Un théoricien sans passion, le Comte de Gobineau
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Une réédition qui sera pour beaucoup une révélation surprenante (Poche Club).
La lecture du préambule au plus célèbre ouvrage d'Arthur de GOBINEAU, aujourd'hui possible, sera pour le plus grand nombre, une révélation surprenante.
C'est que « l’essai sur l'Inégalité des Races humaines » appartient à cette catégorie de livres qui ont fait école, suscité les plus âpres, les plus violentes controverses passionnées, voire passionnelles et que, tout compte fait, fort peu de personnes ont lu. N'en est-il pas ainsi pour Marx dans une certaine mesure et l'exégèse ne remporte-t-elle pas largement sur le texte?
Le fait est certain pour GOBINEAU, aussi faut-il se féliciter que le texte essentiel soit aujourd'hui facilement accessible. Le texte essentiel puisqu'il s'agit de « l’Introduction à l'Essai sur l'Inégalité des races humaines » loyale déclaration d'intentions, déjà fortement motivée, ou bien encore « véritable ouverture d'opéra » comme l'écrit l'éditeur dans sa préface, précédant cinq volumes consacrés aux développements des thèmes qui sont : le caractère mortel de toute civilisation, la permanence des caractères raciaux et l'accord de ceux-ci avec les formes de gouvernement, même imposées, l'importance toute secondaire dans les processus de décadence des mauvais gouvernements, du relâchement des mœurs et autres raisons généralement produites, mais la constatation de la cause première dans la « dégénération », c'est-à-dire un mélange de sang, le rôle enfin du rameau aryen, le plus inventif de la race blanche que Gobineau nomme la race « Ariane » et l'intervention décisive desdits « Arians » dans l'avènement de toute civilisation.
Sans doute, et nous ne l'ignorons pas, l'ethnologie et l'anthropologie sont des sciences qui ont largement progressé depuis les années de composition de « l'Essai » (1848-1852), mais si Gobineau, dans l'avant-propos à la seconde édition de son livre, pouvait écrire qu'il n'y avait pas changé une ligne « non pas que dans l'intervalle des travaux considérables n'aient déterminé bien des progrès de détails » sans pour autant ébranler « aucune des vérités » qu'il avait émises, il nous semble qu'à très peu près il pourrait encore souscrire à ce jugement, tant il y a de prudence et de réserve dans les constatations de l'auteur.
Sans doute serait-il aujourd'hui catégorique sur la multiplicité des origines de l'espèce humaine, encore qu'il n'ait guère dissimulé son point de vue, mais les précautions dont il use lorsqu'il aborde, tout à fait incidemment l'origine même de l'homme, finalement n'ont pas autrement d'importance, puisque les seules périodes qu'il considère pour sa démonstration sont strictement mesurées par l'apparition de l'Histoire.
Ce sont les civilisations elles-mêmes qui sont l'objet de son propos et les conditions de leur apparition, de leur épanouissement et de leur déclin.
Il faut ici encore remarquer que Gobineau, dans cette préface, met en cause l'idéologie dominante de son siècle et du siècle précédent, le progressisme et la doctrine égalitaire aussi fermement qu'il prend ses distances avec le Darwinisme et les affirmations des congrès préhistoriques.
Alors au milieu des incohérences les plus fantasques, on ouvre tout à coup, dans tous les coins du globe terrestre, des trous, des caves, des cavernes de l'aspect le plus sauvage, et «: on en fait sortir des amoncellements épouvantables de crânes et de tibias fossiles, de détritus comestibles, d'écaillés d'huîtres et d'ossements de tous les animaux possibles et impossibles, taillés, gravés, éraflés, polis et non polis, de haches, de têtes de flèches, d'outils sans noms ; et le tout s'écroulant sur les imaginations troublées, aux fanfares retentissantes d'une pédanterie sans pareille, les ahurit d'une « manière si irrésistible que les adeptes peuvent sans scrupule, « avec sir Hoba Lubbock et M. Evans, héros de ces rudes labeurs, assigner à toutes ces belles choses une antiquité, tantôt de cent mille années, tantôt une autre de cinq cent mille, « et ce sont des différences d'avis dont on ne s'explique pas le « moins du monde le motif. »
Qu'on remplace les milliers d'années par des millions d'années et l'on aura un texte parfaitement lisible aujourd'hui encore ! C'est donc seulement sur le terrain historique que Gobineau se place et son racisme, très pessimiste comme on va le voir et des plus mesurés, est la conséquence d'une série de constatations d'évidences.
La première, la plus inéluctable, semble-t-il, c'est le caractère précaire des civilisations. Gobineau est aussi un français cartésien et s'il reconnaît que « nulle civilisation ne s'éteint sans que Dieu le veuille » et que « toutes les sociétés sont coupables », il n'en veut pas moins savoir par quelles voies et moyens, sociétés et civilisations disparaissent.
« Les Spartiates n'ont vécu et gagné l'admiration que par les effets d'une législation de bandits. Les Phéniciens ont-ils dû leur perte à la corruption qui les rongeait et qu'ils allaient semant partout ? Non, tout au contraire, c'est cette corruption qui a été l'instrument principal de leur puissance et de leur gloire ; depuis le jour où, sur les rivages des îles grecques (1) ils allaient, trafiquants fripons, hôtes scélérats, séduisant les femmes pour en faire marchandise, et volant çà et là les denrées qu'ils couraient vendre, leur réputation fut, à coup sûr, bien et justement flétrissante ; ils n'en ont pas moins grandi et tenu dans les annales du monde un rang dont leur rapacité et leur mauvaise foi n'ont nullement contribué à les faire descendre.
« Loin de découvrir dans les sociétés jeunes une supériorité de morale, je ne doute pas que les nations en vieillissant, et par conséquent en approchant de leur chute, ne présentent aux yeux du censeur un état beaucoup plus satisfaisant. Les usages s'adoucissent, les hommes s'accordent davantage, chacun trouve à vivre plus aisément, les droits réciproques ont eu le temps de mieux se définir et comprendre ; si bien que les théories sur le juste et l'injuste ont acquis peu à peu un plus haut degré de délicatesse. »
De même il « établira sans difficulté que le fanatisme, le luxe, les mauvaises mœurs et l'irréligion n'amènent pas nécessairement la chute des sociétés », les civilisations anciennes en fournissent des témoignages assez probants, non plus même que les mérites ou les tares des gouvernements.
Toutes ces causes secondaires ne sont pas suffisantes pour justifier l'effondrement des sociétés tant « qu'un principe destructif né d'elles-mêmes » n'intervient pas. C'est-à-dire aussi longtemps que les éléments de ces sociétés ne sont pas dégénérés.
Et l'homme dégénéré est un produit différent, au point de vue ethnique, du héros des grandes époques.
De poser alors la grande question :
« Y a-t-il entre les races humaines des différences de valeur intrinsèque réellement sérieuses, et ces différences sont-elles possibles à apprécier ?».
Et d'invoquer le témoignage des tribus les plus primitives qui ne sont pas parvenues à s'élever, en s'incorporant leurs voisins, à l'échelon de peuplade, ou qui y « croupissent, sans passer à l'état de nation, c'est-à-dire en prenant « non seulement les habitants mais le sol avec eux. »
Et, ce sera une surprise pour beaucoup, c'est dans les croisements qui s'opéreront plus ou moins facilement que Gobineau trouvera la cause des transformations et au contraire dans la répugnance instinctive aux mélanges dont l'auteur cite de nombreux exemples, celle de la stagnation. Conquérants et conquis ce sont les deux termes de l'histoire des nations, et d'illustrer son propos en ces termes :
« Je ne sais si le lecteur y a déjà pensé, mais, dans le tableau que je trace, et qui n'est autre, à certains égards, que celui présenté par les Hindous, les Egyptiens, les Perses, les Macédoniens, deux faits me paraissent bien saillants. Le premier, c'est qu'une nation, sans force et sans puissance, se trouve tout à coup, par le fait d'être tombée aux mains de maîtres vigoureux, appelée au partage d'une nouvelle et meilleure destinée ainsi qu'il arriva aux Saxons de l'Angleterre, lorsque les Normands les eurent soumis ; la seconde, c'est qu'un peuple d'élite, un peuple souverain, armé, comme tel, d'une propension marquée à se mêler à un autre sang, se trouve désormais en contact intime avec une race dont l'infériorité n'est pas seulement démontrée par la défaite, mais encore par le défaut des qualités visibles chez les vainqueurs. Voilà donc, à dater précisément du jour où la conquête est accomplie et où la fusion commence, une modification sensible dans la constitution du sang des maîtres. Si la nouveauté devait s'arrêter là, on se trouverait, au bout d'un laps de temps d'autant plus considérable que les nations superposées auraient été originairement plus nombreuses, avoir en face une race nouvelle, moins puissante, à coup sûr, que le meilleur de ses ancêtres, forte encore cependant, et faisant preuve de qualités spéciales résultant du mélange même et inconnues aux deux familles génératrices. Mais il n'en va pas ainsi d'ordinaire, et l'alliage n'est pas longtemps borné à la double race nationale seulement.
« L'empire que je viens d'imaginer est puissant : il agit sur ses voisins. Je suppose de nouvelles conquêtes ; c'est encore un nouveau sang qui, chaque fois, vient se mêler au courant. Désormais, à mesure que la nation grandit, soit par les armes, soit par les traités, son caractère ethnique s'altère de plus en plus. Elle est riche, commerçante, civilisée ; les besoins et les plaisirs des autres peuples trouvent chez elle, dans ses capitales, dans ses grandes villes, dans ses ports, d'amples satisfactions, et les mille attraits qu'elle possède fixent au milieu d'elle le séjour de nombreux étrangers. Peu de temps se passe, et une distinction de castes peut, à bon droit, succéder à la distinction primitive par nations. »
Mais les conquêtes sans fusion ne modifient nullement le peuple conquis et Gobineau avec un siècle d'avance sur l'événement avait bel et bien prévu que l'Inde reprendrait « la plénitude de sa personnalité politique ». D'où cette loi ainsi exprimée :
« Le hasard des conquêtes ne saurait trancher la vie d'un peuple. Tout au plus, il en suspend pour un temps les manifestations, et en quelque sorte, les honneurs extérieurs. Tant que le sang de ce peuple et ses institutions conservent encore, dans une mesure - suffisante, l'empreinte de la race initiatrice, ce peuple existe ; et, soit qu'il ait affaire, comme les Chinois, à des conquérants qui ne sont que matériellement plus énergiques que lui ; soit, comme les Hindous, qu'il soutienne une lutte de patience, bien autrement ardue, contre une nation en tous points supérieure, telle qu'on voit les Anglais, son avenir certain doit le consoler ; il sera libre un jour. Au contraire, ce peuple, comme les Grecs, comme les Romains du Bas-Empire, a-t-il absolument épuisé son principe ethnique et les conséquences qui en découlaient, le moment de sa défaite sera celui de sa mort : il a usé les temps que le ciel lui avait d'avance concédés, car il a complètement changé de race, donc de nature, et par conséquent il est dégénéré. »
Le siècle de Gobineau n'avait pas manqué d'expliquer les différences ethniques par les conditions du climat à quoi il rétorque :
« Malgré le vent, la pluie, le froid, le chaud, la stérilité, la plantureuse abondance, partout le monde a vu fleurir tour à tour, et sur les mêmes sols, la barbarie et la civilisation. Le fellah abruti se calcine au même soleil qui brûlait le puissant prêtre de Memphis ; le savant professeur de Berlin enseigne sous le même ciel inclément qui vit jadis les misères du sauvage finnois. »
Les inégalités ethniques ne sont pas, par ailleurs, le fait des institutions et l'on peut dire, au contraire, que les institutions d'un peuple sont toujours une création de sa race, même lorsqu'elles leur sont imposées.
La persistance des mœurs sauvages en Armorique, « au 17e les massacres de naufragés et l'exercice du droit de bris subsistaient dans toutes les paroisses maritimes où le sang kymrique s'était conservé pur ».
Les colonisations contemporaines, en Orient, en Afrique du Nord, montrent assez que « les nations les plus éclairées ne parviennent pas à donner à des peuples conquis les institutions antipathiques à leur nature. »
Si la civilisation n'est pas commandée par la nature du sol, du climat, Gobineau constate aussi que le Christianisme, par essence, puisqu'il est œcuménique, ne saurait constituer une civilisation, à l'opposé du judaïsme et du paganisme dont les dieux étaient propres à chaque peuple.
« Depuis dix-huit cents ans qu'existé l'Eglise, elle a converti bien des nations, et chez toutes elle a laissé régner, sans l'attaquer jamais, l'état politique qu'elle avait trouvé. Son début, vis-à-vis du monde antique, fut de protester qu'elle ne voulait toucher en rien à la forme extérieure de la société. On lui a même reproché, à l'occasion, un excès de tolérance à cet égard. J'en veux pour preuve l'affaire des jésuites dans la question des cérémonies chinoises. Ce qu'on ne voit pas, c'est qu'elle ait jamais fourni au monde un type unique de civilisation auquel elle ait prétendu que ses croyants dussent se rattacher. Elle s'accommode de tout, même de la hutte la plus grossière, et là où il se rencontre un sauvage assez stupide pour ne pas vouloir comprendre l'utilité d'un abri, il se trouve également un missionnaire assez dévoué pour s'asseoir à côté de lui sur la roche dure, et ne penser qu'à faire pénétrer dans son âme les notions essentielles du salut. Le christianisme n'est donc pas civilisateur comme nous l'entendons d'ordinaire ; il peut donc être adopté par les races les plus diverses sans heurter leurs aptitudes spéciales, ni leur demander rien qui dépasse la limite de leurs facultés.
Je viens de dire plus haut qu'il élevait l'âme par la sublimité de ses dogmes, et qu'il agrandissait l'esprit par leur subtilité. Oui, dans la mesure où l'âme et l'esprit auxquels il s'adresse sont susceptibles de s'élever et de s'agrandir. Sa mission n'est pas de répandre le don du génie ni de fournir des idées à qui en manque. Ni le génie ni les idées ne sont nécessaires pour le salut. Le christianisme a déclaré, au contraire, qu'il préférait aux forts les petits et les humbles. »
La constatation de l'inégalité des races n'empêche nullement d'ailleurs Gobineau de reconnaître une différence absolue entre « la plus grossière variété, le sous-genre le plus misérable de notre espèce » et certaines espèces de singes.
Mais, d'autre part, les aptitudes que peuvent montrer certains noirs, à l'école des blancs, ne prouvent rien d'autre qu'une disposition plus ou moins grande à l'imitation.
« L'imitation n'indique pas nécessairement une rupture sérieuse avec les tendances héréditaires, et l'on n'est vraiment entré dans le sein d'une civilisation que lorsqu'on se trouve en état d'y progresser soi-même, par soi-même et sans guide. »
En fait il constate que les états de civilisations proprement originales ne sont pas comparables. Un siècle après Gobineau l'accélération de l'histoire ne confirme-t-elle pas le propos ?
Mais si, jusqu'à présent, au tiers de son introduction le mot Civilisation a été souvent employé, il n'a pas encore été explicité dans l'acception que lui donne son auteur. Négligeons la discussion ouverte avec Guizot qui la tenait pour un « fait », alors que Gobineau nous dit qu'il s'agit bien « d'une série d’enchaînement de faits » d'où résultent « un état », « un milieu » dont il précisera les caractères, en distinguant soigneusement, comme le fait Guillaume de Humbolt que Gobineau prisait fort, les particularités de cet état et le perfectionnement de grandes .individualités, « Différence telle que les civilisations étrangères à la nôtre ont pu, de toute évidence, posséder des hommes très supérieurs sur certains rapports à ceux que nous admirons le plus : la civilisation brahmanique, par exemple. »
Tribus, peuplades, peuples, civilisations elles-mêmes, se trouveront finalement classés en deux catégories selon qu'ils sont plus ou moins aptes à l'action ou à la contemplation, les types les plus représentatifs de ces deux civilisations étant à ses yeux la civilisation chinoise (ancienne) pour l'action et la civilisation hindoue pour la contemplation, qu'il désignera encore en civilisation mâle et civilisation femelle, les deux types étant évidemment toujours mêlés plus ou moins. L'endocrinologie moderne n'a-t-elle pas montré que les éléments masculins et féminins coexistaient aussi dans les deux sexes.
Gobineau tempère d'ailleurs la rigueur de sa doctrine :
« On remarquera, en outre, qu'aux différentes époques de la vie d'un peuple et dans une stricte dépendance avec les inévitables mélanges du sang, l'oscillation devient plus forte entre les deux principes, et il arrive que l'un l'emporte alternativement sur l'autre. Les faits qui résultent de cette mobilité sont, très importants, et modifient d'une manière sensible le caractère d'une civilisation en agissant sur sa stabilité. »
Et les civilisations naissent de l'accord entre les régimes politiques et sociaux et la nature des peuples, elles se transforment :
« Avec les mélanges de sang, viennent les modifications dans les idées nationales ; avec ces modifications, un malaise qui exige des changements corrélatifs dans l'édifice. Quelquefois ces changements amènent des progrès véritables, et surtout à l'aurore des sociétés où le principe constitutif est, en généra!, absolu, rigoureux, par suite de la prédominance trop complète d'une seule race. Ensuite, quand les variations se multiplient au gré de multiples hétérogènes et sans convictions communes, l'intérêt général n'a plus toujours à s'applaudir des transformations. Toutefois, aussi longtemps que le groupe aggloméré subsiste sous la direction des impressions premières, il ne cesse pas de poursuivre, à travers l'idée du mieux-être qui l'emporte, une chimère de stabilité. »
La civilisation quelle qu'elle soit sera finalement : « un état de stabilité relative, où des multitudes s'efforcent de chercher pacifiquement la satisfaction de leurs besoins, et raffinent leur intelligence et leurs mœurs. » La plus haute civilisation contemplative sera pour Gobineau l'Hindoue et du type actif la chinoise.
Quant à l'Europe :
« Les vainqueurs du Ve siècle apportèrent en Europe un esprit de la même catégorie que celle de l'esprit chinois, mais bien autrement doué. On le vit armé, dans une plus grande mesure, de facultés féminines. Il réalisa un plus heureux accord des deux mobiles. Partout où domina cette branche de peuples, les tendances utilitaires, ennoblies, sont méconnaissables. En Angleterre, dans l'Amérique du Nord, en Hollande, en Hanovre, ces dispositions dominent les autres instincts nationaux. Il en est de même en Belgique, et encore dans le nord de la France, où tout ce qui est d'application positive a constamment trouvé des facilités merveilleuses à se faire comprendre. A mesure qu'on avance vers le sud, ces prédispositions s'affaiblissent. Ce n'est pas à l'action plus vive du soleil qu'il faut l'attribuer, car certes les Catalans, les Pièmontais habitent des régions plus chaudes que les Provençaux et les habitants du bas Languedoc ; c'est à l'influence du sang. »
« La série des races féminines ou féminisées tient la plus grande place sur le globe ; cette observation s'applique à l'Europe en particulier. Qu'on en excepte la famille teutonique et une partie des Slaves, on ne trouve, dans notre partie du monde, que des groupes faiblement pourvus du sens utilitaire, et qui, ayant déjà Joué leur rôle dans les époques antérieures, ne pourraient plus le recommencer. Les masses, nuancées dans leurs variétés, présentent, du Gaulois au Celtibérien, du Celtibérien au mélange sans nom des nations italiennes et romanes, une échelle descendante non pas quant à toutes les aptitudes mâles, du moins quant aux principales. »
D'autre part, la civilisation n'atteint qu'une minorité dans chaque peuple. En France, il admettait que 10 millions sur 36 y participaient et que ces 26 millions, la paysannerie dans son ensemble, y sont hostiles.
Est-elle supérieure à celles qui ont précédée ? Oui et non, répondra l'auteur. Oui, parce qu'issue de l’élément germanique, elle n'a pas détruit et s'est approprié à peu près tout, non, car précisément elle n'excelle en rien. Ni dans les arts, ni dans le raffinement des mœurs ; dans notre passé même : « ce qu'on appelle bien-être n'appartenait comparativement qu'à peu de monde. Je le crois : mais, s'il faut admettre, fait incontestable, Que l'élégance des mœurs élève autant l'esprit des multitudes spectatrices qu'elle ennoblit inexistence des individus favorisés, et qu'elle répand sur tout le pays dans lequel elle s'exerce un vernis de grandeur et de beauté, devenue le patrimoine commun, notre civilisation, essentiellement mesquine dans ses manifestations extérieures, n'est pas comparable à ses rivales ».
Après avoir ainsi constaté, avec modestie, on le voit, la supériorité de la civilisation blanche, Gobineau va faire l'inventaire, avec les moyens de son temps, des caractères propres à chaque race et il est évident que l'anthropologie moderne et l'ethnologie ont cheminé depuis, il reviendra aux constatations d'évidence, à la permanence des traits raciaux, quelles que soient les transplantations, à l'exclusion de tout croisement, et l'anarchie ethnique d'une bonne part de l'Europe, dans les grandes villes et dans les ports, l'inégalité intellectuelle des races, exception faite encore des individualités, pour porter finalement jugement sur notre civilisation :
« Attendons pour nous vanter, que nos pays, qui depuis le commencement de la civilisation moderne ne sont pas encore restés cinquante ans sans massacres, puissent se glorifier, comme l'Italie romaine, de deux siècles de paix, qui n'ont d'ailleurs, hélas ! rien prouvé pour l'avenir !
« La perfectibilité humaine n'est donc pas démontrée par l'état de notre civilisation. L'homme a pu apprendre certaines choses, il en a oublié beaucoup d'autres. Il n'a pas ajouté un sens à ses sens, un membre à ses membres, une faculté à son âme. Il n'a fait que tourner d'un autre côté du cercle qui lui est dévolu, et la comparaison de ses destinées à celles de nombreuses familles d'oiseaux et d'insectes n'est pas même propre à inspirer toujours des pensées bien consolantes sur son bonheur d'ici-bas. »
Le comte de Gobineau était certes un pessimiste, mais un siècle après lui il faut bien constater que les problèmes qu'il citait — notamment celui de la faim — sont encore posés aujourd'hui et que si les progrès dans les domaines de la science sont patents, il n'avait pas tort de douter du pouvoir civilisateur de l'Imprimerie et pouvons-nous lui reprocher de dire que c'est bien à tort que toutes les civilisations qui nous ont précédés ont cru à leur immortalité ?
Au demeurant ses conclusions sont sans complaisance et d'une rare objectivité :
« A la multitude de toutes ces races métisses si bigarrées qui composent désormais l'humanité entière, il n'y a pas à assigner d'autres bornes que la possibilité effrayante de combinaisons des nombres. »
C'est sans doute à partir de cette constatation qu'on put prétendre d'abord arrêter le processus de décadence, ensuite restaurer de belles races.
Y parviendra-t-on ? A terme nous sommes évidemment condamnés, mais quand on se contente, comme Gobineau, de vivre dans l'Histoire, quelques millénaires de plus ou de moins ne sont pas rien !
Si l'on veut en tout cas éviter de dire trop de sottises en parlant d'un si brûlant problème que le racisme — et qu'il est urgent de résoudre humainement — il convient de lire ce livre.
J.M. AYMOT
Note :
(1) Odyssée XV.
Sources : Introduction à « l'Essai sur l'Inégalité des Races humaines » Poche-Club.
MOUNIR, LE DEALER DES STARS, ARRÊTÉ PAR LA POLICE. Les clients du show-business n'ont pas été approchés par les enquêteurs
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Selon les informations du Parisien, Mounir, connu comme "le dealer des stars", a été arrêté par la police ce vendredi 12 juin. Parmi ses célèbres clients, une animatrice de C8, mais elle ne sera pas inquiétée car seuls les clients anonymes ont été convoqués.
Ce vendredi 12 juin 2020, Mounir, un jeune homme de 34 ans, a été condamné à un an de prison ferme, mais ne retournera pas en prison, selon Le Parisien. L'individu était connu comme "le dealer de la télé" note le quotidien et pour cause : il était ami avec de nombreux visages très appréciés des téléspectateurs. Nos confrères dévoilent plusieurs échanges par SMS avec une animatrice qui exerce sur C8. "Attends-moi trente secondes, je sors d'une émission. Quand tu veux, avant 20 heures, mon chat. Et promis je suis là ! C'est au 15 de la rue T..." lui aurait-elle écrit. Et la star du PAF d'ajouter : "Et appelle quand tu es en bas, je te ferais monter... des bisous..."
Mounir était en contact avec plusieurs vedettes mais après une détention provisoire de deux mois, il a vu fuir la plupart de ses clients. Il ne fallait plus entrer en contact avec lui par peur de la justice. Pourtant, le jeune homme tente de reprendre contact avec eux. "Mon client explique qu'à l'époque, il était à court d'argent et qu'il n'a pas eu d'autre choix que de dealer pour payer sa propre consommation de cannabis," a confié son avocat Me Tarek Koraitem à nos confrères du Parisien. Et de faire une révélation sur la suite de l'affaire.
Alors qu'on pouvait s'attendre à ce que les célèbres clients de Mounir soient interrogés, on apprend que seuls les clients pas connus ont été convoqués. "Lorsque ces toxicomanes pouvaient avoir un lien avec show-business ou la télévision, ils n'ont pas été approchés par les enquêteurs," a précisé l'avocat de Mounir, interloqué.
A Dijon, la racaille maghrébine provoque les Tchétchènes (vidéo)
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I-Média n°295 – Les cités s’embrasent, les médias se taisent
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Encore une agression de l'immigration à Bruxelles
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JEAN RASPAIL OU L’ÉTERNITÉ CONTRE LA MODERNITÉ
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Jean Raspail nous a quittés le 13 juin alors qu’il abordait ses 95 ans. Pourtant, il en avait traversé des mers, atteint de nombreux rivages, il n’atteindra pas celui-là. Il a changé de rive.
Contre la modernité.
C’est en 1986, dans Les yeux d’Irène, roman de Jean Raspail, pour qui j’ai vécu une passion personnelle, paru en 1984, que j’ai découvert l’existence des Alakalufs, un des peuples les plus vieux de la terre, natif de l’extrême sud du continent américain, un peuple indien d'Amérique du Sud vivant au Chili dans le détroit de Magellan. Comme d’autres explorateurs, comme tant de voyageurs, Jean Raspail avait rencontré ce peuple, en 1951, sous la neige et dans le vent qui l’avait emmené sur cette terre extrême. La rencontre entre deux civilisations. De cette courte rencontre qui l’avait marqué, il avait souhaité écrire leur histoire.
Qui se souvient des Hommes ? était le titre de ce « roman » consacré aux Alakalufs. Ce livre aurait pu être présenté comme une « épopée » ou une « tragédie » humaine, recréant le destin de ces êtres, nos frères, que les hommes qui les virent hésitèrent à reconnaître comme des Hommes.
Déjà, en l’an Mil, l’Islandais Leif Erikson avait découvert le Nord du continent américain, faisant des hommes du Nord, les Northmen, les premiers Européens présents sur le territoire outre-Atlantique. Presque mille ans après, le jeune explorateur français, Jean Raspail croisait un canot sur lequel des hommes et des femmes, présents ethniquement probablement depuis des milliers d’années, pêchaient. Comme les Indiens s’étaient méfiés des Européens de l’an Mil, ils ne pouvaient que se méfier de ceux de l’an Deux mille. Leif Erikson n’avait même pas utilisé les cartes de l’explorateur Pythéas, qui, au IVe siècle avant notre ère, avait sillonné l'Atlantique et atteint le cercle polaire septentrional. Comme Leif Erikson, mais au sud de ce continent, Jean Raspail s’y était laissé égaré. Après avoir traversé l’Amérique, à partir de l’Alaska, il avait rencontré l’homme éternel, celui qui avait refusé tout mélange. Celui qui se méfiait du « dieu blanc ».
« Là-bas, au loin, si loin… » comme le sous-titre le livre, qui reprend l’intégralité de sept romans de Jean Raspail, édité dans la collection Bouquins par Robert Laffont en 2015 avec une superbe préface de Sylvain Tesson. Jean Raspail faisait partie de ces conquérants pacifistes, ceux pour qui la terre, patrie charnelle, crée et pérennise la différence.
Tous ces explorateurs, Pythéas, Leif Erikson, Jean Raspail avaient probablement cherché le lieu où disparaissait le Soleil, à l’Ouest du monde, avant de renaître.
Ce Grand Sud, appelée souvent Patagonie, partie méridionale de l’Amérique du Sud, était à l’origine, selon les légendes et certaines statues découvertes, la regio gigantum (« région des géants » en latin). Et les hommes qui y vivaient encore étaient appelés à disparaître car leur nombre se réduisait, peu à peu.
Ils n'ont jamais été très nombreux. La population totale n'a jamais dépassé les 5 000 individus. Dans les années 1930, les Alakalufs se sont sédentarisés sur l'île Wellington, dans la ville de Puerto Eden, port chilien. Ils représentaient l’histoire du monde. Jean Raspail l’avait compris.
Roi sur sa terre.
Déjà, en 1981, Jean Raspail avait publié Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie ou le destin vécu d'un aventurier français qui débarqua en Argentine en 1860 et se fit proclamer roi d'Araucanie et de Patagonie par les populations indigènes locales. Ce livre avait obtenu le prix du roman de l'Académie française. Cet ouvrage relate l’histoire d’un aventurier venu du « Périgord vert » qui s’autoproclame roi, le 18 novembre 1860, par les tribus de cavaliers qui menaient contre l'Argentine et le Chili les derniers combats de la liberté et de l’identité. Il régna quelques mois, sous le nom d'Orllie-Antoine Ier (écrit parfois Orélie-Antoine Ier) galopant à leur tête en uniforme chamarré, sous les plis de son drapeau bleu, blanc, vert. Et puis, la chance l'abandonna. Trahi, jeté en prison, jugé, il parvint à regagner la France où un autre destin l'attendait, celui d'un roi de dérision en butte à tous les sarcasmes, mais jamais il ne céda. En effet, bien que le royaume n'existât plus, il créa autour de lui une petite cour, attribuant ainsi décorations et titres. Roi il resta, mais solitaire et abandonné, il mourut dans la misère le 17 septembre 1878, à Tourtoirac, en Dordogne, où il était né.
Les Indiens ont disparu, mais la symbolique du livre tient au fait que ses sujets se comptent aujourd'hui par milliers, en France et à travers le monde, car son royaume est éternel. Il symbolise ce peuple identifié à sa terre, comme les Alakalufs.
Symboliquement, en 1989, puis en 1998, Jean Raspail avait « occupé » brièvement l'archipel des Minquiers, archipel normand situé au sud des îles Anglo-Normandes et qui fait partie du bailliage de Jersey : un éparpillement de granit peuplé de lapins, au sud de l’île. Jean Raspail réagissait en représailles à l'occupation des Malouines argentines, territoire purement patagon, par les Britanniques. Toujours ce choix de l’identité charnelle des hommes.
Qui se souviendra de nous ?
En 1973, l’écrivain publie ce qui deviendra un livre emblématique, toujours sous l’épitaphe de « roman » : Le Camp des Saints, chez l’éditeur Robert Laffont. Roman apocalyptique qui se situe dans la France de 2050, confrontée à l’arrivée massive de migrants sur ses côtes azuréennes comme si le paradis bleu, de la couleur des yeux de Jean Raspail, devait affronter une invasion d’individus représentant une véritable subversion. Lorsque l’Azur s’assombrit.
Le Camp des Saints, dès 1973, fut un succès de librairie. Il fut édité, en langue anglaise, à l’étranger et réédité, en français, à de nombreuses reprises.
Jean Raspail, dès 1973, met l’accent sur un discours démographique entre le Nord et le Sud. Il a constaté, de visu, la disparition de peuples qui se pensaient éternels. Ces romans ne sont que la modélisation de ses expériences humaines. Il a constaté que la modernité absorbait la vie des peuples et que la faiblesse de la démographie traduisait la fin des peuples.
En 1970, l'Académie française lui avait remis le prix Jean-Walter pour l'ensemble de son œuvre mais lorsqu’il postulat à l'Académie française le 22 juin 2000, il ne réussit pas à être élu au siège vacant de Jean Guitton. Pourtant, il recueillit 11 voix contre 6 pour Max Gallo et 4 pour Charles Dédéyan, sans toutefois obtenir la majorité requise. Sans doute Le Camp des Saints l’empêcha-t-il de devenir Immortel.
Lui, le chasseur d’éternité, l’explorateur de peuples enracinés, est parti à une époque où le nomadisme imposé est l’essence de notre civilisation déclinante. Il était alors chercher, à l’Ouest, l’origine de l’humanité. Il pensait les civilisations mortelles, non par idéologie, mais par expérience, par souci d’observation. Il avait vu disparaître les Alakalufs, il ne souhaitait pas la disparition d’autres civilisations.
Il ne se pensait pas prophète. Comme on dit aujourd’hui, probablement un simple lanceur d’alerte.
Emmené par les oies sauvages, il a dû traverser la rive de l’ailleurs. Celle au-delà de laquelle tout retour est improbable. C’est effectivement la seule rive d’où il est impossible de revenir. La seule.
Franck BULEUX
Sources : METAINFOS | 16 juin 2020
UN OUVRAGE MAJEUR ET PRÉMONITOIRE : LE CAMP DES SAINTS de Jean RASPAIL
- Détails
- Catégorie : Littérature
(Le Camp des Saints - R. Laffont, éditeur)
« Accepte le fardeau de l'Homme Blanc
« Et reçois son éternelle récompense :
« La haine de ceux que tu protèges
« Le mépris de ceux qui valent moins que toi ».
Rudyard Kipling.
Devant certains livres, bien trop rares hélas, une question primordiale nous vient, la dernière page lue, le volume refermé entre nos mains : « Pourquoi l'aimons-nous ? » — C'est élémentaire, et point toujours facile à définir... On peut, certes, tenter de répondre, bien ou mal, par les moyens classiques d'analyse portant sur le fond et la forme ; ou bien encore, plus insidieusement, par un examen intérieur : ce livre peut, tout bonnement, répondre à l'organisation de notre cœur, aux croyances de notre esprit —en somme correspondre à nous en rencontrant nos sentiments profonds. Et voilà bien une des vraies limites de la critique, le signe même de sa relativité ! D'où l'importance du premier mouvement qui nous anime, quitte, parfois, à le rectifier après ré-examen. C'est, en somme, un peu soi-même que l'on observe à propos d'une nouvelle rencontre et de ses répercussions sur notre sensibilité... Alors ? Répulsion ? Réserve ? Indifférence ? Admiration ?
En tout cas, aucune hésitation n'est possible à propos du « Camp des Saints » ; nous pensons tenir ici un chef-d'œuvre de bon sens et de courage, avec la révélation d'un talent et d'un tempérament. Un livre rarissime aussi, car prophétique dans toute la force du terme : il comporte en effet, simultanément, un portrait exact de notre temps, avec le diagnostic parfait de l'état agonique de l'Occident, et un exposé à peine imaginaire de notre avenir, par le truchement d'une fiction aussi plausible que passionnante !
Prenez donc ces éléments, associez-les harmonieusement, faites-en un roman de la plus excellente qualité, et osez le publier : il est à craindre, compte tenu du sujet choisi, que vous alliez droit à la catastrophe financière, si ce n'est au suicide social ! — Car, si vous pouvez, aux applaudissements unanimes de toute intelligentsia contemporaine, remettre en cause les principes les plus fondamentaux de notre civilisation, encourager pêle-mêle inceste ou homosexualité, vol, reniement, trahison des vieilles valeurs et de toute parole donnée, s'il vous est permis de piétiner le sens de l'honneur, d'encourager la pyromanie, de faire souiller toute beauté, d'insulter tout désintéressement et de bafouer toute noblesse, il vous faut néanmoins vous souvenir — prudemment, cette fois ! — qu'il reste un sujet interdit, hyper-tabou, le RACISME, si, par pure folie, vous aviez le front de ne pas l'envisager comme une condamnation exclusive, totale et irrémédiable de l'Homme Blanc, de ses concepts propres, et des Civilisations qu'il édifia à partir d'eux ! ! !
Dans ce cas précis, vous aurez couru sciemment le risque d'enrager de haine une église, véritable maffia où se retrouvent toutes les variétés, hélas à nous bien familières, d'abrutis, de snobs et d'authentiques canailles voisinant avec tous les ahuris aux bonnes volontés viciées, devenues toxiques. Tous ces gens-là, disposants d'immenses moyens et dotés d'un incroyable fanatisme se révéleront très dangereux, parce que dérangés par vous dans leur travail. Et nous savons d'expérience que la supériorité de ceux-là réside indéniablement dans le fait qu'ils n'oublient jamais, EUX ! — dès lors, ce qui attends l'auteur ingénu, ou le téméraire qui a osé penser à rebours, dire ce qu'il ne fallait pas en croyant naïvement à une vraie liberté d'expression, c'est, au mieux, le silence scandalisé le plus hermétique, le plus définitif; et, pour le pire, dans certains cas, une mort subite et inexpliquée... Avis aux amateurs, ces aimables perspectives ne sont nullement poussées au noir, mais relèvent toutes d'évènements contemporains...
Voyons, souvenons-nous : Yves Malartic a écrit, vers 1948-49, un des romans les plus étonnants et les plus vrais sur l'écrasement de l'Allemagne, et l'immonde traitement des vaincus : livre de Vérité (1). En a-t-on parlé, l'a-t-on simplement lu ? Point du tout, pensez donc ! Le temps était aux insanités pornographiques, sadiques, mensongères jusqu'à l'outrance de Mr. Helms-Liesenhoff (2), (actuellement ré-édité, d'ailleurs!) alors salué à grandes sonneries de trompes par une critique vautrée dans la sanie. Et ce joli monsieur à la mode n'était que le digne précurseur des grotesques cornichonneries de Mr. Swen Hassel, tâcheron de l'infect aux astronomiques tirages ! (3).
Plus près de nous, quelqu'un a-t-il jamais reparlé, depuis 1960, d'André Lavacourt, auteur de l'excellent « Français de la Décadence »? (4) Et Marcel Clouzot, avec son « Occident » si original et riche, a-t-il eu le plus infime succès ? (5) Un reniement extraordinaire — unique, sauf erreur, dans toutes les annales de nos lettres — a bien valu la vie (et même la survie littéraire, au moins partielle...) à Louis-Ferdinand Céline, mais l'éditeur des quatre fameux pamphlets (6), Denoël, est bel et bien mort, un matin, d'une rafale de mitraillette envoyée à bout portant, alors qu'il réparait une roue de sa vieille voiture... Allez donc savoir pourquoi ? Et tâchez donc de deviner qui diable a fait le coup ?
Pour ce qui est de Jean Raspail, nous ignorons évidemment tout de son futur destin littéraire et autre ; nous ne pouvons que le souhaiter durablement glorieux, mais sans y croire trop, à cause de l'imbécillité de l'époque, de la veulerie et des illogismes des braves gens, de la mémoire inusable, de la cohésion et de l'efficacité hargneuse des autres... En tout cas, devant des sujets où se détecte le moindre relent de questions raciales, le seul talent des habiles réside dans l'art de l'esquive, la prompte dérobade à défaut du conformisme universaliste le plus strict... Eh ! Que voulez-vous, il faut bien vivre, n'est-ce pas ? — Or, ô scandale ! Ne voilà-t-il pas que Raspail a du talent tout court, sans prudence, réserves, complexes, etc. ! Il a un talent fou, « à crever l'Ecran », dirait-on au cinéma, et il semble trop courageux pour être habile, au sens alimentaire du mot ! Voilà qui, du coup, nous éclaire parfaitement : nous savons désormais pourquoi nous aimons son livre, pourquoi il sera honni ou ignoré par la critique et, au fait, nous tenons notre premier adjectif : ce bouquin est, tout simplement, FULGURANT !
Les mots s'usent, l'usage des qualificatifs les affadit... comment leur rendre force et jeunesse, comment choisir parmi ceux qui maintenant se bousculent, sous notre plume ? La règle élémentaire de la critique est bien de se méfier d'un goût trop vif, de l'outrance dans l'éloge ou le blâme. Nous ne l'ignorons pas, mais allons, pour une fois, demander à nos lecteurs de nous passer une forte bouffée d'enthousiasme ! Il est si bien fait, ce livre, si bien senti, et le cas de l'auteur tellement rare !
Dans la masse de papier sale qui jaillit chaque jour sous les rotatives des marchands, bien des trésors doivent se perdre ! Nous avouons, à notre honte, que nous n'avions jamais distingué les œuvres de Jean Raspail, — et c'est une lacune que nous allons combler ! Il paraît que cet homme est grand voyageur : fort bien, mais cela suffit-il ? Combien de parfaits imbéciles ont-ils, aujourd’hui, les moyens de voyager ? Le kilométrage parcouru par bien des vedettes de la presse internationale est impressionnant, mais certes moins que les bourdes et bévues qui envahissent leurs papiers : on peut glorieusement rester un abruti du Cap Nord à Tombouctou, tout voir, prétendre tout savoir, et ne jamais rien comprendre ! Reportez-vous à votre journal habituel : tout est, décidément, dans la qualité de l'homme, qu'il se déplace ou qu'il médite : et il est indispensable de méditer un brin en se déplaçant beaucoup. C'est sûrement le cas de Raspail !
Un voyageur est, d'abord, un homme qui sait voir bien ; s'il n'est ni conditionné, comme dans « Le Meilleur des Mondes », ni bloqué dans son fonctionnement cérébral par irruption d'une religion métaphysique ou laïque, s'il n'est pas muselé par les prudences ou castré par les routines, il est bien placé pour tirer de simples conclusions logiques de ce qu'il a vu. Tout commence là. Ses yeux, et le simple réalisme vont lui persuader qu'il existe des races, des différences physiques et psychologiques entre elles, que ce qui est bon pour l'une ne l'est pas automatiquement pour l'autre, — au contraire, bien souvent ! C'est l'évidence même, hors de toute théorie... Par exemple, vers la fin de la dernière grande glaciation, nos lointains ancêtres durent danser de joie, sur le seuil de leurs cavernes, devant le recul des énormes masses gelées... Depuis, les Blancs ont ordonné le chaos : ils ont tracé des routes, levé des digues, creusé des ports, construits ponts et cités, inventé l'astrophysique et la vaccination, la machine à vapeur, la dynamo, l'imprimerie, l'électronique, la fusion nucléaire et la fusée interplanétaire... Ils ont, surtout, inventé le travail désintéressé, consenti par le père et légué aux fils, alors que l'auteur accepte de ne jamais jouir de son labeur, mais en projette le résultat vers l'avenir lointain de sa race. Voilà le plus beau des dons, peut-être, plus caractéristique du détachement de l'animalité que l'invention de la fourchette ou de la valse viennoise : cela est aussi grand que de transmettre la vie, ou de donner son sang... Bref, nous, Blancs, avons beaucoup travaillé, — et la richesse dont on veut aujourd'hui nous faire crime, n'est-ce pas, d'abord, du TRAVAIL EN CONSERVE ? Et, pendant ce temps-là, 40 ou 45.000 ans, nous fûmes à peu près seuls ! Les noirs dansent toujours, et ce sont, d'ailleurs, des danseurs remarquables, des danseurs-nés ! Au fond, philosophiquement parlant, dans l'absolu, n'ont-ils pas raison d'avoir toujours dansé ?
Monsieur Raspail n'a cure de cela ; comme nous tous, il vit dans le relatif, avec les choix essentiels que cette situation comporte. Il s'est donc aperçu que le racisme n'est nullement une métaphysique, non plus qu'une codification du meurtre systématique, comme s'acharne à nous le faire croire une hideuse clique dont le but véritable nous semble être de rendre notre monde assez laid pour y passer totalement inaperçue. Il y a vu une hygiène, un empirisme prudent et mesuré. En comparant les mœurs, modes de vie, effets du travail accumulé opposés à ceux du « Inch'Allah ! », il a perçu exactement ce que nous étions, nous blancs, et pressenti avec acuité ce qui devait nous arriver à force de marcher sur la tête, de nous laisser ahurir, décérébrer, envahir par les détritus physiques et moraux en tous genres. Ne cherchons pas plus loin la racine naturelle de ce gros livre : elle s'accroche simplement dans le nutritif terreau du bon sens ! Voici l'enfant devant le Roi Nu, le Huron chez Marie-Chantal, le médecin de campagne parmi les Diafoirus : « Attention, Messieurs : Gangrène ! sauf amputation, c'est la mort dans les 48 heures » ! — Voilà tout ! Et bien, chers lecteurs, en ce printemps de 1973, il est tout bonnement prodigieux d'entendre une telle musique ! Quelle secousse que de trouver un livre qui se peut résumer en dix lignes et ne point s'épuiser en trente pages de commentaires ! C'est une gageure que de réunir tant de richesse, de réflexions possibles avec tant de suite dans l'agrément de la lecture ! Ce travail est une merveille, par quelque plan qu'on l'envisage...
L'argument est simple : dans des années proches, une famine chasse de l'Inde une immense foule de misérables : 800.000 ? Un million ? — Le détonateur qui est censé tout déclencher est la fin supposée d'une pratique bien réelle, à la fois pitoyable et inconséquente, consistant, silencieusement, depuis des années, à faire adopter par des familles européennes des enfants de couleur, exportés de pays misérables et ravagés par la guerre (7). — Ces gens s'emparent d'une flotte hétéroclite de vieux raffiots pourris, s'embarquent et mettent le cap sur l'Occident. Quarante-cinq jours plus tard, ils accostent en France, sur la Côte d'Azur, et l'Homme Blanc cesse d'exister, partout, dans le monde qu'il modela et organisa jadis...
Voilà, résumé en douze lignes, ce qui remplit plus de quatre cents pages haletantes, incomparables de qualité, et qui pourraient bien ne plus relever, un jour prochain, de l'aimable fiction, mais de la plus grimaçante réalité ! Est-ce pour cela qu'on ne peut plus se détacher du livre commencé ? Peut-être ; mais la progression dramatique, au cours du récit, ne tient pas uniquement au talent narratif de Raspail : c'est aussi son sens de l'analyse qui intervient pour fixer notre intérêt. La flotte misérable qui recèle en ses flancs la mort de l'Occident en lui apportant « un million de Christs », et rampe vers lui, avec une lenteur inexorable, ne mobilise pas uniquement notre sensibilité comme, par exemple, la descente du pendule mortel dans le puis d'E. Poe. Ce qui passe les bornes de l'horreur, ici, c'est surtout l'exposé de la décomposition interne des nations blanches devant leur destin, un peu comme si, à chaque seconde, le supplicié de Poe pouvait arrêter la machine infernale et, au contraire, s'abandonnait. Il se trouve là un ressort dramatique inédit que l'auteur a bandé à son maximum. On a le cœur crevé en voyant, au premier rang des condamnés, la France aveugle, encrapulée, titubante, droguée, ivre de folies verbales, accablée d'idées suicidaires et détruite par ces poisons bien plus encore que par un sous-prolétariat racialement et socialement inassimilable. C'est, d'ailleurs, sa propre jeunesse qui la liquidera avec dégoût, et sans merci. Ce coup de grâce venu de l'intérieur aura deux aspects : idéologique, par conquête mentale d'abord, permettent l'anéantissement physique immédiatement après. Que le lecteur veuille bien nous croire : on ne peut lire ces pages-là sans frissonner, soudain glacé jusqu'aux os.,.
Eh oui, les murs de Troie ne pouvaient tomber que par l'intérieur, sous les coups des Troyens. Ces vieux mythes seraient-ils alors prophétiques, relèveraient-ils de la prémonition ? Et quelles excuses aurions-nous de choir, après de si claires mises en garde ? Peut-être le Savoir n'est-il décidément pas plus transmissible que l'expérience ! Mais en tout cas, la « Cinquième Colonne » légendaire de 1940, inventée alors de toute pièces pour disculper incapables et canailles qui avaient jeté la France dans une inconcevable catastrophe, nous la voyons bien œuvrer chaque jour, à visage découvert ! Et là, pour la clouer au pilori, Raspail trouve des accents d'une telle véracité qu'ils ne relèvent plus de la satire ou d'un maniement supérieur de l'ironie : les empoisonneurs sont, littéralement, filmés, et leurs modes de penser, leurs tics oratoires, tous les trucs de leurs techniques de pourrisseurs se voient fixés en pleine lumière. Pour nous, c'est là qu'est le cœur vivant de la terrible mise en garde de l'écrivain, au cours du répit que laisse aux futures victimes la lenteur de l'escadre étrangère, il procède à une analyse clinique des progrès dévastateurs de l'idéologie et des actes de ceux qui la diffusent. Raspail se sert adroitement de textes réels, déjà répandus, de situations connues, révélées par la presse, de faits divers célèbres, typiques et récents. D'où le malaise du lecteur, qui, évoluant en pays de connaissance, se dit tout à coup qu'il a déjà vécu cela, qu'il marche dans le réel, que ce n'est pas du roman...
On pourrait noter, en exergue de l'ouvrage, la citation bien connue de Chesterton : « Le Monde semble mené par des Pensées Chrétiennes devenues folles ». Certes ! Et Jean Raspail distingue admirablement que certaine faiblesse, dans le décervèlement actuel, peut devenir une sorte d'arme absolue, à employer contre des gens innocents, mais ahuris, complexés, culpabilisés depuis des années par toute une engeance difficilement définissable. Il désigne ceux qui nous ont ainsi sapés sous un terme vague, elliptique, en se gardant de personnaliser : « La Bête ». Nous y voyons une ultime prudence, en l'état actuel du monde en général, et de la Législation dite Française en particulier ! A chacun d'interpréter ici, très librement...
La fougue de Raspail est merveilleuse pour aller fouailler tous les auxiliaires de cette vilaine Bête : tout y passe, quasi nominativement. Notre homme ne doit pas compter énormément d'amis dans les Salons du Tout-Paris, ni avoir souvent envie d'aller croquer des petits fours aux réceptions de S.E. l'Ambassadeur de l'Inde ! Sont fustigés — et de quelle poigne ! — abbés, cardinaux et Papes, belles âmes progressistes, bonnes consciences professionnellement rétribuées, cuistres et histrions de la radio et du spectacle, singes abrutisseurs de la télévision, caractériels enseignants de l'Université à l'Ecole Primaire, avec les ratés, les aigris, les fruits secs, humanitaristes de bazar, tarés sonores et cervelles creuses, hyppies, asociaux rêvant de confuses vengeances, objecteurs de conscience à sens unique, etc., etc. : c'est un fantastique défilé de toutes nos tératologies mentales, c'est un cauchemar virant tout à coup au réel, comme une terreur nocturne qui, soudain, quitterait notre lit pour envahir notre chambre, puis toute notre maison. Ah ! il est bien temps de geindre après avoir tout accepté, sinon tout encouragé ! Tu l'as voulu, Georges Dandin ! Les tueurs n'étaient pas dans tes rêves, bien apprivoisés, mais au naturel, et sous ton propre toit ! Et meurt ton dernier cri dans ton dernier souffle !
Il est, en vérité, indispensable de toujours prévoir les conséquences de ce que l'on fait. Arrêtons-nous donc ici un moment, car le point est d'importance... Tous ces maux qui défigurent et corrodent l'Occident, le conduisant inéluctablement vers un affreux destin, tel celui prédit et annoncé par M. Raspail, tombent-ils vraiment de la Lune, à la stupeur des peuples ? Résulteraient-ils d'une sorte de génération spontanée ? Sont-ils pleinement nouveaux, totalement imparables parce qu'inédits ? Mais POINT DU TOUT ! ! ! Matérialisme dogmatique contre matérialisme hypocrite, horreur rouge contre abjection du Veau d'Or, les iniquités et les crimes d'un camp relançant l'autre en un balancement sans autre issue que fatale, et la rage des nihilistes, et les aveuglements des jouisseurs, et la démission des « élites », et les égarements des moins mauvais, et le chaos racial par là-dessus, c'est du neuf? Nous n'avions jamais été prévenus, personne n'avait jamais vu ça, vraiment ? Allons donc ! Ces tares étendent sur nous leur ombre depuis pas mal de lustres ! Et il y eut bel et bien une réaction, naguère, qui fit un certain bruit en osant contrer, de face, les systèmes déjà en place, et dont l'actuel succès entraîne notre agonie. En clair, vous tous, écœurés par la porcherie ambiante, n'avez voulu hier, à aucun prix, du Fascisme, ni, surtout du Nazisme ? Tout au contraire, vous vous êtes acharnés à définir a contrario vos valeurs, votre idéal de vie par rapport aux concepts moraux ou esthétiques de vos ennemis, et ce, durant les années de lutte, et depuis ? Fort bien ! Les résultats éclatent sous nos yeux, ils sont plus que probants : tout cela pétille d'intelligence, c'est une fête de l'Esprit ! ! !
Ainsi, les jeunes vainqueurs de 1940 chantaient admirablement, à quatre voix, le long des routes, des hymnes de paysans et de chasseurs, scandés, naïfs, virils et harmonieux : quatre ans plus tard, vous avez tous hurlé de joie quand une horde de dégénérés beuglants vous saoula de « Hey Ba-Be-Li-Bah ! » et vous révéla les splendeurs harmonieuses du « Chatanoogah Tchow-Tchow »... Parce que les Nazis aimaient la discipline et acceptaient le renoncement, vous avez intronisé le débraillé canaille et proscrit l'esprit de sacrifice. Vos adversaires glorifiaient les marbres grecs, la lumière de Vermeer et les ors de Rembrandt, alors, vous avez idéalisé la statue de tôle ondulée et l'art informel, pour aboutir tout récemment à l'exhibition de déjections (au sens physiologique du terme !) dans des expositions officielles — et subventionnées ! — d'Art Moderne. Vos ennemis voulaient, à l'origine, une certaine pureté raciale et quelques ségrégations nécessaires, et vous avez acclamé, sans fin, la chiennerie universelle. Ils avaient le respect de leurs aïeux et glorifiaient le travail de leurs pères, et, dès lors, vous avez permis, sinon voulu que vos propres fils vous crachent au visage (8). Les Allemands vous défiaient de front : vous les avez fait assassiner dans le dos. Ils professaient fidélité à mort envers la foi jurée : pour en venir à bout, vous avez rendu obligatoires tous les parjures, et récompensé tous les reniements. Votre manichéisme a parfois dépassé les limites du délire : d'aucuns n'ont-ils pas rejeté savon et poil court parce que les maudits respectaient leur corps ? Quand vous avez vu vos alliés gagner la partie, vous avez baptisé « rééducation » les premiers lavages de cerveau pratiqués sur des prisonniers vaincus, et vous avez assourdi l'univers de vos glapissements, proclamant que la Civilisation avait vaincu la Barbarie. L'aumônier militaire (catholique!) du général Leclerc voulait imposer un noir par famille allemande après la victoire ! ! ! Tout ça, aux côtés de Staline, le broyeur de peuples, de Churchill glorieux d'avoir calciné tous vifs d'innombrables enfants allemands, et de M. Roosevelt, qui voulait nourrir veuves et orphelins survivants avec des soupes populaires durant 40 ans ! Après quoi, vous avez baptisé chaque coins de vos villes du nom de gens qui clamaient bien haut vouloir procéder à la grande inversion des valeurs ? Mais ce n'est plus un roman, c'est, pour de bon, une histoire de fous, de fous à lier ! Trêve de commentaires : si vous êtes contents, il y a de quoi ! C'est parfait : vous allez maintenant crever de vos propres principes, et de la belle victoire de vos grands amis, un point c'est tout ! — Voyez-vous, s'il est encore un remède, c'est nous qui le connaissons — sachant aussi, d'ailleurs, que 1' « Histoire ne repasse pas les plats ». Il est bien dommage, au fait, que M. Raspail n'aborde pas cet aspect de la question... Mais enfin, jamais, nul ne peut prétendre être vraiment complet.
Dans ces conditions, ne commettons pas l'erreur de nous laisser aigrir. Au passage, heureusement, les traits vengeurs pleuvent drus, les gifles claquent, sèchement sur la trogne des grotesques... Sa Sainteté Benoit XVI ! Les Pasteurs volants ! Les Dames Patronnesses de l'Ordre de Malte, et combien d'autres ! Impossible de tout citer, de tout dire. L'exégèse du livre risquerait de comprendre autant de pages que l'œuvre elle-même, et ce serait pitié, car elle atteindrait difficilement la qualité du coup de patte, le sens du mouvement, la chaleur et la vivacité qui font étinceler ces lignes illuminant un récit qui pourrait n'être qu'épouvantable sans l'ironie, l'émotion et, bien souvent, la drôlerie de l'écrivain. Nous renvoyons donc nos lecteurs à leur librairie, d'urgence, en leur promettant plaisir et enrichissement de qualité. Les hyènes qui prévoient de vivre de nos cadavres, les techniciens payés pour dissoudre nos volontés et liquider nos valeurs vont faire silence : alors, qu'au moins une minorité crie fort son admiration motivée, propage et encourage la lecture du livre ; si ces gens ne se manifestent pas, ils sont dignes du sort qui les attend, et Raspail eut bien tort d'écrire !
Maintenant, après assentiments et éloges amplement mérités, regardons de près pour voir ce qui nous a semblé moins probant, quoi que souvent tout aussi talentueux, dans l'excellente narration de M. Raspail : à nos yeux, ce ne sont que minces failles dans le bloc, dix lignes par-ci, par-là ; nous nous permettons de les mentionner ici à cause de la vigueur et des exceptionnels mérites du tout : il n'est pas d'œuvre de bon aloi qui ne souffre contradiction sur des points secondaires, et ne stimule l'esprit en nourrissant la discussion.
Deux fois au moins, l'auteur fait mourir des apprentis-sorciers, des renégats que nous connaissons bien : le Blanc dévié, dévoyé, retournant toutes ses qualités intrinsèques de ténacité et de persévérance contre sa propre race (9). Et l'auteur laisse à ces hommes, comme ultime pensée au seuil de la grande nuit, un « confus regret de l’Occident » (Page 60) — une « contrition parfaite » de leurs actes (P. 363). Ceci nous paraît une erreur... il nous est personnellement arrivé de nous trouver parfois en très mauvaise passe — pour parler français, en péril de mort imminente, dont une fois au moins en pleine lucidité, sans que nul doute ou ombre de regret ne vienne voiler ce qui nous semble évidence, vérité bien claire. Quand une idée directrice anime un homme avec la vigueur d'une foi religieuse, au point de conditionner toute sa vie, l'arbitraire s'efface : qu'il s'agisse d'une illusion, d'une erreur, d'une folie, d'un crime même, il n'importe : nous arrivons ici au domaine de l'idée fixe : il est hautement improbable qu'il puisse y avoir hésitation, ébauche de revirement, repentir au suprême instant. En adoptant cette hypothèse, on peut obtenir un effet littéraire et moral très impressionnant, et M. Raspail sait faire mouche ! Mais le fait doit être, dans la réalité, bien rarement exact ! Ce serait trop beau si la « vérité vraie » venait, en passant, faire risette au malheureux aveuglé toute sa vie, avant l'engloutissement dernier ! Nous préférons faire à nos adversaires, à ceux qui voient, sentent, pensent et croient à notre opposé, s'ils sont sincères, le crédit d'une mort intégralement conforme à leur foi, celle-ci fut-elle parfaitement démente. Malraux est logique quand il fait se jeter, bombe au poing, un des héros de la « Condition humaine » contre une auto-blindée « ... avec une joie extatique ». — A chacun ses dieux, — ayons la générosité de ne point douter du dernier battement du cœur de nos ennemis...
Il se trouve aussi un passage où Raspail traite de la camaraderie rigolarde, braillarde et passablement vulgaire qui règne chez des troupes ultra-minoritaires montant en ligne en plaisantant avant de mourir. Cela est très probablement vrai de troupes françaises. Toutefois esthétiquement, si l'on nous passe le mot, nous préférerions voir exalter des cas de sacrifiés conscients finissant leur vie sans débraillé dans la fin d'une grande œuvre, tels les Spartiates aux Thermopyles, milices ouvrières durant la guerre d'Espagne, Garde Rouge devant Stalingrad, Waffen SS dans des centaines de cas, troupes Japonaises presque partout : hommes graves, résolus, fidèles jusqu'à la dernière balle ou regorgement final qui, tous ou à peu près, eurent la sombre grandeur de servir et de mourir sans un murmure ou une plaisanterie, sous le rigide corset de la plus inflexible discipline. Le silence est le dernier refuge de la dignité de l'homme, quand le vainqueur, indigne, ne mérite ni un mot ni un haussement d'épaules : nous aurons toujours le regret que la dernière salve de l'épopée Impériale soit partie après une expression de corps de garde. Et ceci, sans nulle « affectation amère » comme à la page 367. Enfin, tout, ici est uniquement affaire de tempérament, et c'est assez secondaire...
Voici plus curieux, vers les pages 328/331 et suivantes : le terme de l'œuvre est proche, et M. Raspail met en scène, dans un passage extrêmement pathétique, douze vieux moines, leur prieur, avec un progressiste tout à la fois déchiré et convaincu, et encore un apostat qui, lui aussi, revient vers la vérité dans les derniers moments. Tout cela confère à cette partie du récit une indéniable grandeur, par la réussite d'un effet très bouleversant. Mais cependant, il nous faut dire qu'il nous semble voir ici Raspail donner un imperceptible coup de pouce à la véracité des caractères. Les dogmes chrétiens sont difficiles d'approche, voire assez mystérieux pour le profane ; et, s'il est possible ou, au moins conforme à d'anciennes habitudes Occidentales de voir le Prêtre lutter avec les Blancs (« Vive le Christ qui aime les Francs ! »), avec les civilisés contre les Barbares (10), il n'est pas moins défendable, de la part du progressiste religieux, de prétendre servir l'Humanité contre sa Race, le Tout contre la patrie, dès lors qu'on se réfère à une Foi qui érige en Dogme l'Egalité dernière des hommes, de tous les hommes, pourvu qu'ils soient baptisés, et la primauté absolue de la « Jérusalem Céleste » sur toutes les Patries d'ici-bas... Un croyant sincère ne préfère-t-il pas, en toute logique, donner allègrement ses filles à n'importe quel allogène croyant, plutôt qu'à des blancs payens, hérétiques, schismatiques, etc. ? Ces points étant éminemment délicats, contentons-nous de signaler ici un bien intéressant sujet de discussion, toujours possible pour autant qu'on y mette finesse et courtoisie...
Nous accrochons encore, et plus durement cette fois, vers la page 401 : là, Jean Raspail s'attendrit un instant sur la mort d'une société « où l'Argent faisait aussi le bonheur ». — N'y eut-il qu'une demi-ligne dans le livre sur ce sujet, elle nous semble de trop. Elever l'Argent à la dignité de facteur positif de l'Occident défunt ? N'est-ce pas aberration pure? Pourtant, notre auteur a, visiblement, entendement clair et jugement sûr ! — II voue une salutaire exécration à toutes les variétés non-comestibles de l'espèce porcine, de De Gaulle à notre belle bourgeoisie contemporaine. Bien, très bien ! Mais comment ne pas voir que ce fut par le culte de l'Or, par cette ignoble faille que le tout premier poisson passa ? Si l'Argent peut tout engendrer, il peut tout rendre respectable ! Et donc, le porc pollueur bourré d'or pourra tranquillement, doucement d'abord, acheter les âmes, pervertir les intelligences, dépraver les goûts, abrutir de travail les humbles, sécrétant par là le Marxisme... C'est l'Argent qui jeta les vierges de haute race dans le lit des usuriers, qui fit ricaner les malins devant le désintéressement des purs, jouir le marchand des peines du pionnier, le banquier des veilles de l'inventeur, lui encore qui permit aux parvenus de rouler carosse tandis que les guerriers déchus gisaient au ruisseau (11). Ah certes, nous connaissons bien son règne : c'est du propre ! Disons donc, avec le proverbe, que l'Argent peut-être un bon serviteur et un abominable maître, souvenons-nous que, s'il permit (rarement!) le mécénat, il a fait justifier tous les esclavages et toutes les corruptions, et assurons M. Raspail que, si nous devons vivre les suprêmes instants de la race Blanche, notre regret profond portera sur la vision fière et héroïque du Soldat et du Pionnier créant un ordre dans l'Univers erratique, clarifiant, organisant, combattant comme Grecs, Latins, Germains ou Français de haute époque. Cela n'interdit pas de savoir goûter le charme de la vie, apprécier une œuvre d'art ou une jolie femme, d'ailleurs ! Mais, comme on dit crûment, il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes, et bien situer Homère, Vinci ou le chevalier Bayard à quelques millions d'années-lumière au-dessus de tout banquier ou financier ! Tandis que le grand vaisseau du Monde Blanc, démâté, disloqué, craque et s'enfonce, notre regret du naufrage n'ira pas jusqu’aux centimes ! Pour nous, c'est l'Argent qui parvint à avilir la noblesse en anoblissant qui le possédait tuant par là le concept de qualité qui hiérarchisait et structurait tout l'Occident. Que ce stigmate lui reste à jamais dans notre déchéance. Que l'Or et son culte s'étouffe dans la pourriture qu'il créa serait, en vérité, pure justice : point de larmes pour lui ! — Et vive le Roi Barbare, tenaille au poing, arrachant les dents de l'Usurier !
Abordons la fin de nos critiques par ce que nous croyons être une erreur de perspective dans ce livre si lucide : P. 67/81, Raspail met en scène l'Armée Rouge montant la garde sur le fleuve Amour (la Géographie a de ces caprices ! ou de ces prémonitions !). Voici quelques centaines de milliers de soldats russes, Marxistes Blancs, face à des millions de femmes et d'enfants chinois, Marxistes Jaunes, qui vont déferler (voir, p. 376). Très beau, très bien, captivant comme le reste, mais ici encore, certains lecteurs se sentiront moins approbateurs. Ceux qui auront vu les Russes de près, par exemple... Voyons cela : d'abord, souvenons-nous bien, une fois pour toutes, que le Marxisme est une RELIGION (12). Et que, somme toute, dans des cerveaux de dirigeants bien conditionnés, cela pourrait donner à peu près : « Qu'importé que le Monde soit Jaune ou Blanc, pourvu qu'il soit Marxiste et Rouge ! » (13). Il restera toujours là une équivoque, et de quelle importance !
Pour nous, permettons-nous de marquer au passage notre scepticisme, et de l'indifférence, sinon de l'hostilité... Les Russes, « des Blancs comme les autres » ? Oui et non, pas tout à fait ! Il semble, à travers ce que l'on sait de leurs lointaines origines, que les Slaves soient une race-résultat, un agglomérat, brassage entre Finno-Ougriens, Germains, Daces, etc., le tout puissamment mêlé de sangs jaunes : Mongols, mais aussi Tartares, Tchouvaches, Kalmouks, Uzbeks, Bouriates, etc., etc. Avec autrefois, à la tête de l'Etat, une infime minorité Blanche très peu mêlée, créatrice, abhorrée et renversée... Cas typique d'une race métisse, haïssant à mort un de ses composants. Quand on voit avec quelle férocité, avec quelle suite dans la rage exterminatrice ces gens-là ont anéanti la part blanche d'eux-mêmes, on reste rêveur. Depuis le délire Panslaviste et les élucubrations furibondes de Dostoïevski contre TOUT ce qu'était l'Occident, puis l'anéantissement physique des Grands-Rus siens, les génocides d'Ukrainiens, la liquidation des Baltes, (et leur remplacement, dit-on, par des Toungouses et des Lapons...), l'extermination radicale des hommes et la dispersion des femmes et enfants des « Allemands de la Volga », on ne peut, réellement, guère voir dans les « Russes » autre chose, actuellement, que des « communistes », c'est-à-dire tout le contraire d'un rempart : une AVANT-GARDE ! (14) De grâce, essuyons nos lunettes et regardons bien : peut-être notre sort se décidera-t-il là, c'est vrai. Mais la race n'a que des effets créateurs lents, tandis que les fureurs politiques, religieuses ou idéologiques entraînent des destructions quasi instantanées, aux lourdes conséquences pouvant aller à rebours de toute santé biologique... Méfiance, le suicide est TOUJOURS possible à l'Homme (...)
(…) La très belle devise du Taciturne était : « II n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ». Elle définit parfaitement notre position. Nous sommes grands amateurs de livres prophétiques, au sens strict du terme : il n'est pas de lecture plus formative (Vacher de Lapouge, toujours lui!), ni de plus méconnue. A chaque parution, — quand ils peuvent paraître ! — une infime minorité les salue (Robert Brasillach et une mince élite pensait bien, lors de la parution des Pamphlets Céliniens, que ce pouvait être le premier signe d'une « révolte des indigènes »!) pour les voir ensuite s'engloutir... En fait, la masse, qui seule compte aujourd'hui, ne lit pas. Ceux qui lisent un peu ne comprennent pas ce qu'ils lisent. Ceux qui comprennent un peu s'empressent d'oublier, à 99 % parfois ! Et ceux qui ont lu, à peu près compris et retenu quelques temps ne modifient en rien leur comportement, non plus que leur manière de vivre, naturellement ! Trop de routines, trop de distance entre le livre et la vie : l'avenir est à la Télévision, gavage passif et orienté, avec faux problèmes, témoignages sollicités, apaisements sur mesures pour débiles, — redoutable outil en de bien vilaines mains... Dès lors, on pourrait demander pourquoi lire « Le Camp des Saints », et pourquoi le conseiller à cors et à cris ? Nous l'avons déjà dit : il est doux comme le Miel de voir un auteur de classe gifler à tours de bras idiots et fous, et avoir le courage de vouer aux gémonies, par exemple, la Loi inqualifiable qui, dictée à des lâches par des gredins, prétends bâillonner toute presse en interdisant l'expression d'une opinion mettant en cause l'origine d'un malfaiteur ! (voir page 403...) Et puis, il est finalement très agréable de lire en sachant qu'on est à peu près la dix-millième partie du public, de se séparer du reste pour rire de bon cœur, parfois, seul dans son coin, avec la fierté acerbe des infra-minorités ! Sans préjuger de l'avenir, attendons avec confiance : il est aggravations salvatrices et, du train dont vont les choses, tout ne peut que s'aggraver rapidement !
J.F. SETZE
Notes :
- (1) « L'Homme aux Poules », Editions de la Table Ronde.
- (2) Auteur de l'aberrante série des « Gretchen ». Dans les cas d'empoisonnements graves, en lire 20 lignes comme vomitif de la dernière chance !
- (3) N'en rien lire du tout : il est empoisonnant autant qu'empoisonné !
- (4) Nous n'avions que modérément aimé, dans ce livre (Gallimard, Ed.)» certains exposés peut être trop fréquents et précis sur des détails atroces ou des odeurs immondes, par exemple. Mais enfin, le réalisme a ses lois, de sa substance. Il ne fut salué que d'un seul article — éclatant — de Lucien Rebatet dans « Rivarol ». Mais qui ne sait que ce journal ne peut que faire étouffer un auteur en le louant trop, tant est radieuse la bonne foi de cette fin d'époque ! (Il est encore heureux, somme toute, que « Défense de l'Occident » n'ait pas même cette puissance !)
- (5) ODEP, éditeur, 68, rue de Vaugirard. En faillite depuis l'an dernier...
(6) Pour nos tous jeunes lecteurs, et, peut-être, à l'usage de certains autres, moins jeunes : Durant les années Trente, Louis-Ferdinand Céline effectua une percée fracassante dans les Lettres Françaises avec le « Voyage au bout de la Nuit » et, peu après, « Mort à Crédit ». Il inaugurait par une sorte de réalisme outrepassant toutes les limites du trivial, servi par un génie authentique et un tempérament exceptionnel. (Toutefois, il faut noter, ainsi que le vit excellemment Gabriel Matzneff, qu'il livra ainsi notre littérature à une pléiade de sous-hommes mal embouchés, qui crurent, grâce à sa caution, accéder au suprême talent par la simple grossièreté dans la platitude, sans invention ni qualité... Passons !) Sa crudité de langage et son anti-conformisme tonitruant le firent classer « à gauche », ses livres furent traduits en U.R.S.S. où, peu avant 1936, il fit un voyage pour dépenser ses droits d'auteur. Horrifié par ce qu'il y vit, il en revint pour publier un fracassant « Mea Culpa » (1er pamphlet, 1936-37) où il rompait définitivement avec l'extrême-gauche. Puis, en 1937-38, la promulgation en Allemagne des premières Lois Raciales pour la défense de la race germanique ,1'assassinat du Conseiller Von Rath et la nuit de cristal amenèrent une exceptionnelle quantité de juifs à quitter ce pays pour se fixer en France. Le hasard voulut que notre presse prit feu et flamme pour les exilés, et ce, sans nulle nuance et inconditionnellement. Céline, qui estimait avoir son mot à dire, exprima sa divergence de vue dans « Bagatelles pour un Massacre » (1937), son second pamphlet. Enorme retentissement ! Vint 1938, avec, cette fois, de la part de la Presse Française, un tel déchaînement provocateur à la guerre idéologique contre Hitler, dussent des millions de Français y périr, que Céline, ancien combattant grièvement blessé au cours d'une action d'éclat en 1914, y répond par un pamphlet volcanique « L'Ecole des Cadavres ». Mais, ses mises en garde n'ayant, naturellement, servi à rien, il établit en 1941, après la guerre et le désastre de 1940, un constat de l'état moral et psychologique de la France en des accents où la plus lucide observation rejoint désespoir et misanthropie. (4e et dernier pamphlet, si l'on ne compte que la lettre ouverte, bien moins décisive, à Jean-Paul Sartre, après la guerre, à la fin de l'exil Danois : « A l'Agité du Bocal »...) En résumé : 1° Rupture avec Moscou ; 2° Opposition à l'irruption incontrôlée de l'étranger ; 3° farouche hostilité à une guerre provoquée ; 4° Somme des idées résumées dont périt la France, et impitoyable constat de son état... Livres interdits, reniés par leur auteur, maudits, détruits, non-édités et immortels pour leur fougue et leur pertinence... A rechercher d'occasion, malgré leur prix, lire attentivement ; à recopier et à diffuser le cas échéant. Car de si de bons esprits et, parfois d’éminents critiques ne veulent y voir qu’outrances purement littéraires ou esthétiques. Il en est d’autres qui crient au tableau insupportable à force de VERACITE. Nous tairons notre sentiment, bien qu'ayant souvent dû casser des miroirs pour éviter de voir ce qui déplaît. Après tout, à chacun sa vérité : Lisez, méditez et choisissez !
{7) Ceci n'est nullement inventé, comme une forte quantité de faits-divers absolument véridiques imbriqués par Raspail dans son œuvre, et que les amateurs d'actualité reconnaîtront immédiatement au passage. Ce procédé accroît le réalisme de l'ouvrage et actualise la menace. Dans ce cas d'espèce, voici peu de semaines, nous lisions des lettres à la fois touchantes et insensées de lectrices traitant de sujet dans le plus grand journal catholique belge. Lire attentivement aussi une très belle page de Raspail lui-même sur ces douloureuses histoires, p. 36-37.
(8) Ma parole, là, ils ont eu diantrement raison !
(9) Sujet passionnant, et peu abordé de nos jours. Pourtant, M. W. Churchill serait un cas assez extraordinaire à examiner. A défaut, dans un domaine tout voisin, étudier le Pasteur Mac Isaac, héros de cet intégral chef-d'œuvre de Saint-Loup : « La Nuit commence au Cap Horn ». A lire absolument !
(10) Ce ne fut pas toujours le cas, tant s'en faut. Lire Celse, voir la fin de l'Empire Romain...
(11) N'est-ce pas Hitler qui disait, en un saisissant raccourci : « L'Economie, créée par l'Homme, doit être mise à son service, l'inverse n'est pas imaginable ». Ici, il manquait, ma foi, d'imagination !
(12) Sur le sens religieux chez l'Homme et ses transpositions, voir l'avis d'auteurs aussi divers et intelligents que, par exemple, Schopenhauer, Gustave Le Bon, Bertrand Russel. etc... Ceux-là décapent sévèrement la croûte Marxiste, bonnes gens !
(13) En toute logique encore un coup, il importait peu aux Chrétiens du IIIe-Ve siècle que le Monde soit Romain ou Barbare... Il fallait qu'il soit Chrétien, dût Rome disparaître. Elle disparut, en effet. Mais là, les Pontifes eurent une chance inouïe : ils tombèrent sur de « Bons » barbares, des Blancs, qui portaient en eux toutes les potentialités créatrices d'une autre civilisation, admirable, qui put s'édifier sur les admirables ruines de Rome, assez peu de temps après. Mais attention chers contemporains! On dit bien que les miracles n'ont lieu qu'une fois !
(14) Lire le chapitre final de G. Vacher de Lapouge, dans « L'Aryen, son rôle social », Pontemoïng, éditeur, 1899. «Défense de l'Occident » a effectué une réédition de ce texte étonnant en 1963. Voir plus particulièrement N° 33, juin 1963, pages 76, 77 et 85.
Sources : Défense de l’Occident – Numéro 111 – Mai-Juin 1973
Un grand Monsieur nous a quittés
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- Catégorie : LES EVEILLEURS DE PEUPLES
Le Royaume d'Araucanie et de Patagonie vient de perdre son Consul général...
Jean Raspail vient de nous quitter. Je le connaissais très bien et depuis très longtemps. C'était un aristocrate de la littérature, un aristocrate de la pensée, un aristocrate de la vie. Dans sa jeunesse, il avait été explorateur, aventurier, navigateur (c'est d'ailleurs dans ce cadre que je l'ai connu, lui ayant succédé comme Président du Cercle de la Voile d'Erquy, en Bretagne). Il écrivait beaucoup et avait reçu le Prix de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 1970.
Nous le connaissons tous pour son ouvrage majeur et prémonitoire, Le Camp des Saints, en 1973, où il dénonçait l'invasion allogène en Europe et annonçait la fin de l'Homme blanc. Les portes se fermèrent alors sur lui les unes après les autres, notamment l'Académie française où ses anciens amis lui tournèrent le dos. Il en fallait plus pour ébranler cet homme aux convictions inébranlables.
Il continua à écrire nombre de romans que je vous invite à lire ou à relire (et à faire lire à vos enfants) : Qui se souvient des hommes ; Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie ; Sire ; Les Hussards ; Sept cavaliers sont sortis de la ville par la porte de l'ouest qui n'était pas gardée ; Le son des tambours sur la neige ; Les royaumes de Borée...
C'était un géant, dur comme le granite de Bretagne. Il aura fallu un petit virus pour l'abattre. Au moins aurait-il eu la chance de ne pas vivre l'agonie de l'Homme blanc. D'ailleurs, sa religion était faite : "Les carottes sont cuites", disait-il.
Au revoir Jean, nous nous retrouverons un jour.
Alain CAGNAT
Un arbre est une fédération bruissante.
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- Catégorie : ETHNOPOLITIQUE
Ils étaient arrivés devant le square des Invalides ; M. Taine s'arrêta, mit ses lunettes et, de son honnête parapluie, il indiquait au jeune homme un arbre assez vigoureux, un platane, exactement celui qui se trouve dans la pelouse à la hauteur du trentième barreau de la grille compté depuis l’esplanade. Oui, de son parapluie mal roulé de bourgeois négligent, il désignait le bel être luisant de pluie, inondé de lumière par les destins alternés d'une dernière journée d'avril.
— Combien je l'aime, cet arbre! Voyez le grain serré de son tronc, ses nœuds vigoureux ! Je ne me lasse pas de l'admirer et de le comprendre. Pendant les mois que je passe à Paris, puisqu'il me faut un but de promenade, c'est lui que j'ai adopté. Par tous les temps, chaque jour, je le visite. Il sera l'ami et le conseiller de mes dernières années... Il me parle de tout ce que j'ai aimé ; les roches pyrénéennes, les chênes d'Italie, les peintres vénitiens. Il m'eût réconcilié avec la vie si les hommes n'ajoutaient pas aux dures nécessités de leur condition tant d'allégresse dans la méchanceté.
---- Sentez-vous sa biographie? Je la distingue dans son ensemble puissant et dans chacun de ses détails qui s'engendrent. Cet arbre est l'image expressive d'une belle existence. Il ignore l'immobilité. Sa jeune force créatrice dès le début lui fixait sa destinée, et sans cesse elle se meurt en lui. Puis-je dire que c'est sa force propre? Non pas, c'est l'éternelle unité, l'éternelle énigme qui se manifeste dans chaque forme. Ce fut d'abord, sous le sol, dans la douce humidité, dans la nuit souterraine que le germe devint digne de la lumière. Et la lumière alors a permis que la frêle tige se développât, se fortifiât d'états en états. Il n'était pas besoin qu'un maître du dehors intervînt. Le platane allègrement allégeait ses membres, élançait ses branches, disposait ses feuilles d'année en année jusqu'à sa perfection. Voyez ! Qu’il est d'une
santé pure ! Nulle prévalence de son tronc, de ses branches, de ses feuilles ; il est une fédération bruissante. Lui-même il est sa loi, et il l'épanouit... Quelle bonne leçon de rhétorique, et non seulement de l’art du lettré, mais aussi quel guide pour penser ! Lui, le bel objet, ne nous fait pas voir une symétrie à la française, mais la logique d'une âme vivante et ses engendrements. Au terme d'une vie où j'ai tant aimé la logique, il me marque ce que j'eus peut-être de systématique et qui n'exprimait pas toujours ma décision propre, mais une influence extérieure. En éthique, surtout, je le tiens pour mon maître. Regardez-le bien : il a eu ses empêchements, lui aussi, voyez comme il était gêné par les ombres des bâtiments ; il a fui vers la droite, s'est orienté vers la liberté, il a développé fortement ses branches en éventail sur l'avenue. Cette masse puissante de verdure obéit à une raison secrète, à la plus sublime philosophie, qui est l'acceptation des nécessités de la vie. Sans se renier, sans s'abandonner, il a tiré des conditions fournies par la réalité le meilleur parti, le plus utile. Depuis les plus grandes branches jusqu'aux plus petites radicelles, tout entier il a opéré le même mouvement... Et maintenant, cet arbre, qui, chaque jour, avec confiance, accroissait le trésor de ses énergies, il va disparaître parce qu'il a atteint sa perfection. L'activité de la nature, sans cesser de soutenir l'espèce, ne veut pas en faire davantage pour cet individu. Mon beau platane aura vécu. Sa destinée est ainsi bornée par les mêmes lois, qui ayant assuré sa naissance, amèneront sa mort. Il n'est pas né en un jour, il ne disparaîtra pas non plus en un instant... Déjà en moi des parties se défont et bientôt je m'évanouirai ; ma génération m'accompagnera, et puis un peu plus tard viendra votre tour et celui de vos camarades .
M. Taine, quand il était heureux d'une idée, d'un développement d'idées surtout, avait pour conclure un sourire extrêmement doux qui plissait ses paupières et jouait autour des lèvres sans presque remuer les joues. Il regarda un instant avec cette bienveillance son compagnon...
Comme ils tournaient sur eux-mêmes pour regagner le quartier Saint-Sulpice, il heurta, laissa tomber son parapluie et dans l'effort qu'il fit pour le ramasser, devancé d'ailleurs par le jeune homme, il advint que son pantalon découvrit son cou-de-pied. Roemerspacher remarqua la forte cheville du vieillard, puis observa son mollet assez développé, il pensa qu'il devait être de constitution vigoureuse, d'une solide race des Ardennes, affaibli seulement par le travail, et, pour la première fois, il lui vint à l'esprit de considérer M. Taine comme un animal. Précisément, le philosophe, qui mâchait d'ordinaire un petit bout de bois pour tromper sa nervosité et sans doute son besoin de fumer, et qui avait toujours sous la main plusieurs de ces morceaux préparés, en prit un dans sa poche et le porta à sa bouche. L'avance du bas de son visage lui donnait, quand il se livrait à cette distraction, l'apparence d'un rongeur. Aux yeux de Roemerspacher, jusqu'alors, ce qui constituait l'auteur des Origines de la France contemporaine, c'était exclusivement ses idées, sa méthode, ses abstractions. Qu'il fût un corps, et le parent des bêtes, cette constatation le surprit : elle le choqua légèrement, parce qu'elle ramenait du ciel sur la terre l'objet de son admiration ; en même temps elle l'émut d'une façon indéfinissable, parce qu'un tel homme était assujetti à toutes les conditions de l'animalité... Voilà des naïvetés, ou plutôt d'excellentes délicatesses ! Roemerspacher s'aperçut que sa vénération se transformait en un sentiment fraternel. Tandis qu'il reconduisait le vénérable philosophe jusqu'à son logement de la rue Cassette, il s'interprétait soi-même comme un animal philosophique, mais plus jeune, admis à s'approprier l’ame d'un condamné à mort pour lui servir d'immortalité.
Le langage de ce maître faisait une nourriture si vigoureuse, un tel alcool, que ce jeune homme s'en trouvait cérébralement troublé. Brusquement sortie de ses horizons ordinaires, sa pensée oscilla comme l'oiseau qui s'oriente, le prisonnier qu'on libère. Dans cette ivresse d'une mélancolie bizarre, il crut prendre conscience tout à la fois des forces destructrices et conservatrices de l'univers ; il les trouvait tragiquement manifestées en son illustre compagnon : il reconnait une forme où la nature avait accumulé d'immenses richesses et qu'elle allait abolir. Quand, sous les eaux limpides de la baie de Vigo, Roemerspacher contemplerait le repos de l'or, des perles, et des diamants légendaires écroulés, ces magnifiques amoncellements susciteraient moins chez lui les facultés du rêve que ne fait l'image de M. Taine engloutie dans la mort. Son âme amollie par une émotion métaphysique d'une si voluptueuse poésie en fut plus aisément marquée par cette conversation et prit le sceau de la grande philosophie moniste.
Les paroles de M. Taine, en ce jeune homme qui a des loisirs, épuiseront peu à peu leurs conséquences. Immédiatement, ce qu'il entrevoit, c'est la position humble et dépendante de l'individu dans le temps et dans l'espace, dans la collectivité et dans la suite des êtres. Chacun s'efforce de jouer son petit rôle et s'agite comme frissonne chaque feuille du platane ; mais il serait agréable et noble, d'une noblesse et d'un agrément divins, que les feuilles comprissent leur dépendance du platane et comment sa destinée favorise et limite, produit et englobe leurs destinées particulières. Si les hommes connaissaient la force qui sommeillait dans le premier germe et qui successivement les fait apparaître identiques à leurs prédécesseurs et à ceux qui viendront, s'ils pouvaient commenter entre eux les lois du vent qui les arrachera de la branche nourricière pour les disperser, quelle conversation d'amour vaudrait l'échange de ces vérités?... D'avoir approché, à côté de M. Taine, en union avec M. Taine, et d'un cœur modeste, mais ému, les problèmes de l'universel et de l'unité, Roemerspacher éprouve un contentement joyeux et d'une qualité apaisante et religieuse.
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