Arno Breker parle, une interview de Jean-Louis BRASSAC.
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C’est à deux pas de la place Pigalle, dans une petite maison romantique qu’habite Arno BREKER. En gravissant les marches de l'escalier, je me remémore tout ce qu'on a pu dire ou écrire sur cet artiste depuis qu'il est célèbre. J'en viens à me demander qui est véritablement cet homme dont la presse officielle nous dit aujourd'hui si peu de bien. Je vais bientôt être fixé: Arno Breker est devant moi sur le seuil de sa porte.
Aussitôt je suis frappé par la cordialité de mon interlocuteur. Robuste, solide sur ses jambes, il donne une impression à la fois de puissance et de douceur. Son visage, front dégagé, sourcils fournis, regard clair, est empreint de fermeté et d'une grande dignité qui inspire le respect.
Nous nous installons dans un assez grand studio dont les murs sont ornés de compositions de l'artiste. Arno Breker parle un français impeccable, employant toujours les termes les plus appropriés. Devant nous, sur une table basse, se trouvent un magnétophone, et plusieurs numéros de Découvertes. Une simple pression du doigt, et les bobines se mettent à tourner: l'entretien peut commencer!
UNE EXISTENCE GÊNANTE
— Est-ce que vous pourriez, cher Maître, vous présenter aux lecteurs de Découvertes?
— Bien sûr! Ici Arno Breker! En lisant mon livre: «Paris, Hitler et moi» vous pouvez suivre ma vie. Je suis venu pour la première fois à Paris en 1923, à cette époque il était encore très difficile de venir en France... Je suis Rhénan et la Rhénanie était occupée par les troupes françaises; je suis retourné à Paris en 1924, puis en 1925 pour m'y installer jusqu'en 1934. Comme vous le voyez, j'aime beaucoup Paris. Ainsi que la France d'ailleurs. J'ai été séduit, depuis ma jeunesse, par la culture française. Mon grand désir était de vivre à Paris; hélas la première guerre mondiale a brisé ce rêve!
— Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre?
— Ah! Ecoutez! Ma première femme était grecque; nous n'avons pas eu d'enfants ;elle est morte dans un accident d'automobile.
Je me suis remarié et nous avons eu deux enfants: un fils (onze ans) et une fille (huit ans). Alors, comme je suis souvent attaqué par la presse, parce que j'ai travaillé à l’«époque maudite», j'ai voulu montrer à mes enfants que je n'étais pas un criminel. C'est pour cette raison que j'ai écrit mes Mémoires. Du reste mes amis de Paris m'ont toujours poussé à le faire, ils pensent que je suis un témoin de l'époque, un témoin qui ne craint pas de décrire la situation comme elle l'était réellement. Il est cependant regrettable que mon livre ait été amputé de quelque cent-cinquante pages. Cela m'a un peu surpris. De même que l'agencement du livre lui-même. Voyez-vous, je ne l'imaginais pas tout à fait comme cela...
Je tiens à être sincère, même si cela doit me valoir quelques nouveaux tracas.
— Vous avez dit un jour: «Pour cinq ans de commandes officielles, vingt-cinq ans d'oubliettes.» Pourriez-vous évoquer votre situation au lendemain de la deuxième guerre mondiale?
— A la fin de la guerre, on était complètement écrasé. Je n'ai pas besoin de vous rappeler notre situation à nous, Allemands, en 1945. C'était l'enfer! J'avais quitté Berlin, mes ateliers... J'avais tout perdu, tout ce que je possédais, ma bibliothèque, ma collection de tableaux (dont beaucoup m'avaient été offerts par mes amis, peintres français)... Alors, je me trouvais devant rien, subissant complètement les événements. Je suis tombé malade et j'ai dû rester en clinique plusieurs mois.
J'ai recommencé à travailler progressivement vers 1948, mais je n'ai jamais pu recevoir de véritables commandes. Je n'avais rien à faire. Un de mes amis qui a une affaire d'assurances en Rhénanie m'a prié de l'aider, comme architecte. J'ai ainsi travaillé pendant quinze ans. J'ai abandonné l'architecture il y a seulement quatre ans. Depuis, je fais des portraits et des petites statuettes. Mais aujourd'hui encore, je suis pour l'Allemagne une existence gênante, une sorte de fantôme qu'on écarte. Quelques amis m'ont heureusement aidé. Mais l'avenir n'est pas rose... C'est pour moi très difficile de nourrir ma famille...
En prononçant ces derniers mots, Arno Breker a baissé la voix. Son regard se durcit... Je sens en cet homme une grande émotion, une profonde tristesse.
J'ÉTAIS ENTIÈREMENT LIBRE...
— Votre livre s'intitule: «Paris, Hitler et moi». Avez-vous bien connu Hitler?
— Bien connu, c'est peut-être trop dire. La première fois que je l'ai rencontré, c'était en 1936, après les Olympiades où j'avais reçu la médaille d'argent du Concours artistique. Hitler avait invité tous les lauréats à la Chancellerie, c'est là qu'on m'a présenté au Führer. A cette époque, je venais de quitter Paris où j'avais pourtant une brillante situation, répondant ainsi aux souhaits de mes amis, parmi lesquels le grand impressionniste Liebermann et l'historien d'art Wilhelm Hausenstein... Quand je suis arrivé à Berlin, je me suis trouvé assez désemparé. La presse était hostile à mon égard. J'étais marié à une Grecque, qu'on supposait juive, et je venais de Paris! Quand on m'a présenté à Hitler, il m'a dit: «Ah! c'est vous qui faites des copies d'après la sculpture grecque!» J'étais fort étonné d'entendre une chose pareille sortir de sa bouche, parce que c'était textuellement ce que la presse me reprochait. Je lui répondis:
«Non, non, vous vous trompez, Monsieur, mes statues ne sont pas des copies de sculptures grecques, ce sont des copies d'après nature... J'ai eu comme modèles deux athlètes magnifiques qui m'avaient été présentés par le Président des Olympiades, le Dr. Theodor Lewald...» Hitler m'a écouté, puis il s'est éloigné sans rien dire.
La deuxième fois que je l'ai rencontré, c'était lors de l'inauguration de la nouvelle Chancellerie, en 1939. En novembre 1938, Speer, qui supervisait tous les travaux de construction à Berlin, m'avait invité à lui rendre visite. Il me reçut peu de temps; c'était un homme très occupé et il n'aimait pas laisser une question en suspens. Il m'informa qu'on avait organisé un concours de sculpture pour la nouvelle Chancellerie dont il réalisait l'architecture. Les résultats n'étaient guère encourageants. Hitler lui avait alors dit: «Essayez donc avec Breker! On verra ce que cela donnera.» Speer me montra donc, dans le plus grand secret, les maquettes de la Chancellerie... J'étais fort intéressé; cette architecture me plaisait. «Voilà, me dit-il, il y a deux emplacements, l'un à gauche, l'autre à droite, vous avez la liberté de faire ce que vous voulez. Quinze jours plus tard, je retournai chez Speer, avec les deux maquettes. Il les vit, et ne dit rien. Deux jours plus tard, il m'apprenait que le Führer était tellement satisfait de mon projet qu'il voulait également me confier la réalisation d'une grande fontaine.
A cette époque, je voyais aussi pour la première fois les prodigieux plans de la rénovation de Berlin. Des travaux gigantesques! Un peu comme Hausmann ici à Paris. Ce devait être l'œuvre de toute une génération! La fontaine qui m'était commandée mesurait sur le plan cent-trente mètres de diamètre! J'ai eu aussi cette commande, et sans sacrifier mon indépendance, sans jamais être prisonnier d'aucune directive, comme pour la Chancellerie! J'étais entièrement libre! Il faut le dire.
Arno Breker insiste bien sur ce dernier point, il y attache une grande importance:
— On me dit toujours: «Vous avez travaillé pour le parti nazi, avec des consignes, des interdits...» C'est stupide! Hitler avait un tel respect à mon égard qu'il n'aurait jamais osé me donner la moindre directive pour mon travail. Il ne se posait pas la question de savoir si l'art de untel ou de untel correspondait ou non à ses propres conceptions; seule la qualité comptait... C'était du reste un homme parfaitement doué, un tempérament d'artiste, un excellent dessinateur... En temps normal, il aurait probablement fait la carrière d'un artiste et non pas, comme l'ont dit, celle d'un peintre... en bâtiment!
— Ce que vous dites est important. Certains critiques d'après-guerre prétendent en effet que votre art était un art de commande, et votre travail un travail de fonctionnaire...
Arno Breker m'interrompt avec vivacité:
— C'est absolument ridicule! Hitler était moins dictateur vis-à-vis de moi qu'un curé qui demande à un artiste d'exécuter une Sainte-Marie pour son église. D'ailleurs, Hitler a pendant quelque temps, montré une certaine réserve envers moi. Lors de la visite de Paris, il me prit un instant à part. C'était pour s'excuser de m'avoir «maltraité» pendant des années à cause de dénonciations qu'il recevait. «Aujourd'hui, je viens de comprendre que tout était faux!» me dit-il.
SOUS LE «RÈGNE DE LA BARBARIE»
— On dit souvent que l'époque nationale-socialiste a été pour l'Allemagne une période d'obscurité totale au point de vue artistique et littéraire, le règne de la barbarie. Qu'en pensez-vous?
— C'est ridicule et insensé. Il faut apporter quelques précisions. Au lendemain de la première guerre mondiale, la situation était fort dure pour tout le monde. Nous étions en pleine inflation et les conséquences du Traité de Versailles nous étaient très pénibles. En 1930, nous avions près de huit millions de chômeurs. L'Allemagne était par terre, complètement par terre, offerte au communisme. L'Allemagne se balançait sur un fil. A cette époque, j'étais à Paris. Je me souviens avoir reçu la visite du chef de Cabinet de Brunning: «II n'y a rien à faire, me dit-il, le gouvernement français ne veut pas comprendre notre situation... Nous allons tout droit vers le communisme ou vers le national-socialisme!»
Il avait raison. Hitler est arrivé au pouvoir et, on l'oublie trop souvent aujourd'hui, par des moyens démocratiques!
Pendant ces années, les artistes, la très grande majorité des artistes, s'étaient trouvés dans une situation pénible. Dans le domaine de la peinture, par exemple, c'était le règne absolu de l'expressionnisme ; tout le reste était méprisé, ignoré. La plupart de ces artistes délaissés devinrent alors de fervents nationaux-socialistes, pour protester contre cette situation intenable, contre la dictature de quelques marchands de tableaux! Ainsi l'avènement du national-socialisme provoqua le déclin du courant expressionniste. D'autres artistes purent alors se révéler.
A la fin de 1943, Hitler avait décidé de me confier la direction des Arts en Allemagne. Il me dit ouvertement que la campagne contre «l'art dégénéré» était une erreur fondamentale; j'étais pour lui le seul homme qui put remettre les choses au point. Assez surpris, et très flatté, je lui répondis: «Ecoutez, mein Führer, je ne puis vous répondre sur le champ, il me faut réfléchir...» Quinze jours plus tard, nous nous rencontrions de nouveau. J'avais préparé une note où j'expliquais à quelles conditions j'accepterais la charge qui m'était proposée. Ma première condition était:
«Hoffmann ne doit occuper aucune fonction dans mon service.» Cet homme n'avait d'ailleurs pas de place officielle, c'était un photographe, fort intelligent mais aussi très intrigant. Hitler, considérant ma première exigence m'objecta: «Voyons, qu'est-ce que vous me dites-la, ce n'est pas sérieux! Vous connaissez Hoffmann... Il ne représente aucun danger pour vous!» «Si, mein Führer, à aucun prix je ne pourrais travailler dans une atmosphère de contrainte...»
— Il y a donc eu une production artistique et littéraire notable à cette époque?...
— Sans aucun doute !
Tenez, dans le domaine du cinéma, par exemple, on a produit tout une série d'excellents films, dont quelques-uns resteront (ou devraient rester!) comme d'authentiques chefs-d’œuvre dans l'histoire du septième Art.
Si un metteur en scène tel que Lang a quitté l'Allemagne, au regret de Hitler d'ailleurs, beaucoup d'autres l'ont remplacé, et avec autant de talent.
Parmi tant d'œuvres marquantes on peut citer: «Victoire à l'Ouest», de Walter Rutmann, qui était un réalisateur d'avant-garde. Son «Deutsche Panzer» est aussi remarquable... Rutmann mourut des suites de ses blessures sur le Front de l'Est.
Veit Harlan est un des noms représentatifs de cette époque. Parmi ses meilleurs films: «Le Juif Süss», «Le grand Roi», «La Ville dorée».
Pabst, réalisateur de «Quatre de l'Infanterie», revint en Allemagne à la veille de la guerre et tourna plusieurs films, dont «Paracelsus».
Vous connaissez certainement «Les Aventures fantastiques du baron de Münchhausen» de Josef Von Baky. C'est une grande réalisation en couleur très étonnante.
Et Leni Riefenstahl, cette femme merveilleuse, avec son immortel chef-d’œuvre: «Les Dieux du Stade»!
Et les excellents documentaires (Hitler-Junge, Quex, Kruger), et l'extraordinaire Rembrandt, de Hans Steinhof !
Et les comédies musicales de Willy Forst.
Et les sensationnels documentaires scientifiques de la UFA, qui passionnaient les spectateurs du monde entier...
Nous avions à ce moment-là une pléiade de grands acteurs: Emil Jannings (le protagoniste de «Der Herrscher» — Le Dominateur) ; Heinrich George, l'acteur du «Maître de Poste» (un des plus grands succès du cinéma allemand, en pleine guerre, non seulement en Allemagne mais dans d'autres pays), qui mourut prisonnier des troupes soviétiques. Zarah Leander (qui était suédoise). Hans Albers, le héros de «Münchhausen». Kristina Soderbaum, l'héroïne de «La Ville dorée». Et Marika Rök, la grande artiste du film musical «La Femme de mes rêves», qui fut également un des plus grands succès cinématographiques, en pleine guerre, non seulement en Allemagne mais dans d'autres pays...
— Et quant aux Beaux-Arts?...
—A l'exception de Belling, tous les sculpteurs ont continué leur travail en Allemagne. Le seul peintre a avoir quitté son pays fut Beckmann. Mais c'était un homme fortuné qui avait beaucoup de relations dans le monde, et son départ n'a pas dû lui poser tellement de problèmes. On avait certes donné des ordres selon lesquels un certain nombre d'artistes ne devaient plus travailler... Ils ont travaillé tout de même. Le peintre Hofer, qui fut parmi les premiers attaqués par le national-socialisme, a toujours fait son possible pour obtenir des commandes de l'Etat. Ça n'a pas marché; il est donc resté à l'écart mais il a continué tranquillement à peindre ses tableaux, même pendant la guerre, avec de la peinture à l'huile française (que l'on ne trouvait plus en Allemagne), et sur des toiles françaises...
— Mais c'est sans doute dans le domaine musical que nous trouvons le plus bel exemple de la «barbarie nazie»?...
— En effet !... Je puis citer sur ce point le témoignage d'un auteur peu suspect de complaisance envers l'Allemagne de cette époque, dans un gros ouvrage sur le national-socialiste: «Contrairement aux écrivains, la plupart des grandes figures du monde musical allemand choisirent de rester dans l'Allemagne nazie, et même prêtèrent leur nom et leur talent à l'Ordre nouveau.» Wilhelm Furtwaengler, l'un des plus grands chefs d'orchestre de notre siècle, resta... Richard Strauss demeura lui aussi, et même devint pendant un temps président de la Chambre de musique du Reich... Walter Gieseking... Wilhelm Kempff... Herbert von Karajan...
L'Orchestre Philarmonique de Berlin était applaudi dans le monde entier, et l'Opéra de Berlin était au premier rang des grandes formations symphoniques...
Peu d'écrivains émigrèrent, quoi qu'en dise notre auteur. Si Thomas Mann, Zweig, Zuekmayer quittèrent l'Allemagne, Ernst Jünger, Ernst Wiechert; Gerhart Hauptmann et bien d'autres continuèrent d'y travailler. Le monde de l'Edition était prospère. Je connaissais d'ailleurs bien l'éditeur Fischer, qui poursuit actuellement une très belle carrière...
A ce moment, la sonnerie de la porte d'entrée retentit. Arno Breker se lève et accueille son ami André Leduc. Le grand champion cycliste (vainqueur de Paris-Roubaix, Paris-Tours et de plusieurs Tours de France). Dans l'une de ses œuvres, Arno Breker s'est inspiré du coureur: il s'agit du «Guerrier blessé». Le guerrier, c'est André Leduc après une chute dramatique dans le Tour de France. La photographie de l'œuvre passe entre nos mains. L'attitude saisie par l'artiste est poignante.
Nous reprenons notre entretien.
— Un épisode m'a frappé dans votre livre, entre beaucoup d'autres choses: la rencontre du capitaine de l'équipe grecque et de Hitler, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Berlin en 1936...
Ah oui! Loues Spiridou était âgé à l'époque de soixante-dix ans. Il avait été un grand champion de Marathon et il était encore assez vert. J'avais fait son portrait. II était tombé amoureux de notre femme de chambre et ils ont même eu un enfant!
C'était un berger, très cultivé et au courant des événements politiques. Quand il s'avança pour remettre à Hitler le rameau d'olivier symbolique, il était très ému mais il se ressaisit rapidement. Il n'en finissait pas de parler! Le traducteur était affolé, car ce que disait Spiridou ne concordait pas avec le papier préparé. Hitler était d'ailleurs séduit par la franchise de cet homme.
Ces Olympiades ont été pour tous ceux qui y ont assisté un souvenir inoubliable. On a malheureusement aussi colporté bon nombre de mensonges à ce propos. Par exemple, j'ai encore entendu dire récemment que Hitler aurait refusé de serrer la main du grand athlète américain Jesse Owens, quatre fois champion olympique. C'est ridicule, et tout à fait faux! Hitler a félicité en personne tous les champions. J'étais un peu au-dessus de lui, et je pouvais voir ce qu'il faisait, tout de même! C'est une légende que l'on a fabriquée. Il régnait une grande camaraderie entre les équipes et en particulier entre les Allemands et les Américains.
A suivre…
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Fête de la famille 2020 de la bannière du lyonnais : encore un succès !
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Le samedi 5 septembre se déroula, sous un soleil éclatant (et très chaud), notre 6ème fête de la famille.
Des participants plus nombreux que l'an passé avec l'arrivée de nouvelles familles !
Un livret ludique préparé par Cathy fut remis à chaque enfant.
Cette année, Cathy nous proposa également un atelier art et nature païens. L’activité consistait à créer une œuvre artistique collective avec des matériaux naturels et permettre l'éveil au paganisme (cycle de la vie et calendrier).
Alice s'occupa de l'atelier création de bougeoirs enracinés avec explication des runes pour les petits ou les plus grands.
Le tir à l'arc plut toujours autant, sous la surveillance attentive du camarade Brice.
Gros succès pour le tir à la carabine à plomb, encadré par une équipe de choc !
Et le traditionnel tour à cheval.
Merci à tous ceux qui ont permis à la réalisation de cette très belle journée qui fut une nouvelle fois réussie !
A l'année prochaine pour de nouvelles aventures !
Terre et peuple Lyon
Edwy Plenel. Le gauchisme est un virus sans frontières (vidéo)
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Le suffrage universel et l’autorité par P.J. PROUDHON
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«Comment le suffrage universel parviendrait-il à manifester la pensée, la vraie pensée du peuple, quand le peuple est divisé, par l'inégalité des fortunes, en classes subordonnées les unes aux autres, votant par servilité ou par haine ; quand ce même peuple, tenu en laisse par le pouvoir, ne peut, malgré sa souveraineté, faire entendre sa pensée sur rien ; quand l'exercice de ses droits se borne à choisir tous les trois ou quatre ans, ses chefs et ses charlatans ; quand sa raison, façonnée sur l'antagonisme des idées et des intérêts, ne sait aller que d'une contradiction à une autre contradiction.»
PROUDHON - Confessions d'un révolutionnaire, 1849.
« Tu ne te rassembleras pas ; tu n'imprimeras pas ; tu ne liras pas ; tu respecteras tes représentants et tes fonctionnaires, que le sort du scrutin ou le bon plaisir de l'État t'aura donnés ; tu obéiras aux lois que leur sagesse t'aura faites ; tu payeras fidèlement le budget ; et tu aimeras le gouvernement, ton seigneur et ton dieu, de toute ton âme, de tout ton cœur, de toute ton intelligence : parce que le gouvernement sait mieux que toi ce que tu es, ce que tu vaux, ce qui te convient, et qu'il a le pouvoir de châtier ceux qui désobéissent à ses commandements, comme de récompenser jusqu'à la quatrième génération ceux qui lui sont agréables. »
PROUDHON - Idée générale de la révolution au XIXe siècle, 1851.
PROUDHON toujours aussi actuel !
Patriotes américains Vs Antifas (Knockout Compilation)
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LES ASSOCIATIONS ET NOTRE ARGENT
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Un bien intéressant rapport publié par association.politologue.com (et consultable sur ce site) montre l’évolution des subventions aux associations entre 2010 et 2018.
On apprend que leur montant total de 1,5 milliard d’euros, en 2010, est passé à plus de 7 milliards en 2018, soit une hausse de 366 % en neuf ans.
Or, le montant moyen ne passe que de 73.000 euros à un peu plus de 78.000 euros. C’est donc ailleurs qu’il faut chercher la raison de cette hausse de la dépense globale.
Intéressons-nous au nombre de subventions : il passe de 20.194 à… 92.119 ! La croissance commence en 2012, sous Hollande : 30.851. Elle s’envole en 2016, année préélectorale : 56.177 subventions, et atteint les cimes en 2018, sous Macron : 92.119 !
Ainsi, on observe que « France terre d’asile » ne présente pas moins de 30 associations relevant de cette aide. Joli moyen de ne pas alerter le quidam : on minimise le don moyen. Mais on reçoit quand même, au total, 40 millions d’euros. Accroître le nombre d’associations, en créer de nouvelles de toutes sortes serait-il un moyen de passer sous les radars ? On peut le penser, car nous doutons fort que le nombre de fonctionnaires chargés de contrôler les susdites assocs se soient accru autant que le nombre de celles-ci.
Voyons où se déverse cette corne d’abondance : alors que le montant annuel versé aux associations œuvrant en faveur du patrimoine reste stable, aux environs de 40 millions, et celui destiné aux associations sportives voit la même stabilité, autour d’une centaine de million d’euros, celui déversé, Dieu sait pourquoi, sur les associations en faveur de l’immigration évolue de 725.760 euros, en 2010, à plus de 445 millions, en 2018 ! Chacun appréciera… On sait que l’immigration est une chance pour la France. La chose est parfois discutée. Mais sans coup férir, elle semble aussi ou plus sûrement être un coût ! Sur les sept années observées, c’est donc 1.132.000.000 € qui auront été dépensés pour cette cause : immigration et asile. Voir aussi en fin d’article.
Pendant ce temps, la plus ancienne association caritative du monde, l’Ordre de Malte et les associations qui en émanent, reçoit moins de 10.000 euros par an. Ainsi, "Le Fleuron," péniche unique en France, créée en association Malte / 30 millions d’Amis, qui permet aux SDF d’être hébergés avec leur chien, reçoit royalement 1.500 € annuellement. Merci, mon prince ! Monsieur est trop bon…
Nos impôts sont merveilleusement utilisés, ailleurs. Les subsides associatifs en faveur de l’intégration et l’accès à la nationalité passent de 11 millions à 76, ceux de la politique de la ville de 11 à 138 millions, ceux au bénéfice des pays en développement de 19 à 90 millions d’euros. Certains diront que ces sommes déversées en ces tonneaux des danaïdes ne sont pas l’action directe de l’État, mais on se demande si certains ministères ont d’autres activités que le financement des associations ?
En sus du thème immigration et asile (1,13 milliard en 7 ans), on trouve sous d’autres titres des dépenses dont on peut douter qu’elles servent ailleurs qu’aux « chances pour la France ». Exemples : hébergement, inclusion sociale, jeunesse, accès au droit et à la justice, politique de la ville, sport, vie de l’élève… D'autres thèmes laissent rêveur : soutien de la politique de l’Éducation nationale, conduite et pilotage des politiques de l’écologie (les écolos sont très divisés…), soutien de la politique de la défense, préparation et emploi des forces, conduite (sic) et pilotage (resic) de la politique de justice, administration pénitentiaire, etc. Coordination du travail gouvernemental, 28 millions, pour un résultat que chacun appréciera, somme triplée en 8 ans !
Quelle merveilleuse machine bien huilée est devenue l’administration française ! Quelle belle efficience nous offrent ces gouvernements, ces élus ! Et quelle extraordinaire inventivité. C’est ça, l’esprit français, Monsieur ! On n’a pas de pétrole, mais on a des idées : que les contribuables contribuent !
Curieusement l'association culturelle identitaire TERRE & PEUPLE n'apparaît pas dans ce rapport !!!
LA PIEUVRE ET LE FAISCEAU
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- Catégorie : HISTOIRE
La toute-puissance de la Mafia sicilienne n'a connu qu'une éclipse: celle que lui imposa, pendant la période fasciste, le préfet Mori. Sa politique sert encore aujourd'hui de modèle aux adversaires de la Mafia.
En dépit d'une réputation tenace, la Sicile ne s'est jamais résignée à subir l'emprise de la Mafia. L'histoire de l'île est jalonnée de tentatives courageuses, quelquefois efficaces, pour délivrer les insulaires de leur carcan de violence et de corruption.
Certains datent les débuts de la Mafia de la fin de l'époque angevine, au XIIIe siècle, accréditant la légende de quatre bergers décidés à s'opposer par les armes aux exactions du pouvoir du roi Frédéric. D'autres la font remonter seulement à l'occupation espagnole, au XVIe siècle. Là encore, il se serait agi d'une résistance héroïque à un envahisseur. La même légende dorée attribue à la société secrète un rôle de contestation du pouvoir bourbonien des XVIIIe et XIXe siècles. En fait, ces interprétations n'ont guère de fondement. Il est vrai que la Sicile des Bourbons connaissait une criminalité endémique, notamment le vol de bétail. Pour la combattre, les gouverneurs envoyés par le roi de Naples - par exemple le comte de Mariscalco — ordonnèrent la création d'une gendarmerie très spéciale, les «compagnies d'armes», composées presque exclusivement d'anciens malfaiteurs. Les procédés de ces unités étaient peu orthodoxes. Elles se faisaient rémunérer directement sur le butin récupéré soit sur les voleurs, soit sur les propriétaires eux-mêmes. Paradoxalement, elles mirent fin au brigandage de ceux qui n'étaient pas encore des mafiosi.
La naissance de l’ «honorable société» remonte en fait à la conquête de l'île par les partisans de Garibaldi, dans les années 1860-1861. Elle résulta de l'anarchie consécutive à l'invasion de l'île par les chemises rouges, propice à de nombreuses extorsions, et de l'appauvrissement du pays dû à la chute des protections douanières et à la hausse des impôts. Le gouvernement Bixio (1861), le général Gavone (1863), le préfet Malusardi (1871-1878) tentèrent sans succès de rétablir l'ordre et de combattre la corruption. Incapable de déraciner l'organisation, déjà bien implantée, le préfet Malusardi démissionna en 1878. A partir de cette date, le pouvoir mafieux devint de plus en plus indiscutable pendant un demi-siècle.
Puis, le temps d'une génération, les «seigneurs de l'ombre» durent se mettre à genoux: c'est la période de 1924 à 1943. Le souvenir en est si vivace que, malgré le poids des préjugés idéologiques, le général Dalla Chiesa — qui, avant d'être assassiné, mena la lutte anti-Mafia à Palerme au début des années quatre-vingt — s'est référé explicitement à l'effort accompli par les hommes que Benito Mussolini avait envoyés contre le même ennemi, et en qui il voyait des prédécesseurs et des modèles. Certes, Dalla Chiesa et le juge Giovanni Falcone qui, après lui, reprit le flambeau du combat contre la «pieuvre», récusaient les idées du régime fasciste. Mais ils admiraient sa volonté de changer les mentalités par un effort d'explication et de participation du peuple tout entier.
Dans la période qui suivit immédiatement la prise du pouvoir par Mussolini, le régime fasciste ne prit pas à l'égard de la domination mafieuse une position très nette. C'est que le nouveau régime était particulièrement mal implanté dans le Mezzogiorno, et spécialement en Sicile, jusqu'à la marche sur Rome. En conséquence, le secrétaire national du parti fasciste, Acchile Starace, conseillait dans un rapport de juillet 1923 de passer un compromis avec la Mafia, estimant que l'Etat n'avait pas les moyens de s'opposer à elle. Le résultat de cette stratégie fut la présentation en 1924 d'une liste de coalition, le «Listone», que l'«honorable société» soutenait, et qui comprenait, outre des libéraux comme l'ancien président du Conseil Vittorio Emanuele Orlando, compagnons traditionnels de ses réseaux, une forte minorité de fascistes. Les 70 % de voix obtenues pratiquement sans campagne électorale furent un pur produit des fidélités mafieuses, comme les élections précédentes.
En fait, Mussolini avait déjà pris la décision de détruire la société clandestine. On raconte qu'il avait pris conscience de l'intolérable omniprésence de la «pieuvre» lors d'une visite à Piana Dei Greci. Ce jour-là, il avait dû entrer dans la mairie de cette ville sicilienne non par la porte mais par un pont de bois donnant accès au premier étage, que les autorités avaient construit pour éviter le risque d'attentat.
Le «capomafia» local, Don Ciccio Cuccia, fidèle aux habitudes de forfanterie en usage parmi les siens, avait osé lui dire en souriant : « Tout ceci est inutile car ici, personne ne vous fera de mal, à moins que je n'en donne l'ordre. » Une telle insolence aurait exaspéré l'illustre visiteur. De fait, sans nommer personne, le Duce prononça peu de temps après un discours menaçant contre la délinquance organisée, qui se terminait ainsi : « La population magnifique de la Sicile ne doit plus être rançonnée. »
Paradoxalement, c'est l'affaire Giacomo Mateotti qui déclencha l'ouverture des hostilités. En effet, la réprobation unanime qu'entraîna le meurtre du député socialiste, le 10 juin 1924, poussa les chefs mafieux, qui se méfiaient avec raison de la loyauté des fascistes à leur égard, à se rapprocher des forces politiques démocratiques, prenant ainsi nettement position contre le nouveau régime.
C'est dans ce contexte que se place la nomination de Cesare Mori comme préfet de Trapani, puis de Palerme. Le rôle de ce personnage, que l'on a appelé le «préfet de fer», paraît emblématique. Fils naturel élevé à l'orphelinat, il avait abandonné une carrière militaire pour entrer dans la police. Son caractère, autoritaire jusqu'à la démesure, fut garant de ses succès. Dévoué à l'Etat, quel que soit son maître, il n'avait pas hésité à réprimer les «chemises noires» avec brutalité comme préfet de Bologne, de 1919 à 1920. Lorsqu'il arrive à Palerme, fin 1924, il dispose d'une solide expérience et d'une connaissance complète et rigoureuse de l'ennemi à abattre. Vue à distance, la répression de la Mafia sera menée avec une rigueur léniniste, pourrait-on dire, comme une guerre intérieure réalisée au terme d'une analyse politique rigoureuse. D'abord, Mori, quoique originaire du Nord, avait parfaitement conscience que l'influence dominatrice de la Cosa nostra prenait ses sources dans le ratage de l'unité italienne au cours de la décennie 1850-1860. «Libérée» d'un pouvoir bourbonien peu efficace mais respectueux des particularismes par les bandes de Garibaldi (les Piccioti), la Sicile avait alors connu l'anarchie puis une exploitation commerciale et fiscale qui avait fini par rendre sympathiques aux Siciliens appauvris tous ceux qui s'opposeraient au pouvoir central. La conséquence en avait été l'apparition du «sicilianisme», l'enracinement de la criminalité dans les mentalités locales. D'éloquents dictons résument cette méfiance d'une culture agraire envers les ingérences extérieures: «Avec des amis et de l'argent, on peut toujours faire échec à la Justice. »
Et encore cette expression : « Le témoignage est une belle chose quand il ne cause de tort à personne.» L'image de l’« homme d’honneur» qui sait se taire et se défendre a été jusqu'à nos jours un puissant élément du plaidoyer pro domo des affiliés de la Mafia. Citons le marquis Starabbia Di Rudini, maire de Palerme en 1900: «Mafieux? Toute personne qui se respecte et exprime un orgueil exagéré, manifeste le désir de se battre peut être qualifiée de la sorte. » L'habileté de Mori, qui n'était pas seulement un policier efficace, mais aussi un esprit intuitif et subtil, fut de développer auprès de ses administrés un discours dans lequel il s'efforçait de dissocier la délinquance des qualités viriles dont ils faisaient jusqu'alors si grand cas. Dans les instructions qu'il transmettait à ses agents, il insistait sur la nécessité de respecter l'identité sicilienne, de ne pas bousculer les coutumes. Bien au contraire, il recommandait de mettre en lumière les déviations qu'elles avaient subies. Défendre les traditions, oui, mais comme les ancêtres les avaient voulues. «L'omertà (la loi du silence), nous ne voulons pas y porter atteinte, mais les antiques législateurs de la Sicile ne voulaient pas qu'elle conduisît à l’égoïsme et au faux témoignage», affirmait-il. Cette approche nuancée du problème, plutôt rare, ne faisait pas obstacle au culte du service de l'Etat. Si Mori avait fini par adhérer pleinement au fascisme, c'était en effet comme théorie de l'Etat. Or, le fascisme ne pouvait tolérer de conciliation entre sa conception du pouvoir, centralisée et totalitaire, et la permanence d'un corps intermédiaire omnipotent comme l’ « Organisazione » qui battait en brèche, par son clientélisme, l'intégration totale des individus au sein de l'Etat.
Pour justifier par avance les objectifs de sa lutte, Mori commença par définir l'adversaire comme une classe parasitaire, dans un effort de persuasion qui s'adressait à tous les Siciliens: «La Mafia n'a rien à voir avec les travailleurs. Elle exploite le riche, le puissant et le fort, mais pour autant elle n'est pas aux côtés du pauvre et du délaissé. »
Les méthodes de Mori sont fondées d'abord sur une mise en sommeil, puis une modification profonde de l'ordre juridique existant. Il est vrai que l'état de siège lui était familier, puisqu'il l'avait obtenu sans discontinuer de 1904 à 1917, lors de son premier séjour en Sicile. Cependant, il frappera cette fois beaucoup plus fort. «Il existe trois obstacles à mon action», n'hésitera-t-il pas à écrire au ministre de la Justice. «Le premier réside dans les limitations légales à l'action de la police, le second se trouve dans l'existence de la mise en liberté provisoire à la faveur de laquelle les « mafiosi » intimident ou éliminent les témoins, et enfin les instructions criminelles incomplètes, qui induisent les juges au doute et à la clémence. »
De fait, les actions de police prendront rapidement l'aspect de campagnes militaires, comme la prise d'assaut de Gangi et d'autres villes, suivies d'occupations forcées, de ratissages et de quelques cas de prises d'otages et de tortures, afin d'obliger au «jaillissement des aveux».
Du côté des juges, Mori obtint la généralisation du confino, ou garde à vue, qui pouvait, sous contrôle judiciaire, remplacer la liberté provisoire durant un maximum de quatre ans. De plus, les pressions officielles sur les tribunaux afin de réduire les verdicts d'acquittement permirent aux autorités, selon l'expression inattendue du procureur général Giampietro, de «codifier les criminels». Enfin, le code pénal fut modifié afin de qualifier comme délit la simple appartenance à la Mafia, sans que soit nécessaire la preuve d'actes délictueux personnels. Les résultats de cette mise entre parenthèses du droit sont éloquents : au procès de Gangi, après l'audition record de 154 accusés et de 300 témoins à charge, 146 réputés mafieux ou complices furent condamnés, dont 7 à la peine capitale. Si le compte rendu de Mori au ministre de la Justice («une virile affirmation de justice sereine, de dignité sicilienne») peut prêter à sourire, les coupables condamnés étaient néanmoins infiniment plus nombreux que les innocents. L'intrication de l'ensemble de la société sicilienne dans le maillage de l'extorsion et de l'intimidation était tel que les véritables innocents étaient rares.
Le côté politico-militaire de cette action se retrouve également dans la mobilisation et l'encadrement des masses auquel elle donna lieu. Mori ne cachait pas son intention de transformer la répression en une véritable révolte des esprits contre les acteurs de la délinquance, l’«azione populare». Pour cela, celui qui se faisait appeler le « préfet paysan » n'hésite pas à _^^*-te*^ frapper même les puissants: le «Gan Ufficiale» Bongiorno, mort en prison, un procurateur royal, des juges adjoints seront condamnés impitoyablement. De même des membres de l'aristocratie, victimes-complices des intimidations mafieuses (les «manutengoli»), comme les barons Sgadari et Li Destro, le marquis Pottino ne sont tenus quittes qu'à la condition de dénoncer à l'audience leurs persécuteurs au risque de leur vie.
Ainsi les fonctionnaires savent qu'ils seront couverts quel que soit le rang des coupables. Les témoins sont rassurés sur leur sort en cas de velléité de représailles, et le prestige des gens du milieu est détruit, en ce pays d'extra version extrême, par le spectacle des maîtres du crime enchaînés ou humiliés lors de leur arrestation ou au cours de procès-spectacles. Quant aux petits cadres de la Mafia agraire, les «gabelotti», Mori obtint leur éviction en soumettant la nomination des régisseurs de domaine, gardiens de troupeaux, concierges de quartier et d'îlot à une nomination par l'administration et au serment d'obéissance obligatoire. Tout refus d'accepter le poste d'un ancien mafieux entraînait l'interdiction d'en occuper aucun autre. « Ces procédés, nous dit l'historien Fabrizio Calvi, répugnent à la conscience civile». Peut-être, mais l'effroyable corruption que l'Italie connaissait - et connaîtra à nouveau vingt ans plus tard, et qui infligeait un déni de justice absolu à une population livrée sans défense à la pire canaille — ne justifiait-elle pas certaines approches spéciales ?
Ces méthodes eurent en tout cas des résultats indiscutables: en quatre ans, le nombre des assassinats dans l'île passa de 223 à 25, celui des agressions à main armée fut divisé par dix-neuf, celui des extorsions de fonds par neuf. L'effet le plus spectaculaire de cette opération fut sans conteste la revalorisation des terres cultivées, qui échappaient à l'emprise de la Mafia. 28000 hectares dont les propriétaires étaient jusque-là saignés à blanc par les parrains retrouvèrent leur valeur, notamment la valeur locative. 320 grandes exploitations virent leurs fermages majorés de 300% en trois ans. Certaines d'entre elles, tel le domaine du baron-poète Agnello, gagnèrent 1500 % de hausse de rente. On n'a pas de peine à admettre que celui-ci ait célébré Mori comme «le plus beau cadeau du Duce».
Les succès obtenus de 1924 à 1930 ne furent pas un feu de paille. Après le départ de «Don Cesare», ses successeurs, les préfets Albini puis Marziali, continuèrent son œuvre.
Si la délinquance ne prit pas fin dans une Sicile alors en pleine crise économique et démographique, c'est parce que la criminalité ne se résumait pas à la Mafia, qui en constituait seulement le côté «institutionnel». Les hommes qui vivaient de rapines durent néanmoins courber la tête jusqu'en 1943.
Dès lors, il est aisément compréhensible que les élites traditionnelles de la Sicile, celle des grands propriétaires, se soient ralliées d'enthousiasme à un régime qui leur rendait leurs biens et les rassurait sur leur survie physique. Peu de temps après les premiers succès du «prefetto di ferro», le parti fasciste fut assailli de demandes d'adhésion de leur part, comme le prince Lanza Di Scalea, ou le duc de Belsito, qui furent élus avec une dizaine d'autres représentants de leur caste sur les listes de 1930.
L'Eglise fut plus réservée : il est significatif que l'archevêque de Palerme Lualdi ne se soit résolu à soutenir sans réserve le représentant de Mussolini qu'après que ses relations se furent dégradées avec les fascistes les plus marquants.
C'est là un phénomène intentionnellement mal compris: Mori ne cessa jamais de focaliser contre lui l'hostilité virulente des fascistes idéologiques, ceux qui constituaient l'épine dorsale du mouvement. Au premier rang d'entre eux se trouvait le Dr Alfredo Cucco, chef du parti en Sicile et commendatore des squadristes, qui ne cessa de protester contre les procédés de Mori. Lorsque Mori écrivit ses Mémoires, après son départ, la presse fasciste commenta le livre en ces termes : « une collection d'anecdotes arrogantes, cyniques et incroyablement stupides». Les raisons de cette attitude, surprenante dans un régime qui se voulait totalitaire, ne résident pas seulement dans les rancunes accumulées par les «squadristes» contre celui qui les avait si brutalement matraqués par le passé. Pour les « chemises noires » siciliennes, la révolution sociale était plus importante encore que la répression. Ils ne pouvaient admettre que le retour à l'ordre profitât d'abord aux riches, notamment par la hausse du loyer de la terre, ni que les anciennes oligarchies fissent un retour en force. Ils réclamaient des avantages pour la paysannerie misérable, exigeaient une réforme agraire immédiate.
Dès 1926, les relations entre Mori — qui détestait le militantisme - et certains hiérarques du parti se détériorèrent.
Mussolini soutint pourtant son préfet jusqu'à la fin de sa tâche, lui sacrifiant tour à tour quelques-uns de ses plus chauds partisans. Le secrétaire provincial Damiano Lipari, puis Don Alfredo Cucco, numéro un du parti dans l'île, enfin le général Di Giorgio, furent exclus tour à tour des organisations fascistes. Mori, qui n'hésitait pas écrire que la vengeance était à la fois un devoir, un plaisir et un droit, ne manqua pas de faire accuser de collusion mafieuse tous ceux qui lui résistaient.
L'impitoyable lutte menée contre la Mafia par le préfet Mori est aussi mal connue que les relations qu'entretinrent les opposants au régime fasciste et la Mafia.
Ces liens entre les forces « démocratiques » et les organisations criminelles sont pourtant patents dès le début des années trente. Dans un discours prononcé le 28 juillet 1925, Vittorio Emmanuele Orlando, chef du parti libéral, déclarait, après avoir donné une définition flatteuse, non délictueuse de la Mafia: «Je me déclare mafieux et fier de l’être. » Certes, cette profession de foi maintenait une ambiguïté propice mais, par la suite, les membres de Cosa nostra qui fuyaient vers la Tunisie ou les Etats-Unis trouvèrent un appui sans démenti possible de la Lidu, ou Ligue des droits de l'homme italienne. De même les actions de protestation à l'étranger recevaient-elles l'appui logistique des correspondants et affidés. Lorsque la Mafia décidera d'assassiner des fascistes (Mariano De Caro, Domenico et Bartalone Perricone), les organisations antifascistes tenteront de justifier ces meurtres. Cependant, la symbiose entre les réseaux de droit commun et les hommes politiques ne fera que se renforcer au profit des premiers à partir du débarquement allié en Sicile. La chute de Mussolini et de son gouvernement ouvrit une nouvelle période. Les Américains nouèrent d'étroites relations avec la Mafia: liée aux politiciens qui prenaient la relève, Cosa nostra était utile aux troupes d'occupation américaines. Avec la fin de Mussolini et de son gouvernement prenaient fin vingt et un ans et un jour d'intermède de retour à la légalité dans l'île. Au «préfet de fer» Mori, envoyé pour assainir, succéda alors un «préfet de boue» attaché à rendre la Sicile à ses corrupteurs, le colonel américain Charles Poletti. Les services secrets de la marine américaine, la Navy Intelligence, directement placés sous l'ordre de Roosevelt et dirigés par le fameux Allen Dulles, futur chef de la CIA, avaient mobilisé en Amérique tous les mafieux disponibles (1 200 personnes) en vue d'effectuer le débarquement allié. Poletti, avec l'accord de Patton, constitua alors un gouvernement provisoire de la Sicile. Se servant d'anciens hommes politiques communistes, libéraux ou séparatistes comme paravent (le baron Tasca, Finocchiaro Apule), il remit en selle le crime organisé, en confiant la réalité du pouvoir civil au fameux gangster italo-américain Lucky Luciano et à son comparse le commendatore Calogero Vizzini, transformé en martyr par ses années de prison à l'Ucciardone.
L'enquête américaine de la commission Kefauver en 1954 est accablante pour l'administration militaire américaine, qui se déshonora en faisant fusiller tous les Siciliens, en particulier carabiniers, qui refusaient d'obéir aux autorités mafieuses qu'elle avait revêtues d'un pouvoir officiel.
Cesare Mori, mort un an plus tôt après avoir prévu dès 1940 la défaite future de l'Italie fasciste, n'eut pas à voir ce spectacle déplorable: la revanche éclatante des truands. Pourtant, dans un livre de maximes où il s'efforçait de ciseler son propre profil comme pour une médaille, il avait orgueilleusement déclaré : « L'homme de valeur peut réunir l'unanimité des désaccords, mais l'unanimité des consentements est réservée au mensonge intégral et chronique.» Son aphorisme allait se trouver justifié pendant plus de quarante ans.
Pierre de Meuse
Sources : Le Spectacle du Monde – octobre 1995.
- I-Média n°309 – Quand le Rwandais incendie, les médias enfument
- Tranche de vie dans le TER entre Nîmes et Montpellier (vidéo)
- Du rêve à l'action
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