant, c’est « l’invasion permanente et la cohabitation forcée de la publicité. ». Qui se dérive aujourd’hui en toutes choses qui constitue notre environnement, y compris nous-mêmes ou nos semblables, qui s’en font le relai permanent.
« Nous marchons comme des forçats sur les berges du beau fleuve Vendre-Vendre-Vendre le long duquel nous halons le bateau des prêteurs. Les yeux fixés sur la balance des exportations, sur le cadran de la circulation monétaire, les ingénieurs ajustent et généralement raccourcissent la longe qui nous permet nos propres mouvements. Au-dessus d’eux, point de princes, point de fouets qui tournoient. Ils calculent, pilotent, répartissent. Ils gardent pour eux quelques rares clous d’or et nous distribuent les billes d’agate que nous appelons nos joies et nos libertés. ».
Ce « viol des consciences », cet abrutissement, doit être, selon lui, endigué par une « option morale » qui se distingue de Washington et Moscou (nous sommes en 1969 en pleine guerre froide), c’est « l’idée même de l’homme qu’il faut restaurer », et le mot d’ordre, c’est tout simplement « Souvenez-vous de vivre. ».
Biographie intellectuelle d’un nationaliste
Avant de s’attaquer à la description de l’homme, précisément, Bardèche fait un aparté dans lequel il présente les raisons de son engagement moral et politique dans le chapitre intitulé Biographie intellectuelle d’un nationaliste, dans lequel il décrit aussi les détails historiques qui ont amené au désastre humain qu’il constate. Il décrit notamment le renversement des valeurs rendu possible par la puissance des canaux publicitaires notamment, dans un très long passage que je ne cite pas en entier :
« Nous avions l’impression qu’une humanité inférieure s’était arrogé le pouvoir parmi les hommes (…). Nous détestions cette intrusion dans nos âmes par mille canaux qui diffusaient une nourriture abjecte (…). Le monde mercantile nous habillait de force par ses guenilles. Insensiblement, les hommes s’engourdissaient sous l’effet de ce poison répandu en musique, ils devenaient ce qu’on leur disait d’être. Nous avions l’impression de vivre dans un pays occupé (…). »
On remarquera que sa description des hommes qui faisaient alors la politique pourrait être reprise mot à mot pour nos politiciens contemporains, je cite :
« On trouvait dans leurs carrières l’indiscipline, la déloyauté, l’asservissement à l’étranger, la haine, le meurtre, le mépris de la justice, l’ignorance de toutes les formes de générosité. Enfin, ils étaient tout le contraire de ce qu’il aurait fallu qu’ils fussent pour inspirer le respect. (…) Ils avaient systématiquement persécuté la loyauté, le courage, le civisme, chaque fois qu’ils les avaient rencontrés, et ils les avaient calomniés et salis. »
Non pas nostalgique mais soucieux de faire perdurer certaines qualités d’un monde auquel il est attaché, il s’interroge, « Est-ce qu’il y a des formes du bonheur, des recettes de la vie qui sont perdues à jamais ? »
L’idéal Spartiate
En regard des valeurs qui infusent dans les années 1960, et de l’homme déloyal et servile que décrit précédemment, Bardèche va tisser son fil d’Ariane d’une civilisation européenne qu’il appelle de ses vœux.
Avant tout, il rappelle qu’« en chacun de nous se trouve quelque aspiration qui nous entraîne tantôt vers Sparte, tantôt vers les Sudistes. La plupart du temps, ce sont les circonstances qui nous amènent à soutenir une conception spartiate, tout en regrettant qu’elle ne fasse pas plus de concessions aux Sudistes, ou, inversement. »
Ces deux concepts vont lui permettre d’articuler des tendances humaines, sur les plans de la sociologie et de la biologie, mais également des tendances politiques, puisqu’en se référant à ces deux entités combattantes, chacune à sa manière, il parvient à décrire des types d’hommes qui peuvent être à l’origine d’une cité « idéale ». Une cité idéale qui serait tout simplement capable d’une adaptation à de multiples circonstances, de la défense avec l’hoplite spartiate (le guerrier), à la garantie de la perpétuation de la tradition (l’insoumis sudiste). Avec ces deux tendances, nous pouvons refonder le sens en permanence face aux évolutions.
Ainsi dit-il du Spartiate, « avant tout, Sparte est une certaine idée du monde et une certaine idée de l’homme. C’est pour cela qu’elle fait peur. Sparte croit que, finalement, c’est l’épée qui décide. Qu’on ne peut échapper à son verdict. Que le nombre des vaisseaux et le marbre des portiques, que les palais et les soieries (…) ne sont que des girandoles, des marottes de cristal, des lampions qu’une tempête peut éteindre et briser tout à coup : et qu’il faut être prêt pour cette tempête. Qu’on n’a point de liberté sans cela et que les cités qui oublient que la liberté se défend à chaque instant, sont déjà, sans le savoir, des cités esclaves. »
Nous voyons donc que le Spartiate représente cette puissance ultime et primordiale, qui méprise les biens terrestres et ne reconnaît que la valeur d’une vie vécue à protéger la liberté.
« L’homme de Sparte, même s’il a eu beaucoup moins de droits, il a eu l’impression que sa vie était utile, que sa vie brève et unique ne lui a pas été dérobée mais qu’elle prolonge un élan qu’il sent en lui et qu’elle tend obscurément à quelque avenir qui lui donne un sens. »
On notera au passage l’opposition de Bardèche à une quelconque démocratie, car les qualités d’hommes nécessaires à l’âme spartiate sont éminemment rares, de l’ordre du « moine-soldat » selon lui.
L’auteur est sans concession lorsqu’il énonce que « l’épée coupe tous les liens : il n’y a pas de sac d’or qui l’emporte dans la balance où Brennus a jeté la sienne. Le vrai socialisme, c’est la loi du soldat. Combattre la puissance de l’argent, c’est remplacer la puissance de l’argent. Quand les qualités d’homme seront notre référence et notre guide, notre vie ne sera plus une botte de foin que n’importe quelle fourche peut lancer sur la meule. Chacun de nous répondra à lui-même de ce qu’il aura été. »
Ainsi s’achève sa description du Spartiate : voici qu’il a posé les conditions d’existence de ce type d’homme, rustique, mais n’obéissant qu’à sa propre loi (« le spartiate est seul en face de son devoir et de sa conscience »), celle du plus grand honneur, au prix d’une vie de renoncement au service de la Cité.
L’idéal Sudiste
Mais de quelle Cité parle-t-on ? Certainement pas la démocratie libérale actuelle, qui n’est pas issue de la Grèce antique, mais de ce que l’auteur nomme la « victoire des Yankees » s’opposant aux Sudistes :
« Victoire d’une certaine morale et avec elle d’une certaine conception de l’homme et de la vie. C’est le rationalisme qui triomphe et, avec lui, les grands principes qu’on proclame et qu’on n’applique pas, et, après eux, c’est le dollar dont le culte s’installe et, avec le dollar, les aciéries et au-delà des aciéries, le fonctionnalisme, et, à l’horizon de tout cela, la société de consommation, la monotonie, et, les longues, les immenses plaines de l’ennui et de l’absurdité. »
Voici donc ce qui fait le Sudiste pour Bardèche, en opposition au Yankee et à l’homme robot, et en complémentarité avec le soldat Spartiate :
« À la rectitude correspond la modération qui est l’équilibre d’un grand caractère, et, dans les manières, la politesse qui implique le contrôle de soi, la modestie et les égards dus aux autres. Au courage correspond la bonté du fort et notamment la générosité envers l’ennemi vaincu. (…) Enfin, à la loyauté correspond l’estime pour ceux qui refusent le mensonge et l’équivoque, l’égalité qui leur est consentie et, en contrepartie, la séparation qui relègue ceux qui refusent cette rigueur, ceux que leur métier invite à la flagornerie, à l’artifice ou à la fraude.
Le marchand est exclu par cette morale de l’intransigeance : non pour ses richesses, mais pour l’origine servile de ses richesses.
Tel est le fond de la morale sudiste qui n’est rien de plus que la résonance sur toute la vie de la morale virile quand les religions et la métaphysique ne l’altèrent pas. »
On pourrait dire du concept du Sudiste qu’il est la morale-même, l’instinct retrouvé de l’homme, le bon sens que certains trop sûr de leur savoir technicien, raillent en permanence :
« Je crois que le Sudiste, au contraire, aime son destin d’animal et ne s’y dérobe pas. »
La civilisation européenne des Spartiates aux Sudistes
Voici le chemin que nous devons retrouver pour Bardèche :
« L’affection des enfants au père est sudiste, la douceur du commandement est sudiste, et aussi la confiance, le respect. (…) Les rites sont sudistes, ils sont les formes consacrées de la sagesse naturelle. (…) Les Sudistes sont une espèce d’hommes qu’on retrouve dans toutes les races et à travers tous les continents. L’amour est sudiste : il est la forme de ségrégation la plus impertinente. L’érotisme est, au contraire, un produit des systèmes et de la falsification. Les femmes énergiques sont un produit sudiste (…) elles sont naturellement patientes et résistantes (…) et elles tirent au fusil aussi bien que n’importe qui. Les Sudistes aiment que les femmes soient vraiment des femmes et que les hommes soient vraiment des hommes. Mais ils se passent en ces matières des conseils de la publicité. »
Nous voyons donc que ces caractéristiques dépeintes dans chacune des deux conceptions peuvent être trouvées dans chacun de nous à des degrés divers, mais on peut aussi dire qu’elles correspondent à deux entités qui se répondent, l’État (c’est Sparte, avec la potestas, le pouvoir qui entraine le devoir de protéger et de combattre), et la Morale (Sudiste, qui possède le devoir de conserver et de prolonger).
« On est Spartiates ou on est Sudistes, selon les temps et les circonstances. » dit Bardèche. Comme un écho qui devrait fortement résonner à nos oreilles en cette année 2020, « Sparte est un style que l’état d’urgence impose à une génération. Les Sudistes sont des éleveurs. Il y a quelque chose du patriarche en eux. (…) Les Spartiates sont des chirurgiens. Ils savent qu’on ne peut plus attendre. ».
Un renouveau civilisationnel, à commencer par soi-même
Maurice Bardèche termine de façon intéressante son essai sur un chapitre qu’il intitule Au Royaume d’Utopie.
Selon lui « Le meilleur des Etats serait celui dont Sparte fournirait l’armure et les Sudistes la pensée. (…) Ce royaume d’Utopie qui combinerait les vertus de Sparte et les aspirations des Sudistes, on n’en peut décrire l’image idéale en construisant une de ces villes que les peintres du XVème siècle ont représentées au fond de leurs tableaux et qui rassemblent derrière les murs d’une seule cité toutes les coupoles et toutes les tours qui étaient célèbres dans la chrétienté (…). Car nous bâtissons sur quelque-chose qui existe. Ni les Spartiates ni les Sudistes ne se proposent de raser nos villes et d’en élever de différentes sur le désert qu’ils auraient créé. »
L’auteur spécifie bien ici qu’il ne s’agit pas de rêver d’un monde idéal, pas plus que de détruire le monde dans lequel nous vivons pour rebâtir sur des cendres. « Mais un esprit nouveau peut souffler sur le monde dans lequel nous vivons et le transformer. C’est d’une hygiène des cerveaux et d’une redistribution des pouvoirs dont nous avons besoin.
Il précise que « pour qu’une élite se dégage véritablement, il faut (…) qu’il y ait une lutte. Cette lutte doit être assez égale pour que l’issue n’en soit pas prévisible d’abord, assez longue pour qu’elle exige de lourds sacrifices, assez âpre pour qu’elle engage de gros tonnages d’énergie, assez dramatique pour qu’elle soit une occasion d’héroïsme : et il faut encore que cette lutte ait un sens parfaitement clair et qu’on sache, non seulement à quoi on veut échapper à tout prix, mais aussi ce qu’on veut établir. »
Ainsi nous faudra-t-il lutter, et lutter d’abord contre soi pour retrouver la part de sudiste et de spartiate en nous, et lutter évidemment à tout niveau qu’il nous sera donné de vivre, pour infuser dans la cité nos idées, ainsi que nous-mêmes, comme modèle, et si ce n’est pas nous, ceux qui viendront après nous, et auxquels nous aurons transmis cet héritage.
« Bien sûr, on peut être dupes. C’est un risque, il faut le savoir. Mais après tout, malgré ce risque, n’est-ce pas la seule chance réaliste qui soit offerte aux hommes qui ont quelque volonté ? ».
Héléna Kovacic
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Notes :
1) Otto Weininger, 1880 – 1903, Sexe et Caractère,
2) Robert Brasillach, 1909 – 1945, on pourra lire Poèmes de Fresnes, 1945 ; Anthologie de la poésie grecque, 1950 ; Barrès, Proust, Maurras, Colette, Giraudoux, Morand, Cocteau, Malraux, etc., 1935 ; La Conquérante, 1943 ; Le Procès de Jeanne d’Arc, 1932 (réédité chez Kontre Kulture).
3) Paul Gadenne, 1907 – 1956, on pourra lire (publications posthumes) Siloé, 1974 ; Les Hauts-Quartiers, 1973 ; Le vent noir, 1983 ; La Plage de Scheveningen,
4) Simone Weil, 1909 – 1943, on pourra lire Sur la Science, 1932 ; L’iliade ou le poème de la force, 1939 ; Notes sur la suppression générale des partis politiques, 1940 ; La pesanteur et la grâce, 1940 ; L’enracinement, Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, 1943.
5) Maurice Bardèche, 1907 – 1998, Nuremberg ou la Terre Promise,
6) Francis Bergeron, journaliste (Présent, Le Quotidien de Paris), écrivain, scénariste de B.D. On pourra lire sa série de « Qui suis-je ? » Léon Daudet, Saint-Loup, Maurice Bardèche, Jean Mabire, Degrelle,
7) Karel Čapek, 1890 – 1938, il a notamment traduit en Tchécoslovaque Molière et Apollinaire, mais il est surtout connu pour avoir initié le genre littéraire de la Science-Fiction, R.U.R. 1920, sous le format du théâtre, et pour être un précurseur peu connu des œuvres d’Orwell, Huxley ou encore Zamiatine. On pourra lire L’année du jardinier, 1929 ; Voyage vers le Nord, 1936 ; La Guerre des salamandres, 1936.
Vinland: terre mythique Viking au Canada ?
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Bientôt sortira sur nos écrans le film le Club Vinland, dans lequel on évoque la possibilité de trouver au Québec, et plus précisément dans la région de Charlevoix, des traces de cet ancien pays de vignes chanté par les anciennes sagas Viking, le Vinland ! Est-ce que tout cela est vrai ? Pour la présence viking, disons que ça fait un bout le temps qu’on le sait. Pour le Vindland…. C’est moins sûr. On va regarder ça d’un peu plus près.
Les ennemis de mes ennemis sont-ils vraiment mes amis ?
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Face à l’islamisme et aux indigénistes, sommes-nous vraiment dans le même camp que la gauche républicaine ?
Un dangereux précédent : quand la droite devint libérale
En pleine guerre froide, la France était géographiquement de facto dans le bloc occidental dès lors que les couloirs naturels est-ouest du continent européen formaient autant de trouées faisant de l’Hexagone un débouché des masses blindées du Pacte de Varsovie. La politique eut beau parfois freiner – et avec brio! ce déterminisme, l’idéologie s’y est rapidement pliée. Tandis qu’une généreuse fraction de la gauche espérait et recherchait un basculement de Paris aux côtes de Moscou ainsi que le triomphe du communisme sur tout le Vieux continent, la droite française, par dialectique, s’est largement rangée derrière la « défense de la liberté » face à une menace d’invasion ou de coup de force bolchéviques. Les historiens des idées ont depuis bien montré comment le libéralisme économique a colonisé les rangs de la droite, souvent à bas bruit, pour finir par triompher à la tête du RPR.
Ce qui aurait pu n’être qu’une entente conjoncturelle entre droite et libéralisme s’est traduit, on le sait, par la digestion rapide de la première par le second, même si les vainqueurs ont toujours du mal à reconnaître leur victoire, et les perdants leur défaite.
C’est ainsi que, face à une menace jugée existentielle, la droite s’est alliée à ceux qui tiraient dans la même direction qu’elle : les libéraux. Il fallait abattre le monstre étatique, collectiviste et totalitaire et tout ce qui pouvait de près ou de loin lui ressembler, jusque dans son propre camp. Mais elle ne s’est pas contentée de cela. Elle a voulu se rendre interopérable en reprenant le champ lexical, les concepts et les références intellectuelles du libéralisme qu’elle combattait jadis, et il est rapidement devenu impossible de les distinguer. Le communisme fut vaincu à l’extérieur et réduit à peau de chagrin à l’intérieur, mais la droite historique l’accompagna dans le tombeau malgré son triomphe dans les urnes.
Si nous prenons le temps de ces quelques rappels historiques, c’est parce qu’il nous apparaît aujourd’hui que « notre camp » – c’est-à-dire, pour faire vite, ceux qui défendent le droit du peuple français à rester lui-même, la continuation de l’identité nationale et le maintien de nos principes civilisationnels – court le risque d’entrer dans une impasse tout aussi mortelle, cette fois dans la lutte qu’il mène contre l’islamisme et ses satellites indigénistes.
Les dangers de l’illusion du consensus
Face aux manifestations toujours plus pressantes de l’islam politique, face à l’inféodation de certaines fédérations religieuses à des puissances étrangères, face aux menaces qui pèsent sur les professeurs et l’enseignement de la laïcité, et face aux offensives « racialistes » dans nos universités, il se trouve qu’une bonne partie de l’échiquier politique tire plus ou moins sincèrement la sonnette d’alarme et soutient qu’il faut « faire quelque chose ». C’est même une partie non négligeable des journalistes et éditorialistes qui n’a désormais pas de mots assez durs pour ceux qui, depuis Paty, ne désignent pas clairement ce danger. Il suffit ici de penser au nombre d’occasions où les Insoumis et les Verts sont à juste titre pointés du doigt. Dans le discours au moins, l’anti-islamisme est aujourd’hui davantage rassembleur que clivant.
Alors quoi, ça y est, « nous » avons gagné, tout le monde s’est rallié à nos idées ? Non. Il se passe que, longtemps après qu’une poignée d’intellectuels et d’hommes politiques ait déclaré que l’islam représente une menace existentielle pour la France et le peuple français dès lors qu’il n’est plus le fait d’individus mais de masses, beaucoup se rendent compte aujourd’hui que la survie du projet républicain auquel ils sont tant attachés n’est plus assurée.
Le casus belli n’est pas le même ! Ce qui inquiète par-dessus tout le Printemps républicain de Gilles Clavreul et de Laurent Bouvet, ce qui inquiète par-dessus tout Manuel Valls, Marlène Schiappa ou Élisabeth Badinter, ce n’est pas l’irruption d’une contre-civilisation sur notre sol français et européen, ce n’est pas la modification fondamentale de notre devenir historique en tant que peuple et la fin programmée de ce qu’ « être Français » veut dire. Ce qui les inquiète par-dessus tout, c’est que l’islamisme et ses sbires contreviennent à l’idée d’une société des individus libres de toute attache particulière, détachés de toute communauté, et ne partageant comme socle commun que l’adhésion à des « valeurs républicaines » vidées de toute substance. La gauche républicaine ne sonne pas la mobilisation générale pour sauver la patrie charnelle et défendre chaque coin de terre sur lequel nos ancêtres ont ferraillé face à l’ennemi. Elle ne fait pas briller ses boutons de guêtre pour sauver l’âme d’un peuple et sa continuité historique. Non, elle se raidit car son idée est en train d’être dévorée par l’enfant monstrueux qu’elle a elle-même engendrée !
Nous le savons bien, et le disons en une phrase : la France ne sera plus la France si, demain, ceux qui la composent se rattachent majoritairement à une ou des autres culture(s), et ce alors même qu’ils respectent scrupuleusement les lois de la République. Sans les mœurs, la loi, quoique nécessaire, est insuffisante. Cela devrait nous interroger sur qui sont dès lors nos alliés.
Comment offrir la victoire à ceux qui nous combattent
Le déni des cultures, la certitude que le phénomène migratoire n’est qu’une simple addition « 1 individu +1 individu », la dépossession de l’État des moyens de rejeter telle ou telle pratique culturelle dès lors qu’elle n’empiète pas sur « la liberté des autres », voilà comment la gauche républicaine – et la droite qui lui a servi de paillasson – a enfanté le « problème musulman » qui se pose à nous. Et elle prétend aujourd’hui le combattre farouchement au nom des mêmes principes qui lui ont donné naissance et ont permis son expansion. Engrenage infernal. Si nos armes pointent dans la même direction, c’est pour des motifs et des objectifs extrêmement différents.
Il est urgent de se défaire de cette illusion rassurante d’avoir enfin beaucoup d’amis et peu d’ennemis. Les balles volent dans la même direction, mais ne sentez-vous pas ce bout du canon appuyé dans votre dos. Il s’appelle « tenaille identitaire ». Dans le schéma intellectuel de la gauche républicaine, vous n’êtes pas une case alliée, vous êtes l’autre partie du mécanisme qu’ils combattent, lequel forme un tout avec l’islamisme et l’indigénisme. Au mieux, vous êtes second sur la liste !
Il faut cesser de croire que, parce qu’ils ne nous donnent pas tout à fait tort, parce qu’ils acquiescent à certaines de nos répliques, ils seraient prêts à nous serrer la main ou à nous prendre dans leurs bras dans une grande réconciliation. Quelle illusion ! Ils ne baisseront jamais la garde face à la Bête immonde et auront toujours une arme braquée sur nous.
Et s’ils ne nous abattent pas directement par les ostracisations ou les tribunaux, ils nous avaleront par la puissance de leur morale, nous attirant à eux par l’attraction irrésistible d’être enfin accepté et toléré dans le cercle tant convoité de la Raison et du Bien. Ils tueront notre combat en le dénaturant, en le dépouillant, en l’aseptisant, en nous faisant reprendre à notre compte la défense de leurs idéaux. Que restera-t-il de nous, de ce pour quoi nous luttons, si la guerre contre l’islamisme et contre les ennemis de la France se fait au nom du Vivre-ensemble, de la Tolérance, de la République Inclusive, Universaliste et Laïque, de la Liberté pour chacun de « vivre comme il l’entend » ? Aucune victoire ne sera possible avec de telles munitions, et il serait sage qu’en faisant feu dans la même direction l’on ne se tire pas en même temps une balle dans le pied.
Résistons à cette tentation qui nous pousse à reprendre l’étendard de l’universalisme républicain, laïc et progressiste abandonné par la gauche dans sa migration vers d’autres horizons multiculturels. Nous serions défaits si, dans le moment politique et historique où nous sommes, nous nous mettions à parler comme nos adversaires et à batailler à partir de leur logiciel idéologique. Ce ne serait alors pas « nos idées » qui seraient hégémoniques, mais celles de la gauche républicaine dont nous nous ferions les hérauts, aggravant encore l’étendue du mouvement sinistrogyre comme ce fut déjà le cas avec la conversion de la droite au libéralisme. Ce qu’il faut, c’est marteler leur immense responsabilité dans le drame qui s’installe, c’est refuser que les agents de la débâcle puissent aujourd’hui donner des leçons de lucidité, c’est enfoncer les derniers clous dans le cercueil de cette gauche qui a rendu la France disponible à d’autres civilisations.
Quand le Réel vient chaque jour valider les analyses que nous partageons, il est impensable que, par mégarde ou par facilité, nous enfilions l’uniforme des coupables et de ceux qui ont collaboré avec l’ennemi. « Dieu se rit des hommes … », vous connaissez la suite.
Sources : la Cocarde étudiante
Une date, un évènement : 8 avril 1364 : le bon roi jean par Pierre Vial
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- Catégorie : Chroniques, par Pierre Vial
En cette année 1364, l'horizon est bien noir pour les Français. Dans la longue guerre entreprise contre l'Anglais, la défaite de Crécy (1346) a sonné le glas de la chevalerie française. Aux Etats (assemblée du peuple, composée des représentants des trois ordres) de Paris, en 1347, des reproches cinglants ont été faits au roi Philippe VI de Valois. La Peste Noire de 1348 a jeté son manteau de deuil sur le pays (selon les régions, le tiers, la moitié — voire quelquefois plus encore — de la population a disparu). Héritant d'une situation dramatique, le roi Jean le Bon (1319-1364) a fait face avec courage. Mais la défaite de Poitiers (1356) est peut-être plus cinglante encore, si faire se peut, que celle de Crécy, les archers gallois faisant des ravages dans les rangs des Français. Symbole du désastre : le roi, qui a voulu se battre jusqu'au bout, est fait prisonnier sur le champ de bataille. Il paie ainsi un courage qui illustrait un principe directeur de la fonction royale chez les peuples européens : le souverain, chef de guerre de son peuple, se doit de donner l'exemple en combattant au premier rang, sans esprit de recul ou de renoncement. Jean a donc accompli son devoir. Mais le royaume est décapité.
Partout, le chaos. Des bandes armées parcourent le pays, pillent et détruisent, sur leur passage, tout ce qu'elles ne peuvent emporter. Sans qu'on sache toujours très bien de quel côté elles se trouvent. Mais, pour le paysan, le résultat est toujours le même. Catastrophique. Exaspérés, les paysans se retournent contre les seigneurs accusés d'impuissance, alors qu'ils sont censés les protéger (c'est le vieux contrat féodal). La Jacquerie se déchaîne, brûle les châteaux, pille les réserves et viole les gentes dames. Les villes s'enferment frileusement, égoïstement, à l'abri de leurs murailles.
A Paris, le pouvoir est à prendre. Le dauphin Charles, chétif jeune homme de 18 ans, entouré d'un conseil composé d'hommes déconsidérés, n'a ni ressources ni troupes. Le Prévôt des marchands, le riche drapier Etienne Marcel, fait alors entendre la voix des ambitions bourgeoises. Il espère s'appuyer sur la faction constituée, à partir d'ambitieux de tous poils, autour du roi de Navarre Charles le Mauvais, maître es intrigues en tous genres et qui n'a pas volé son surnom. L'objectif : placer sous influence le jeune dauphin et gouverner en son nom. En tenant Paris, Etienne Marcel pense tenir la France. Mais les provinces, accaparées par leur propre détresse, se soucient peu d'une capitale qui apparaît vite comme un chaudron de sorcières, où le pouvoir se fait et se défait en quelques jours. Pour s'imposer définitivement, Etienne Marcel fait assassiner, sous les yeux du dauphin, deux de ses conseillers. Erreur fatale. Le dauphin s'enfuit de Paris, rameute ses fidèles, constitue une armée et engage le combat. Etienne Marcel assassiné le 31 juillet 1358, Charles peut rentrer dans Paris.
Au roi anglais Edouard III, qui exige des conditions de paix exorbitantes, les Etats répondent que ce n'est « ni passable ni faisable ». Débarqué à Calais, décidé à ravager la France pour faire céder les Français, Edouard III ne trouve que le vide devant lui : le dauphin Charles a donné ordre, avec sagesse, d'éviter l'affrontement et de laisser l'ennemi se fatiguer à courir après des fantômes. Tactique payante : le roi anglais finit par proposer la paix de Brétigny, par laquelle il obtient Calais, l'Aquitaine, le Poitou mais en renonçant à revendiquer la couronne de France.
La rançon du roi Jean est lourde, trop lourde pour un pays exsangue. Impayée, cette dette d'honneur est insupportable au roi Jean, qui retourne de son plein gré à Londres se constituer prisonnier pour être fidèle à la parole donnée. Il y meurt le 8 avril 1364, laissant à son peuple le souvenir d'un souverain ayant accompli stoïquement son devoir.
Sa disparition porte sur le trône son fils Charles. L'ex-dauphin a une lourde tâche devant lui : redresser une France épuisée, puis reprendre la guerre pour bouter l'Anglais hors du pays. Œuvre de longue haleine et de grande ténacité. Le surnom de Sage qui devait lui rester dit bien quelle intelligence politique il manifesta pour la réaliser.
Pierre Vial
I-Média n°338 – Les médias découvrent la violence des cités
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États-Unis et Grande-Bretagne : guerre, commerce et piraterie
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Suite à plusieurs défaites subies dans le monde au cours de ces dernières années, un rapprochement stratégique entre les États-Unis et la Grande-Bretagne s’est opéré récemment, surtout ces dernières semaines, avec l'arrivée au pouvoir de Joe Biden et avec une Grande-Bretagne qui est sortie de l'Union européenne. L'objectif est de préserver autant que possible les possessions et l'influence des grandes puissances atlantistes dans le monde.
Avec la sortie de l'UE, le Royaume-Uni avait l'intention et la prétention de reprendre ses liens privilégiés avec les États-Unis et de forger une alliance stratégique pour en quelque sorte reconstruire l'impérialisme anglo-américain, ou du moins préserver son hégémonie et son contrôle en Amérique et en Europe, face à l'avancée de la Chine et parallèlement au harcèlement contre la Russie. Il ne s’agit plus de préserver cette hégémonie par le consensus et le multilatéralisme, mais dorénavant par la force et la violence économique. Cette position a été rendue publique et ouvertement dévoilée par le gouvernement et le Foreign Office britanniques, ainsi que par les États-Unis et la nouvelle administration de Joe Biden.
Il y a quelques mois, le Premier ministre britannique a annoncé le plus grand investissement dans la défense depuis trente ans, le plus important depuis la « guerre froide », 21,9 milliards de dollars, et il a déclaré que « le Royaume-Uni doit être fidèle à son histoire et soutenir ses alliés », un message direct adressé aux États-Unis. Boris Johnson a d'ailleurs été l'un des premiers dirigeants à féliciter Joe Biden après les élections frauduleuses que furent les dernières présidentielles: « Les États-Unis sont notre allié le plus important et j'espère que nous travaillerons en étroite collaboration sur nos priorités communes, du changement climatique au commerce et à la sécurité », a tweeté Boris Johnson. Pour sa part, M. Biden, dans son discours d'investiture, a rendu la politesse et a appelé à la reconquête des alliances historiques. Cela s'est concrétisé par un appel téléphonique au début de l'année, au cours duquel les Britanniques ont félicité Biden pour son retour dans l'accord de Paris sur le changement climatique et dans l'Organisation mondiale de la santé, dont Trump s'était retiré ; les deux puissances ont également commencé à tracer des lignes directrices pour un accord de libre-échange.
Mais l'irruption du coronavirus a compliqué la stratégie. Jusqu'à présent, le principal bénéficiaire de la « pandémie » a été la Chine, qui parvient à imposer son système de contrôle et de surveillance dans le monde entier, et la crise des vaccins provoquée par le consortium pharmaceutique britannique Astrazeneca confère à la Russie de Poutine une influence géopolitique encore plus grande que celle qu'elle avait déjà. La Russie vise en effet à déstabiliser la bipolarité entre les États-Unis et la Chine, avec des avancées dans le développement scientifique et technologique, le contrôle des ressources, par exemple la fourniture de gaz à l'Europe, et la puissance militaire, grâce à ses capacités en matière de missiles balistiques. Un autre point clé est la diplomatie et la gestion par le Kremlin de l'opinion publique mondiale, malgré l'opposition des médias occidentaux hégémoniques. La géopolitique du coronavirus a déstabilisé le pouvoir absolu des Etats-Unis et largement ruiné les prétentions britanniques.
Cette situation a modifié l'humeur de la Grande-Bretagne et des États-Unis, qui commencent à voir leurs « leaderships » vulnérabilisés et délégitimés par la crise du coronavirus. Le déclin des puissances maritimes est en cours.
Celui qui a le mieux décrit, sans le savoir, le fondement de l'atlantisme, soit la puissance par la maîtrise de la mer, ou, comme le dit très justement Peter Sloterdijk, qui a élaboré une « théorie de la mondialisation », c'est Goethe dans Faust :
« Guerre, commerce et piraterie. Ils sont trois en un, inséparables. »
Cette phrase résume la politique étrangère britannique et c'est dans un tel contexte que l'on peut comprendre les dernières déclarations de Boris Johnson contre l'Argentine et celles de Biden contre la Russie.
Ils n'ont plus suffisamment d’approbation ou de consensus dans le monde pour « stabiliser » celui-ci à leur guise et à leur avantage, alors ils font recours à la menace et à la coercition, qu'ils n'ont cependant jamais abandonnées. C'est le désespoir de voir qu’il n’est plus possible de revenir à un monde libéral unipolaire, parce qu’un tel monde n'existe plus. « S'il n'y a plus de piraterie possible et plus de commerce libéral, qu'il y ait alors la guerre » semble être la devise du mondialisme aujourd’hui. Et les disciples de ce mondialisme obéissent à l'ordre : Boris Johnson n'a pas hésité à menacer l'Argentine et indirectement l'Espagne quand elle revendique Gibraltar, selon le rapport publié par The Telegraph, disant aussi qu'il utilisera la force pour défendre les îles Malouines, c'est-à-dire utiliser les forces armées pour « assurer la sécurité des 14 territoires d'outre-mer ». Territoires par ailleurs usurpés. Elle ajoute qu'elle « dissuadera et contestera les incursions dans les eaux territoriales britanniques à partir de Gibraltar » et « maintiendra une présence permanente dans les îles Falkland, l'île de l'Ascension et les territoires britanniques de l'océan Indien ».
Presque au même moment, Joe Biden a fait des déclarations dans les médias, qualifiant Vladimir Poutine de « killer » et menaçant de lui faire « payer le prix » pour sa prétendue ingérence dans les élections, ces mêmes élections où plus de morts que de vivants ont voté pour Biden, dans des États où il y a eu plus de votes que d'électeurs, et où le magazine Time a mis en lumière et révélé l'alliance entre le secteur financier de Silicon Valley Big Tech et le parti démocrate pour modifier l'ingénierie électorale en faveur des démocrates par le biais du vote par correspondance avec des contributions importantes. Tout un éventail de fondations ont contribué pour des dizaines de millions de dollars de leurs propres fonds à l'administration des élections. C'est le cas de l'initiative Chan Zuckerberg, qui a apporté 300 millions de dollars dans l’affaire.
D'abord Boris Johnson, puis Joe Biden. Tous deux opèrent en liaison avec des déclarations retentissantes et avec une intentionnalité manifeste. L'un fulmine contre ceux qui ont su résister et affronter l'impérialisme anglo-américain de l'époque, comme l'Argentine de Perón. L'autre fustige ceux qui expriment aujourd'hui une résistance au mondialisme progressiste et à la destruction des valeurs. La distinction entre amis et ennemis est toujours essentielle en politique, ils l'ont bien définie. Tous ceux qui ont osé défendre leur souveraineté et initier une résistance à l'hégémonie anglo-américaine sont des ennemis. L'impérialisme économique a beau se présenter comme égalitaire, avec une rhétorique gauchiste ou un langage inclusif et des drapeaux arc-en-ciel dans une main, il porte toujours le bâton dans l'autre.
Cristian Taborda
Ex : http://novaresistencia.org/2021/03/28/
Source : Geopolitica.ru
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