Dans un entretien accordé au Parisien, l’ancien numéro deux de la bourse de New York met en garde les banques centrales contre les emprunts d’argent facile sur fond de surendettement explosif des pays industrialisés. Une crise financière mondiale sans précédent pèse sur le monde avant la fin 2020, prévient-il.
L'actuel président et patron belge de la société de conseil Galileo Global Advisors, Georges Ugeux, a expliqué dans une interview au Parisien pourquoi la communauté internationale devrait se préparer à vivre une crise financière mondiale sans précédent avant la fin 2020.
En cause, selon lui, le niveau extrêmement élevé de l'endettement des États, en premier lieu celui des pays industrialisés. «Le montant de la dette publique mondiale s'élève désormais à 63.000 milliards de dollars (55.000 milliards d'euros). […] Au fur et à mesure que les taux d'intérêt augmentent — comme c'est déjà le cas — les déficits budgétaires augmentent et menacent la notation de ces pays et leur capacité à se refinancer sans exploser».
C'est à cause de cela, explique-t-il, que le monde vivra «un tsunami financier» d'ici fin 2020.
M.Ugeux n'exclut pas que les banques centrales et les gouvernements puissent en être responsables et donc l'élément déclencheur.
«En se rendant compte de la dangerosité et du niveau de leurs emprunts d'État, certains de ces acteurs risquent de commencer à les vendre et lancer la spirale qui va faire grimper les taux d'intérêt et on connaît la suite», tient-il à souligner.
Pour empêcher un tel scénario, le financier préconise de «sortir du déni». «Les banques centrales doivent absolument arrêter progressivement d'emprunter de l'argent facile. […] Je suis convaincu que lorsqu'on a des taux extrêmement bas, le fait de les bouger dans un sens ou un autre n'a aucun impact sur la décision d'un chef d'entreprise ou d'un ménage d'investir.»
Le fleuron de l’armement français et ses équipements intègrent des composants américains dont Washington pourrait interdire l’exportation. Révélations.
A la veille de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Helsinki mi-juillet, Donald Trump s’est fendu d’une phrase que les industriels français n’ont pas oubliée : « L’Union européenne est un ennemi (…) et profite vraiment des Etats-Unis. »Les mots du président de la première puissance mondiale ne sont pas que provocateurs : une véritable épée de Damoclès est suspendue au-dessus du secteur de la défense, et elle se nomme Itar. Derrière ce sigle se cache la régulation internationale sur le commerce des armes (International Traffic in Arms Regulations). De plus en plus draconienne, elle permet à l’administration d’outre-Atlantique de bloquer, au nom de la protection de ses intérêts économiques et politiques, la vente d’un avion de combat, d’un satellite ou d’un missile étranger dès qu’un de ses composants est américain. Pis : Washington peut décréter du jour au lendemain qu’un circuit ou un brevet non Itar sera désormais soumis à Itar, y compris dans le domaine civil.
L’administration Trump a déjà brandi à deux reprises ce veto déguisé, en Egypte et au Qatar, pour tenter de saper les ventes françaises d’avions Rafale de Dassault. Un blocage qui va coûter à la France des millions d’euros et risque de décourager les futurs clients du Rafale, au premier rang desquels Singapour, où une délégation de l’armée de l’Air doit opportunément faire escale.
« Des milliards d’euros ».
Le problème est que « tous les matériels militaires français [y compris] le Rafale, comprennent des composants Itar », reconnaissait Eric Trappier, PDG de Dassault, devant les députés de la commission de la Défense en 2015. Tout remplacer prendrait des années et pourrait coûter « des milliards d’euros », selon le syndicaliste Philippe Fraysse, spécialiste de l’aéronautique à FO Métaux. « Les industriels préfèrent prendre des risques parce que cela coûte moins cher d’acheter des pièces américaines plutôt qu’européennes, et ils se disent que l’Etat français négociera avec Washington en cas de problème », déplore-t-il.
Guerre de leadership.
Si les Etats-Unis passent à l’offensive aujourd’hui, c’est qu’« ils commencent à s’agacer des ventes record de Rafale qui pourraient concurrencer leur F-35, plus cher et moins polyvalent », estime Pierre Razoux, directeur de recherche à l’institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem). Mis en service depuis seulement deux ans, le F-35 a été commandé par une dizaine de pays. Soit près de 3 000 appareils à construire ! Un nombre écrasant, face aux quelques dizaines de Rafale exportés. Mais la percée française agace les Américains. Car, au-delà de la pure compétition économique, c’est une guerre de leadership qui se joue, analyse Jérôme de Lespinois, spécialiste de la stratégie aérienne à l’Irsem : « Le Rafale, c’est le village gaulois qui résiste au rouleau compresseur de l’avion américain F-35. Grâce à ses ventes à l’export, le programme est non seulement économiquement viable, mais permet à la France de rivaliser avec les Etats-Unis sur la scène internationale en offrant un multiplicateur de puissance et un outil de souveraineté nationale. »
Après avoir lutté pendant près de quinze ans pour exporter son avion de chasse, Dassault décrochait en 2015 et 2016 trois contrats importants : 24 Rafale pour l’Egypte, 24 pour le Qatar et 36 pour l’Inde, qui pose alors une option sur 100 avions supplémentaires. Grâce aux Rafale, la France réalise coup sur coup ses deux meilleures années en ventes d’armes du XXIe siècle (17 milliards d’euros en 2015, 14 milliards en 2016). Qui plus est dans trois pays très liés aux Etats-Unis : l’Egypte, à laquelle Washington verse 1,3 milliard de dollars d’aide militaire chaque année et vend de nombreux équipements ; le Qatar, sa plus grande base militaire au Moyen-Orient ; et l’Inde, équipée de F-16, et qui aurait dû, selon Trump, renouveler sa flotte avec le F-35 de Lockheed Martin. Patatras. Subtilement, la première attaque américaine n’a pas visé directement le Rafale. En 2015, les Egyptiens envisagent de passer un contrat avec Dassault, qu’ils ne concluront qu’à une condition, que le département d’Etat américain découvre : ils veulent des missiles de croisière à longue portée Scalp, fabriqués par l’européen MBDA. Banco, le missilier en fournira 50, avec les 24 Rafale. Patatras, début 2017, selon nos informations, les Etats-Unis interdisent la livraison de ces missiles à l’Egypte. Motif officiel : les Scalp ont des composants américains. D’après un document envoyé à la Direction américaine du contrôle des exports de défense (DDTC) que nous avons consulté, deux petites pièces dans le système infrarouge qui guide le missile vers sa cible ont suffi à bloquer tout le missile.
Occasion manquée.
En 2014, Bercy avait un temps envisagé de lancer une chaîne de production de composants pour échapper à Itar, l’ensemble des réglementations américaines contrôlant le marché des armes au niveau international. Une enveloppe de 150 millions d’euros avait été évoquée. Le projet n’a jamais abouti. « Il y a une interdiction formelle des Etats-Unis de vendre ce type de missiles à des pays du Moyen-Orient. C’est lié à une règle américaine qui empêche de vendre des armes pouvant mettre à mal la supériorité militaire d’Israël », commente Andrew Miller, ancien conseiller militaire du président Obama. « Les Etats-Unis sont par ailleurs très frustrés de voir que les Egyptiens ne se paient pas plus de matériel militaire américain. Du point de vue de Trump, très enclin à favoriser sa propre industrie, il y a aussi un intérêt à ne pas faciliter la tâche des Français dans la compétition avec les avions américains », ajoute ce directeur adjoint du think tank « Programme pour la démocratie au Moyen-Orient » («Pomed », en anglais).
Bras de fer.
Ce seul bras de fer commercial devrait non seulement coûter près de 50 millions d’euros en achat ou développement de nouveaux composants pour le Scalp, mais, en plus, l’Egypte exige des dédommagements pour le retard, estimé au moins à une année. Selon nos informations, l’armée de l’air égyptienne aimerait bien obtenir gratuitement la moitié des Scalp promis. « Les négociations sont toujours en cours », confirme au Point une source officielle française proche du dossier. Et, « comme dans toute négociation, chacun va devoir faire un pas vers l’autre », lâche cette même source. Cela aurait pu être l’occasion de piocher ces « cadeaux » dans les stocks de vieux Scalp qui prennent la poussière dans les hangars de l’armée de l’air française, mais l’idée aurait été écartée. L’affaire du Scalp égyptien n’était que le premier avertissement. Selon nos informations, le blocage s’est répété au Qatar. Cette fois avec les missiles Meteor de MBDA, qui devaient équiper les 24 Rafale achetés en 2015 pour 6,7 milliards d’euros. Cette facture exorbitante, car deux fois supérieure au prix payé par les Egyptiens pour la même quantité d’avions, est justifiée à l’époque par l’exigence de Doha d’équiper ces Rafale avec des missiles de longue portée dernier cri et l’avionique nécessaire à leur tir. Au Moyen-Orient, seul Israël possède des missiles air-air aussi sophistiqués et d’une portée s’approchant de celle du Météor.
Crédibilité.
Manque de chance, ces missiles ont des composants Itar. Bis repetita : les Etats-Unis ont une raison géopolitique et un levier juridique pour s’y opposer. Alors que l’émirat qatarien a commandé 12 nouveaux Rafale en décembre 2017, les Etats-Unis auraient annoncé au début de l’été à leurs partenaires français qu’ils devront chercher de quoi remplacer les composants américains du Meteor. Il va falloir trouver une solution, et vite : c’est justement parce que les Etats-Unis n’auraient jamais accepté de fournir ce type de missile au Qatar que l’émirat s’est tourné vers la France. Impossible pour Paris de revenir sur sa promesse sans perdre de la crédibilité sur tous les marchés d’armement… Mission Pégase De retour de l’exercice Pitch Black en Australie, un détachement de l’armée de l’air, composé d’une centaine d’aviateurs et de six avions, dont trois Rafale, va entreprendre une tournée asiatique. Du 19 août au 6 septembre, cette mission, dénommée Pégase, visitera l’Indonésie, la Malaisie, le Vietnam, Singapour et l’Inde. Le but : donner un coup de pouce aux négociations en cours.
Mais l’affaire promet d’être encore plus complexe qu’avec le Scalp égyptien, car, cette fois, MBDA devra non seulement mettre d’accord ses maisons mères française (Airbus), britannique (BAE Systems) et italienne (Leonardo), toutes trois très liées à l’industrie américaine, mais également Allemands, Espagnols et Suédois, eux aussi engagés dans le programme Meteor. Sans compter que fabriquer et tester les nouveaux composants en Europe coûtera des dizaines de millions d’euros supplémentaires… et un temps précieux. Ce scénario n’a rien de surprenant pour MBDA, qui invoque la confidentialité du dossier pour ne pas le commenter : le client ne souhaite apparemment pas que le vendeur s’exprime. En 2011, le PDG de MBDA, Antoine Bouvier, reconnaissait volontiers devant les députés de la commission de la Défense que « notre dépendance à l’égard des composants soumis aux règles Itar est un point critique ».
Feu vert.
Pour l’instant, Dassault n’a pas été visé directement. Mais le coup de fouet américain n’est pas passé loin. Le département d’Etat a laissé mariner l’industriel près d’un an et demi avant de finalement autoriser, il y a quelques jours, l’exportation vers l’Egypte de pièces américaines, utilisées dans deux « pods » exérieurs du Rafale pour la reconnaissance et la désignation des cibles. Les négociations au plus haut niveau ont permis de changer le point d’interrogation en feu vert. Soulagement au Caire et à Paris. Mais cette série d’incidents a montré que l’industrie de l’armement française n’a jamais été aussi dépendante de l’Oncle Sam. « Les Américains ont toujours essayé par tous les moyens, notamment politiques, de vendre leurs produits, mais aujourd’hui cela se voit plus, car Trump se voit plus, tempère Eric Trappier, le 19 juillet, en marge de la présentation semestrielle des résultats de Dassault. On changera le jour où on sera vraiment bloqué, pour l’instant ce n’est pas le cas. »
Souveraineté.
Voyant Trump aux commandes, les clients de la France vont-ils continuer d’acheter ses équipements coûteux si on ne leur garantit plus une certaine indépendance face aux caprices américains ? Si les exportations d’armes françaises sont le « business model de sa souveraineté », comme le dit la ministre des Armées, Florence Parly, il y a de quoi s’inquiéter. Selon un officiel français, notre industrie de la défense aurait besoin pour vivre d’exporter au moins autant qu’elle vend à nos armées. En d’autres mots, vendre un Rafale à l’étranger chaque fois que la France en reçoit un, et ainsi de suite pour les missiles, bateaux, blindés ou hélicoptères. Côté français, on se contente d’assurer, en off, « être conscient du problème ». Au ministère des Armées, un vaste chantier de « désitarisation » (en référence à la réglementation Itar) des équipements militaires français est l’une des grandes priorités de la rentrée de septembre. Avec quel budget ? Qui paiera la note ? C’est flou. Florence Parly a seulement promis que le futur missile Mica-NG sera « Itarfree », comprenez garanti 0 % américain. C’est l’objectif désormais : il faut s’affranchir des fournisseurs américains. Donald Trump aura peut-être réussi à souder les industriels européens de défense !
Ariane LAVRILLEUX et Guerric PONCET Le Point août 2018
Le président du Southern Poverty Law Center (l’une des principales associations antiracistes aux Etats-Unis), Richard Cohen, a annoncé sa démission vendredi, quelques jours après que le cofondateur de l’organisation ait été congédié pour des accusations de harcèlement.
Ce départ marque la fin d’une époque à l’organisme basé à Montgomery, en Alabama, dont le personnel s’était récemment demandé si la mission de longue date de justice et de lutte contre les discriminations de l’association – qui avait généré des centaines de millions de dollars en dons des citoyens – concernait également le traitement interne des employés noirs et de sexe féminin.
« Les problèmes existants au SPLC se sont produits sous ma surveillance, j’en assume donc la responsabilité », a écrit Cohen dans un courriel obtenu par le Times, tout en demandant au personnel d’éviter de tirer des conclusions hâtives avant que le conseil ne termine un audit interne à propos de la culture de travail de l’association
La démission de Cohen survient le même jour que celle de la directrice juridique de l’organisation, Rhonda Brownstein, qui n’a pas donné les raisons de son départ.
Cohen a rejoint le Southern Poverty Law Center en 1986 et est devenu l’une de ses personnalités les plus en vue, aidant à mener des campagnes juridiques et publiques contre les groupes d’extrême droite, y compris les néo-nazis et le Ku Klux Klan.
Sous la direction de M. Cohen, le centre a également été fréquemment critiqué pour ses méthodes agressives de collecte de fonds et pour avoir présenté certaines figures de la droite américaine comme des extrémistes. Puis l’organisation n’avait pas été en mesure de se débarrasser des préoccupations internes de longue date au sujet du manque de diversité de son personnel à prédominance blanche et de ses dirigeants blancs.
(…) Des dizaines d’employés ont signé une lettre adressée à la direction et au conseil d’administration dans laquelle ils se disaient préoccupés par les mauvais traitements en interne, des cas de harcèlement sexuel, de discrimination sexuelle et de racisme qui menacent l’autorité morale de l’organisation antiraciste.