En Grèce, le bilan des terribles feux qui ravagent les alentours d'Athènes s'est alourdi à 79 morts mercredi 25 juillet selon les pompiers.
Le bilan des incendies en Grèce, attisés par des vents violents et qui font toujours rage ce mardi à l’ouest et au nord-est d’Athènes, dans des zones parsemées de lotissements, n’en finit pas de s’alourdir. Les incendies qui ont ravagé lundi les alentours d'Athènes ont tué au moins 79 personnes, ont annoncé les pompiers.
Devant l’ampleur du drame, Athènes a lancé un appel à l’aide à ses partenaires européens. La situation est qualifiée de « très difficile » par le Premier ministre grec Alexis Tsipras. « J’ai été informé d’une situation très difficile en Attique », la région d’Athènes, « avec trois fronts d’incendie, toutes les forces sont mobilisées pour (y) faire face », a réagi Alexis Tsipras dans un message télévisé de Mostar, en Bosnie, où il venait d’entamer une visite.
Des victimes piégées chez elles ou dans leur voiture
Ces derniers ont fait « plus de 24 morts » et « plus de 104 blessés », avait annoncé en fin de nuit le porte-parole du gouvernement grec, Dimitris Tzanakopoulos, avant que le bilan ne s’alourdisse tragiquement ce mardi matin.
La plupart des victimes ont été piégées dans le secteur de la localité balnéaire de Mati, à 40 km au nord-est d’Athènes, « à leur domicile ou dans leurs voitures », a-t-il indiqué dans un message télévisé. Onze des blessés sont dans un état grave, tandis que 16 sont des enfants, a-t-il précisé.
« Avec l’avancée des secours, nous risquons de découvrir de nouvelles victimes, la nuit va être longue », s’était auparavant inquiété un responsable du service de presse des pompiers, alors que le bilan s’établissait encore à neuf morts.
Peu avant minuit, un photographe de l’AFP a découvert d’abord trois, puis un quatrième corps carbonisé sous une voiture et une moto près de la localité de Mati, à une quarantaine de km à l’est d’Athènes, des victimes apparemment piégées en tentant de fuir.
Deux personnes sont par ailleurs décédées plus tôt lors de leur transfert vers des hôpitaux, a annoncé la télévision publique Ert, citant les services d’urgence de la capitale, Ekav. Ces services ont aussi révisé à la hausse, à huit, le nombre de blessés graves sur un total de 25 personnes hospitalisées
Une situation « critique »
« La situation est critique pour la région de la capitale », a également jugé sur la chaîne de télévision Alter le secrétaire général à la Protection civile, Yannis Kapakis, précisant que des renforts étaient acheminés du nord de la Grèce. Tard dans la nuit, les autorités s’employaient à évacuer les habitants de la côte entre les localités de Mati et Rafina, où nombre de sinistrés se sont réfugiés sur les plages à l’approche des flammes.
La police portuaire a indiqué avoir retrouvé en mer près de Rafina deux touristes danois d’un groupe de dix, qui avaient fui en bateau, et poursuivre ses recherches du reste du groupe. Cinq bateaux militaires et de la police portuaire participaient à ces opérations de regroupement et d’évacuation, a indiqué le secrétaire général de la Protection civile, Yannis Kapakis.
Des incendies à 20 km d’Athènes
En début de soirée, quelque 300 pompiers étaient déployés sur les divers fronts qui évoluent tous « dans des zones habitées », assistés jusqu’à la tombée de la nuit de huit avions et de neuf hélicoptères, a expliqué la cellule des pompiers. Mais la nuit a interrompu les opérations aériennes.
« L’heure est à la lutte contre les flammes », a déclaré le Premier ministre, Alexis Tsipras, après avoir présidé une réunion de crise. « La nuit sera difficile ». Il a chiffré à « plus de 600 » les pompiers déployés sur les trois fronts partis dans la journée, dont deux continuaient de progresser, autour de Rafina et à quelque 55 km à l’ouest de la capitale, près de la localité de Kinetta, en bordure de l’autoroute conduisant au canal de Corinthe.
Le premier feu, qui s’est déclaré en fin de matinée dans une forêt de pins du mont Gerania, au-dessus de la station balnéaire de Kineta, à 55 km à l’ouest d’Athènes, continuait dans la soirée à progresser sur un front de plusieurs kilomètres, descendant vers la mer, en bordure de l’autoroute vers le canal de Corinthe et le Péloponnèse.
« Il y a eu des dégâts, des maisons et voitures ont brûlé », a déclaré le maire de cette localité, Grigoris Stamoulis, à la chaîne de télévision Skaï. Trois lotissements, surtout de résidences secondaires, ont été évacués et la municipalité a ouvert des locaux pour accueillir leurs habitants.
Les pompiers se battaient aussi pour protéger les zones habitées autour de la station balnéaire de Néa Voutza, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de la capitale. Les télévisions montraient des habitants fuyant la zone en voiture, tandis que les colonies de vacances nombreuses dans la zone ont reçu un ordre d’évacuation.
Un dernier foyer s’est déclenché en début de soirée plus au nord sur la côte orientale de l’Attique, autour de la localité balnéaire de Kalamos.
Les incendies de forêt et de maquis sont récurrents en Grèce l’été, notamment dans les zones vertes entourant la capitale. Toutes ces zones étaient en début de soirée recouvertes d’épais nuages de fumée, tandis que le trafic routier et l’alimentation en électricité y étaient perturbés.
« Je suis préoccupé par le déclenchement en parallèle de ces foyers », a affirmé Alexis Tsipras, dont le ministre adjoint à l’Intérieur, Nikos Toskas, avait plus tôt laissé entendre que les feux pourraient être d’origine criminelle. « Nous attendons de meilleures conditions météo mardi », a relevé ce dernier devant les caméras de télévision.
« Éviter les victimes »
Ces incendies ont été attisés par des vents violents, avec des rafales de plus de 100 km/h, tandis qu’une vague de chaleur a fait grimper les températures jusqu’à autour de 40 degrés Celsius. Les services météo prévoyaient une accalmie au niveau des vents à partir de la nuit. M. Tsipras a écourté un déplacement à Mostar, en Bosnie, pour revenir coordonner les opérations.
Athènes a également activé le mécanisme européen de protection civile pour demander des renforts à ses partenaires, et Chypre et l’Espagne ont déjà proposé de l’aide, selon M. Kapakis. Avant la tombée de la nuit, les télévisions montraient des habitants fuyant en voiture, cernés par les flammes, et de nombreux bâtiments endommagés.
« Si je n’étais pas partie, j’aurais brûlé » a témoigné Maria, une retraitée de 67 ans résidant à Mati. Faute de les trouver à temps, elle a dû abandonner ses deux chiens pour se réfugier dans une localité proche.
« Nous faisons face à une situation extrême, très difficile » avait relevé sur les ondes d’Ert, la télévision publique, un responsable des pompiers de la région d’Athènes, Achille Tzouvaras, se plaignant de ce que les habitants de la zone touchée n’obéissent pas tous aux ordres d’évacuation donnés par les autorités.
La canicule a aussi privé les touristes de l’accès à l’Acropole, le fleuron touristique d’Athènes, dimanche après-midi et lundi pendant plusieurs heures. Selon les services météo, les conditions doivent rester difficiles mardi.
Les incendies de forêt et de maquis sont récurrents en Grèce l’été, notamment dans les zones vertes entourant la capitale. Les derniers feux les plus dévastateurs pour le pays étaient survenus en 2007 dans le Péloponnèse et sur l’île d’Evia, tuant 77 personnes et ravageant 250 000 hectares de forêts, maquis et cultures.
Au moins 170 migrants vivent depuis un mois dans un square de Nantes, dans un campement que la préfecture souhaite faire évacuer.
La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, a annoncé samedi son refus de demander l'évacuation du square Daviais, où un campement de plus de 170 migrants est installé depuis un mois au cœur de la ville, a-t-elle indiqué dans un communiqué. "La ville de Nantes refuse de demander l'évacuation du square Daviais malgré la mise en demeure qu'elle a reçue hier de la préfecture", affirme le communiqué, précisant que la ville va "financer et co-organiser avec la Croix Rouge et les associations locales une aide alimentaire à compter de lundi", face à une situation qui "empire de jour en jour".
Situation sanitaire "préoccupante". Installé depuis un mois dans un square public, le campement grossit de jour en jour dans une situation sanitaire "préoccupante" pour des associations et la ville, qui en appellent à l'État. Interrogée sur le refus de la mairie de se plier aux injonctions de l'Etat, la préfecture de Loire-Atlantique a indiqué qu'elle "continuait à étudier le dossier" et que des "décisions seront prises la semaine prochaine". La préfecture prévoit de créer une sorte de "sas" ou un guichet pour étudier les demandes d'asile et tente de mobiliser des places d'hébergement d'urgence. Pour l'instant, seule une quarantaine est disponible dans toute la région.
"Evolution significative des flux" migratoires. Le campement du square Daviais, qui ne comptait qu'une poignée de tentes il y a un mois, s'est agrandi après les évacuations successives de deux bâtiments privés squattés, et au gré d'arrivées depuis l'Italie ou l'Espagne de migrants, essentiellement soudanais et érythréens. Selon la ville, plus de 170 personnes y vivent, mais elles seraient entre 200 et 400 selon les collectifs qui leurs viennent en aide. Le département de Loire-Atlantique, et Nantes en particulier, sont confrontés à "une évolution significative des flux depuis fin février", selon les autorités. Les demandes d'asile ont ainsi augmenté de 28% en un an, là où d'autres grandes villes ont enregistré des baisses.
Chine : le Xinjiang, province sous vidéo-surveillance
Pékin a discrètement développé un système de reconnaissance faciale dans cette région peuplée par des séparatistes ouïghours, peuple musulman et turcophone.
En juin 2017, l'agence de presse du régime, Chine Nouvelle, présentait fièrement le système de reconnaissance faciale mis en place dans plusieurs grandes villespour traquer les piétons qui ne traversent pas dans les clous. Au Xinjiang, province de l'ouest du pays, de tels systèmes ont également été mis en place, mais pour des raisons moins avouables.
Il faut dire qu'au Xinjiang, la priorité des autorités chinoises n'est pas la prévention routière. Cette vaste région limitrophe du Pakistan et du Kazakhstan est le fief des ouïghours, un peuple musulman et turcophone dont une frange séparatiste lutte contre le pouvoir central pour obtenir son indépendance.
La police alertée en temps réel
Selon des révélations de l'agence de presse américaine Bloomberg, les autorités chinoises ont discrètement mis à profit l'important réseau de caméras dans les villes et villages peuplés par les ouïghours pour surveiller les faits et gestes de potentiels suspects.
Le sommet du Groupe des Sept qui s’est déroulé les 8 et 9 juin 2018 au Manoir de Richelieu à La Malbaie dans la région de Charlevoix au Québec (les sommets du G7 se déroulent toujours dans le pays qui en assume la présidence annuelle et cette année c’était le Canada représenté par son Premier Ministre Justin Trudeau) s’est terminé en « eau de boudin » par la grâce de l’inénarrable Donald Trump, bien « chauffé » en la circonstance par le falot Justin Trudeau. Au-delà de l’anecdote, cet échec et ses conséquences possibles doivent être replacés dans un contexte plus large.
D’abord, qu’est-ce que ce G7 ? Ce n’est pas une organisation internationale officielle et reconnue, comme peuvent l’être les organisations dépendant du système de l’Organisation des Nations Unies, mais un directoire autoproclamé rassemblant les principales puissances du camp occidental. Il a été créé en 1975, à l’initiative du président français Valéry Giscard d’Estaing, pour déterminer les occidentaux à des positions économiques communes suite au premier choc pétrolier. Il s’est réuni pour la première fois à Rambouillet en 1975 sous la forme d’un Groupe des Six (États-Unis, Grande Bretagne, France, Japon, République Fédérale d’Allemagne, Italie). En 1976, le Canada y a été intégré et on a parlé désormais de G7. Dès 1977, la Commission Européenne est présente aux réunions par l’intermédiaire de son président, puis un peu plus tard, le président du Conseil Européen sera aussi invité permanent. En 1994, la Russie commence à être invitée pour la journée consacrée aux dossiers politiques. Il s’agit de la « récompenser » pour avoir lâché l’ex-Yougoslavie dans les conflits des Balkans. C’est aussi un pari sur l’avenir car, à l’époque, l’Occident est persuadé de pouvoir mettre la main à brève échéance sur la nouvelle Russie issue du démembrement de l’Union Soviétique. En effet, la Russie de Boris Eltsine semble s’aligner de plus en plus sur les options économiques, financières, politiques et sociétales des occidentaux. En 1997, la Russie rejoint formellement le Groupe, donnant naissance au G8. Ce qui durera jusqu’aux sanctions occidentales faisant suite à la crise ukrainienne de 2014 quand les occidentaux refuseront de se rendre à la réunion prévue à Sotchi (ville des Jeux Olympiques d’hiver) organisée par la Russie de Vladimir Poutine qui assurait la présidence annuelle du Groupe. La Russie a donc été exclue du G8 qui est donc depuis redevenu de facto, le G7.
À l’époque où le G7 a été constitué, ses membres représentaient bien les principales puissances économiques et politiques mondiales. L’URSS allait bientôt entrer en crise et nul ne pouvait imaginer ce que donnerait rapidement une Chine délivrée du maoïsme. Le G7 s’est donc autorisé à prendre des options économiques d’abord, politiques ensuite dont il était certain qu’elles s’appliqueraient à l’ensemble du monde, même s’il les décidait en son sein, de manière informelle sans l’appareil des traités internationaux. Mais le monde a considérablement changé en 40 ans. Ce qui apparaissait hier comme un groupe de puissances dominantes capable de faire régner sa loi sur le monde, apparaît aujourd’hui comme un syndicat de puissances en déclin arcbouté sur des positions politiques, juridiques et économiques qui s’effritent inexorablement sous la pression du poids croissant de l’Asie et de l’Eurasie dans le jeu économique et politique mondial. L’ensemble est encore très solide mais le colosse vacille. En première analyse, on peut souligner que c’est dans ce genre de période, quand les intérêts internes à un groupe de puissances alliées deviennent un jeu à somme nulle, que les divergences prennent le pas sur les facteurs de cohérence.
Mais cette analyse est insuffisante, elle doit être croisée avec l’examen d’un conflit interne à l’oligarchie occidentale, principalement américaine car les États-Unis restent l’hégémon du monde occidental.
Les mutations technologiques et celles de l’ingénierie financière ont non seulement permis le passage à une mondialisation réelle mais ont entrainé en quarante ans un rebrassage des cartes de la puissance oligarchique à l’échelle planétaire et rendu obsolètes certaines bases sur lesquelles s’était construite la domination occidentale. Cette nouvelle répartition de la puissance oligarchique entraine depuis quelques années des conflits majeurs qui menacent l’ordre occidental dans son ensemble.
Pour bien se faire comprendre, on va passer par le détour d’une analogie historique qui présente des points communs structurels avec la situation actuelle.
À la grande époque du communisme triomphant, un conflit violent a opposé les partisans du déclenchement d’une révolution mondiale simultanée dans tous les pays en profitant de la moindre opportunité et les partisans de la construction et de l’affermissement du communisme dans un seul pays, l’Union Soviétique. Le conflit s’est à l’époque incarné dans les figures de Trotski et Staline. Les deux tendances voulaient établir le communisme dans le monde entier, mais par des voies différentes. La première en accroissant un chaos révolutionnaire universel et permanent jusqu’à la bascule finale, l’autre en établissant fermement une base à partir de laquelle s’étendre progressivement. Dans un cas on embrassait le monde globalement à partir d’une révolution systémique, dans l’autre on s’en emparait par les méthodes d’un impérialisme classique repeint aux couleurs révolutionnaires. Dans un cas la puissance de l’Union Soviétique était secondaire, dans l’autre, elle était fondamentale. Si on nous passe cette comparaison osée, on dira que nous avons affaire aujourd’hui au conflit entre un capitalisme oligarchique de type trotskiste et un capitalisme oligarchique de type stalinien.
Du XIXème siècle à la fin du XXème siècle, l’oligarchie capitaliste anglo-saxonne a construit sa puissance à partir d’une base territoriale étatique de type impérial (époque de la Grande Bretagne) ou hégémonique (époque des États-Unis). À partir de cette base, on faisait rayonner puissance et influence pour conquérir et/ou agréger, aux intérêts et à la vision du monde de l’oligarchie, un cercle de plus en plus étendu de pays tiers. Dans cette perspective, la puissance globale du centre est essentielle, aussi bien en termes de hard power, de soft power que de smart power. C’est en gros la logique qui a prévalu jusqu’à la fin de la Guerre Froide et qui s’articulait aux États-Unis sur la liaison organique de la puissance militaire, de la puissance technologique, de la puissance industrielle, de la puissance agricole, de la puissance culturelle, de la puissance financière à travers des forces capitalistes centrées sur les États-Unis. Mais depuis les années 1970, une révolution technologique, financière et réglementaire est venue fragiliser les bases territoriales de la puissance américaine tout en assurant l’émergence d’un nouveau réseau de forces capitalistes qu’on pourrait appeler le capitalisme 2.0 tant il est lié aux nouvelles technologies de l’information et de la communication : déréglementation, dématérialisation, délocalisation, économie d’archipel, flux, réseaux, informatisation, robotisation, intelligence artificielle en sont les maître-mots. Ce capitalisme 2.0 embrasse d’un coup le monde, épouse complètement l’idéologie libérale-libertaire et considère le centre américain comme secondaire, voire même comme un boulet. La nouvelle oligarchie, symbolisée par Zuckerberg et les autres oligarques de la Silicon Valley, a le sentiment qu’elle peut façonner le monde en passant directement par ses réseaux et ses technologies, par des points d’appui répartis dans le monde entier, en faisant l’économie d’avoir à supporter un pays avec ses pesanteurs géopolitiques et une population devenue largement inutile dans le monde de la nouvelle économie. En face d’elle, on a la vieille oligarchie industrielle, socle du complexe militaro-industriel, mis en cause par Eisenhower à la veille de quitter la Maison Blanche. Son point d’appui indispensable, socle de sa puissance et base de ses projections planétaire, est les États-Unis mêmes. Sans eux, cette oligarchie n’est plus rien.
Entre les deux, on trouve l’oligarchie financière de Wall Street partagée entre son ancienne liaison avec la vieille oligarchie, avec des intérêts croisés importants, une monnaie nationale, le dollar, avec laquelle elle a bâti une influence mondiale et sa proximité idéologique avec le capitalisme 2.0. En effet, les deux partagent la même vision d’un monde liquide, dématérialisé et déterritorialisé. La plus grande réussite du monde globalisé, la « planète finance » et ses flux incessants, est d’ailleurs née de l’alliance des technologies financières et des technologies informatiques et numériques.
La communication médiatique et peopolisée autour de la dernière élection présidentielle américaine ne doit pas masquer le fait que ce fut un affrontement entre la vieille oligarchie du complexe industriel et militaire qui, faute de mieux, a choisi Donald Trump et les deux autres qui avaient investi sur Hillary Clinton. L’oligarchie 2.0 , celle des GAFAM et de la Silicon Valley, est entrée immédiatement en guerre contre le nouveau président dont elle a bien perçu qu’il allait à la fois la contrarier dans sa vision planétarienne en voulant recentrer la puissance américaine sur le territoire et qu’il allait tenter de la replacer sous contrôle. L’oligarchie financière semble temporiser, hésiter entre soutenir Trump et le combattre. Cette hésitation est sans doute en grande partie, outre sa proximité traditionnelle avec la vieille oligarchie, le résultat de la politique résolument pro-israélienne de Trump qui s’est aligné sur les objectifs géopolitiques maximalistes de l’État d’Israël. La sensibilité ancienne de Wall Street au sionisme est par ailleurs bien connue.
Quels rapports tout cela peut-il bien avoir avec les résultats de ce G7 ?
Donald Trump a été mandaté pour refonder la puissance américaine, non pas à travers le soutien à la planétarisation des GAFAM, mais à travers le recentrage sur la base territoriale des États-Unis. Or, si le slogan de Trump, « America first » a eu un tel succès populaire c’est que les américains de base vont très mal dans un pays qui se délite. Il est parfaitement exact de dire que la globalisation économique, qui a profité au capitalisme 2.0 et au capitalisme de Wall Street, s’est faite au détriment de la population laborieuse et des petites classes moyennes américaines. Il ne faut pas se laisser abuser par les statistiques qui nous présentent une économie prospère connaissant presque le plein emploi. Or, selon les analystes des statistiques du BLS américain (Bureau Of Labour Statitic) entre un quart et un tiers des américains en âge de travailler ne sont pas comptabilisés parce qu’ils ont été découragés dans leur recherche d’emploi (ce qui ne signifie pas que ce sont des fainéants !). Environ 15% de la population ne survit que par des bons alimentaires. Si le président Trump envisage un grand plan de rénovation des infrastructures du pays, c’est qu’une bonne partie d’entre elles donnent au pays des allures de tiers-monde. L’endettement des étudiants non fortunés est faramineux. Une bonne partie de la population n’a pas accès à des soins médicaux de qualité ou dépend de la charité ou de la solidarité communautaire. Une bonne partie des petites classes moyennes voit son niveau de vie fondre comme neige au soleil. Pour Trump, non seulement pour des raisons électorales (élections de mi-mandat et projet de réélection) mais tout simplement parce que le pays menace réellement de s’effondrer sur lui-même (en dehors des métropoles reliées aux courants dynamiques de la mondialisation). Et c’est urgent pour éviter l’enclenchement d’une spirale de déclin irréversible. Voilà pourquoi, le libre-échange qui était jusqu’à présent la ligne directrice de la politique commerciale internationale des États-Unis est remise brutalement en cause. Voilà pourquoi, Trump se retourne contre l’ALENA (l’Accord de Libre-Échange Nord-Américain), contre le partenariat avec la Chine et contre les Européens ou le Japon et la Corée du Sud.
Les Européens, en particulier, sont à la fois décontenancés et dépités. Plus précisément, les classes dirigeantes européennes ont investi depuis longtemps dans une quadruple soumission économique, stratégique, culturelle et politique à l’ordre occidentalo-atlantiste. L’Union Européenne elle-même est fondée sur un canevas atlantiste et libéral-mondialiste. Elle complète sur le plan politique et économique l’OTAN dont elle est la version civile. Il faut ajouter à cela tout un réseau de think tank, d’instituts de formation, d’ONG, de groupes de pression et de structures de sociabilité qui sélectionne, forme et contrôle les élites européennes qu’elles soient intellectuelles, économiques, financières ou politiques. Rien ne prédispose les classes dirigeantes européennes à s’émanciper de la matrice occidentalo-atlantiste. D’ailleurs, jusqu’à ces dernières années tout fonctionnait bien sur la base d’intérêts et de valeurs partagés. Les classes dirigeantes européennes pouvaient avoir l’illusion qu’elles étaient les alliées des États-Unis et non leurs vassales. Le brutal resserrement de la laisse par Donald Trump vient de faire tomber les illusions. Les dirigeants européens croyaient qu’ils étaient passagers de première classe dans un wagon du train d’une mondialisation multiculturelle, droitsdelhommiste, profitable et heureuse. Ils viennent de se rendre compte qu’ils étaient en réalité des larbins taillables et corvéables à merci.
À notre sens, ce n’est pas de gaîté de cœur que Trump a tombé le masque, même si, pour qui connaît l’histoire américaine, la brutalité est une constante de l’Amérique « exceptionnelle ». Mais il estime ne pas avoir le choix. Les États-Unis sont un géant aux pieds d’argile qui est en train de perdre le statut d’hégémon mondial au profit de l’Eurasie. Ils sont contraints de « piller » rapidement les ressources de leurs « alliés » pour se renforcer. En d’autres termes, ils doivent les contraindre à s’appauvrir et à renflouer l’économie américaine.
Désormais, les dirigeants européens sont coincés entre leurs valeurs qui les soumettent à un modèle dans et pour lequel ils ont été dressés et leurs intérêts économiques propres. Ils sont coincés entre les chaines qu’ils ont accepté de porter et leurs velléités de retrouver des marges de manœuvre pour ne pas se faire plumer. On peut comprendre leur panique car soit ils s’opposent à l’hégémon, ce qui les contraindra nécessairement à « brûler ce qu’ils ont adoré » en inversant toutes leurs options géopolitiques et géoéconomiques, soit ils se soumettent, mais le prix à payer sera tellement lourd pour les peuples européens que ça peut très bien finir en troubles qui les verront pendus à des crocs de boucher. D’autant que le pillage économique de l’U.E. se surajoutera aux lourds nuages de l’endettement, de l’in-soutenabilité de la monnaie unique et des troubles liés à l’invasion migratoire. Pour l’instant, les dirigeant européens tergiversent (selon leur habitude), font semblant de bomber le torse en réagissant par des hausses de droits de douanes sur certains produits américains, mais l’heure des vrais choix approche… Trump a à peine tiré sur la laisse et cela fait déjà mal et il a à sa disposition beaucoup plus de moyens d’action et de pression que ses « alliés »…