Contre la dissolution : venez soutenir Génération Identitaire et notre Europe ce samedi à Paris.
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Génération Identitaire organise une grande manifestation ce samedi (20 février) à Paris à 14 h 00 pour protester contre la procédure de dissolution engagée à son encontre par le ministre de l’Intérieur.
Venez dire que vous refusez que l’on criminaliste le refus de l’invasion migratoire,
Venez dire que vous refusez que l’on bâillonne des lanceurs d’alerte,
Venez dire que notre civilisation et notre pays méritent qu’on les défende.
Cette très grave décision doit concerner tous ceux qui refusent de se soumettre à l’idéologie dominante. Ils seront les prochains sur la liste !
Rejoignez-nous massivement ce samedi à 14 h 00 à Paris pour dire NON à Darmanin et au gouvernement.
Le message de Thais d’Escufon a diffuser : https://youtu.be/wKmaHI2rdxs
Eugène Krampon à lu « la Billebaude » d’Henri Vincenot
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C’est une lutte à mort qui aujourd’hui s’est engagée entre deux visions du monde totalement incompatibles : l’identité contre le cosmopolitisme, l’enracinement contre le nomadisme, la tradition contre le Progrès. Dans ce combat dantesque, pour nous autres militants identitaires, lire Vincenot est toujours un bain de jouvence, et pour beaucoup, un retour à nos racines paysannes toujours présentes dans notre longue mémoire et dans nos veines. Lors de la parution de l’ouvrage en 1978, les Français ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : « De toutes les tribus, ils m’écrivent » disait l’auteur car ce qu’il racontait, c’était tout bonnement ce que nos parents avaient vécu eux aussi, qu’ils soient gaulois d’Auvergne, de Touraine, du Poitou, du Quercy, du Saintonge…
UN BIOTOPE GAULOIS
Orphelin à l’âge de 8 ans, Henri Vincenot va passer une large partie de son enfance chez ses grands-parents, à Commarin, dans la montagne bourguignonne. Si dans la plaine, l’aristocratie est largement d’origine burgonde (peuple germain issu de l’ile de Bornholm dans la Baltique et qui a donné son nom à la Bourgogne), dans la vallée de l’Ouche et dans la montagne, le peuplement est clairement d’origine celtique. En ce premier tiers du XXème siècle, époque à laquelle se déroule La billebaude, les traditions venues du fond des âges sont encore bien présentes et vécues au quotidien. Il faut dire que nous sommes encore dans le cadre d’une civilisation lente, non encore emportée par le cancer du Progrès, qui vit encore au rythme des saisons et dont la seule richesse n’est que le fruit du travail de la terre et de ce que la forêt donne en cadeau : gibier, fruits, plantes médicinales. Pour s’en convaincre, il n’est que de relire de Vincenot également La vie des paysans bourguignons au temps de Lamartine. A croire que le temps, pour le plus grand bonheur des hommes, s’était arrêté avant la grande fuite an avant, vers le néant des temps modernes.
IL N’EST DE RICHESSE QUE D’HOMMES
La billebaude, c’est aussi la rencontre de personnages souvent hauts en couleur, comme il en pullulait encore dans tous nos terroirs de France il n’y a pas encore si longtemps : d’abord les deux grands-pères de l’auteur, chasseurs hors pair, l’un et l’autre Compagnons du devoir (l’un est forgeron, l’autre sellier-bourrelier), véritables aristocrates du travail manuel, un garde-chasse doublé d’un braconnier qui connait la forêt comme sa poche, un chemineau ( pas un cheminot, rien à voir avec le chemin de fer) qui erre sur tous les chemins de Bourgogne, conteur de légendes anciennes, connaissant toutes les familles et leurs secrets, dormant là dans un fossé, là dans une grange, des femmes connaissant toutes les vertus des plantes et capables de soigner aussi bien une angine, un rhumatisme, une plaie profonde, une morsure…Le voilà ce peuple celtique au sein duquel grandit notre auteur, au sein d’un village encore très marqué par une puissante vie communautaire.
LA DIMENSION DU SACRE
Dans ces années 20 en Bourgogne, les traditions païennes sont encore bien présentes. L’Eglise le sait mieux que toute autre puisque pour une fois main dans la main avec les instituteurs laïcs, elle s’attache à éradiquer ce qu’elle appelle les « superstitions » qui ne sont pas autre chose que des traditions, croyances et légendes qui ont peu à voir avec le désert du Sinaï mais beaucoup avec la Tradition primordiale celtique. Même le missel local a une dimension ethnique puisqu’il est intitulé « Missel éduen », nom du peuple celte installé depuis l’Age de bronze sur les contreforts de la montagne du Morvan.
Ces Gaulois de la montagne sont certes attachés à leurs églises et à ses rites pagano-catholiques, pour autant, leur véritable temple, leur sanctuaire, c’est la forêt primaire et son bestiaire sacré, sangliers, cerfs et chevreuils qu’ils traquent dans des parties de chasse épiques, à la billebaude c’est-à-dire à la rencontre, sans traque organisée. La chasse que Vincenot découvre avec son grand-père deviendra une des grandes passions de sa vie. C’est au cours de l’une d’elle, poursuivant un chevreuil, qu’il atterrit dans le hameau abandonné de la Pourrie, « cinq feux dans la vallée de l’Ouche », ancien lieu de vie d’une petite communauté cistercienne qu’il réhabilitera et dans lequel il repose depuis 1985, avec son épouse et un de ses fils, sous une pierre granitique gravée d’une croix celtique. Il est des symboles qui ne meurent jamais…
Guerre commerciale : la nouvelle guerre totale (Vidéo)
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Alain Juillet livre son expertise sur la guerre économique.
A travers un retour historique, il décrypte l’importance que la guerre économique a prise au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. La Seconde Guerre mondiale a laissé place à ce nouveau type de conflit, comme l’explique Alain Juillet : «Le monde actuel est en pleine recomposition car les rapports de force, qui donnaient la meilleure part aux vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale, sont bouleversés par la montée des pays émergents.»
Dans cet affrontement d’un nouveau genre, deux grands rivaux émergent : la Chine et les Etats-Unis. Chacun développant sa propre stratégie. Pour la Chine, «c’est le support prioritaire de leur développement interne qui s’appuie sur une formidable croissance de la classe moyenne» et «la construction de filières de commercialisation, les routes de la soie, capables d’assurer la vente de produits chinois de hautes technologies concurrençant les productions internationales». Pour les Américains, «transformer l’économique en un véritable outil de puissance pour contrôler leurs alliés et faire plier les récalcitrants par des actions variées, en s’appuyant sur des textes légaux et des actions d’influence». Pour prendre l’avantage, les armes sont diverses, entre «actions d’influence ciblées pour déstabiliser l’adversaire» ou par le renseignement, un domaine «essentiel» selon l’ancien haut responsable à l’Intelligence économique. Pris en étau, les pays européens ont bien du mal à choisir leur camp, comme l’Allemagne, partagée entre son amitié pour les Etats-Unis et les enjeux économiques puisque la Chine est son premier partenaire commercial. Pour ce qui est de la France, elle «se retrouve isolée au milieu du gué dans cette guerre économique où l’excellence technique est nécessaire mais non suffisante».
L’Europe au péril du grand turc
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Une cité florissante qui était la gloire et la splendeur de l'Orient a été prise, spoliée, dévastée et complètement mise à sac par les Barbares les plus inhumains... par les bêtes sauvages les plus sanguinaires... Un grand danger menace l'Italie, sans parler des autres pays, si les violents assauts des Barbares les plus féroces ne sont pas arrêtés net... »
C'est en ces termes alarmistes que le cardinal Bessarion, ancien archevêque de Nicée, rend compte au doge de Venise de la prise de Constantinople par les Turcs, survenue le 29 mai 1453. Présents dans les Balkans depuis près d'un siècle, vainqueurs des Serbes et des Hongrois, les envahisseurs ottomans ont, en s'emparant de l'ancienne capitale byzantine, remporté un succès décisif qui prélude à la poursuite de leur expansion vers le Proche-Orient arabe et vers la Perse, mais aussi en direction de l'Occident qui restera soumis pendant plus de deux siècles à la formidable menace que feront peser sur lui les armées du « Grand Seigneur ».
Durant toute l'époque moderne, les relations entre l'Europe et l'Empire ottoman sont demeurées conflictuelles, et quand le « débat universel » opposant les Turcs « au corps entier de la chrétienté » se terminera sur la victoire des puissances européennes, la « question d'Orient » et l'agonie de « l'homme malade » viendront prendre le relais, au moment où les populations martyres des Balkans s'insurgeront, au nom du sentiment national et de la foi orthodoxe, contre un ordre fondé sur la terreur et les massacres institutionnalisés.
Durant tous ces siècles d'affrontement, l'Europe percevra le Turc comme un ennemi naturel. A la fin du XVIe siècle, Alberico Gentili explique ainsi, dans son De jure belli, que « nous avons sans cesse une raison de nous battre contre les Turcs », et la génération du romantisme philhellène s'affirmera solidaire de l'insurrection grecque, quand Byron ira mourir à Missolonghi, quand Delacroix peindra les Massacres de Chio et quand Victor Hugo réclamera pour son Enfant grec « de la poudre et des balles ».
Issus du cœur de l'Asie, les Turcs s'emparent progressivement de l'Anatolie après la victoire remportée à Mantzikert sur l'empereur grec Romain IV Diogène, en 1071. A la fin du XIIIe siècle, Erthogrul et Othman sont les fondateurs d'une lignée de chefs de guerre promise à un destin impérial et leurs successeurs imposent bientôt leur loi à toute l'Asie mineure.
Héritiers des traditions guerrières des cavaliers nomades de la steppe et devenus les nouveaux champions de l'islam sunnite, les Ottomans prennent ensuite pied en Europe, où ils s'emparent d'Andrinople dès 1364. Sept ans plus tard, Serbes, Hongrois et Valaques sont battus sur la Maritza et, en 1389, la bataille de Kosovo entraîne l'écrasement du royaume serbe. En 1396, la croisade occidentale qui se porte au secours de l'Empire byzantin est vaincue à Nicopolis par les janissaires du sultan Bayezid Yildirim (Bajazet la Foudre). Au moment où la chrétienté se trouve directement menacée par ce nouveau péril surgi de l'Orient, l'irruption en Asie mineure des hordes de Tamerlan, victorieuses des troupes ottomanes à Ancyre en 1402, lui donne un précieux sursis. Le répit est cependant de courte durée car, dès 1422, un nouvel assaut, infructueux, est lancé contre Constantinople. Au cours des années suivantes, la résistance chrétienne semble cependant s'affermir aux marges occidentales des conquêtes ottomanes, où le voïvode Jean Hunyadi parvient à préserver la Hongrie. Dans le même temps, Skanderbeg tient tête aux envahisseurs dans les montagnes d'Albanie. Les armées du sultan n'en sont pas moins victorieuses, à Varna, en 1444, des forces de Hunyadi et de Ladislas, le roi de Pologne et de Hongrie, tué au cours de la bataille.
La conquête du Péloponnèse, la mise à sac de Corinthe et la nouvelle victoire obtenue à Kosovo, contre Hunyadi cette fois, augurent mal du sort de Constantinople, finalement prise par Mehmed II le 29 mai 1453, malgré l'héroïque résistance opposée par ses défenseurs grecs, génois et vénitiens.
Devenu l'héritier de l'Etat byzantin, l'Empire ottoman peut tirer un surcroît de puissance du contrôle des Balkans, dont les populations asservies lui procureront, avec leurs enfants régulièrement razziés et islamisés, l'élite de son armée (les janissaires) et une partie de ses cadres administratifs. Disposant désormais de ressources humaines et économiques considérables, le sultan va pouvoir engager, sur le Danube et en Méditerranée, une lutte de longue haleine durant laquelle la chrétienté divisée n'unira que trop rarement ses forces. Au début du XVIe siècle, Sélim Ier Yavouz (le Terrible) tourne surtout ses efforts contre la Perse et l'Egypte pour s'assurer - après la reconnaissance de sa suzeraineté sur les villes saintes du Hedjaz - la maîtrise de tout le Proche-Orient arabe, mais son successeur, Soliman le Législateur (ou le Magnifique), reprend vigoureusement l'offensive contre l'Europe chrétienne.
Deux théâtres principaux voient alors l'affrontement opposant les Turcs aux Habsbourg d'Autriche et d'Espagne : les régions danubiennes d'une part, l'espace méditerranéen d'autre part. La victoire obtenue à Mohàcs par Soliman, en août 1526, transforme pour longtemps en terre de razzia la malheureuse Hongrie. Trois ans plus tard, les Turcs sont en mesure d'assiéger Vienne une première fois.
Au cours des décennies suivantes, le souverain Habsbourg organise tant bien que mal la défense des marges orientales de ses Etats, mais un beylicat ottoman est installé à Buda, alors que la Styrie et la Slavonie sont régulièrement dévastées et que la Carinthie est constamment menacée. Ce n'est qu'après la mort de Soliman, survenue en 1566, que le front danubien retrouve une certaine stabilité.
En Méditerranée, la prise de Constantinople et la conquête de la Syrie et de l'Egypte ont fait de l'Empire ottoman une puissance navale redoutable à laquelle se rallient les corsaires de Tripoli et d'Alger. Le sac d'Otrante, en 1480, et la prise de Rhodes, en 1522, témoignent de la volonté d'hégémonie méditerranéenne des nouveaux maîtres de l'Orient, la présence vénitienne à Chypre et en Crète n'étant que momentanément tolérée pour des raisons d'intérêt commercial.
Charles Quint s'empare de Tunis en 1535, mais échoue devant Alger six ans plus tard, ce qui permet aux pirates barbaresques d'entretenir l'insécurité sur les côtes italiennes et espagnoles alors que l'alliance conclue entre François Ier et Soliman permet aux Turcs de mettre à sac Reggio et Nice, et d'hiverner à Toulon...
En 1563, ils échouent cependant lors de leur tentative de reprendre Oran, espagnole depuis 1509, et ils doivent renoncer, deux ans plus tard, à l'issue d'un siège épique, à s'emparer de Malte. Ils prennent leur revanche en arrachant Chypre aux Vénitiens en 1570, mais, l'année suivante, le 7 octobre, la plus grande bataille navale du siècle est livrée à Lépante, près du golfe de Corinthe, et se termine sur une victoire éclatante des flottes espagnole, vénitienne et pontificale placées sous le commandement de don Juan d'Autriche.
La victoire est saluée dans toute l'Europe chrétienne, mais l'ennemi conserve Chypre et peut reprendre Tunis en 1574. Aucun des deux camps n'est alors en mesure - comme l'a bien montré Fernand Braudel dans sa Méditerranée à l'époque de Philippe II- de remporter une victoire décisive, et l'affrontement perd de son intensité au moment où l'Espagne tourne ses regards vers les Pays-Bas et donne la priorité à la lutte contre l'Angleterre, pendant que le sultan se voit contraint de faire face à l'hostilité de la Perse séfévide. La lutte reprend de plus belle au milieu du XVIIe siècle. Les Turcs entreprennent, à partir de 1645, la conquête de la Crète, mais il leur faudra près d'un quart de siècle pour réussir à s'emparer de Candia. A ce moment, une dynastie de grands vizirs d'origine albanaise, les Köprülü, réforme l'Etat ottoman afin de lui redonner sa puissance d'antan.
Les armées du sultan marchent alors de nouveau contre l'Autriche, mais, le 1er août 1664, le Lombard Raimundo Montecuccoli, qui commande une armée composée de Français et d'Impériaux, les écrase à la bataille du Raab, dite aussi du Saint-Gothard. Une victoire européenne à laquelle participent le duc Charles de Lorraine, le comte de Waldeck et le marquis de La Feuillade. C'est aussi la fine fleur de l'aristocratie française qui se porte au secours de Candia, où l'on verra tomber le duc de Beaufort et le marquis de Tavannes.
L'affrontement décisif aura lieu au cours de l'été 1683, quand les armées du grand vizir Kara Mustapha viennent mettre le siège devant Vienne, défendue par le comte Ernest de Starhemberg. Alors que la ville résiste depuis soixante jours, le duc Charles V de Lorraine et le roi de Pologne Jean Sobieski peuvent réunir leurs forces pour remporter, le 12 septembre, la victoire historique du Kahlenberg.
A partir de ce moment, la vague ottomane entame un reflux qui ne s'arrêtera plus. Buda est reprise dès 1686 et, l'année suivante, la victoire de Mohàcs arrache la Transylvanie à la domination turque. Le 11 septembre 1697, c'est le prince Eugène de Savoie qui porte le coup de grâce aux Ottomans en remportant sur les rives de la Theiss (la Tisza) la grande victoire de Zenta. Le traité de Karlowitz (janvier 1699) donne la Hongrie et la Transylvanie à l'Autriche, alors que le tsar de Russie Pierre Ier s'empare d'Azov, que Venise se voit reconnaître la possession de la Dalmatie et de la Morée, et la Pologne, celle de l'Ukraine subcarpathique.
Désireuse d'accéder à la mer Noire et d'atteindre ensuite les détroits, la Russie apparaît désormais, pour les Turcs, comme un nouvel adversaire particulièrement redoutable. En 1716 et 1717, les victoires autrichiennes de Peterwardein et de Belgrade contraignent le sultan à accepter la paix de Passarowitz, signée en 1718, qui donne à l'Autriche le Banat de Termesvar (Timisoara), la Petite Valachie occidentale et le nord de la Serbie. C'est une première étape vers la vallée de la Morava, dont le contrôle commande celui des Balkans. Les « confins militaires » organisés alors avec des paysans-soldats serbes venus combattre au service des Habsbourg dissuadent désormais toute tentative de retour offensif des Turcs.
La menace russe se précise plus au nord, tout au long du XVIIIe siècle. La mainmise des souveraines de Saint-Pétersbourg sur les côtes septentrionales de la mer Noire précède l'avance de leurs armées jusqu'à Bucarest alors que l'amiral Orlov vient, en 1770, détruire la flotte ottomane près de Chio. Les Turcs perdent la Crimée en 1783 et la tsarine Catherine peut affirmer la mission impartie à la Russie de libérer Constantinople du joug musulman.
La dégénérescence de l'Etat ottoman, demeuré incapable, faute d'un Pierre le Grand à sa tête, de s'occidentaliser et de se moderniser, va favoriser le réveil du sentiment national chez les peuples chrétiens des Balkans qui peuvent compter sur le soutien de la Russie orthodoxe. En revanche, les Anglais, qui ont supplanté les Français à Constantinople depuis la fin du XVIIIe siècle, entendent bien prolonger le plus longtemps possible l'agonie de « l'homme malade » de l'Europe afin de retarder d'autant l'irruption en Méditerranée de la puissance russe, jugée autrement redoutable.
Les révoltes serbes, entamées en 1804, aboutissent, en 1830, à la formation d'une principauté héréditaire au sein de l'Empire ottoman. C'est ensuite la Grèce qui se soulève et son insurrection symbolise la lutte pour la liberté chère à la génération romantique. Le congrès d'Epidaure proclame l'indépendance hellène, mais ses délégués ne sont pas reçus au congrès de Laybach où Castlereagh, le ministre anglais des Affaires étrangères, considère la Turquie comme un « mal nécessaire ». La poursuite de la lutte d'indépendance entraîne pourtant l'intervention des puissances et le sultan doit accepter, lors de la signature du traité d'Andrinople, de reconnaitre la souveraineté grecque et l'autonomie des principautés serbes et roumaines.
En 1833, le tsar Nicolas Ier impose à la Turquie un quasi-protectorat, mais l'Angleterre l'oblige à y renoncer en 1841. De 1854 à 1856, la guerre de Crimée est une occasion pour Londres de donner un nouveau coup d'arrêt à la poussée russe vers les détroits, mais elle aboutit aussi à la complète autonomie de la Serbie et des principautés roumaines.
L'éclatement, en 1875, delà révolte serbe de Bosnie-Herzégovine et la sanglante répression turque fournissent au tsar Alexandre II un nouveau prétexte d'intervention, mais le congrès de Berlin, réuni en 1878 à l'initiative de Disraeli, prive la Russie de la victoire qu'elle avait obtenue en 1877. Confronté aux revendications d'indépendance des peuples chrétiens des Balkans, l'Empire ottoman ne se maintient plus que par la terreur, en perpétrant les « horreurs bulgares » dénoncées par Gladstone.
C'est l'époque qui voit le « Grand Saigneur » Abdul Hamid II lâcher sur la Roumélie, l'Arménie, la Crète ou la Macédoine ses sinistres bachi-bouzouks. C'est d'ailleurs un projet anglo-russe d'imposer au sultan un contrôle européen sur la Macédoine martyre qui déclenche la révolution nationaliste « jeune turque » de juillet 1908.
Il ne reste plus alors que quelques années à l’Etat ottoman qui, à la veille de la Première Guerre mondiale, ne conserve plus que l'Asie mineure et le Proche-Orient arabe, après avoir perdu, à la faveur des conflits balkaniques de 1912-1913, ce qui restait de ses possessions à l'ouest du Bosphore et des Dardanelles où seules Andrinople et Constantinople maintiennent encore, une fois la reconquête accomplie, la fiction d'une « Turquie d'Europe ».
La défaite de 1918 voit le pays entamer une nouvelle phase de son histoire, marquée par l'occidentalisation forcée qu'impose Mustapha Kemal et par la liquidation ou l'écrasement de toutes les minorités - grecque, arménienne, kurde - susceptibles de mettre en cause l'identité exclusive d'une nouvelle nation turque dont la définition s'inspire du modèle jacobin.
L'envahisseur est presque complètement rejeté, mais il a laissé sa marque, que résume ainsi l'historien britannique Paul Coles : « L'absorption dans l'Empire ottoman fut à long terme une tragédie pour l'Europe du Sud-Est (...) Les peuples conquis furent prisonniers durant plusieurs siècles d'un système politique et social incapable d'évolution, dont les élites n'avaient pas d'autre idéal qu'un parasitisme empreint de violence. »
Les Européens perçurent le péril turc comme un danger mortel, comme une entreprise politique et religieuse radicalement étrangère aux sociétés, pourtant diverses, dans lesquelles ils vivaient. Alors que la chrétienté, qui demeure le cadre d'appartenance le plus évident, est déjà disloquée par l'essor de la Réforme protestante puis par la montée en puissance des grands Etats dynastiques opposés les uns aux autre dans d'interminables conflits, ce qui donne aux adversaires et aux victimes des Ottomans le sentiment d'une unité supérieure, c'est sans doute la conscience encore bien confuse d'une identité « européenne » définie par opposition à un ennemi commun.
Le roi d'Ecosse Jacques VI, le futur Jacques Ier d'Angleterre, parle ainsi de la lutte contre le Turc comme d'un « combat commun pour la cause publique », différente dans sa nature des guerres que pouvaient se livrer les princes chrétiens. Une « cause publique » qui prend progressivement le visage de l'Europe, perçue depuis l'Arioste et Le Tasse, non plus comme une simple zone géographique, mais comme un espace de civilisation particulier. Ce sont les « nations d'Europe » qu'Erasme appelle à la croisade contre les Turcs... C'est donc un combat européen réunissant Espagnols, Italiens, Allemands, Polonais, Serbes, Russes ou Français (quand François Ier ne pactisait pas avec Soliman et quand la diplomatie de Louis XV ne jouait pas la Sublime Porte contre la Russie) qui fut ainsi livré pendant plusieurs siècles à un ennemi commun clairement identifié.
Un passé qui ne plaide guère en faveur de l'adhésion de la Turquie d'aujourd'hui à l'Union européenne...
P. Conrad
Sources : Le Spectacle du Monde – novembre 2004.
ASSEZ DE MESURES LIBERTICIDES, SOUTIEN À GÉNÉRATION IDENTITAIRE MENACÉE DE DISSOLUTION
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Darmanin minable inquisiteur par Pierre Vial
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- Catégorie : Chroniques, par Pierre Vial
Gérald Moussa Darmanin, ministre de l’Intérieur propulsé par Macron, est fils d’Annie Ouakid et petit-fils de Moussa Ouakid, Algérien. Ce qui a beaucoup facilité sa carrière, en tant que produit exemplaire de la diversité. Il illustre parfaitement un des principes de base de la Macronie : brasser du vent et parler beaucoup pour abuser le bon peuple (c’est le cas du projet de loi contre « les séparatismes ») mais ne jamais agir contre les fondements de l’idéologie multiraciale, qui est le catéchisme des prophètes du mondialisme, dont Macron n’est que le porte-parole.
Sa dernière trouvaille (qui lui a été soufflée par ses maîtres) : interdire Génération Identitaire, qui a commis un crime impardonnable : agir spectaculairement contre les envahisseurs (baptisés « migrants » par les agents médiatiques de l’Anti-France) qui accentuent toujours plus leur pression, avec l’appui des ligues de vertu « antiracistes », qui haïssent le monde blanc, pour coloniser notre terre et soumettre notre peuple.
Nous saluons l’action courageuse et exemplaire de Génération Identitaire et lui apportons notre totale solidarité. Il faut être bête comme un Darmanin pour croire qu’une interdiction ministérielle peut empêcher la survie d’un mouvement de résistance. Le combat continue et ce n’est pas le minable inquisiteur Darmanin qui pourra arrêter la lutte pour la vie menée par les femmes et les hommes de notre sang.
Pierre VIAL
Entretien de RigenerAzione Evola avec Eduard Alcantara et une brève présentation de ce dernier.
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- Catégorie : PHILOSOPHIE
Interview récente réalisée par « RigenerAzione Evola » à propos de l'édition anglaise de The Man of Tradition.
Ex: https://septentrionis.wordpress.com/
D : Eduard Alcantara, parlez-nous un peu de votre livre. De quoi parle-t-il ?
R : Le livre vise à montrer la caractérisation archétypale de ce que serait un Homme de Tradition, y compris - donc - les objectifs qu'il devrait s'efforcer d'atteindre, afin de servir de modèle à tous ceux de nos semblables qui aspirent à s'élever au-dessus de la médiocrité de l'homme moderne (et, plus encore, post-moderne), médiocrité qui est hégémonique en nos temps de dissolution. En gardant toujours à l'esprit quels sont les traits essentiels qui définissent l'Homme de Tradition, il sera possible d'aspirer, petit à petit, à se forger intérieurement ; avoir ce modèle comme miroir dans lequel se regarder (et qui sait s'il ne sera pas possible d'aspirer à ne pas écarter la possibilité d'opérer un renouvellement ontologique intérieur). La difficulté ou l'impossibilité de trouver, de nos jours, quelque maillon des chaînes initiatiques qui nous relient à la Sagesse de la Tradition Primordiale nous amène à donner une valeur particulière à ce qu'Evola appelle la « voie autonome de réalisation ». Le contenu de ce livre peut peut-être aider dans une certaine mesure à faire en sorte que ce chemin ne soit pas une chimère.
Les chapitres de notre travail sont ordonnés en crescendo, en commençant par les premiers relatifs à ce que le maître romain appelait la « race du corps », en continuant avec d'autres chapitres liés à la « race de l'âme » et en terminant par ceux qui seraient en relation étroite avec la « race de l'esprit » ; donc, liés aux trois composantes de l'être humain.
L'ensemble du livre est truffé et complété par une multitude de citations destinées à illustrer ce qui est démontré.
D : D'où venez-vous et quel est l'accueil de Julius Evola dans votre pays ?
R : Je vis à Hospitalet de Llobregat, une ville située à côté de Barcelone, en Espagne.
En Espagne, il y a pas mal de personnalités qui, travaillant dans le domaine de la dissidence à l'ordre établi, reconnaissent qu'elles sont fortement influencées par l'héritage évolien.
Pour commander l'ouvrage: https://editorialeas.com/producto/el-hombre-de-la-tradicion/
En 1975, la maison d'édition « Martínez Roca » a publié La tradition hermétique. En 1977, le magazine Graal a publié Orientations. Toujours en 1977, la maison d'édition Plaza & Janés publie Le mystère du Graal. En 1981, les Ediciones Heliodoro ont publié Metafísica del sexo. Dans les années 80, les Ediciones Alternativa, avec une nette tendance à faire évoluer la réception des idées traditionnelles, ont publié plusieurs opuscules de la pensée traditionnelle et quelques ouvrages tels que Masque et visage du spiritualisme contemporain et Les Hommes au milieu des ruines. En 1987, les Ediciones de Nuevo Arte Thor publient Cabalgar el tigre. Cette même maison d'édition a également publié Meditaciones de las cumbres ( Méditations du haut des cîmes). En 1991, la maison d'édition Edaf a publié Tantric Yoga.
Il existe de nombreux autres ouvrages d'Evola publiés en espagnol, mais qui appartiennent déjà à des éditeurs de pays d'Amérique latine, comme l'éditeur mexicain Grijalbo, qui a publié La doctrine de l'éveil ou les Ediciones Heracles, en Argentine, qui ont publié bon nombre de livres d'Evola.
De même, plusieurs maisons d'édition espagnoles ont publié des ouvrages sur l'œuvre léguée par le maître. Cela a été fait par Ediciones Nueva República, Editorial Fides, Hipérbola Janus, Eminves, Editorial Retorno, Ediciones Titania ou, entre autres, Editorial Excalibur.
Les Ediciones Camzo et Editorial Eas se sont également intéressées à l'œuvre de Julius Evola, au point d'être les maisons d'édition qui ont publié mes livres.
Pour commander l'ouvrage: https://editorialeas.com/producto/evola-frente-al-fatalismo/
L'association culturelle Tierra y Pueblo, en 2004, a organisé à Madrid un colloque d’hommage à Evola à l'occasion du 30e anniversaire de sa mort. Le contenu des conférences qui y ont été données, ainsi que les autres conférences d'un autre grand séminaire tenu à Rome par l'Associazione Culturale Raido, ont été publiées par Tierra y Pueblo sous le titre « Julius Evola. Un penseur politiquement incorrect ».
De même, il existe des associations culturelles telles que l'association Genos dans laquelle l'influence de l'héritage d'Evola est évidente dans beaucoup de ses œuvres, insérées dans le magazine Europae.
D : Connaissiez-vous RigenerAzione Evola et que pensez-vous de ce projet ?
R : Je ne connaissais pas le site web de RigenerAzione Evola. Je l'ai regardé et j'ai vraiment aimé ce que j'ai vu. Excellente diffusion de l'œuvre d'Evola ! Il y a de nombreux articles dont je ne connaissais pas l'existence et des études intéressantes de différents auteurs sur l'œuvre d'Evola. Je vais essayer de le garder toujours à portée de main. J'ai été frappé par l'interview qui a été réalisée à son domicile en 1973, un an avant sa mort et dont le son peut être entendu dans la vidéo que le web nous procure.
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A propos d’Eduard Alcàntara
J'enseigne depuis trois décennies et demie, en tant qu’instituteur dans l'enseignement primaire.
Deux de mes principaux passe-temps sont les questions liées à la métaphysique et à l'histoire. Si l'on ajoute à cela le fait que j'ai toujours admiré l'essence de l'armée, il n'est pas surprenant que j'aie fini par être attiré par la Tradition telle que Julius Evola nous l'a si magistralement transmise.
J'ai eu mon premier contact avec le maître romain dans la première moitié des années 80 du siècle dernier, à partir des travaux réalisés par Ernesto Milà dans des magazines, des livres et une maison d'édition qu’il avait lui-même fondée (Ediciones Alternativa).
Je gère un blog traditionaliste dont le contenu s'inspire de l'héritage de « la dernière gibeline » : Julius Evola. « Septentrionis Lux » - https://septentrionis.wordpress.com/
Pendant plusieurs années, j'ai également administré un forum, également d'inspiration essentiellement évolienne, appelé « Traditio et Revolutio », dont les membres venaient d'Espagne et du Portugal ainsi que de plusieurs pays d'Amérique latine. En décembre 2020, les groupes de yahoo ont disparu et avec eux le forum.
J'ai collaboré à plusieurs magazines papier et numériques, ainsi qu'à plusieurs sites web et blogs en Espagne, au Portugal et en Amérique latine. Ediciones Titania a publié « Evola y la cuestión racial ». Ediciones Camzo a publié « Reflexiones contra la modernidad ». Editorial Eas a publié « L'homme de tradition » (1ère et 2ème éditions). L'Editorial FasciNaçâo a publié « O Homem da Tradiçao » (édition portugaise du livre mentionné ci-dessus).
Troy Southgate vient de publier « The Man of Tradition : Actualising the Evolian Character » (édition anglaise du livre ci-dessus). L'éditorial Eas a publié mon « Evola contre le fatalisme ». J'ai également écrit un certain nombre d'avant-propos pour différents auteurs.
Sources: Euro-Synergies
Pour le dire avec des fleurs: mon hommage à Robert Brasillach par Frédéric Andreu-Véricel
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- Catégorie : Ils marchent avec nous !
Cette heure matinale du 6 février 2021 cherchait en vain son rayon poétique. Ni la morne lueur du ciel cotonneux de Paris gorgé d'un orage tu, ni le pavé glissant des ruelles du quartier Charonne, ni rien de ce qui s'est gravé depuis mon arrivée matinale, ne trouva grâce aux yeux des neuf muses. Et pour « découronner » le tout, les semelles de mes vieux souliers accusaient, depuis quelques jours déjà, une usure peu propice à une marche assurée. Les accidents de cette chaussée fort ancienne qui entourait le cimetière, encore toute luisante de crachin nocturne, ne se privèrent d'ailleurs pas de provoquer quelques belles glissades, heureusement sans conséquence.
Pourtant, dès que le cimetière apparut, les augures changèrent tout-à-coup de bord ! Non seulement le portail grand ouvert me faisait signe d'entrer mais les fleurs du cimetière escortaient déjà mes pas vers le puits de lumière qu'on devinait derrière l'enclos. À ce moment-là, j'ignorais encore que mon passage éclair dans la « Cité Lumière » allait être le théâtre d'une de ces rencontres dont Paris a le secret.
À mesure que j'arpentais la petite montée, le portail entrouvert délivrait son tableau de fleurs, la verdure des cyprès longilignes apparut bientôt, puis ce fut la blancheur des albâtres des premières tombes.
L'une d'entre elles (à droite en montant l'allée centrale) était couronnée d'un bouquet entouré d'un papier transparent et d'un ruban tricolore. De toute évidence, la gerbe de fleurs avait été déposée peu de temps avant puisque le cellophane n'était maculé que de quelques gouttes de pluie.
J'étais pourtant seul face à la tombe de Robert et Marguerite Brasillach, absolument tout seul comme en cet instant où je serai face à la mort elle-même. J'observais chaque instant comme les pages d'un livre qui se tournent. Cette tombe, symbole de la mort, je ne la trouvais paradoxalement ni triste ni lugubre car je savais ces instants déjà penchés dans la temporalité transversale de l'écriture.
Je réside loin de Paris et les occasions de m'y rendre sont peu nombreuses. La première fois que je me rendis à Paris, c'était pour lire des poèmes à l'invite de la Maison de Poésie, rue Ballu ; les autres fois furent toujours des visites très ciblées en rapport avec la littérature. Une autre fois, je visitais le château de Versailles.
Cette fois-ci, je venais rendre hommage à l'auteur des poèmes de Fresnes. Et cet acte était pour moi de la littérature et rien d'autre. Pour se faire, je n'avais que le nom d'un lieu, une date, et quelques heures - encadrées par deux horaires de train. La tombe rectangulaire et sobre comme un livre fermé, j'en avais déjà vu une image dans la biographie signée par Anne Brassié et c'est avec non moins d'émotion que je découvris, toute proche, celle d'un autre grand auteur, Maurice Bardèche.
Je peux même dire que le tombeau des Bardèche m'impressionna davantage encore car il était auréolé d'un autre halo que celui des fleurs, bien que d'un certain point de vue, ces deux tombes - pourtant séparées par l'allée centrale du cimetière - n'en formaient qu'une seule. Ne me demandez pas pourquoi mais, dans la trame de mon souvenir, c'est tout le carré du cimetière qui forme désormais une seule tombe symbolique, un seul enclos, un seul texte de fleurs. Ne me demandez pas non plus pourquoi ces minutes qui suivirent ma visite des tombes semblèrent comme suspendues dans une sorte de hors-temps livré à l'écriture. Un instant, j'étais resté les yeux et le cœur ouverts devant la tombe dans une attitude que certains appellent la prière et que d'autres appellent le recueillement et que j'appelle l'écoute profonde du sismographe intérieur.
Pendant ce temps-là, quelques personnes s'étaient regroupées à l'extérieur de l'enclos, à mi-hauteur de l'escalier situé en contre-bas du cimetière, comme si quelque Kairos avait organisé cette rencontre. Il y avait un homme élégant revêtu d'un beau complet rouge, une femme aux cheveux très noirs, d'allure espagnole, et une autre, plus jeune, aux yeux d'un vert étonnamment profond ; un trio dont j'ignorais tout et dans lequel je m'étais joint sans vraiment l'avoir décidé, alors que je redescendais les marches du cimetière. La causerie impromptue qui suivit cette rencontre nous fit voyager autour des îles Baléares, de Poliensa, de la baie d'Alcudia, autant de lieux de la « mythologie personnelle » du jeune Brasillach. De fil en aiguille, la conversation parvint en direction de l'Allemagne. Et la femme aux cheveux noirs, d'évoquer son voyage en Allemagne, ses paysages, et le sort réservé là-bas à ceux dont l'Histoire officielle de la seconde guerre mondiale ne convient pas, la perte d'emploi, la traque, les barreaux de la prison.
Nous traversons une période de censure par chloroforme. Tout le monde en convient désormais tant l'atmosphère est saturée d'une idéologie mortifère et culpabilisatrice. Mais on ne se rend pas toujours compte des étapes qu'il a fallu franchir pour y parvenir. On ne se rend pas compte que l'exécution d'un poète - aux termes d'un procès expédié en quelques jours - fut nécessaire pour assurer la défaite des peuples et la victoire des multinationales. Ce poète s'appelait Robert Brasillach.
Pour les uns, Brasillach est le symbole de la collaboration éhontée avec l'occupant allemand ; pour les autres, il est le symbole de la résistance européenne face à l'internationalisme. Il est devenu difficile de comprendre que tout symbole a deux faces, un recto et un verso, de sorte que pour être un résistant véritable, il fut nécessaire d'avoir aussi été un collaborateur.
Tous ces sujets furent abordés par notre quatuor improvisé, tandis que les soleils verts des yeux de ma jeune voisine murissaient dans mon poème intérieur. Ses jambes croisées et désinvoltes semblaient écrire une sorte de hiéroglyphe égyptien dont je cherchais l'omen.
Je me présentais au groupe comme un « lecteur passionné de Brasillach ». C'est alors qu'un autre petit groupe s'agglutina au nôtre sur les marches de l'escalier :
« C'est la famille Bardèche ! » s'écria l'homme au complet veston. Notre rassemblement disparate d'une dizaine de personnes formait une grappe dont je ne tardais pas à m'extraire pour rejoindre l'église voisine. L'un des membres du clan Bardèche tourna alors la tête dans ma direction. Même furtif, ce contact visuel résuma les discussions que nous aurions pu avoir et que ce simple regard rendit inutile...
Ne serait-ce que pour un moment, il fallait venir ce 6 février 2021 dans le cimetière de Charonne afin de rendre hommage au « courage ». Ce courage-là est indissociable d'un type d'engagement, d'un type d'homme devenu aujourd'hui presque inaudible. Les nouvelles générations confondent les principes avec des slogans, des tenues vestimentaires, des autocollants appliqués à l'arrière de l'automobile, exemple caractérisé de « la religiosité seconde » si justement décrite par Oswald Spengler. Je crois qu'il est nécessaire de célébrer l'héroïsme en dehors de tout parti pris idéologique. Le courage d'un René Char entré en résistance au péril de sa vie vaut bien celui d'un Brasillach. L'idéologie passe ensuite.
En comparaison avec ces heures sombres de la seconde guerre mondiale, notre courage à nous se limite à bien peu de choses : dire merde à l'idéologie qui nous demande de désigner des méchants et des gentils, dire merde à l'autocensure, désigner l'ennemi prioritaire intérieur et extérieur. Quant à transcrire le mouvement tellurique de l'imaginaire à la manière du sismographe intérieur, ce n'est pas du courage mais l'art de l'écriture.
Nous offrons aux morts et aux vivants ce bouquet de mots publiés sur un écran d'ordinateur, voilà tout. C'est bien peu de choses en comparaison du courage d'un Char ou d'un Brasillach. D'autres, plus matinaux que moi, vinrent déposer un bouquet de fleurs sur la tombe de Charonne reconvertie en lieu de ralliement politique. Je n'en fus pas.
A présent, il convient de quitter ce lieu comme on quitte le sommet d'une colline escaladée, sans regarder en arrière. Alors que midi n'avait pourtant pas encore sonné, il me semblait que la journée était déjà terminée.
Il n'y avait pas de sommets à gravir dans cette morne journée d'hiver autre que le pic des transports urbains en direction de la gare.
Dans quelques minutes, j'allais entrer dans le métro où je serai le seul blanc.
À chaque fois que toi aussi tu te retrouves en minorité dans ton propre pays, souviens-toi que tu célèbres non pas les vaincus de 1945, mais les vainqueurs, ceux-là même qui ont écrit l'Histoire.
Frédéric Andreu-Véricel
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Sources: Euro-Synergies
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