Giuffre's deposition starts on page 73, narrating her time working at Mar-a-Lago, recruitment by Maxwell, and new accusations against the politically and financially powerful.https://www.documentcloud.org/documents/6250856-EpsteinDepositions.html …
A Montpellier, le non-art a désormais un musée...
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Un été avec Homère : Les Chiennes de la démesure
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FaiaR - Étoile D'Argent
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L214, CLEAN MEAT ET GAFAM : LES LIAISONS DANGEREUSES
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Les activistes animalistes de L214 défraient régulièrement la chronique par leurs actions d’intimidation spectaculaires. L’association, engagée dans une guerre culturelle contre l’ « exploitation animale » et la consommation de viande, justifie la violence par une éthique de conviction estimée supérieure à celle des « spécistes » – entendons, toute personne qui commet le crime impardonnable de se nourrir avec des aliments issus de la production animale. Mais son agenda politico-idéologique n’est pas gratuit. Et la trésorerie de 4,9 millions d’euros, en hausse de 2,5 millions par rapport à l’exercice de l’année précédente, dont elle dispose ne se justifient pas par les seuls dons des adhérents. Dans le rapport de décembre 2017 du commissaire aux comptes sur les comptes annuels, L214 a en effet reçu un don d’1,1 millions d’euros de l’Open Philanthropy Project (OPP).L’OPP, créé par un des co-fondateurs de Facebook, n’est qu’un des éléments d’une constellation d’acteurs américains engagés dans un nouveau marché porteur, celui des substituts à la viande : protéines issues des insectes, steaks au soja, et, spécimen emblématique du genre, la viande moléculaire. En créant un besoin nouveau (« se passer de la viande »), les acteurs de ce marché vont faire peser, à terme, une menace existentielle sur le secteur agro-alimentaire français.
L’enjeu du mode d’alimentation
Alors que la consommation de viande recule en France de 12% depuis dix ans selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, celle des substituts à la viande a augmenté de 451% en Europe en l’espace de quatre ans. Ce nouveau marché, porté par les magnats de la Silicon Valley et les GAFAM, devrait générer 6,3 milliards de dollars de revenus en 2023. Dans cette lutte pour la conquête du marché alimentaire de demain, l’inégalité des armes est la règle. Car ce ne sont pas seulement aux bons petits soldats de l’idéologie végane qu’ont affaire nos paysans producteurs de viande, mais à de puissants intérêts financiers, dont L 214 et consorts sont les pions.
Prenons l’exemple de Jeremy Coller, fondateur britannique de Coller Capital, fonds d’investissement capitalisé à pas moins de 17 milliards de dollars. Considéré par la revue Financial News comme personnalité de la décennie en 2013, il lance l’initiative FAIRR (Farm Animal Investment Risk & Return) dans le but, assumé, de supprimer l’industrie de la viande. Son agenda politico-économique, les moyens financiers colossaux dont il dispose, sont une source d’inquiétude de premier ordre pour les producteurs traditionnels français : en 2012, en effet, il rachète la branche capital-investissement du Crédit Agricole pour en faire, une année après, une société de gestion indépendante : OMNES Capital. Parallèlement à cette entrée fracassante sur le marché français, Jeremy Coller investit personnellement dans les entreprises et startups américaines engagées dans la production de viande moléculaire et autres substituts à la viande.
Les stratégies cachées sur le marché de l’alimentation
Parmi elles, Beyond Meat, dans laquelle a investi le géant américain de la production de viande Tyson Foods (38 milliards de dollars chiffre d’affaires) dans le cadre d’une levée de fonds de plus de 55 millions de dollars. Elle n’est pas le seul élément du dispositif : citons par exemple Impossible Foods, qui a récolté entre 75 et 108 millions de dollars auprès, entre autres, de Google Ventures et Bill Gates. Forte de l’engagement de ses généreux mécènes, le capital de l’entreprise s’élevait en 2017 à 300 millions de dollars. Ou encore Memphis Meats, dont on retrouve une nouvelle fois Bill Gates parmi la liste des donateurs, mais aussi Richard Branson, fondateur de Virgin Group.
La lutte dans laquelle les agriculteurs français sont de facto engagés est donc particulièrement inégale. Dans ce rapport de force qui oppose David à Goliath, les groupes d’intérêts prônant les substituts à la viande organisent également des attaques contre la filière viande. Jeremy Coller ne se contente pas de financer les entreprises d’un marché en création : il s’agit aussi de tarir les sources de financements de l’industrie de la viande traditionnelle.
Pour ce faire, Jeremy Coller agit principalement sur deux fronts. Il cible d’une part les sources de financement potentielles de la filière viande, soit les entreprises productrices de viande, les entreprises clientes et les financiers. Par l’entremise d’acteurs « neutres », notamment des cabinets de conseil, les acteurs de premier plan de la filière viande sont « avertis » des risques financiers majeurs qui pèseraient sur cette industrie. La technique employée ici est la remise en question de la rentabilité et de l’avenir d’une filière grâce à l’aide d’une batterie de supposés spécialistes, en réalité rattachés à Jeremy Coller. La deuxième cible est les ONG britanniques. Jeremy Coller noue des partenariats avec des ONG britanniques expertes du sujet, CIWF (Compassion in World Farming) notamment, qui sont mobilisées pour agir sur le terrain des normes. Ces dernières, bénéficiant d’un fort capital réputationnel, disposent d’une position avantageuse pour influer sur les normes qui réguleront la filière de la viande de demain.
Un enjeu national et européen
Les puissances financières américaines se sont ainsi sont bien positionnées pour changer les habitudes de consommation des Français. Grâce à des financements massifs issus des grandes entreprises du numérique, et d’acteurs privés influents notamment Jeremy Coller, la consommation des substituts à la viande progresse de façon exponentielle en France. Grâce à un travail de fourmi visant à décourager les financements auprès des acteurs du marché, la filière viande est attaquée à la source. En contrôlant le terrain des normes, c’est également l’avenir d’une filière qui se retrouve entre les mains de personnes qui recherchent son extinction. Il s’agit donc bien d’un combat qui se mène aujourd’hui, sur le terrain financier, aux Etats-Unis, en Union européenne mais aussi en France auprès des acteurs du marché, pour démanteler une filière cruciale pour l’industrie agroalimentaire française.
« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es » disait le philosophe. Un monde désincarné aux accents dystopiques, où le lien entre l’homme et son environnement est rompu, voilà ce vers quoi nous nous acheminons, lentement mais sûrement. Si beaucoup reste à faire pour garantir le bien-être animal, il nous appartient de faire émerger le compromis entre le respect de notre environnement, et de nos traditions.
Christian Harbulot
source: Infoguerre
Entretien avec l'excellent groupe Boisson Divine !
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Affaire Epstein : les premiers noms révélés dans des documents rendus publics
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Plusieurs hommes politiques américains, des hommes d'affaires et le prince Andrew, fils d'Elisabeth II, sont accusés par une «esclave sexuelle» du milliardaire Jeffrey Epstein d'avoir eu des relations sexuelles avec elle alors qu'elle était mineure.
Les premiers documents liés à l'affaire Epstein, inculpé le 8 juillet pour «exploitation sexuelle de mineures», ont été rendus publics le 9 août. Ils concernent une plainte en diffamation déposée en 2015 par Virginia Roberts Giuffre – qui se décrit elle-même comme une ancienne «esclave sexuelle» du milliardaire – contre la complice présumée de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell.
Dans ces documents, Virginia Roberts Giuffre accuse Ghislaine Maxwell d'avoir aidé Jeffrey Epstein à la contraindre à participer, avec d'autres filles mineures, à des orgies sexuelles dans les nombreuses résidences du milliardaire. La jeune femme, mineure au moment des faits, donne également les noms de plusieurs personnalités publiques qui auraient pris part à ces activités.
«Ils m'ont demandé d'aller voir George Mitchell [un homme politique américain], Jean-Luc Brunel [qui tient une agence de mannequins], Bill Richardson [un homme politique américain], un autre prince dont je ne connais pas le nom», a notamment déclaré la jeune femme dans sa déposition. «Un type qui possède un hôtel, une très grande chaîne d'hôtels, je ne me souviens plus de quel hôtel il s'agissait», a-t-elle ajouté. Et de poursuivre : «Il y avait un autre président étranger, vous savez, je ne me souviens plus de son nom. Il y en a tout un tas, il m'est difficile de me souvenir de tous.»
Plus loin dans sa déposition, Virginia Roberts Giuffre a été interrogée sur les détails de sa prétendue relation sexuelle avec Glenn Dubin, un homme d'affaires américain : «Quels termes a employé Ghislaine Maxwell pour vous demander d'avoir une relation sexuelle avec Glenn Dubin ?» «C'était la même chose tout le temps. Ils voulaient que j'aille "faire un massage" à ces hommes», a-t-elle répondu.
Le mot «massage» est devenu un code pour «sexe», a-t-elle poursuivi dans sa déposition. «Toute ma vie a consisté simplement à plaire à ces hommes et à rendre heureux Ghislaine et Jeffrey», a-t-elle encore déclaré.
Hormis Jeffrey Epstein, aucun des accusés n'est à l'heure actuelle poursuivi en justice pour les faits dénoncés par Virginia Roberts Giuffre. Plusieurs d'entre eux, ont par ailleurs catégoriquement réfuté ces accusations.
Prince Andrew
Dans cette masse de documents rendus publics, se trouvent également des photographies, des reçus, les journaux de vol du «Lolita express» ou encore un mémoire écrit par une femme qui dit avoir été victime d'exploitation sexuelle par Jeffrey Epstein et ses connaissances. On trouve ainsi une photographie du prince Andrew, le deuxième fils d'Elisabeth II, la main autour de la taille nue de Virginia Roberts Giuffre à l’intérieur de la maison de Ghislaine Maxwell à Londres. Un cliché qui, selon les avocats de la jeune femme, vient appuyer les allégations de cette dernière, qui affirme avoir été contrainte à avoir une relation sexuelle avec ce membre de la famille royale.
«Cette photographie confirme les affirmations de [Virginia Roberts] Giuffre. Il n'y a aucune autre explication raisonnable selon laquelle un enfant américain devrait être en compagnie d'adultes et non de membres de sa famille, dans la maison londonienne de la petite amie d'un homme désormais reconnu coupable d'être un délinquant sexuel», ont ainsi fait valoir les avocats de la jeune femme, mineure au moment où a été pris le cliché.
Des accusations que le palais de Buckingham a pourtant nié à de nombreuses reprises. Dans une déclaration très inhabituelle publiée en 2015, Buckingham Palace avait ainsi assuré que «toute suggestion d'irrégularité envers des mineures [était] absolument fausse», niant explicitement que le prince Andrew ait eu des rapports sexuels avec Virginia Roberts Giuffre, comme le rappelle le Guardian.
Une position fragilisée par un autre témoignage, celui de Joanna Sjoberg, qui selon ces documents rendus publics a affirmé avoir été victime d'attouchements sexuels de la part du prince Andrew au même titre que Virginia Roberts Giuffre, dans la maison de Jeffrey Epstein à Manhattan.
Virginia Roberts Giuffre a par ailleurs accusé Ghislaine Maxwell de l'avoir recrutée pour devenir la masseuse de Jeffrey Epstein à 15 ans, alors qu'elle travaillait à la résidence de Donald Trump de Mar-a-Lago, en Floride. Toutefois, dans ces documents, aucune allégation n'est portée contre l'actuel président des Etats-Unis. «Il n'a jamais eu de relations sexuelles avec aucune d'entre nous [...] Il n'a jamais flirté avec moi», a déclaré Virginia Roberts Giuffre, précisant n'avoir jamais vu Donald Trump sur l'île du milliardaire, ni dans l'une des résidences de ce dernier.
Ces documents, qui lèvent le voile sur les personnes accusées d'avoir participé au trafic sexuel de mineurs pour lequel a été inculpé Jeffrey Epstein, ne sont que les premiers d'une longue série à être rendus publics.
Un été avec Homère : Est-on libre de sa destinée ?
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Le Ceta va-t-il faire débarquer de la viande aux farines animales, aux hormones et aux antibiotiques dans nos assiettes ?
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Le traité de libre-échange signé entre l'Union européenne et le Canada interdit l'importation de viande issue d'animaux traités aux hormones de croissance, mais ne se prononce pas sur l'utilisation des farines animales et des antibiotiques dans les élevages. Les experts jugent qu'il faudra renforcer les contrôles, ce que le Ceta ne prévoit pas.
Jamais un texte n'avait jamais généré autant de contestations au sein de la majorité présidentielle. L'Assemblée nationale a approuvé mardi 23 juillet la ratification du controversé traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (Ceta), par 266 voix contre 213, et 74 abstentions, malgré un record de contestations au sein du groupe LREM. La majorité des députés LREM a voté pour, mais 52 "marcheurs" se sont abstenus et surtout 9 ont voté contre le texte.
L'un des arguments avancés par les opposants à la ratification est la menace que cette entente transatlantique ferait peser sur la filière française d'élevage et sur les consommateurs français. L'Interbev, l'interprofession du bétail et de la viande, alerte ainsi dans un communiqué sur le risque de voir arriver dans nos assiettes de la viande canadienne issue d'animaux dopés aux farines animales, aux hormones et aux antibiotiques.
Le gouvernement n'a eu de cesse de le marteler, tout comme le député LREM Jacques Maire, rapporteur du projet de loi de ratification, sur franceinfo : "Le Ceta ne change rien." Et le secrétaire d'Etat Jean-Baptiste Lemoyne d'insister dans Le Monde : "Tous les produits interdits en Europe, comme le bœuf aux hormones, n'y entreront pas." Alors, vrai ou "fake" ?
Qu'est-il prévu pour le bœuf aux hormones ?
Ce que dit l'Union européenne. L'UE "interdit l'administration sans objectif thérapeutique de substances chimiques à des animaux en bonne santé" et donc des hormones de croissance, "compte tenu notamment des doutes relatifs aux effets secondaires pour la santé humaine", rappelle le rapport de la commission indépendante chargée par le Premier ministre d'évaluer le Ceta.
Ce que dit le Canada. Les hormones de croissance y sont autorisées. Six stimulateurs de croissance hormonaux sont homologués pour être administrés aux bovins de boucherie canadiens. Trois sont naturels : la progestérone, la testostérone, le 17 bêta-œstradiol. Et trois sont synthétiques : l'acétate de trenbolone, le zéranol et l'acétate de mélengestrol. L'utilisation des stimulateurs de croissance n'est autorisée pour aucune espèce animale autre que les bovins de boucherie.
Ce que dit le Ceta. Le texte prévoit que l'importation de viande issue d'animaux traités aux anabolisants reste interdite.
Comment sont traités les farines animales ?
Ce que dit l'Union européenne. Les farines animales, produites à partir de restes d'animaux et destinées à nourrir les bêtes dans les élevages, sont interdites en Europe depuis la crise sanitaire de la vache folle, l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), dans les années 1990.
Leur interdiction en Europe, "en vertu du principe de précaution", est toutefois "une question éthique et non de santé publique", pointe Lionel Fontagné, professeur d'économie à la Paris School of Economics de l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Car, fait-il valoir, "ces farines ne présentent aucun danger sanitaire, dans la mesure où, depuis l'ESB, les processus industriels d'inactivation du prion ont été rendus systématiques". Mais, reconnaît l'économiste, "on peut préférer consommer du bœuf élevé en pâturage ou avec du fourrage bien sûr, ce qui est le cas en choisissant une viande originaire de France. Nous avons obtenu un système dérogatoire de ce point de vue".
Ce que dit le Canada. Ces farines de sang, de viande, d'os ou de résidus de poisson sont autorisées au Canada. Elles "sont interdites à partir du moment où elles proviennent de bovins qui sont partis à l'équarrissage", c'est-à-dire "des bovins malades", précise Sophie Devienne, agronome à AgroParisTech au cours d'une table ronde à l'Assemblée. "En revanche, les farines animales sont autorisées quand elles proviennent de carcasses de bovins en bonne santé destinés à l'alimentation humaine."
Ce que dit le Ceta. Le Ceta ne se prononce pas sur le cas des farines animales. Et à ce jour, "rien n'interdit l'importation en Europe d'animaux nourris aux farines animales, en provenance du Canada ou d'ailleurs" dans les textes européens, fait remarquer l'économiste Lionel Fontagné.
Et pour les animaux traités aux antibiotiques ?
Ce que dit l'Union européenne. Au sein de l'UE, les antibiotiques administrés en tant qu'accélérateurs de croissance sont interdits depuis 1996, rappelle le rapport sur l'impact du Ceta remis au Premier ministre.
Ce que dit le Canada. Au Canada, ils sont autorisés. Depuis fin 2018, ils sont toutefois vendus uniquement sur ordonnance. "Les Canadiens sont devenus plus vigilants, observe l'agronome Sophie Devienne. Mais ça n'interdit absolument pas l'usage des antibiotiques dans l'alimentation du bétail."
Ces antibiotiques sont "incorporés dans l'alimentation de manière systématique pour éviter à moindre coût l'apparition de maladies", indique la commission indépendante sur le Ceta. "Ils permettent en particulier de raccourcir les délais d'engraissement des bovins en économisant une période hivernale."
Le problème, note la commission, c'est que "ce mode d'utilisation accroît substantiellement le risque d'antibiorésistance". En outre, "le risque est important de voir des résidus de facteurs de croissance ou d'agents microbiens se répandre dans les écosystèmes en modifiant leur équilibre, notamment dans le milieu aquatique".
Ce que dit le Ceta. Le Ceta reste muet au sujet de ces antibiotiques. "Ils n'ont pas à être mentionnés dans le Ceta, analyse l'économiste Lionel Fontagné, car une nouvelle réglementation proposée par le Parlement européen et adoptée en juin 2018 les interdits pour les importations de toutes provenances."
Ce règlement "doit entrer en vigueur au plus tard en 2022, le temps de le traduire en actes juridiques", précise le professeur d'économie. "Cela permettra aussi aux pays tiers de mettre en place des filières spécifiques d'élevage pour l'exportation vers l'UE, comme dans le cas du bœuf sans hormones."
Mais en attendant que ce règlement s'applique, "cette viande produite avec des antibiotiques facteurs de croissance donnés en préventif, et nourrie éventuellement avec des farines animales, peut arriver sans aucun problème sur le marché européen, sans contrôle, puisque ce n'est pas interdit dans le cadre du Ceta", tranche l'agronome d'AgroParisTech Sophie Devienne.
Les contrôles sont-ils efficaces ?
Ce qui se fait au Canada et dans l'UE. A ce jour, des contrôles sont réalisés à la fois au Canada et en Europe. "Il existe depuis 1998 une collaboration du Canada et de l'UE dans les questions sanitaires", en application d'un accord vétérinaire européo-canadien, expose l'économiste Lionel Fontagné. "Le Canada est tenu de notifier à l'UE – et réciproquement – tout problème sanitaire sur des élevages", ajoute le professeur d'économie.
"Des audits sanitaires, réalisés par des inspecteurs de la Commission européenne, ont régulièrement lieu au Canada, pour vérifier la fiabilité des certifications canadiennes", précise Cecilia Bellora, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii), rattaché à Matignon.
"L'audit de 2014 avait mis en évidence un problème de traçabilité des bovins", rappelle l'économiste Lionel Fontagné. "Deux systèmes de marquage co-existaient au Canada" qui "s'était engagé à régler le problème", en adoptant "une base de données unique pour 2016". "Le dernier audit sanitaire de l'UE au Canada a eu lieu en 2016, écrit la direction générale du Trésor. Les résultats étaient satisfaisants, notamment pour la filière bœuf sans hormone et porc sans ractopamine." Il n'y avait "pas de problème de traçabilité". Les inspecteurs de la Commission sont repartis avec un "grand niveau de confiance". Le Trésor annonce un nouvel audit en 2019, sans préciser la date.
Des contrôles sont aussi menés sur les produits importés aux points d'entrée de l'UE. L'Inspection générale des finances a dressé le bilan de ceux faits à un poste d'inspection frontalier français en 2017. Elle y a constaté des "lacunes" : aucune recherche d'hormones n'est réalisée sur les viandes importées, la recherche d'antibiotiques n'est réalisée que pour la viande d'agneau et de cheval. La recherche de farines animales, quant à elle, n'est effectuée que dans l'huile de poisson.
Ce que prévoit le Ceta. "Rien ne figure dans le Ceta sur l'adaptation nécessaire de l'organisation des contrôles", constate la commission indépendante chargée d'évaluer le traité. Pis, le Ceta permet une diminution des contrôles physiques.
A partir du moment où on signe le Ceta on diminue le taux de contrôle. Sur les viandes, on est à 20% de taux de contrôle des matières en moyenne. Avec l'accord Ceta, on descend à 10%.lors d'une table ronde à l'Assemblée nationale
Les membres de la commission estiment pourtant que les moyens mobilisés pour assurer ces contrôles, au Canada comme dans l'UE, risquent de ne pas être suffisants pour faire face à la probable prochaine augmentation des produits canadiens destinés à l'exportation vers l'UE.
Côté canadien, la commission recommande donc qu'une mission de l'Office alimentaire et vétérinaire de la Commission européenne aille au Canada s'assurer de l'efficacité des programmes de certification "sans hormones" et "sans ractopamine" et obtienne des garanties sur les moyens mobilisés. Et côté européen, la commission préconise le renforcement des contrôles et des analyses, notamment la recherche d'hormones, sur les viandes canadiennes à leur arrivée dans les postes d'inspection frontaliers européens.
La viande canadienne va-t-elle inonder le marché européen ?
Ce qui est importé aujourd'hui. Si le Ceta n'a pas encore été ratifié par la France, il est déjà entré en vigueur provisoirement et partiellement depuis bientôt deux ans, ce qui permet une première analyse. "A ce stade, les quotas ouverts par l'UE pour les exportations canadiennes de viande bovine restent largement sous-utilisés", observe l'économiste du Cepii Cecilia Bellora, citant le rapport de l'Inspection générale des finances.
Fin 2018, 470 tonnes de viande canadienne ont été importées dans l'UE : 354 tonnes de viande bovine, fraîche comme réfrigérée et 116 tonnes de viande de bison. Le Canada n'a exporté aucune viande bovine congelée. Au niveau européen, cela représentait 2,5% des volumes prévus par les quotas pour la viande bovine fraîche et 3,8% de ceux pour la viande de bison. Et, sur ces 470 tonnes, 14 seulement étaient à destination de la France. "A titre de comparaison, la production de viande bovine en France est de 1,4 million de tonnes et en UE de 7,8 millions de tonnes", relève l'économiste du Cepii Cecilia Bellora.
Ce qui pourrait être importé demain. Le Ceta accorde au Canada un quota annuel d'exportations vers l'Europe de 65 000 tonnes de viande bovine. Mais au vu du premier bilan, "l'accord entraînera une augmentation globalement limitée des importations européennes de viandes de porc et de bœuf canadiennes", d'après la commission indépendante sur le Ceta. Le Cepii fait la même hypothèse, dans son évaluation de l'impact du Ceta. Une analyse également partagée par AgroParisTech, l'Institut de l'élevage (Idele) et l'Institut du porc (Ifip) dans leur analyse.
Le Ceta offre certes au Canada "de nouvelles opportunités pour développer une production porcine sans ractopamine et bovine sans hormone". Et cela "ne va pas manquer d'intéresser les exportateurs canadiens très performants", reconnaît AgroParisTech, l'Idele et l'Ifip. Mais "le Canada est bien installé sur des marchés d'intérêt", comme les Etats-Unis, "dont il ne se détournera pas". Et "les filières canadiennes doivent s'organiser pour fournir du porc produit sans ractopamine et des bovins sans hormone".
AgroParisTech redoute cependant une déstabilisation des prix, notamment au printemps et en été, saisons des barbecues et de la viande grillée, et quand le taux de change sera favorable au dollar canadien face à l'euro. Et la hausse, même limitée, des importations sera "susceptible d'affecter négativement un secteur de l'élevage déjà affaibli dans l'Union européenne", prévoit la commission.
En France, comme dans le reste de l'UE, ce sont les élevages bovins allaitants qui seront touchés. Et la France, où la consommation porte essentiellement sur les vaches de réforme, pourrait être particulièrement touchée.dans un rapport
Le Ceta fait planer une autre menace sur la filière, pronostique la commission. "Les caractéristiques des modes de production au Canada (...) pourraient contribuer à fragiliser la confiance du consommateur européen vis-à-vis de la viande bovine en général et venir renforcer les difficultés de la filière." La commission conseille donc de mettre l'accent sur l'étiquetage des produits pour mieux distinguer leurs provenances et leurs modes de production.
Compte tenu de toutes ces observations, Sophie Devienne déplore "un accord de nouvelle génération extrêmement décevant", "très en deçà des exigences qu'on devrait avoir". "Le principe de précaution de l'Union européenne risque d'être attaqué devant l'OMC par un certain nombre de pays, dont fait partie le Canada", prévient-elle. Or, comme "les exigences sont moindres" au Canada, "il y a un risque d'harmonisation vers le bas des normes européennes".
Maboula Soumahoro, maître de conf à l'université de Tours, raciste antiblanc
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